Message vidéo du Pape pour la deuxième journée internationale de la fraternité humaine

Une barrière contre la haine la violence et l’injustice

 Une barrière contre la haine  la violence et l’injustice  FRA-006
08 février 2022

Il est nécessaire de s’opposer «aux nombreux signaux de menace, à l’obscurité du temps présent, à la logique du conflit», en «accueillant l’autre et en respectant son identité», «car il est fondamental d’être solidaires; aujourd’hui n’est pas le temps de l’indifférence: ou bien nous sommes frères, ou bien tout s’écroule». L’appel implorant du Pape François à travers un message vidéo enregistré est arrivé à Dubaï, où s’est tenu le vendredi 4 février, la célébration principale de la ii e journée internationale de la fraternité humaine. Une initiative propice, comme la définit le Pape, «pour se tendre la main, «pour dire aux communautés et aux sociétés dans lesquelles nous vivons que le temps de la fraternité est arrivé. Ensemble», ensemble: croyants de toutes les religions et personnes de bonne volonté, pour construire «une barrière contre la haine, la violence et -l’injustice».

Chers frères et sœurs!

Permettez-moi tout d’abord de saluer avec affection et estime le grand imam Ahmed Al-Tayyeb avec lequel, il y a exactement trois ans à Abu Dhabi, j’ai signé le Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune. Durant ces années, nous avons marché comme des frères dans la conscience que, en respectant nos cultures et traditions respectives, nous sommes appelés à construire la fraternité comme une barrière contre la haine, la violence et l’injustice.

Je remercie tous ceux qui nous ont accompagnés sur cette voie: Son altesse le cheikh Mohammed bin Zayed pour son engagement constant dans cette direction, le Haut-Comité pour la fraternité humaine pour les diverses initiatives promues dans différentes parties du monde, et l’assemblée générale des Nations unies pour avoir permis, avec la résolution de décembre 2020, de célébrer aujourd’hui la deuxième journée internationale de la fraternité humaine. Et ma gratitude s’étend à toutes les institutions civiles et religieuses qui soutiennent cette noble cause.

La fraternité est l’une des valeurs fondamentales et universelles qui devrait être à la base des relations entre les peuples, de sorte que ceux qui souffrent ou qui sont défavorisés ne se sentent pas exclus et oubliés, mais accueillis, soutenus comme faisant partie de l’unique famille humaine. Nous sommes tous frères!

Tous, en partageant des sentiments de fraternité les uns pour les autres, nous devons nous faire promoteurs d’une culture de paix qui encourage le développement durable, la tolérance, l’inclusion, la compréhension mutuelle et la solidarité.

Tous, nous vivons sous le même ciel, indépendamment de l’endroit et de la façon dont nous vivons, de la couleur de notre peau, de la religion, de la classe sociale, du sexe, de l’âge, des conditions de santé et des conditions économiques. Nous sommes tous différents et pourtant tous égaux, et cette période de pandémie nous l’a prouvé. Je le répète une fois encore: on ne se sauve pas tout seul!

Nous vivons tous sous le même ciel, et au nom de Dieu, nous qui sommes ses créatures, nous devons nous reconnaître frères et sœurs. En tant que croyants, appartenant à différentes traditions religieuses, nous avons un rôle à jouer. Quel est ce rôle? Aider nos frères et sœurs à élever le regard et la prière vers le Ciel. Levons les yeux vers le Ciel, car celui qui adore Dieu avec un cœur sincère aime aussi le prochain. La fraternité nous pousse à nous ouvrir au Père de tous et à voir dans l’autre un frère, une sœur, à partager la vie, à nous soutenir mutuellement, à aimer et à connaître les autres.

Nous vivons tous sous le même ciel. C’est aujourd’hui le moment opportun pour marcher ensemble. Ne remettons pas à demain ou à un avenir dont on ne sait pas s’il adviendra; aujourd’hui est le moment opportun pour marcher ensemble: croyants et toutes les personnes de bonne volonté, ensemble. Ce jour est propice pour se tendre la main, pour célébrer notre unité dans la diversité — unité et non pas uniformité, unité dans la diversité —, pour dire aux communautés et aux sociétés dans lesquelles nous vivons que le temps de la fraternité est arrivé. Tous ensemble, car il est fondamental d’être solidaires l’un avec l’autre. Et c’est pourquoi, je le répète, aujourd’hui n’est pas le temps de l’indifférence: ou bien nous sommes frères, ou bien tout s’écroule. Et ce n’est pas une expression purement littéraire de tragédie, non, c’est la vérité!  Ou bien nous sommes frères, ou bien tout s’écroule, nous le voyons dans les petites guerres, dans cette troisième guerre mondiale par morceaux, comment on détruit les peuples, comment les enfants n’ont pas à manger, comment l’éducation baisse... C’est une destruction. Ou bien nous sommes frères, ou bien tout s’écroule.

Ce temps n’est pas le temps de l’oubli. Nous devons chaque jour nous rappeler ce que Dieu a dit à Abraham: qu’en levant le regard vers les étoiles du ciel, il verrait la promesse de sa descendance, c’est-à-dire nous (cf. Rencontre interreligieuse à Ur, 6 mars 2021). Une promesse qui s’est donc réalisée également dans nos vies: celle d’une fraternité large et lumineuse comme le sont les étoiles du ciel!

Chères sœurs et chers frères, cher frère grand imam!

Le chemin de la fraternité est long, c’est un parcours difficile, mais elle est l’ancre de salut pour l’humanité. Aux nombreux signaux de menace, à l’obscurité du temps présent, à la logique du conflit, nous opposons le signe de la fraternité qui, en accueillant l’autre et en respectant son identité, l’invite à une marche commune. Non pas égaux, non, mais -frères, chacun avec sa propre personnalité, avec sa propre singularité.

Merci à tous ceux qui œuvrent dans la conviction qu’on peut vivre en harmonie et en paix, conscients de la nécessité d’un monde plus fraternel, parce que nous sommes tous des créatures de Dieu: frères et sœurs.

Merci à ceux qui s’uniront à notre chemin de fraternité. J’encourage tout le monde à s’engager pour la cause de la paix et pour répondre aux problèmes et aux besoins concrets des derniers, des pauvres, de ceux qui sont sans défense. La proposition consiste à marcher côte à côte, «tous frères», pour être concrètement artisans de paix et de justice, dans l’harmonie des différences et dans le respect de l’identité de chacun. Sœurs et frères, avançons ensemble sur cette route de la fraternité! Merci.