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Textes pontificaux

Textes pontificaux

 Textes pontificaux  FRA-010
02 septembre 2025

Audience générale

Place Saint-Pierre, 6 août 2025

La gratuité et le pardon
préparent les lieux où Dieu habite

Chers frères et sœurs,

Nous poursuivons notre chemin jubilaire à la découverte du visage du Christ, en qui notre espérance prend forme et consistance. Aujourd’hui, nous commençons à réfléchir sur le mystère de la passion, de la mort et de la résurrection de Jésus. Nous commençons par méditer une parole qui semble simple, mais qui recèle un secret précieux de la vie chrétienne: préparer.

Dans l’Evangile de Marc, il est dit que «le premier jour de la fête des pains sans levain, où l’on immolait l’agneau pascal, les disciples de Jésus lui disent: “Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour que tu manges la Pâque?”» (Mc 14, 12). C’est une question pratique, mais aussi chargée d’attente. Les disciples pressentent qu’il va se passer quelque chose d’important, mais ils n’en connaissent pas les détails. La réponse de Jésus semble presque énigmatique: «Allez à la ville; un homme portant une cruche d’eau viendra à votre rencontre» (v. 13). Les détails deviennent symboliques: un homme qui porte une cruche — geste habituellement féminin à cette époque —, une salle à l’étage déjà prête, un maître de maison inconnu. C’est comme si tout avait été préparé à l’avance. En fait, c’est exactement le cas. Dans cet épisode, l’Evangile révèle que l’amour n’est pas le fruit du hasard, mais d’un choix conscient. Il ne s’agit pas d’une simple réaction, mais d’une décision qui demande préparation. Jésus n’affronte pas sa passion par fatalité, mais par fidélité à un chemin accepté et parcouru avec liberté et soin. C’est ce qui nous console: savoir que le don de sa vie naît d’une intention profonde, et non d’une impulsion soudaine.

Cette «salle à l’étage déjà prête» nous dit que Dieu nous précède toujours. Avant même que nous ne réalisions que nous avons besoin d’accueil, le Seigneur a déjà préparé pour nous un espace où nous pouvons nous reconnaître et nous sentir ses amis. Ce lieu est, au fond, notre cœur: une «salle» qui peut sembler vide, mais qui n’attend qu’à être reconnue, remplie et entretenue. La Pâque, que les disciples doivent préparer, est en réalité déjà prête dans le cœur de Jésus. C’est Lui qui a tout pensé, tout disposé, tout décidé. Cependant, il demande à ses amis de faire leur part. Cela nous enseigne quelque chose d’essentiel pour notre vie spirituelle: la grâce n’élimine pas notre liberté, mais la réveille. Le don de Dieu n’annule pas notre responsabilité, mais la rend féconde.

Aujourd’hui encore, comme alors, il y a une cène à préparer. Il ne s’agit pas seulement de la liturgie, mais de notre disponibilité à entrer dans un geste qui nous dépasse. L’Eucharistie ne se célèbre pas seulement sur l’autel, mais aussi dans le quotidien, où il est possible de vivre chaque chose comme offrande et action de grâce. Se préparer à célébrer cette action de grâce ne signifie pas en faire plus, mais laisser de la place. Cela signifie enlever ce qui encombre, réduire ses prétentions, cesser de cultiver des attentes irréalistes. Trop souvent, en effet, nous confondons les préparatifs avec les illusions. Les illusions nous distraient, les préparatifs nous orientent. Les illusions recherchent un résultat, les préparatifs rendent possible une rencontre. Le véritable amour, nous rappelle l’Evangile, se donne avant même d’être réciproque. C’est un don anticipé. Il ne se fonde pas sur ce qu’il reçoit, mais sur ce qu’il désire offrir. C’est ce que Jésus a vécu avec les siens: alors qu’ils ne comprenaient pas encore, alors que l’un était sur le point de le trahir et un autre de le renier, Lui préparait pour tous une cène de communion.

Chers frères et sœurs, nous sommes nous aussi invités à «préparer la Pâque» du Seigneur. Pas seulement la Pâque liturgique, mais aussi celle de notre vie. Chaque geste de disponibilité, chaque acte gratuit, chaque pardon offert à l'avance, chaque effort accepté patiemment est une manière de préparer un lieu où Dieu peut habiter. Nous pouvons alors nous demander quels espaces de ma vie dois-je réorganiser pour qu’ils soient prêts à accueillir le Seigneur? Que signifie pour moi aujourd’hui «préparer»? Peut-être renoncer à une prétention, cesser d’attendre que l’autre change, faire le premier pas. Peut-être écouter davantage, agir moins, ou apprendre à faire confiance à ce qui a déjà été organisé.

Si nous acceptons l’invitation à préparer le lieu de la communion avec Dieu et entre nous, nous découvrons que nous sommes entourés de signes, de rencontres, de paroles qui nous orientent vers cette salle, spacieuse et déjà prête, où l’on célèbre sans cesse le mystère d’un amour infini, qui nous soutient et qui nous précède toujours. Que le Seigneur nous accorde d’être d’humbles préparateurs de sa présence. Et, dans cette disponibilité quotidienne, que grandisse en nous cette confiance sereine qui nous permet d’affronter tout avec un cœur libre. Car là où l'amour a été préparé, la vie peut vraiment s'épanouir.

A l’issue de l’Audience générale, le Pape a lancé les appels suivants:

Aujourd’hui, nous commémorons le 80e anniversaire du bombardement atomique de la ville japonaise d’Hiroshima, et dans trois jours, nous commémorerons celui de Nagasaki. Je tiens à assurer de ma prière tous ceux qui en ont subi les effets physiques, psychologiques et sociaux. Malgré le passage des années, ces événements tragiques constituent un avertissement universel contre les ravages causés par les guerres et, en particulier, par les armes nucléaires. Je souhaite que dans le monde contemporain, marqué par de fortes tensions et des conflits sanglants, la sécurité illusoire fondée sur la menace d’une destruction mutuelle cède la place aux instruments de la justice, à la pratique du dialogue, à la confiance dans la fraternité.

Nous célébrons aujourd’hui la fête de la Transfiguration du Seigneur: que le visage lumineux du Seigneur soit pour vous source d’espoir et de réconfort.

Parmi les pèlerins qui assistaient à l’Audience générale se trouvaient les groupes francophones suivants:

De France: paroisse de Garges-lès-Gonesse; aumônerie Carlo Acutis, d’Olivet; paroisse Notre-Dame-de-Bon-Secours, de Le Pontet; la Compagnie des Types Louches, de Vannes; groupe de pèlerins d’Avignon; groupe de Dijon.

De Burkina Faso: groupe de jeunes.

Je salue avec joie les délégations des jeunes du Burkina Faso et du Niger, venus à Rome dans le cadre du Jubilé des jeunes. Je veux vous redire ma prière pour vos pays. Vous êtes venus ici en pèlerins d’espérance. Allez de l’avant, l’espérance ne déçoit pas, en artisans de paix et de réconciliation vous avez tout pour préparer un monde meilleur et plus fraternel.

Je salue particulièrement les pèlerins de langue française, et les groupes venus de France.

Demandons à la Vierge Marie de nous enseigner la disponibilité du cœur, pour que nous puissions y préparer une demeure pour le Seigneur: sa présence en nous rendra notre monde plus beau et plus humain. Que Dieu vous bénisse.

Message pour le 80e anniversaire
du bombardement atomique d’Hiroshima et de Nagasaki

Une atteinte à la dignité commune de la création

A S.Exc. Mgr Alexis M. Shirahama
évêque d’Hiroshima

J’adresse mes salutations cordiales à tous ceux qui sont réunis pour commémorer le 80e anniversaire des bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki. J’exprime en particulier mes sentiments de respect et d’affection pour les hibakusha, les survivants, dont les récits de perte et de souffrance sont pour nous tous un appel pressant à édifier un monde plus sûr et à promouvoir un climat de paix.

