Voyage en Slovaquie

L’annonce d’une joie plus grande

 L’annonce d’une joie plus grande  FRA-038
21 septembre 2021

Le voyage-pèlerinage du Pape François, qui a commencé par la participation à la clôture du Congrès eucharistique international à Budapest, s’est conclu en Slovaquie par la Messe célébrée devant plus de soixante mille fidèles au sanc-tuaire- national de Saštín, dédié à la Vierge des douleurs. La douleur a précisément été, avec son opposé, la joie, l’un des thèmes récurrents dans les paroles du Saint-Père au cours de ces derniers discours et homélies. Déjà au cours de la rencontre-dialogue de mardi après-midi avec les 25.000 jeunes en fête dans le stade de Košice, le Pape, en répondant à une question, avait prononcé une affirmation très forte sur ce thème: «La croix ne peut s’embrasser toute seule; la souffrance ne sauve personne. C’est l’amour qui transforme la souffrance. C’est donc avec Jésus que l’on embrasse la croix, jamais seuls! Si l’on embrasse Jésus, la joie renaît. Et la joie de Jésus, dans la souffrance, se transforme en paix».

Parfois, la douleur et la religion sont associées; même en ce qui concerne le christianisme, pour lequel il existe une version «douloureuse», presque masochiste, de la religion centrée également sur un sens mal interprété du sacrifice. Le Pape a été en revanche clair, net: la douleur ne sauve personne. Ce qui sauve en revanche est l’amour, cette force capable de transformer chaque chose, même la douleur. Les jeunes qui ont fait la fête autour du Pape en visite à Košice ont perçu ce miracle de la présence: être aux côtés de ceux qui souffrent, prendre soin d’eux, les accompagner. Telle est la promesse qui sous-tend tout le texte de la Bible, à partir du nom même de Dieu, Yahvé, qui peut se traduire par «Je suis (là)»: la promesse d’un Dieu qui ne promet pas de magie, mais une présence, qui dit à Moïse et à toutes les personnes qu’il appelle «je suis là, je serai là, toujours, avec toi». Jusqu’à Jésus, qui est l’Emmanuel: Dieu-avec-nous, qui sera à nos côtés «jusqu’à la fin des temps». Et il sera avec nous également au moment de la croix; en ces jours sombres de la douleur et de la tristesse la plus profonde. Jésus, comme l’a dit le Pape dans l’homélie de la Divine liturgie du mardi 21 septembre, «a voulu y entrer, se plonger en elle. Il a choisi pour cela la voie la plus difficile: la croix. Parce qu’il ne doit se trouver personne sur terre qui soit désespéré au point de ne pouvoir le rencontrer, là même, dans l’angoisse, dans l’obscurité, dans l’abandon, dans le scandale de sa misère et de ses erreurs.  Là justement, où l’on pense que Dieu ne peut pas être, Dieu y est. […] Et maintenant, avec lui, nous ne sommes plus seuls, jamais».

Il est donc clair que la douleur ne sauve en effet personne, si elle est vécue comme «absolu», c’est-à-dire seuls, mais il peut en revanche y avoir un rachat, même de la douleur la plus terrible, si l’on n’est pas seuls, si quelqu’un est là à nos côtés et permet de se sentir aimés, et pas abandonnés.

C’est ce que Marie a fait avec son Fils et fait avec tous ses enfants: le Pape l’a rappelé dans l’homélie du mercredi 22 septembre à Saštín: «Et la Vierge des Douleurs, sous la croix, reste simplement. Elle est sous la croix. Elle ne s’enfuit pas, ne tente pas de se sauver elle-même, elle n’utilise pas d’artifices humains ni d’anesthésiants spirituels pour échapper à la souffrance. C’est l’épreuve de la compassion: rester sous la croix. Rester le visage baigné de larmes, mais avec la foi de celle qui sait qu’en son Fils, Dieu transforme la douleur et triomphe de la mort».

Le christianisme n’est pas la religion de la douleur, mais de la joie, de la victoire sur la douleur, à travers la foi et la compassion. Les jeunes, avec leur «flair», l’ont compris mardi après-midi lors du dialogue captivant, touchant et divertissant qui a représenté l’un des moments les plus intenses du voyage du pèlerin François en terre slovaque.

Andrea Monda