Audience générale du 24 mars

Marie est proche de ceux qui meurent seuls au cours des jours de la pandémie

L’odigitria de la cathédrale Saint-Nicolas de Bari en Italie
30 mars 2021

Chers frères et sœurs, bonjour!

Aujourd’hui, la catéchèse est con-sacrée à la prière en communion avec Marie, et elle a lieu précisément à la veille de la solennité de l’Annonciation. Nous savons que la voie maîtresse de la prière chrétienne est l’humanité de Jésus. En effet, la confiance typique de la prière chrétienne serait privée de signification si le Verbe ne s’était pas incarné, en nous donnant dans l’Esprit sa relation filiale avec le Père. Nous avons entendu parler, dans la lecture, de ce rassemblement de disciples, les femmes pieuses et Marie, qui prient après l’Ascen-sion de Jésus: c’est la première communauté chrétienne qui attendait le don de Jésus, la promesse de Jésus.

Le Christ est le Médiateur, le pont que nous traversons pour nous adresser au Père (cf. Catéchisme de l’Eglise catholique, n. 2674). Il est l’unique Rédemp-teur: il n’y a pas de co-rédemp-teurs avec le Christ. Il est le Médiateur par excellence, il est le Médiateur. Chaque prière que nous élevons à Dieu est pour le Christ, avec le Christ et dans le Christ et elle se réalise grâce à son intercession. L’Esprit Saint étend la médiation du Christ à chaque époque et en chaque lieu: il n’y a pas d’autre nom par lequel nous puissions être sauvés (cf. Ac 4,12). Jésus Christ: l’unique Médiateur entre Dieu et les hommes.

C’est de l’unique médiation du Christ que prennent leur sens et leur valeur les autres références que le chrétien trouve pour sa prière et sa dévotion, la première de toutes étant celle à la Vierge Marie, la Mère de Jésus.

Elle occupe une place privilégiée dans la vie et donc également dans la prière du chrétien, parce qu’elle est la Mère de Jésus. Les Eglises d’Orient l’ont souvent représentée comme l’Odigitria, celle qui «indique la voie», c’est-à-dire son Fils Jésus Christ. Il me vient à l’esprit cette belle peinture antique de l’Odigitria dans la cathédrale de Bari, simple: la Vierge qui montre Jésus, nu. Ensuite, on lui a mis une tunique pour couvrir cette nudité, mais la vérité est que Jésus est représenté nu, pour indiquer que lui, homme né de Marie, est le Médiateur. Et elle indique le Médiateur: -elle est l’Odigitria. Dans l’iconographie chrétienne elle est partout présente, parfois même avec un grand relief, mais toujours en relation avec son Fils et en fonction de Lui. Ses mains, ses yeux, son attitude sont un «catéchisme» vivant et ils signalent toujours le pivot, le centre: Jésus. Marie est totalement tournée vers Lui (cf. CEC, n. 2674). Nous pouvons dire alors qu’elle est plus disciple que Mère. Cette indication, aux noces de Cana: Marie dit: «Faites ce qu’Il vous dira». Elle indique toujours le Christ; elle en est la première di-sciple.

Tel est le rôle que Marie a joué pendant toute sa vie terrestre et qu’elle conserve pour toujours: être l’humble servante du Seigneur, rien de plus. A un certain moment, dans les Evangiles, elle semble presque disparaître; mais elle revient dans les moments cruciaux, comme à Cana, quand son Fils, grâce à son intervention prévenante, accomplit le premier «signe» (cf. Jn 2,1-12), et ensuite sur le Golgotha, au pied de la Croix.

Jésus a étendu la maternité de Marie à toute l’Eglise quand il lui a confié le disciple bien-aimé, peu avant de mourir sur la croix. A partir de ce moment-là, nous avons tous été placés sous son manteau, comme on le voit dans certaines fresques ou tableaux médiévaux. Même dans la première antienne latine – Sub tuum praesidium confugimus, sancta Dei Genitrix: la Vierge, comme Mère à laquelle Jésus nous a confiés, nous enveloppe tous; mais comme Mère, pas comme déesse, pas comme co-rédemptrice: comme Mère. Il est vrai que la piété chrétienne lui donne toujours de beaux titres, comme un fils à sa -mère: que de belles choses dit un fils à sa mère qu’il aime! Mais faisons attention: les belles choses que l’Eglise et les saints disent de Marie n’ôtent rien à l’unicité rédemptrice du Christ. Il est l’unique Rédempteur. Ce sont des expressions d’amour comme celles d’un fils à sa mère — parfois exagérées. Mais l’amour, nous le savons, nous fait toujours faire des choses exagérées, mais avec amour.

Nous avons ainsi commencé à la prier en lui adressant certaines expressions, présentes dans les Evangiles: «pleine de grâce», «bénie entre toutes les femmes» (cf. cec,
n. 2676s.). Dans la prière de l’Ave Maria est également rapidement apparu le titre «Theotokos», «Mère de Dieu», énoncé par le Concile d’Ephèse. Et de la même manière que dans le Notre Père, après la louange, nous ajoutons la supplique: nous demandons à la Mère de prier pour nous pécheurs, pour qu’elle intercède avec sa tendresse, «maintenant et à l’heure de notre mort». Maintenant, dans les situations concrètes de la vie, et au moment final, pour qu’elle nous accompagne — comme Mère, comme première disciple — dans le passage à la vie éternelle.

Marie est toujours présente au chevet de ses enfants qui quittent ce monde. Si quelqu’un se retrouve seul et abandonné, elle est Mère, elle est là tout proche, comme elle était aux côtés de son Fils quand tous l’avaient abandonné.

Marie a été et est présente pendant les jours de la pandémie, auprès des personnes qui ont malheureusement conclu leur chemin terrestre dans une situation d’isolement, sans le réconfort de la proximité de leurs proches. Marie est toujours là, à nos côtés, avec sa tendresse maternelle.

Les prières qui lui sont adressées ne sont pas vaines. Femme du «oui», qui a promptement accueilli l’invitation de l’Ange, elle répond aussi à nos suppliques, elle écoute nos voix, également celles qui restent enfermées dans notre cœur, qui n’ont pas la force de sortir, mais que Dieu connaît mieux que nous-mêmes. Elle les écoute comme une Mère. Comme toute bonne mère et même davantage, Marie nous défend des dangers, elle se préoccupe pour nous, même quand nous sommes pris par nos occupations et que nous perdons le sens du chemin, mettant en danger non seulement notre santé, mais notre salut. Marie est là, qui prie pour nous, qui prie pour ceux qui ne prient pas. Elle prie avec nous. Pourquoi ? Parce qu’elle est notre Mère.

A l’issue de l’Angelus, le Pape s’est adressé aux pèlerins francophones:

Je suis heureux de saluer les personnes de langue française! A la veille de la solennité de l’Annonciation, prions avec foi, afin qu’au milieu de nos angoisses et de nos difficultés en ce moment de crise, nous ne nous sentions pas abandonnés, mais soutenus, réconfortés et accompagnés par Marie, notre Mère.

A tous, ma bénédiction!