Bien que de nombreuses années se soient écoulées, ces deux villes demeurent des rappels vivants des horreurs profondes causées par les armes nucléaires. Leurs rues, leurs écoles et leurs maisons portent encore les cicatrices — tant visibles que spirituelles — de cet août tragique de 1945. Dans ce contexte, je me hâte de réitérer les paroles si souvent utilisées par mon bien-aimé prédécesseur le Pape François: «La guerre est toujours une défaite pour l’humanité».

Un survivant de Nagasaki, le Dr. Takashi Nagai, a écrit: «L’homme d’amour est l’homme de “courage” qui ne porte pas d’armes» (Heiwato, 1979). En effet, la véritable paix exige le courage de déposer les armes — en particulier celles capables de provoquer une catastrophe indescriptible. Les armes nucléaires sont une atteinte à notre humanité commune et trahissent également la dignité de la création, dont nous sommes appelés à préserver l’harmonie.

A notre époque marquée par des tensions et des conflits mondiaux croissants, Hiroshima et Nagasaki s’élèvent comme des «symboles de mémoire» (cf. François, Lettre à S.Exc. Mgr Alexis-Mitsuru Shirahama, évêque d’Hiroshima, 19 mai 2023), qui nous exhortent à rejeter l’illusion d’une sécurité fondée sur l’assurance d’une destruction mutuelle. Nous devons en revanche forger une éthique mondiale enracinée dans la justice, la fraternité et le bien commun.

Je prie donc pour que cet anniversaire solennel puisse servir d’appel à la communauté internationale, afin qu’elle renouvelle son engagement à poursuivre une paix durable pour toute notre famille humaine — «une paix désarmée et désarmante» (Première Bénédiction apostolique Urbi et Orbi, 8 mai 2025).

Sur tous ceux qui commémorent cet anniversaire, j’invoque volontiers d’abondantes bénédictions divines.

Du Vatican, le 14 juillet 2025

Léon PP. XIV

Message vidéo à la 143e Convention suprême des Chevaliers de Colomb

6 août 2025

Au service de l’espérance

Chers amis,

Je suis heureux de vous saluer, vous qui êtes réunis à Washington, D.C., pour la 143e Convention suprême des Chevaliers de Colomb. Je salue également tous ceux qui participent en ligne à ces cérémonies d’ouverture.

Vous vous êtes réunis au cours de l’Année jubilaire de l’espérance, qui invite l’Eglise universelle, et de fait le monde entier, à réfléchir sur cette vertu essentielle, que le Pape François a décrite comme «un désir et une attente du bien, bien qu’en ne sachant pas de quoi demain sera fait»1. Je voudrais réfléchir brièvement avec vous sur cette vertu importante.

En tant que catholiques, nous savons que la source de notre espérance est Jésus Christ2, et qu’Il a envoyé ses disciples, à chaque époque, pour apporter au monde entier la bonne nouvelle de son mystère pascal de salut. L’Eglise a toujours été appelée à être un signe d’espérance à travers l’annonce de l’Evangile, tant par les paroles que par les actions. En particulier durant cette Année Sainte, nous sommes appelés à être des signes tangibles d’espérance pour nos frères et sœurs qui traversent des difficultés de toute sorte3.

Votre fondateur, le bienheureux Michael McGivney, l’avait bien compris. Il perçut les nombreux besoins des catholiques immigrés et chercha à apporter un réconfort aux pauvres et aux souffrants à travers la célébration fidèle des sacrements et à travers l’assistance fraternelle, qui se poursuit encore aujourd’hui.

Le thème de votre Convention de cette année — «Hérauts de l’espérance» — rappelle à chacun de vous, Chevaliers de Colomb, l’appel à être des signes d’espérance dans vos communautés locales, vos paroisses et vos familles. A ce propos, je salue vos efforts pour rassembler des hommes dans vos communautés par la prière, la formation et la fraternité, ainsi que les nombreuses œuvres de charité accomplies par vos conseils locaux à travers le monde. En particulier, votre service généreux en faveur des personnes vulnérables — y compris les enfants à naître, les femmes enceintes, les enfants, les plus démunis et ceux touchés par le fléau de la guerre — apporte espérance et guérison à de nombreuses personnes et prolonge le noble héritage de votre fondateur.

Par ces brèves paroles, je vous adresse mes meilleurs vœux pour les travaux de la Convention suprême, que je confie à l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Eglise, ainsi qu’à celle du bienheureux Michael McGivney. Que la bénédiction de Dieu tout-puissant, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, descende sur vous et demeure toujours avec vous. Amen.

¹ Spes non confundit, n. 1.

² Cf. 1 Tim 1, 1.

3 Cf. Spes non confundit, n. 10.

Message vidéo au Réseau catholique panafricain de théologie et pastorale

6 août 2025

Que l’Eglise soit un phare
pour les défis de l’Afrique

Chers amis,

Je vous adresse mes salutations cordiales, vous qui participez au troisième Congrès catholique pan-africain sur la théologie, la société et la vie pastorale. Je remercie les organisateurs pour le travail accompli dans la préparation de cette importante rencontre. J’offre également mes prières pour les évêques, les théologiens, les responsables pastoraux, les jeunes et tous les fidèles laïcs qui se sont rassemblés pour réfléchir sur l’avenir de l’Eglise en Afrique.

Il y a trois ans, à l’occasion du deuxième Congrès, le Pape François avait parlé de l’importance de la foi. Aujourd’hui, dans le cadre de l’Année jubilaire, nous mettons en lumière une autre vertu théologale: l’espérance. Peut-être accorde-t-on parfois plus d’importance aux vertus de la foi et de la charité; pourtant, l’espérance joue un rôle vital dans notre pèlerinage terrestre. En réalité, on peut la con-sidérer comme la vertu qui relie les deux autres. D’une certaine manière, la foi et la théologie fournissent les bases pour connaître Dieu, tandis que la charité est la vie d’amour dont nous jouissons avec Lui. Cependant, c’est par la vertu de l’espérance que nous désirons atteindre la plénitude de ce bonheur au Ciel. Ainsi, elle nous inspire et nous soutient pour nous rapprocher toujours plus de Dieu, même lorsque nous sommes confrontés aux difficultés de la vie.

Comme vous le savez bien, l’Afrique, tout comme chaque autre partie du monde, affronte une série de difficultés particulières. Face à ces défis et au sentiment que les choses ne changent pas, il est facile de se décourager. Pourtant, c’est précisément le rôle de l’Eglise d’être la lumière du monde, une ville située sur la montagne1, un phare d’espérance pour les nations.

A ce sujet, le thème de votre Congrès est particulièrement pertinent: «Marcher ensemble dans l’espérance comme Eglise Famille de Dieu en Afrique». Bien que chacun de nous soit appelé à cultiver sa relation personnelle avec Dieu, nous sommes, dans le même temps, unis par notre baptême comme fils et filles de notre Père céleste. Nous avons donc une certaine responsabilité de prendre soin les uns des autres. En effet, la famille est généralement le premier lieu où nous recevons l’amour et le soutien nécessaires pour avancer et surmonter les épreuves que la vie nous présente. Pour cette raison, je vous encourage à continuer de construire la famille des Eglises locales dans vos différents pays et régions, afin qu’il existe des réseaux de soutien accessibles à tous nos frères et sœurs dans le Christ, et également à la société dans son ensemble, en particulier à ceux qui vivent dans les périphéries.

Enfin, chers amis, je voudrais souligner l’importance de voir l’unité entre la théologie et le travail pastoral. Nous devons vivre ce en quoi nous -croyons. Le Christ nous a dit qu’il est venu non seulement pour nous donner la vie, mais pour nous la donner en abondance2. Votre mission est donc de travailler ensemble à la mise en œuvre de programmes pastoraux qui montrent comment les enseignements de l’Eglise aident à ouvrir les cœurs et les esprits des personnes à la vérité et à l’amour de Dieu. Je vous confie, ainsi que votre travail, à l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Eglise, afin qu’elle guide et inspire vos efforts. Que la bénédiction de Dieu tout-puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, descende sur vous et demeure toujours avec vous. Amen.

¹ Cf. Mt 5, 14

² Cf. Jn 10, 10

Angelus Domini

Place Saint-Pierre, 10 août 2025

Le refus impératif de la guerre

Chers frères et sœurs, bon dimanche!

