« Le coronavirus nous a secoués et fait trembler, mais il a aussi apporté avec lui l'espoir d'une nouvelle normalité dans laquelle les religieuses d'Afrique peuvent être appréciées pour les charismes et les dons qu'elles offrent à l'Eglise. Cette nouvelle normalité espérée par les religieuses est la réalisation d'une formation ouverte à tous - incluant l'étude d'une diversité de disciplines comme la théologie, la philosophie, le droit civil et canonique. On espère que ce type de formation donnera plus de pouvoir aux sœurs et les libérera ». C'est le témoignage de sœur Edelquine Shivachi, des Petites Sœurs de Saint-François, que l'on peut lire dans : Femmes auteures d'une autre histoire sous la direction d’Anna Moccia et Claudia Giampietro, aux éditions Tav. Un livre léger et précieux expliqué par le sous-titre : Une mosaïque de voix pour repenser le présent. Préface et postface signées par deux religieuses à qui le Pape François a confié diverses charges au cours de l'année écoulée : sœur Alessandra Smerilli, secrétaire intérimaire du Dicastère pour le service du développement humain intégral et sœur Nathalie Becquart, sous-secrétaire du Secrétariat général du synode des évêques.
Trente femmes, trente vies. Religieuses et laïques, cultures et religions et continents différents qui, souligne Alessandra Smerilli, « réparent, chacune à leur manière, une bande de l'humanité blessée qui nous entoure et dans laquelle nous marchons nous aussi : il y a celles et ceux qui le font par la prière et celles et ceux qui le font par des actions concrètes en faveur des derniers et des plus petits de la Terre ». Il y a sœur Nuala Kenny, des Sœurs de la Charité de Saint Vincent de Paul, pédiatre à la retraite, bioéthicienne et professeure dont les recherches portent sur le vieillissement, la fin de vie et le soin de l'Eglise dans la crise des abus sexuels perpétrés par le clergé ; il y a Dominique Corti, médecin à l'hôpital St Mary's Lacor en Ouganda, fondé il y a soixante ans par ses parents Piero et Lucille. Et il y a les femmes engagées contre la traite, pour la défense de l'environnement, contre les guerres, pour l’aide aux migrants et aux prisonniers...
« La vie s'est manifestée à travers ces trente récits, - écrit Nathalie Becquart -. Cette vie incarnée, reconnue et définie par les femmes depuis le début. Cette vie bouleversée, éprouvée, malmenée par la violence, la souffrance, la maladie, l'isolement ».
Dédié à sœur Elisabetta Flick, décédée pendant la pandémie, le livre est (magnifiquement) illustré par Simone Barretta. Les bénéfices seront reversés au projet Chaire Gynai, Benvenuta donna, coordonné par les sœurs missionnaires scalabriniennes, en faveur des femmes en situation de vulnérabilité. [DCM]