13 mai 1981, l’attentat contre Jean-Paul II

L’Osservatore Romano
était présent

*OR* Udienza generale di Papa Giovanni Paolo II del 13 maggio 1981, il giorno dell'attentato a ...
18 mai 2021

Il a fallu du temps avant que je ne réussisse à écrire cette date correctement. Parfois, les doigts sur le clavier inversaient une lettre, d’autres fois, ils remplaçaient une lettre par une autre en composant le nom du mois. Ce jour d’il y a quarante ans, je me trouvais sur la place Saint-Pierre et j’étais heureux d’y être jusqu’au moment où arriva ce que je n’aurais jamais pen-sé possible.

J’avais à peine plus de vingt ans. Un chroniqueur à ses premières armes, avec la tâche de raconter l’audience générale du Pape. Ce que notre journal a continué à faire et recommencera à faire dès que la situation sanitaire — espérons que le plus vite possible — permettra la présence des fidèles.

Comme tant d’autres mercredis, j’étais arrivé place Saint-Pierre largement à l’avance pour avoir le temps de recueillir des histoires parmi les pèlerins et les fidèles. Comme toujours, l’atmosphère était celle d’une fête: des chants, des prières, un brouhaha incessant dans toutes les langues. Il y avait aussi un petit groupe d’enfants d’une paroisse romaine qui tenaient des ballons colorés à la main.

Vers 17h00, des secteurs les plus proches de l’Arco delle campane (à gauche de la basilique) s’est élevé un applaudissement qui a rapidement gagné toute la place. Le Pape était arrivé et, debout sur la jeep blanche, il saluait en longeant les barrières: deux tours, pour que tous bénéficient de son salut et de sa bénédiction. J’étais parmi les derniers à suivre le cortège: on m’avait appris à être discret, à ne pas gêner par ma présence cet échange de geste d’affection que beaucoup de personnes auraient gardés parmi les plus beaux souvenirs de leur vie.

Le soleil souriait lui aussi sur la place Saint-Pierre. Ensuite, des coups de feu, des cris, la jeep qui démarre en trombe. Mais on ne voit plus le Pape debout en train de saluer.

Nous nous trouvions sur le côté de la place qui donne vers la Porte de bronze (à droite de la basilique), non loin du secteur où, précédemment, j’avais vu ces enfants avec les ballons. Ins-tinctivement, je me tourne, pensant que l’un d’eux a éclaté. Au-delà de la barrière les gens hurlent, regardent derrière eux. Je commence à courir moi aussi dans la direction prise par la jeep. On a désormais compris ce qui s’est passé.

Sous le Bras de Charlemagne (aile gauche de la basilique), au poste de l’Ordre de Malte qui prêtait un service d’assistance médicale au cours de l’audience, je trouve un téléphone et je cherche à me mettre en contact avec la rédaction. Sur les visages des personnes qui passent près de moi je vois la frayeur, l’incrédulité. Peut-être voient-elles aussi la même expression sur le mien, celle de se sentir orphelin à l’improviste.

Ce sera une longue nuit. A la polyclinique Gemelli, où le Pape a été hospitalisé, les médecins tentent l’impossible. Sur la place Saint-Pierre, les gens sont encore là, ils prient et espèrent. A la rédaction, on prépare l’édition extraordinaire qui sortira à sept heures le lendemain matin, avec les premières nouvelles réconfortantes qui parviennent de l’hôpital.

Dix ans plus tard, Jean-Paul ii se rendit en pèlerinage à Fatima, pour renouveler son action de grâce à Marie. Je fus l’envoyé du journal. Ce jour-là était aussi un 13 mai et j’étais heureux d’être présent.

Piero Di Domenicantonio