Aujourd’hui, dans l’Evangile, Jésus nous invite à réfléchir à la manière d’investir le trésor de notre vie (cf. Lc 12, 32-48). Il dit: «Vendez vos biens, et donnez-les en aumône» (v. 33).

Il nous exhorte, en d’autres termes, à ne pas garder pour nous les dons que Dieu nous a faits, mais à les utiliser généreusement pour le bien des autres, en particulier ceux qui ont le plus besoin de notre aide. Il ne s’agit pas seulement de partager les biens matériels dont nous disposons, mais de mettre en jeu nos capacités, notre temps, notre affection, notre présence, notre empathie. En somme, tout ce qui fait de chacun de nous, selon les desseins de Dieu, un bien unique, sans prix, un capital vivant, palpitant, qui, pour grandir, demande à être cultivé et investi sous peine de se dessécher et de se dévaloriser. Ou bien il finira par être perdu, à la merci de ceux qui s’en approprient comme des voleurs pour en faire un simple objet de consommation.

Le don de Dieu que nous sommes n’est pas fait pour se perdre ainsi. Il a besoin d’espace, de liberté, de relations pour se réaliser et s’exprimer: il a besoin d’amour qui seul transforme et ennoblit tous les aspects de notre existence, nous rendant toujours plus semblables à Dieu. Ce n’est pas un hasard si Jésus prononce ces paroles alors qu’il est en route vers Jérusalem, où il s’offrira lui-même sur la croix pour notre salut.

Les œuvres de miséricorde sont la banque la plus sûre et la plus rentable où nous pouvons confier le trésor de notre existence, car là, comme nous l’enseigne l’Evangile, avec «deux petites pièces», même une pauvre veuve devient la personne la plus riche du monde (cf. Mc 12, 41-44).

Saint Augustin dit à ce propos: «On serait déjà content de tirer d’une livre de bronze une livre d’argent, ou d’une livre d’argent une livre d’or; mais, de ce que l’on donne, on reçoit quelque chose de vraiment différent, non pas de l’or ou de l’argent, mais la vie éternelle» (Sermo 390, 2). Et il explique pourquoi: «La chose donnée sera changée parce que celui qui donne sera changé» (ibid.).

Et pour comprendre ce que cela signifie, nous pouvons penser à une mère qui serre ses enfants dans ses bras: n’est-elle pas la personne la plus belle et la plus riche du monde? Ou à deux fiancés, lors-qu’ils sont ensemble: ne se sentent-ils pas comme un roi et une reine? Et nous pourrions donner bien d’autres exemples.

C’est pourquoi, dans la famille, dans la paroisse, à l’école et sur le lieu de travail, où que nous soyons, essayons de ne perdre aucune occasion d’aimer. C’est la vigilance que Jésus nous demande: nous habituer à être attentifs, prêts, sensibles les uns aux autres comme Il l’est pour nous à chaque instant.

Chers frères et sœurs, confions à Marie ce désir et cet engagement: qu’elle, Etoile du matin, nous aide à être, dans un monde marqué par tant de divisions, des «sentinelles» de miséricorde et de paix, comme nous l’a enseigné saint Jean-Paul II (cf. Veillée de -prière pour la 15e Journée mondiale de la Jeunesse, 19 août 2000) et comme nous l’ont montré si bien les jeunes venus à Rome pour le Jubilé.

A l’issue de l’Angelus, le Saint-Père a ajouté les paroles suivantes:

Chers frères et sœurs,

Continuons à prier afin que cessent les guerres. Le 80e anniversaire des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki a réveillé dans le monde entier le refus impératif de la guerre comme moyen de résolution des conflits. Que ceux qui prennent des décisions gardent toujours à l’esprit leur responsabilité concernant les conséquences de leurs choix sur les populations. Qu’ils n’ignorent pas les besoins des plus faibles et le désir universel de paix.

En ce sens, je salue l’Arménie et l’Azerbaïdjan, qui sont parvenus à signer la Déclaration conjointe de paix. Je souhaite que cet événement contribue à une paix stable et durable dans le Caucase du Sud.

En revanche, la situation de la population en Haïti est de plus en plus désespérée. Les nouvelles font état de meurtres, de violences de toutes sortes, de traite d’êtres humains, d’exils forcés et d’enlèvements. Je lance un appel pressant à tous les respon-sables pour que les otages soient libérés immédiatement, et je demande le soutien concret de la communauté internationale pour créer les conditions sociales et institutionnelles qui permettront aux Haïtiens de vivre en paix.

Je vous salue tous, fidèles de Rome et pèlerins de divers pays. Merci de votre présence et de vos prières. Bon dimanche à tous!

Audience générale

Salle Paul VI, 13 août 2025

Dieu ne cesse d’aimer même
dans les échecs de l’humanité

Bonjour, Good morning everyone! Buenos días!

This morning we will have the audience in several places, in different moments, to stay a little bit out of the sun and the extreme heat. We thank you for your patience and we thank God for the wonderful gift of life, of good weather and all his blessings.

Entonces, vamos hacer la audiencia esta mañana en dos momentos, porque hay gente aquí al lado, gente en la basílica, y también en la plaza. Bienvenidos todos. Y poco a poco vamos a ir saludando en cuanto posible a todos los grupos.

[en italien] Alors, aujourd’hui nous célébrons cette audience à des moments différents, pour nous protéger un peu du soleil, de la chaleur extrême. Merci d’être venus! Bienvenue à tous!

Chers frères et sœurs,

Nous poursuivons notre chemin à l’école de l’Evangile, sur les traces de Jésus dans les derniers jours de sa vie. Aujourd’hui, nous nous arrêtons sur une scène intime, dramatique et pourtant profondément vraie: le moment, pendant la Cène pascale, où Jésus révèle que l’un des Douze est sur le point de le trahir: «En vérité, je vous le dis, l’un de vous me livrera, un qui mange avec moi» (Mc 14, 18).

Des paroles fortes. Jésus ne les prononce pas pour condamner, mais pour montrer que l’amour, lorsqu’il est vrai, ne peut ignorer la vérité. La pièce à l’étage, où tout avait été soigneusement préparé quelques instants auparavant, s’emplit soudain d’une douleur silencieuse, faite de questions, de soupçons et de vulnérabilité. C’est une douleur que nous connaissons bien nous aussi, lorsque l’ombre de la trahison s’insinue dans les relations les plus chères.

Pourtant, la manière dont Jésus parle de ce qui est sur le point d’arriver est surprenante. Il n’élève pas la voix, ne pointe pas du doigt, ne prononce pas le nom de Judas. Il parle de telle manière que chacun peut s’interroger. Et c’est précisément ce qui se passe. Saint Marc nous dit: «Ils de-vinrent tout tristes et se mirent à lui dire l’un après l’autre: “Serait-ce moi?”» (Mc 14, 19).

Chers amis, cette question — «Serait-ce moi?» — est peut-être l’une des plus sincères que nous puissions nous poser. Ce n’est pas la question de l’innocent, mais celle du disciple qui se découvre fragile. Ce n’est pas le cri du coupable, mais le murmure de celui qui, tout en voulant aimer, sait qu’il peut blesser. C’est dans cette prise de conscience que commence le chemin du salut.

Jésus ne dénonce pas pour humilier. Il dit la vérité parce qu’il veut sauver. Et pour être sauvés, il faut sentir: sentir que l’on est impliqué, comprendre qu’on est aimé malgré tout, sentir que le mal est réel mais n’a pas le dernier mot. Seul celui qui a connu la vérité d’un amour profond peut aussi accepter la blessure de la trahison.

La réaction des disciples n’est pas la colère, mais la tristesse. Ils ne s’indignent pas, ils sont tristes. C’est une douleur qui naît de la possibilité réelle d’être impliqués. Cette tristesse, précisément, si elle est accueillie sincèrement, devient un lieu de conversion. L’Evangile ne nous enseigne pas à nier le mal, mais à le reconnaître comme une opportunité douloureuse pour renaître.

