Prendre chair sans cesser d’être Dieu

 Prendre chair sans cesser d’être Dieu  FRA-051
21 décembre 2021

Ce prologue de Jean est bien difficile pour une fête si populaire. Qui ne consonne pas à l’espérance de Noël?

Mais cet Evangile nous ramène à l’évidence que la naissance de Jésus est relue comme Bonne Nouvelle à travers l’événement de sa résurrection: on fête Noël à la lumière de Pâques. La popularité de Noël ne doit pas nous masquer la lumière qui lui donne cet éclat, mais au contraire nous y conduire. Ce n’est qu’éclairé par l’événement de la Résurrection que Jean peut écrire «le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous». Mais ne sommes-nous pas trop habitués pour entendre l’inouï, voire le scandale d’une telle affirmation. Poser que le Verbe, cette puissance de Dieu même dont le récit de la Genèse nous dit: «Il dit, et cela fut», se fasse chair, l’un de nous, sans cesser d’être Dieu, c’est proprement impensable. Et il y a un lien étroit entre cette affirmation de Jean que le Verbe s’est fait chair, et notre Foi qu’il se fait nourriture dans l’Eucharistie. L’un serait impensable sans l’autre. Mais en même temps, l’incarnation lie à jamais notre rapport à Dieu et notre rapport au frère, présence aussi réelle. On parle du sacrement du frère et nous devrions considérer le pauvre avec le respect dû au Corps du Christ. La Tradition, de saint Martin à saint Jean Chrysostome ne dit pas autre chose. Alors quand Jean nous dit «nous avons vu sa gloire, cette gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité», n’y voyons pas l’allusion à une manifestation de puissance. Car ce qu’ont vu les apôtres, ce dont ils ont été témoins, c’est fondamentalement le dépouillement du Fils dans la chair par laquelle il a habité parmi nous et désigner comme sa Gloire cet abaissement, c’est affirmer que Dieu se révèle tel qu’il est dans ce mouvement de prendre chair sans cesser d’être Dieu. Si Noël manifeste que Dieu se révèle pleinement comme Dieu en se dépouillant de sa puissance, cela nous indique le chemin de la divinisation de notre propre humanité.

* Aumônier général des prisons de France et d’Outre-Mer

L’Evangile en poche

Noël du Seigneur

Samedi 25 décembre

Première lecture: Isaia 9, 1-6

Psaume: 95

Deuxième lecture: Tite 2, 11-14

Evangile: Luc 2, 1-14

Bruno Lachnitt*