22 juillet, fête de Marie Madeleine Une historienne enquête sur sa vie

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27 juin 2020

Le 22 juillet 2016, par volonté du Pape François, l’Eglise célèbre non plus la mémoire, mais la fête liturgique de sainte Marie de Magdala. C’est à elle qu’est consacré le dernier livre de l’historienne et théologienne Adriana Valerio «Maria Maddalena – Equivoci, storie, rappresentazioni» (Il Mulino). Nous en publions ici un passage.

Les souvenirs des disciples et, parmi eux, des femmes qui ont suivi Jésus ont conflué, avec des résultats différents selon la personne qui a transmis et les situations spécifiques des groupes de référence, dans les diverses versions écrites qui ont donné origine aux Evangiles. Les récits de la Passion, très différents entre eux, font référence à une double expérience, la découverte du tombeau vide et les apparitions après Pâques, mais ils ne s’accordent pas toujours sur le rôle que les personnages accomplissent et les émotions qu’ils ressentent. Quoi qu’il en soit, dans toutes les narrations pascales, les femmes sont présentées comme les premières témoins du sépulcre vide (…)

La Madeleine, à la tête du groupe féminin, est décrite à travers diverses attitudes. Dans Marc, elle fuit, apeurée – avec Marie, mère de Jacques, et Salomé – face aux « apparitions d’anges » qui attestaient que la résurrection avait eu lieu et ne dit rien de ce qui s’est passé (16, 168) ; dans Matthieu, avec « l’autre Marie », elle reconnaît le Ressuscité  et court apporter l’annonce aux autres disciples (28, 1-8) ; dans Luc, son témoignage n’est pas considéré comme digne de foi (24, 1-12). Jean, plus que tout autre, lui réserve une attention particulière et la place au centre de la foi dans le Ressuscité (…) Le quatrième évangéliste, en disant que « Marie se tenait près du tombeau, au-dehors, tout en pleurs » (20, 11), souligne qu’elle est restée seule devant le tombeau vide (…) Ce n’est qu’en s’entendant appeler par son nom – « Marie ! » – qu’elle sait reconnaître la voix du Maître, apparu dans le jardin sous l’aspect d’un jardinier (…)

Jésus lui dit : « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Mais va trouver mes frères et dis-leur : je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ». Marie de Magdala alla immédiatement annoncer aux disciples : « J’ai vu le Seigneur » et également ce qu’il lui avait dit (Jean 20, 16-18). Cette narration est un puissant rappel symbolique de la recherche du bien-aimé, perdu, retrouvé et retenu, célébré dans le Cantique des Cantiques (3, 1-4) et qui sert de toile de fonds à cette rencontre dramatique et passionnante (…) Marie incarne ici le type idéal de disciple qui voit, reconnaît, témoigne et annonce. En effet, le Ressuscité lui apparaît en personne et, en ne la laissant pas le retenir, l’envoie comme témoin du Vivant à la communauté des disciples devenus désormais ses « frères ». Nous sommes en présence d’un véritable mandat apostolique.

Adriana Valerio