Jésus ajoute ensuite une phrase qui nous inquiète et nous fait réfléchir: «Malheur à cet homme-là par qui le Fils de l’homme est livré! Mieux eût valu pour cet homme-là de ne pas naître!» (Mc 14, 21). Ce sont des paroles dures, certes, mais il faut bien les comprendre: il ne s’agit pas d’une malédiction, mais d’un cri de douleur. En grec, ce «mal-heur» sonne comme une lamentation, un «hélas», une exclamation de compassion sincère et profonde

Nous sommes habitués à juger. Dieu, lui, accepte la souffrance. Lorsqu’il voit le mal, il ne se venge pas, mais s’afflige. Et ce «mieux eût valu pour cet homme-là de ne pas naître» n’est pas une condamnation infligée a priori, mais une vérité que chacun de nous peut reconnaître: si nous renions l’amour qui nous a engendrés, si, en trahissant, nous devenons infidèles à nous-mêmes, alors nous perdons véritablement le sens de notre venue au monde et nous nous excluons nous-mêmes du salut.

Pourtant, précisément là, à l’endroit le plus sombre, la lumière ne s’éteint pas. Au contraire, elle commence à briller. Car si nous reconnaissons nos limites, si nous nous laissons toucher par la douleur du Christ, alors nous pouvons enfin naître de nouveau. La foi ne nous épargne pas la possibilité du péché, mais nous offre toujours une issue: celle de la miséricorde.

Jésus ne se scandalise pas face à notre fragilité. Il sait bien qu’aucune amitié n’est à l’abri du risque de trahison. Mais Jésus continue à se fier. Il continue à s’asseoir à table avec les siens. Il ne renonce pas à rompre le pain, même avec celui qui le trahira. Telle est la force silencieuse de Dieu: il n’abandonne jamais la table de l’amour, pas même lorsqu’il sait qu’il sera laissé seul.

Chers frères et sœurs, nous aussi nous pouvons nous demander aujourd’hui, sincèrement: «Serait-ce moi?». Non pas pour nous sentir accusés, mais pour ouvrir un espace à la vérité dans nos cœurs. Le salut commence ici: par la conscience que nous pourrions être ceux qui trahissent la confiance en Dieu, mais aussi ceux qui la recueillent, la protègent et la renouvellent.

Au fond, c’est cela l’espérance: savoir que, même si nous pouvons échouer, Dieu ne nous laisse jamais. Même si nous pouvons trahir, il ne cesse jamais de nous aimer. Et si nous nous laissons toucher par cet amour — humbles, blessés, mais toujours fidèles — alors nous pouvons véritablement renaître. Et commencer à vivre non plus comme des traîtres, mais comme des enfants toujours aimés.

Le Saint-Père a ensuite salué les fidèles rassemblés dans la Cour du Petriano:

[en italien] Merci pour votre patience! Un applaudissement à vous tous!

Gracias a todos, pues en el sol también que hace tanto calor… pero están costumbrados. Saludos!

[en italien] Dieu vous bénisse tous! Qu’il vous garde toujours dans vos mains.

Y les de siempre esta gracia de saber conocer que Dios es misericordioso.

Y la bendición de Dios Todopoderoso, Padre, Hijo y Espíritu Santo descienda sobre ustedes hoy y siempre.

God bless you all!

Puis il s’est rendu dans la basilique Saint-Pierre où se trouvaient d’autres fidèles:

Bonjour à tous! Buenos días! Good morning!

[en italien] Si vous avez tous écouté la catéchèse, vous avez entendu que Jésus ne nous abandonne jamais, que Jésus nous invite toujours à la conversion et à rechercher le chemin qui nous conduit vers Lui, vers Dieu le Père. Alors, nous voulons vivre ce moment de salut avec la joie de pouvoir nous rencontrer et renouveler notre foi, ici, aux pieds de Saint-Pierre; renouveler l’es-prit d’espérance si important en cette année jubilaire.

Que Dios acompañe a todos ustedes, que sea siempre fuente de luz, de gracia. Jesús, que no nos abandona jamás, estará siempre con todos si nuestros corazones están abiertos, si estamos dispuestos a vivir unidos con la fe.

May God bless you all. May you have safe travels. May the Lord’s grace accompany you, fulfilling in your hearts that desire that we all share to live an authentic conversion, to walk united in the Church, to renew our faith and to be authentic witnesses of Jesus Christ and his Gospel throughout the word.

[en italien] Frères et sœurs, que le Seigneur soit avec vous. Que Dieu tout-puissant vous bénisse, vous accompagne toujours.

Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Amen.

Je vous salue tous! Que Dieu vous bénisse.

Parmi les pèlerins qui assistaient à l’audience générale se trouvaient les groupes francophones suivants:

De France: lycéens de la paroisse de Garges-lès-Gonesse; groupe de jeunes professionnels, de Paris.

De la Côte d’Ivoire: groupe de pèlerins.

Du Burkina Faso: groupe de pèlerins.

Je salue particulièrement les pèlerins de langue française, en particulier les groupes venus de France, de Côte d’Ivoire et du Burkina Faso. Avec Dieu rien n’est impossible, la Vie qui triomphe de la mort et la grâce du péché: vivons intensément du sacrement de la réconciliation pour que notre relation avec Lui soit vivante au-delà de nos trahisons. Puisse le pardon divin nous rendre à notre tour miséricordieux pour nos frères. Que le Seigneur vous bénisse.

Homélie de la Messe de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie

Paroisse Saint-Thomas-de-Villeneuve, Castel Gandolfo,
15 août 2025

Le «oui» de Marie
vit dans les témoins de paix

Chères sœurs et chers frères,

aujourd’hui n’est pas dimanche, mais nous célébrons d’une manière différente la Pâque de Jésus qui change l’histoire. En Marie de Nazareth, il y a notre histoire, l’histoire de l’Eglise plongée dans notre humanité commune. En s’incarnant en elle, le Dieu de la vie, le Dieu de la liberté a vaincu la mort. Oui, aujourd’hui, nous contemplons comment Dieu vainc la mort: jamais sans nous. A lui appartient le règne, mais à nous appartient le «oui» à son amour qui peut tout changer. Sur la croix, Jésus a librement prononcé le «oui» qui devait vider de son pouvoir la mort, cette mort qui sévit encore lorsque nos mains crucifient et que nos cœurs sont prisonniers de la peur, de la méfiance. Sur la croix, la confiance a vaincu, l’amour qui voit ce qui n’est pas encore a vaincu, le pardon a vaincu.

Et Marie était là: elle était là, unie à son Fils. Nous pouvons aujourd’hui deviner que Marie, c’est nous quand nous ne fuyons pas, c’est nous quand nous répondons par notre «oui» à son «oui». Dans les martyrs de notre temps, dans les témoins de la foi et de la justice, de la douceur et de la paix, ce «oui» vit encore et continue de lutter contre la mort. Ainsi, ce jour de joie est un jour qui nous engage à choisir comment et pour qui vivre.

La liturgie de cette Fête de l’Assomption nous propose le passage évangélique de la Visitation. Saint Luc rapporte le souvenir d’un moment crucial dans la vocation de Marie. Il est beau de revenir à ce moment, en ce jour où nous célébrons l’aboutissement de son existence. Toute histoire sur terre est brève et a une fin, même celle de la Mère de Dieu. Mais rien ne se perd. Ainsi, lorsqu’une vie s’achève, son caractère unique resplendit plus clairement. Le Magnificat, que l’Evangile met sur les lèvres de la jeune Marie, rayonne désormais de la lumière de toutes ses journées. Une seule journée, celle de la rencontre avec sa cousine Elisabeth, renferme le secret de toutes les autres journées, de toutes les autres saisons. Et les mots ne suffisent pas: il faut un chant qui continue d’être chanté dans l’Eglise, «de génération en génération» (Lc 1, 50), au soir de chaque journée. La fécondité surprenante d’Elisabeth, qui était stérile, confirme Marie dans sa confiance: elle anticipe la fécondité de son «oui», qui se prolonge dans la fécondité de l’Eglise et de toute l’humanité, lorsque la Parole renouvelante de Dieu est accueillie. Ce jour-là, deux femmes se sont rencontrées dans la foi, puis elles sont restées trois mois ensemble pour se soutenir mutuellement, non seulement dans les choses pratiques, mais aussi dans une nouvelle façon de lire l’histoire.

