La nomination de la première femme à la tête de la secrétairerie d’Etat au Vatican est une importante et excellente nouvelle pour au moins trois raisons.
Francesca Di Giovanni, ancienne « official » de la section pour les relations avec les Etats, a été nommée sous-secrétaire de cette section avec la charge des relations multilatérales, aux côtés de Mgr Mirosław Wachowski, qui s’occupe de la diplomatie bilatérale.
La première raison intéressante est le lieu : la secrétairerie d’Etat où « s’exerce le pouvoir, se dénoue la véritable, grande politique vaticane et sa diplomatie », comme on le lit dans de nombreux rapports des nonciatures du vingtième siècle.
Combien de fois, en lisant ces documents, me suis-je demandée, en étudiant la nature et l’organisation complexe de la secrétairerie d’Etat par sections et représentations, comment un œil féminin les auraient regardés : à présent, une femme est sous-secrétaire.
La deuxième raison est, donc, que la charge confiée à une femme ne concerne pas « seulement » des thèmes considérés comme traditionnellement féminins : religieuses, famille, enfants, porteurs de handicap, soin, services, etc., des questions que nous, femmes, considérons, à juste titre, comme décisives, mais qui nous sont confiées par pure misogynie ou, au mieux, parce que considérées comme plus proches de nos expériences. Il s’agit là d’un aspect du « pouvoir féminin » qui, dans l’histoire de l’Eglise, semble connaître une sorte de processus inverse à celui suivi dans la société laïque. Ici, dans l’histoire de son émancipation, la femme a obtenu des droits civils, économiques et politiques égaux, en valorisant souvent des rôles plus traditionnellement féminins. Pour ensuite percevoir le préjudice de cette mutilation et choisir une pensée et une action qui fasse de sa « différence » avec l’homme un trésor inestimable et incontournable.
Dans l’histoire du christianisme, « la différence féminine » a été préservée, il suffit de penser à la tradition mariale, avec une maestria sans égal qui a souvent toutefois revêtu les formes de la subordination jusqu’à atteindre parfois une véritable prévarication de la part des hommes d’Eglise. A présent, il est urgent que dans l’Eglise, les femmes, laïques et religieuses, atteignent la parité avec leurs frères dans la foi qui continuent obstinément à ne pas comprendre quand ils pourraient être les premiers à en tirer profit. Demander la parité, sans nier la différence, est une œuvre de discernement qui ne peut être déléguée parce qu’elle doit être assumée directement par l’autorité féminine au sein de l’Eglise.
Et la troisième raison de l’importance de cette nomination est qu’elle nous confirme que pour obtenir un rôle important, les femmes n’ont pas besoin du sacrement du sacerdoce.
Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat, avait déclaré il y a quelques temps que « les femmes aussi pourraient occuper le rôle de secrétaire d’Etat ». Voilà.
Bon travail, alors, au Pape François qui a eu le courage de cette nomination et à la sous-secrétaire Francesca.
Emma Fattorini
Professeure d’histoire contemporaine,“La Sapienza”, Rome