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Un Jubilé du salut par la Croix du Christ

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02 septembre 2025

Bernard Ardura

Président émérite du Comité pontifical des sciences historiques

Benoît XIV, né Prospero Lorenzo Lambertini, naquit à Bologne, le 31 mars 1675 et mourut à Rome, le 3 mai 1758. Par sa personnalité et ses initiatives dans le domaine pastoral, il joua un rôle de premier plan dans la vie de l’Eglise et contribua, par son immense culture, son réalisme et son ouverture d’esprit, à faire entrer l’Eglise dans le concert de sociétés civiles marquées par les Lumières, du moins jusque dans les années 1750, car les philosophes manifestèrent alors des tendances anticléricales, qui suscitèrent des réactions défensives.

Un pasteur de la Réforme catholique

Nommé archevêque de Bologne en 1731, Lambertini se distingua par son zèle pastoral, à tel point que cette période semble exemplaire, dans la ligne de saint Charles Borromée. Davantage porté sur l’activité proprement religieuse, que sur l’administration, il établit la réforme pastorale tridentine dans son diocèse.

Elu Pape en 1740, Benoît XIV se distingue, surtout pendant la première décennie, par une remarquable ouverture d’esprit envers le monde en transformation sous l’influence de l’Illuminisme. Il se lance dans une politique de concordats y compris avec des puissances non-catholiques. A Rome, il réorganise l’ensemble de la ville, promeut le libre-commerce, entreprend de réformer l’administration et la Justice, cherchant à assurer une protection des plus pauvres. Il favorisa une piété simple, une liturgie recueillie, une dévotion populaire contrôlée par les évêques diocésains. Il se distingua par son intérêt pour la musique sacrée dont il veilla à bannir tout ce qui était théâtral, afin de revenir aux prescriptions du concile de Trente.

Un Jubilé pour devenir saints

Benoît XIV, avec la bulle Peregrinantes a Domino, promulgua un Jubilé en 1750, marqué par une profonde atmosphère spirituelle, nourrie par la prédication de saint Léonard de Porto Maurizio. Le Pape organisa personnellement l’Année Sainte et ses activités spirituelles. Il mit en place l’hospice de la Trinité pour les pèlerins pauvres et accueillit lui-même les pèlerins venus à Rome. Il assista aux prédications de saint Léonard, et sur les conseils de ce dernier, il institua le Chemin de Croix au Colisée, monument qu’il sauva de la destruction totale en le consacrant comme lieu de martyre des premiers chrétiens.

Benoît XIV, célèbre pour son Traité sur la béatification des serviteurs de Dieu, voulut faire de ce Jubilé un grand événement spirituel. Le pèlerinage à Rome n’offre-t-il pas l’occasion de découvrir l’ancienne capitale de l’Empire transformée par la Croix du Christ, qui ouvre une voie nouvelle vers la sainteté et le Paradis.

Dans son Encyclique Peregrinantes, Benoît XIV déclarait: «Quel plus grand bonheur peut éprouver un chrétien que de voir la gloire de la Croix du Christ au plus haut degré de la splendeur où elle brille sur la terre, et d’observer de ses propres yeux les monuments de la victoire triomphante par laquelle notre foi a vaincu le monde? C’est là que vous pourrez voir l’orgueil du monde s’humilier pour rendre hommage à la Religion, et ce qui fut la Babylone terrestre, transformée en une Cité nouvelle et céleste».