Ainsi, frères et sœurs, la Résurrection entre encore aujourd’hui dans notre monde. Les paroles et les choix de mort semblent prévaloir, mais la vie de Dieu interrompt le désespoir par des expériences concrètes de fraternité, par de nouveaux gestes de solidarité. Avant d’être notre destin ultime, en effet, la Résurrection modifie — corps et âme — notre façon d’habiter la terre. Le chant de Marie, son Magnificat, renforce dans l’espérance les humbles, les affamés, les serviteurs zélés de Dieu. Ce sont les femmes et les hommes des Béatitudes qui, même dans la tribulation, voient déjà l’invisible: les puissants renversés de leurs trônes, les riches les mains vides, les promesses de Dieu réalisées. Ce sont des expériences que, dans chaque communauté chrétienne, nous devons tous pouvoir dire avoir vécues. Elles semblent impossibles, mais la Parole de Dieu continue de se manifester. Lorsque naissent les liens par lesquels nous opposons le bien au mal, la vie à la mort, alors nous voyons que rien n’est impossible avec Dieu (cf.  Lc 1, 37).

Parfois, malheureusement, là où prévalent les sécurités humaines, un certain bien-être matériel et cette insouciance qui endort les consciences, cette foi peut vieillir. Alors survient la mort, sous forme de résignation et de lamentations, de nostalgie et d’insécurité. Au lieu de voir le monde ancien toucher à sa fin, on en cherche encore le secours: le secours des riches, des puissants, qui s’accompagne généralement du mépris des pauvres et des humbles. Mais l’Eglise vit dans ses membres fragiles, elle rajeunit grâce à leur Magnificat. Aujourd’hui encore, dans les communautés chrétiennes pauvres et persécutées, les témoins de la tendresse et du pardon dans les lieux de conflit, les artisans de paix et les bâtisseurs de ponts dans un monde en morceaux sont la joie de l’Eglise, ils sont sa fécondité permanente, les prémices du Royaume qui vient. Beaucoup d’entre eux sont des femmes, comme la vieille Elisabeth et la jeune Marie: des femmes pascales, apôtres de la Résurrection. Laissons-nous convertir par leur témoignage!

Frères et sœurs, lorsque dans cette vie «nous choisissons la vie» (cf. Dt 30, 19), alors en Marie, montée au Ciel, nous avons raison de voir notre destin. Elle nous est donnée comme le signe que la résurrection de Jésus n’a pas été un fait isolé, une exception. Tous, dans le Christ, nous pouvons engloutir la mort (cf. 1 Co 15, 54). Certes, c’est l’œuvre de Dieu, pas la nôtre. Cependant, Marie est cette entrelacement de grâce et de liberté qui pousse chacun de nous à la confiance, au courage, à l’engagement dans la vie d’un peuple. «Le Puissant fit pour moi des merveilles» (Lc 1, 49): puissions-nous chacun faire l’expérience de cette joie et en témoigner par un chant nouveau. N’ayons pas peur de choisir la vie! Cela peut sembler dangereux, imprudent. Combien de voix nous murmurent sans cesse: «Pourquoi fais-tu cela? Laisse tomber! Pense à tes intérêts». Ce sont des voix de mort. Nous, en revanche, nous sommes disciples du Christ. C’est son amour qui nous pousse, corps et âme, dans notre temps. Comme individus et comme Eglise, nous ne vivons plus pour nous-mêmes. C’est précisément cela — et cela seul — qui répand la vie, qui fait prévaloir la vie. Notre victoire sur la mort commence dès maintenant.

Angelus Domini

Castel Gandolfo, 15 août 2025

Ne pas se résigner
à la logique du conflit

Chers frères et sœurs, bonne fête!

Les Pères du Concile Vatican II nous ont laissé un texte magnifique sur la Vierge Marie, que j’aime relire avec vous aujourd’hui, alors que nous célébrons la fête de son Assomption dans la gloire du ciel. A la fin du document sur l’Eglise, le Concile dit ceci: «Tout comme dans le ciel où elle est déjà glorifiée corps et âme, la Mère de Jésus représente et inaugure l’Eglise en son achèvement dans le siècle futur, de même sur cette terre, en attendant la venue du jour du Seigneur (cf. 2 P 3, 10), elle brille déjà devant le Peuple de Dieu en pèlerinage comme un signe d’espérance assurée et de consolation (cf. 2 P 3, 10)» (Lumen gentium, n. 68).

Marie, que le Christ ressuscité a prise avec lui dans la gloire, corps et âme, resplendit comme icône d’espérance pour ses enfants en pèlerinage dans l’histoire.

Comment ne pas penser aux vers de Dante, dans le dernier chant du Paradis? Dans la prière mise sur les lèvres de saint Bernard, qui commence «Ô Fille de ton Fils, Marie» (XXXIII, 1), le poète loue Marie parce qu’ici-bas, parmi nous mortels, elle est «source vive d’espoir» (ibid., 12), c’est-à-dire source vive, jaillissante d’espérance.

Frères et sœurs, cette vérité de notre foi s’accorde parfaitement avec le thème du Jubilé que nous vivons: «Pèlerins d’espérance». Le pèlerin a besoin d’un but qui oriente son voyage: un but beau, attrayant, qui guide ses pas et le revigore quand il est fatigué, qui ravive toujours dans son cœur le désir et l’espérance. Sur le chemin de l’existence, cette destination est Dieu, Amour infini et éternel, plénitude de vie, de paix, de joie, de tout bien. Le cœur humain est attiré par cette beauté et n’est pas heureux tant qu’il ne la trouve; et il risque en effet de ne pas la trouver s’il se perd dans la «forêt obscure» du mal et du péché.

Mais voici la grâce: Dieu est venu à notre rencontre, il a pris notre chair, faite de terre, et l’a emportée avec lui, symboliquement «au ciel», c’est-à-dire en Dieu. C’est le mystère de Jésus-Christ, incarné, mort et ressuscité pour notre salut; et, inséparable de Lui, c’est aussi le mystère de Marie, la femme dont le Fils de Dieu a pris chair, et de l’Eglise, corps mystique du Christ. Il s’agit d’un mystère unique d’amour, et donc de liberté. Comme Jésus a dit «oui», Marie a dit «oui», elle a cru à la parole du Seigneur. Et toute sa vie a été un pèlerinage d’espérance, avec le Fils de Dieu qui est son Fils, un pèlerinage qui, à travers la Croix et la résurrection, l’a conduite dans la patrie, dans l’étreinte de Dieu.

C’est pourquoi, alors que nous cheminons, individuellement, en famille, en communauté, surtout lorsque les nuages s’amoncellent et que le chemin devient incertain et difficile, levons les yeux, regardons vers elle, notre Mère, et nous retrouverons l’espérance qui ne déçoit pas (cf. Rm 5, 5).

Le Saint-Père a ensuite prononcé les paroles suivantes:

Chers frères et sœurs,

aujourd’hui, nous voulons confier à l’intercession de la Vierge Marie, élevée au ciel, notre prière pour la paix. En tant que Mère, elle souffre des maux qui affligent ses enfants, en particulier les petits et les faibles. Elle l’a confirmé à maintes reprises au cours des siècles par des messages et des apparitions.

En proclamant le dogme de son Assomption, alors que la tragique expérience de la Seconde Guerre mondiale était encore brûlante, Pie XII écrivait: «Il faut espérer que tous ceux qui méditeront les glorieux exemples de Marie seront de plus en plus convaincus de la valeur de la vie humaine», et il souhaitait que jamais plus «on ne détruise des vies humaines en provoquant des guerres» (Const. ap. Munificentissimus Deus).

Comme ces paroles sont actuelles! Aujourd’hui encore, malheureusement, nous nous sentons impuissants face à la propagation dans le monde d’une violence toujours plus sourde et insensible à tout élan d’humanité. Pourtant, nous ne devons pas cesser d’espérer: Dieu est plus grand que le péché des hommes. Nous ne devons pas nous résigner à la prévalence de la logique du conflit et des armes. Avec Marie, nous croyons que le Seigneur continue de secourir ses enfants, se souvenant de sa miséricorde. Ce n’est qu’en elle qu’il est possible de retrouver le chemin de la paix.

