Dans la matinée du samedi 28 août, le Pape François a reçu en audience dans la salle
Paul vi un groupe de l’association Lazare, composé de deux cents membres de l’organisation internationale née en France, qui s’occupe de donner une maison aux sans domicile fixe à travers des expérience de collocation avec de jeunes travailleurs. François avait rencontré une première délégation le 21 mai dernier. Après avoir écouté de nombreux témoignages et parlé avec les personnes présentes, le Pape leur a remis le discours que nous publions ci-dessous et a improvisé un bref discours en espagnol, au cours duquel il a souligné que «certains pensent que la porte est leur propriété et ils mettent un verrou dessus et s’enferment. D’autres ont peur de frapper à une porte, c’est cette peur que nous avons de savoir si nous serons accueillis et acceptés. D’autres veulent entrer mais ont peur de la porte et essaient d’entrer par la fenêtre». Il a donc invité chacun à se poser cette question: «Quelle est ma relation avec la porte? La porte, c’est Dieu. Quelle est ma relation avec la porte? Est-ce que je m’approprie la porte et ne laisse entrer personne? Ou ai-je peur de frapper à la porte? Ou est-ce que j’espère sans frapper que quelqu’un va l’ouvrir pour moi? Chacun de nous a une attitude différente vis-à-vis de Dieu qui est la porte». Parfois, dans la vie, a-t-il poursuivi, il faut avoir «l’humilité de frapper à la porte», parfois il faut avoir «le courage de ne pas avoir peur de celui qui m’ouvrira la porte, qui est Dieu». Et une fois à l’intérieur, il faut avoir «la grandeur de ne pas fermer la porte derrière moi, mais plutôt de l’ouvrir pour que d’autres puissent entrer. Lazare fait cela depuis des années: Ouvrir des portes… Lazare est une petite chose, peu de gens, peu de lieux, face à tant de besoins. Mais Jésus a dit une fois, que le levain est aussi une petite chose, mais qu’il a pu se multiplier, que la graine était une petite chose, et qu’elle a pu faire pousser un grand arbre».
Chers amis,
Je vous souhaite la bienvenue à Rome, à l’occasion du dixième anniversaire de l’association Lazare. Je remercie votre représentant pour ses aimables paroles. Je salue chacun avec affection et, à travers vous, j’exprime ma proximité spirituelle à tous les membres de votre association de différents pays.
Je rends grâce à Dieu pour la belle expérience que vous faites dans la cohabitation et la fraternité vécues au quotidien. Vous avez là une opportunité d’être, non seulement pour vous mais aussi pour le monde, une vitrine de l’amitié sociale que nous sommes tous appelés à vivre. Dans un environnement parsemé d’indifférences, d’individualisme et d’égoïsme, vous nous faites comprendre que les valeurs d’une vie authentique se trouvent dans l’accueil des différences, le respect de la dignité humaine, l’écoute, l’attention à l’autre et le service des plus humbles. En effet, «l’amour de l’autre pour lui-même nous amène à rechercher le meilleur pour sa vie. Ce n’est qu’en cultivant ce genre de relations que nous rendrons possibles une amitié sociale inclusive et une fraternité ouverte à tous» (Fratelli tutti, n. 94).
Dans la société, vous pouvez vous sentir isolés, rejetés et souffrir de l’exclusion. Mais ne baissez pas les bras, ne vous découragez pas. Allez de l’avant en cultivant dans le cœur l’espérance d’une joie contagieuse (cf. Evangelii gaudium,
n. 88). Votre témoignage de vie nous rappelle que «les pauvres sont de véritables évangélisateurs parce qu’ils ont été les premiers à être évangélisés et appelés à partager le bonheur du Seigneur et de son Royaume» (Message à l’occasion de la v e journée mondiale des pauvres, 13 juin 2021).
Chers amis, je vous invite à rester fermes dans vos convictions et dans votre foi. Vous êtes le visage d’amour du Christ. Répandez donc autour de vous ce feu d’amour qui réchauffe les cœurs froids et arides. Ne vous contentez pas seulement d’une vie d’amitié et de partage entre les membres de votre association, mais allez au-delà. Osez le pari de l’amour donné et reçu gratuitement. Allez vers les périphéries souvent remplies de solitude, de tristesse, de blessures intérieures et de perte du goût de la vie. Par vos paroles et vos gestes, versez l’huile de la consolation et de la guérison sur les cœurs meurtris. Ne l’oubliez jamais: vous êtes le don, l’aujourd’hui de Dieu, vous avez une place de choix dans son cœur aimant. Même si le monde pose sur vous un regard méprisant, vous avez du prix, vous comptez beaucoup aux yeux du Seigneur. Je voudrais encore le redire: Dieu vous aime, vous êtes ses privilégiés. Alors ne vous laissez pas voler la joie de vivre et de faire vivre les autres.
Confiant chacun de vous et vos familles au Seigneur, par l’intercession de la Vierge Marie, je vous accorde de grand cœur la Bénédiction apostolique ainsi qu’à vos responsables ici présents et aux membres de l’association répandus dans le monde.
S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi.