· Cité du Vatican ·

Méditation du mois

Trois pèlerins de paix

 Trois pèlerins de paix  FRA-010
02 septembre 2025

Frère Matthew

Prieur de la Communauté
œcuménique de Taizé

Le calme revient sur notre colline bourguignonne après un été riche de rencontres entre jeunes de tous les coins du monde dans une atmosphère priante et fraternelle. Quels fruits pousseront des expériences vécues pour celles et ceux qui ont frappé à notre porte? Que l’Esprit Saint les accompagne à chaque pas de leur chemin!

Je pense à trois personnes rencontrées au courant de l’été, chacune de sa manière un témoin de paix. Lors d’une rencontre dans l’église de la Réconciliation à Taizé, une jeune Ukrainienne a dit ceci aux jeunes rassemblés: «Le plus grand soutien pour nous, c’est la prière. La prière n’a pas de frontières — elle relie les gens même quand rien d’autre ne le peut. Parfois, une personne n’a plus la force de prier — et alors quelqu’un d’autre prie à sa place. C’est déjà la troisième année de guerre, et nous avons profondément besoin de votre prière et de votre soutien».

Le courage des jeunes Ukrainiens ne cesse de nous étonner. Ils tiennent bon, ils ne se découragent pas. Au moment où j’écris, des pourparlers se préparent, mais que vont-ils proposer pour ce peuple agressé?

L’autre semaine, une femme Sud-Africaine est venue vers moi dans l’église après la prière du soir. Elle était revenue à Taizé après une première visite en 1986. A son retour, elle a été arrêtée et emprisonnée sous le régime de l’apartheid. Mais aujourd’hui, son visage est si paisible que je me suis demandé: comment quelqu’un qui a tant souffert peut-il rayonner ainsi?

Sans doute la foi de cette femme a joué un grand rôle. Avoir vu de ses propres yeux ce qui est la vraie communion humaine en Christ l’avait sûrement soutenue aussi.

Le jour après la Fête de la Transfiguration, une jeune Indienne de l’Eglise orthodoxe syriaque jacobite nous a parlé du projet éducatif qu’elle anime pour des enfants vivant dans le sud de son pays. Elle nous a dit: «Au fil des années, nous avons vu ces enfants s’épanouir — rêver plus grand, parler plus fort, viser plus haut. Beaucoup commencent à se voir autrement.

Et c’est là que je pense à la Transfiguration de Jésus. Lors-que Jésus fut transfiguré devant ses disciples sur la montagne, sa nature divine a brillé à travers l’ordinaire. Et ceux qui étaient avec lui n’ont pas seulement vu qui il était, mais qui il est véritablement. J’ai vu des transfigurations — non pas sur des sommets, mais dans des salles de classe tribales. J’ai vu de jeunes gens ordinaires se lever et briller devenant des lumières dans leurs communautés. J’ai vu la dignité se révéler, le leadership émerger, les rêves s’éveiller».

Venu spontanément à la fin de l’Eucharistie d’ouverture du Jubilé des jeunes, le Pape Léon XIV a dit aux jeunes rassemblés: «Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde», comme Jésus l’a dit à ses amis en Matthieu 5. Puis, il nous a invités à prier pour la paix, nous demandant de dire à haute voix: «Nous voulons la paix dans le monde entier».

Comme pèlerins de l’espérance, pouvons-nous tous devenir des pèlerins de paix?