Et maintenant, je salue les pèlerins venus d’Italie et de divers pays.

Tous mes vœux et bonne fête à tous!

Messe au sanctuaire
Sainte Marie de la Rotonde

Albano Laziale, 17 août 2025

Le feu de la bonté et non
des armes renouvelle le monde

Chers frères et sœurs,

c’est une joie de nous retrouver ensemble pour célébrer l’Eucharistie dominicale qui nous procure une joie encore plus profonde. En effet, si être aujourd’hui proches les uns des autres et vaincre la distance en nous regardant dans les yeux, comme de vrais frères et sœurs, est déjà un don, un don encore plus grand encore consiste à vaincre la mort dans le Seigneur. Jésus a vaincu la mort — le dimanche est son jour, le jour de la Résurrection — et nous commençons déjà à la vaincre avec Lui. Il en est ainsi: nous venons à l’église avec des fatigues et des craintes — parfois petites, parfois plus grandes — et aussitôt nous sommes moins seuls, nous sommes ensemble et nous trouvons la Parole et le Corps du Christ. Notre cœur reçoit une vie qui va au-delà de la mort. C’est le Saint-Esprit, l’Esprit du Ressuscité, qui fait cela parmi nous et en nous, silencieusement, dimanche après dimanche, jour après jour.

Nous nous trouvons dans un ancien sanctuaire dont les murs nous entourent. Il s’appelle «Rotonde» et sa forme circulaire, comme celle de la place Saint-Pierre et d’autres églises anciennes et nouvelles, fait que nous nous sentons accueillis dans le sein de Dieu. A l’extérieur, l’Eglise, comme toute réalité humaine, peut nous sembler anguleuse. Mais sa réalité divine se manifeste lorsque nous franchissons le seuil et que nous y trouvons un accueil. Alors, notre pauvreté, notre vulnérabilité et surtout nos échecs pour lesquels nous pouvons être méprisés et jugés — et parfois nous nous méprisons et nous jugeons nous-mêmes —, sont enfin accueillis dans la douce force de Dieu, un amour sans aspérités, un amour inconditionnel. Marie, la mère de Jésus, est pour nous le signe et l’anticipation de la maternité de Dieu. En elle, nous devenons une Eglise mère, qui engendre et régénère non pas en vertu d’une puissance mondaine, mais par la vertu de la charité.

Ce que dit Jésus dans l’Evangile que nous venons de lire peut nous surprendre. Nous recherchons la paix mais nous avons entendu: «Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division» (Lc 12, 51). Et nous lui répondrions presque: «Comment cela, Seigneur? Toi aussi? Nous avons déjà trop de divisions. N’est-ce pas toi qui as dit lors de la dernière Cène: “Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix?”». «Oui — pourrait nous répondre le Seigneur — c’est moi. Mais souvenez-vous que ce soir-là, mon dernier soir, j’ai immédiatement ajouté au sujet de la paix: “ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé” (cf. Jn 14, 27)».

Chers amis, le monde nous habitue à confondre la paix avec le confort, le bien avec la tranquillité. C’est pourquoi, afin que sa paix, le shalom de Dieu, vienne parmi nous, Jésus doit nous dire: «Je suis venu apporter le feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé!» (Lc 12, 49). Peut-être que nos propres familles, comme l’annonce l’Evangile, et même nos amis, seront divisés à ce sujet. Et certains nous recommanderont de ne pas prendre de risques, de nous ménager, car il est important d’être tranquilles, et les autres ne méritent pas d’être aimés. Jésus, au contraire, s’est plongé courageusement dans notre humanité. C’est le «baptême» dont il parle (v. 50): le baptême de la croix, une immersion totale aux risques que comporte l’amour. Et lorsque, selon l’expression, «nous communions», nous nous nourrissons de son don audacieux. La Messe nourrit cette décision. C’est la décision de ne plus vivre pour nous-mêmes, d’apporter le feu dans le monde. Non pas le feu des armes, ni celui des paroles qui réduisent les autres en cendres. Cela non. Mais le feu de l’amour, qui s’abaisse et sert, qui oppose à l’indifférence le soin et à l’arrogance la douceur; le feu de la bonté, qui ne coûte pas comme les armes, mais qui renouvelle gratuitement le monde. Cela peut coûter l’incompréhension, la moquerie, voire la persécution, mais il n’y a pas de plus grande paix que d’avoir en soi sa flamme.

C’est pourquoi aujourd’hui, avec votre évêque, Mgr Vincenzo, je voudrais remercier tous ceux qui, dans le diocèse d’Albano, s’engagent à porter le feu de la charité. Et je vous encourage à ne pas faire de distinctions entre ceux qui aident et ceux qui sont aidés, entre ceux qui semblent donner et ceux qui semblent recevoir, entre ceux qui semblent pauvres et ceux qui se sentent capables d’offrir leur temps, leurs compétences, leur aide. Nous sommes l’Eglise du Seigneur, une Eglise de pauvres, tous précieux, tous sujets, chacun porteur d’une Parole unique de Dieu. Chacun est un don pour les autres. Abattons les murs. Je remercie ceux qui œuvrent dans chaque communauté chrétienne pour faciliter la rencontre entre des personnes différentes de par leur origine, leur situation économique, mentale ou affective: ce n’est qu’ensemble, en devenant un seul Corps dans lequel même les plus fragiles participent en toute dignité, que nous sommes le Corps du Christ, l’Eglise de Dieu. Cela se produit lorsque le feu que Jésus est venu apporter brûle les préjugés, les prudences et les peurs qui marginalisent encore ceux qui portent la pauvreté du Christ inscrite dans leur histoire. Ne laissons pas le Seigneur hors de nos églises, de nos maisons et de notre vie. Dans les pauvres, au contraire, laissons-le entrer et alors nous ferons aussi la paix avec notre pauvreté, celle que nous craignons et que nous refusons lorsque nous recherchons à tout prix la tranquillité et la sécurité.

Que la Vierge Marie intercède pour nous, elle qui a entendu le saint vieillard Siméon désigner son fils Jésus comme «signe de contradiction» (Lc 2, 34). Que les pensées de nos cœurs soient dévoilées, et que le feu de l’Esprit Saint transforme nos cœurs de pierre en cœurs de chair.

Sainte Marie de la Rotonde, prie pour nous!

Angelus Domini

Castel Gandolfo, 17 août 2025

Placer le bien commun des peuple au centre des négociations de paix

Chers frères et sœurs, bon dimanche!

Aujourd’hui, l’Evangile nous présente un texte exigeant (cf. Lc 12, 49-53), dans lequel Jésus, avec des images fortes et une grande franchise, dit à ses disciples que sa mission, et aussi celle de ceux qui le suivent, n’est pas toute «rose», mais qu’elle est signe de contradiction (cf. Lc 2, 34).

En disant cela, le Seigneur anticipe ce qu’il devra affronter lorsqu’il sera persécuté, arrêté, insulté, battu et crucifié à Jérusalem; lorsque son message, bien qu’il parle d’amour et de justice, sera refusé; lorsque les chefs du peuple réagiront avec férocité à sa prédication. D’ailleurs, beaucoup des communautés auxquelles l’évangéliste Luc adresse ses écrits font la même expérience. Elles sont, comme nous le disent les Actes des Apôtres, des communautés pacifiques qui, malgré leurs limites, cherchent à vivre au mieux le message de charité du Maître (cf. Ac 4, 32-33). Et pourtant, elles sont persécutées.

Tout cela nous rappelle que le bien ne trouve pas toujours une réponse positive autour de lui. Au contraire, parfois, précisément parce que sa beauté dérange ceux qui ne l’accueillent pas, ceux qui le pratiquent finissent par rencontrer de dures oppositions, jusqu’à subir des brimades et des abus. Agir dans la vérité coûte, parce que dans le monde il y a ceux qui choisissent le mensonge, et parce que le diable, profitant de cela, cherche souvent à entraver l’action des bons.

