«Ne pas juger» n’est pas si simple

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15 février 2022

La radicalité de cet Evangile peut nous sembler inaccessible. Au mieux, nous négocierons la moitié de notre manteau, invoquant saint Martin, au pire nous le refuserons.

S’il est dans cette page un précepte qui semble accessible, c’est «ne pas juger». Donner aussi sa tunique, se laisser voler, tendre l’autre joue, tout cela est difficile! Mais «ne pas juger», n’est-ce pas à la portée de tous?

Bien sûr, ça parle à l’aumônier de prison que je suis. Il existe en détention une hiérarchie implicite des crimes et délits, profondément gravée dans les têtes. Ceux-là même qui subissent le jugement des autres, le reproduisent à l’intérieur de la détention. Ne pas juger, ce n’est pas si simple. Et comment se fait-il que tant de personnes divorcées remariées, homosexuelles et tant d’autres, se sentent jugées et rejetées par l’institution censée leur révéler cet Evangile qui enjoint de ne pas juger? Pourquoi la miséricorde rayonne-t-elle si peu de nos communautés et apparaissons-nous comme des censeurs aux yeux de ceux qui sont en marge?

Si nous n’avons pas été touchés d’être aimés là où précisément nous ne nous jugeons pas aimables, pardonnés là où nous nous condamnons, comblés au delà de ce que nous osions demander, accueillis au-delà du cri maladroit de notre souffrance, cette invitation restera un commandement extérieur insupportable. Le jugement porté sur les autres indique d’abord une illusion sur nous-mêmes. Nous sommes invités à descendre en nos profondeurs et à y accueillir la tendresse du Père miséricordieux.

Bruno Lachnitt
Aumônier des prisons de France et d’Outre-Mer

Le pardon intérieur

Si tu refuses de demander pardon, toi mon offenseur,

je te l’offre pour être en paix, vivre en Jésus Christ notre Seigneur;

je te remets ta faute de toute mon âme, Dieu y est Présent;

je garde mon geste secret; il me libère; je suis bienfaisant.

Etre apôtre même si tu me voles

Même si toi mon frère, tu me voles un de mes biens chéris,

je refuse d’agir comme si tu me prenais mon égérie,

car je suis maître de mes possessions; elles ne peuvent émouvoir

un homme libéré de l’esclavage de tous ses avoirs.

Frank Widro

 

L’Evangile en poche

Dimanche 20 février, vii e du Temps ordinaire

Première lecture: 1 Sam 26, 2.7-9.12-13. 22-23

Psaume: 102

Deuxième lecture: 1 Co 15, 45-49

Evangile: Lc 6, 27-38