Jésus, cependant, nous invite, avec son aide, à ne pas abandonner et à ne pas nous conformer à cette mentalité, mais à continuer à agir pour notre bien et celui de tous, y compris de ceux qui nous font souffrir. Il nous invite à ne pas répondre à la violence par la vengeance, mais à rester fidèles à la vérité dans la charité. Les martyrs en témoignent en versant leur sang pour la foi, mais nous aussi, dans diverses circonstances et de différentes manières, nous pouvons les imiter.

Pensons, par exemple, au prix que doivent payer de bons parents qui veulent éduquer correctement leurs enfants selon des principes sains: tôt ou tard, ils devront savoir dire «non», corriger, et cela leur causera de la souffrance. Il en va de même pour un enseignant qui souhaite former correctement ses élèves, pour un professionnel, un religieux, un homme politique qui se proposent d’accomplir honnêtement leur mission, et pour quiconque s’efforce d’exercer avec cohérence, selon les enseignements de l’Evangile, ses propres responsabilités.

A propos de cela, saint Ignace d’Antioche, alors qu’il était en voyage vers Rome, où il allait subir le martyre, écrivait aux chrétiens de cette ville: «Je ne veux pas que vous soyez appréciés des hommes, mais de Dieu» (Lettre aux Romains, 2, 1), et il ajoutait: «Il est beau pour moi de mourir en Jésus-Christ plutôt que de régner jusqu’aux extrémités de la terre» (ibid., 6, 1).

Frères et sœurs, demandons ensemble à Marie, Reine des Martyrs, de nous aider à être, en toutes circonstances, des témoins fidèles et courageux de son Fils, et de soutenir nos frères et sœurs qui souffrent aujourd’hui pour la foi.

Au terme de l’Angelus, le Saint-Père a prononcé les paroles suivantes:

Chers frères et sœurs,

je suis proche des populations du Pakistan, de l’Inde et du Népal touchées par de violentes inondations. Je prie pour les victimes et leurs familles, ainsi que pour tous ceux qui souffrent à cause de cette catastrophe.

Prions pour que les efforts visant à mettre fin aux guerres et à promouvoir la paix aboutissent, afin que le bien commun des peuples soit toujours au premier plan dans les négociations.

En cette période estivale, je reçois des nouvelles de nombreuses initiatives culturelles et d’évangélisation, souvent organisées dans les lieux de vacances. Il est beau de voir comment la passion pour l’Evangile stimule la créativité et l’engagement de groupes et d’associations de tous âges. Je pense, par exemple, à la mission pour les jeunes qui s’est déroulée ces jours-ci à Riccione. Je remercie les promoteurs et tous ceux qui participent de différentes manières à ces événements.

Je salue avec affection tous ceux qui sont présents aujourd’hui à Castel Gandolfo. Je souhaite à tous un bon dimanche!

Paroles lors du repas avec les pauvres

Borgo Laudato si’, Castel Gandolfo, 17 août 2025

A l’image de Dieu dans
la communion et la fraternité

Deux mots, seulement, peut-être.

Beaucoup d’entre vous m’ont déjà entendu ce matin lors de la Messe, mais il me vient à l’esprit, je voudrais partager auparavant ce geste si significatif pour nous tous de rompre le pain, rompre le pain ensemble, le geste par lequel on reconnaît Jésus Christ parmi les siens; la Sainte Messe signifie cependant également être tous ensemble autour d’une table, partager les dons que le Seigneur nous a donnés.

Je remercie tous ceux de la Caritas diocésaine, Son Excellence, pour cet accueil, cette possibilité de partager également dans un lieu si beau qui nous rappelle la beauté de la nature, de la création, mais qui nous fait aussi penser que la créature la plus belle est celle créée dans la ressemblance, à l’image de Dieu, c’est-à-dire nous tous. Et chacun de nous représente en ce sens cette image de Dieu et combien il est important de toujours nous rappeler que nous trouvons précisément cette présence de Dieu en chacun. Et donc, même être ici réunis cet après-midi, au cours de ce repas, signifie vivre avec Dieu, dans cette communion, dans cette fraternité.

Merci à vous tous ici présents. Et demandons à présent la bénédiction du Seigneur sur les dons que nous recevrons, sur tous ceux qui ont travaillé pour nous apporter ce repas, les dons que nous partageons — Borgo Laudato si’ et tant d’autres — qui rendent cette belle fête possible.

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

Bénis-nous, Seigneur, ainsi que ces dons que nous recevons de Ta Providence. Aide-nous à vivre toujours unis dans Ton amour, toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles. Amen.

Bon appétit à tous!

Au terme du repas, le Saint-Père a prononcé la prière suivante:

Seigneur, nous te rendons grâce pour les dons reçus de ta Providence. Aide-nous à vivre toujours la véritable charité, unis dans ton amour, nous aidant les uns les autres et en cherchant toujours ceux qui sont peut-être les plus éloignés de notre famille. Bénis-nous ainsi que nos familles.

Audience générale

Salle Paul VI, 20 août 2025

Le pardon est une espérance concrète qui précède le repentir

Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui, nous nous arrêtons sur l’un des gestes les plus bouleversants et lumineux de l’Evangile: le moment où Jésus, lors de la Dernière Cène, tend une bouchée à celui qui s’apprête à le trahir. Ce n’est pas seulement un geste de partage, c’est bien plus: c’est l’ultime tentative de l’amour de ne pas se rendre.

Saint Jean, avec sa profonde sensibilité spirituelle, nous décrit ainsi ce moment: «Au cours d’un repas, alors que déjà le diable avait mis au cœur de Judas Iscariote, fils de Simon, le dessein de le livrer […] Jésus, sachant que son heure était venue […] les aima jusqu’à la fin» (Jn 13, 1-2). Aimer jusqu’au bout: telle est la clé pour comprendre le cœur du Christ. Un amour qui ne s’arrête pas face au rejet, à la déception, ni même à l’ingratitude.

Jésus connaît l’heure, mais ne la subit pas: il la choisit. C’est lui qui reconnaît le moment où son amour devra endurer la blessure la plus douloureuse, celle de la trahison. Et au lieu de se retirer, d’accuser, de se défendre… il continue d’aimer: il lave les pieds, imbibe le pain et l’offre.

«C’est celui à qui je donnerai la bouchée que je vais tremper» (Jn 13, 26). Par ce geste simple et humble, Jésus montre pleinement son amour. Non pas qu’il ignore ce qui se passe, mais précisément parce qu’il voit clairement. Il a compris que la liberté des autres, même quand on se perd dans le mal, peut encore être atteinte par la lumière d’un geste doux. Car il sait que le véritable pardon n’attend pas le repentir, mais s’offre d’abord, comme don gratuit, avant même d’être reçu.

Judas, malheureusement, ne comprend pas. Après la bouchée — dit l’Evangile — «Satan entra en lui» (v. 27). Ce passage nous frappe: comme si le mal, jusque-là caché, se manifestait après que l’amour eut montré son visage le plus désarmé. Et c’est précisément pour cela, frères et sœurs, que cette bouchée est notre salut: parce qu’elle nous dit que Dieu fait tout — absolument tout — pour aller vers nous, même à l’heure où nous le rejetons.

C’est ici que le pardon se révèle dans toute sa puissance et manifeste le visage concret de l’espérance. Il n’est ni oubli, ni faiblesse. Il est la capacité de laisser l’autre libre, tout en l’aimant jusqu’au bout. L’amour de Jésus ne nie pas la vérité de la douleur, mais il ne permet pas au mal d’avoir le dernier mot. Tel est le mystère que Jésus accomplit pour nous, auquel nous aussi, parfois, nous sommes appelés à participer.

Combien de relations se brisent, combien d’histoires se compliquent, combien de non-dits restent suspendus. Pourtant, l’Evangile nous montre qu’il y a toujours une façon de continuer à aimer, même lorsque tout semble irrémédiablement compromis. Pardonner ne signifie pas nier le mal, mais l’empêcher d’engendrer un autre mal. Il ne s’agit pas de dire qu’il ne s’est rien passé, mais de tout faire pour que le ressentiment ne décide pas de l’avenir.

Quand Judas quitte la pièce, «il faisait nuit» (v. 30). Mais aussitôt après, Jésus dit: «Maintenant, le Fils de l’homme a été glorifié» (v. 31). La nuit est encore là, mais une lumière a déjà commencé à briller. Et elle brille parce que le Christ reste fidèle jusqu’au bout, et ainsi son amour est plus fort que la haine.

Chers frères et sœurs, nous aussi, nous vivons des nuits douloureuses et difficiles. Des nuits de l’âme, des nuits de déception, des nuits où quelqu’un nous a blessés ou trahis. Dans ces moments-là, la tentation est de se renfermer, de se protéger, de riposter. Mais le Seigneur nous montre l’espérance qui existe, d’une autre voie qui existe toujours. Il nous enseigne que nous pouvons offrir une bouchée même à ceux qui nous tournent le dos. Que nous pouvons répondre par le silence de la confiance. Et que nous pouvons avancer avec dignité, sans renoncer à l’amour.

Demandons aujourd’hui la grâce de savoir pardonner, même lorsque nous nous sentons incompris, même lorsque nous nous sentons abandonnés. Car c’est précisément dans ces moments-là que l’amour peut atteindre son apogée. Comme Jésus nous l’enseigne, aimer signifie laisser l’autre libre — même de trahir — sans jamais cesser de croire que même cette liberté, blessée et perdue, peut être arrachée aux illusions des ténèbres et ramenée à la lumière du bien.

Lorsque la lumière du pardon parvient à filtrer à travers les fissures les plus profondes du cœur, nous comprenons qu’il n’est jamais inutile. Même si l’autre ne l’accepte pas, même s’il semble vain, le pardon libère celui qui le donne: il dissout le ressentiment, restaure la paix et nous rend à nous-mêmes.

Jésus, par le geste simple du pain offert, montre que toute trahison peut devenir une occasion de salut, si elle est choisie comme espace d’un amour plus grand. Il ne cède pas au mal, mais le vainc par le bien, l’empêchant d’éteindre ce qu’il y a de plus vrai en nous: la capacité d’aimer.

A l’issue de l’Audience générale, le Saint-Père a prononcé les paroles suivantes:

Vendredi prochain, 22 août, nous célébrerons la mémoire de la Bienheureuse Vierge Marie Reine. Marie est la Mère des croyants ici sur terre et est invoquée également comme Reine de la paix. Tandis que notre terre continue d’être blessée par des guerres en Terre Sainte, en Ukraine et dans beaucoup d’autres régions du monde, j’invite tous les fidèles à vivre la journée du 22 août dans le jeûne et la prière, en suppliant le Seigneur de nous accorder la paix et la justice et de sécher les larmes de ceux qui souffrent à cause des conflits armés en cours.

Que Marie, Reine de la paix, intercède afin que les peuples trouvent la voie de la paix.

Parmi les fidèles qui assistaient à l’Audience générale, se trouvaient les groupes francophones suivants:

De France: Paroisse Saint-Paul des Quatre-Vingt, de Villafontaine; Scouts d’Europe - Clan Saint-Hubert, de Reims; groupe de pèlerins de Toulon.

Du Burkina Faso: groupe de pèlerins.

De la Côte d’Ivoire: groupe de pèlerins.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les groupes de pèlerins venus du Burkina Faso, de Côte d’Ivoire, du Sénégal et de France. Demandons aujourd’hui, à la ressemblance de Jésus, la grâce de savoir pardonner, même lors-que nous ne nous sentons pas compris, même lors-que nous nous sentons abandonnés. C’est précisément dans ces moments-là que l’amour peut atteindre son sommet. Que Dieu vous bénisse!

Le Pape a ensuite salué les fidèles présents dans la Cour du Petriano:

Bonjour à tous, buenos días, merci pour votre patience! Nous vous donnons la bénédiction à tous, à vos proches, vos familles, les enfants, les malades et les personnes âgées. Que le Seigneur soit avec vous. Que Dieu le Père tout-puissant vous bénisse, vous accompagne toujours. Et que la bénédiction de Dieu tout-puissant, Père, Fils, et Saint-Esprit descende sur vous et reste toujours sur vous. Amen.

Bonne journée! Tous les vœux!

Le Pape s’est enfin adressé aux fidèles dans la basilique Saint-Pierre:

Bonjour à tous! Buenos días! Good morning!

Vous avez écouté la médiation, la catéchèse ce matin.

[en espagnol] Tout le monde a déjà entendu cette réflexion sur un moment — pourrait-on dire — presque «douloureux» de la vie de Jésus, dans lequel il nous enseigne à pardonner, avant même que l’autre ne demande pardon. Le pardon est un signe très fort d’amour, d’amour authentique, en particulier de l’amour de Dieu pour nous tous.

Demandons au Seigneur son pardon, apprenons à nous pardonner les uns les autres.

[en anglais] Apprenons tous à pardonner, car se pardonner les uns les autres signifie construire un pont de paix. Et nous devons prier pour la paix, si nécessaire dans notre monde aujourd’hui, cette paix que seul Jésus-Christ peut nous donner. Merci d’être ici ce matin, et merci pour votre patience. Nous demandons au Seigneur de vous bénir tous.

Message à la semaine œcuménique
de Stockholm

Un chemin de prière et de travail commun pour la paix et la justice

Chers frères et sœurs,

Je salue chaleureusement toutes les personnes réunies à Stockholm pour la Semaine œcuménique 2025 qui marque le centenaire de la Conférence chrétienne universelle sur la vie et le travail de 1925, ainsi que le 1700e anniversaire du premier Concile œcuménique de Nicée, un événement marquant dans l’histoire du christianisme.

En l’an 325, les évêques de tout le monde connu se sont réunis à Nicée. En affirmant la divinité de Jésus Christ, ils ont formulé la profession de notre Credo selon lequel il est «vrai Dieu né du vrai Dieu» et «consubstantiel (homoousios) au Père». Ils ont ainsi formulé la foi qui continue d’unir les chrétiens. Ce Concile a représenté un signe courageux d’unité parmi les différences — un témoignage précoce de la conviction selon laquelle notre confession commune peut surmonter les divisions et promouvoir la communion.

Un désir semblable a animé la Conférence de 1925 à Stockholm, convoquée par le pionnier du mouvement œcuménique naissant, l’archevêque Nathan Söderblom, à l’époque archevêque luthérien d’Uppsala. Cette rencontre a réuni environ 600 responsables orthodoxes, anglicans et protestants. La conviction qui animait Nathan Söderblom était que «le service unit». Il exhorta donc ses frères et sœurs chrétiens à ne pas attendre un consensus sur chaque point de théologie, mais à s’unir dans le «christianisme pratique» — pour servir ensemble le monde dans la recherche de la paix, de la justice et de la dignité humaine.

Même si l’Eglise catholique n’était pas représentée à cette première rencontre, je peux affirmer, avec humilité et joie, que nous sommes aujourd’hui à vos côtés en tant que disciples du Christ, reconnaissant que ce qui nous unit est beaucoup plus fort que ce qui nous sépare.

Depuis le Concile Vatican II, l’Eglise catholique a emprunté de tout cœur le chemin œcuménique. En effet, Unitatis redintegratio, le décret du Concile, nous a appelés à dialoguer dans une fraternité humble et bienveillante, fondée sur notre baptême commun et sur notre mission commune dans le monde. Nous estimons que l’unité que le Christ désire pour son Eglise doit être visible, et que cette unité croît à travers le dialogue théologique, le culte commun lorsque cela est possible, et le témoignage commun face aux souffrances de l’humanité.

Cet appel au témoignage commun trouve une expression puissante dans le thème choisi pour cette Semaine œcuménique: «Time for God’s peace» («Un temps pour la paix de Dieu»). Ce message ne pourrait être plus opportun. Notre monde porte les cicatrices profondes des conflits, des inégalités, de la dégradation de l’environnement, ainsi qu’un sentiment croissant de déconnexion spirituelle. Pourtant, au milieu de ces défis, nous rappelons que la paix n’est pas simplement un accomplissement humain, mais un signe de la présence du Seigneur parmi nous. C’est à la fois une promesse et une tâche, car les fidèles du Christ sont appelés à devenir artisans de réconciliation: à affronter la division avec courage, l’indifférence avec compassion, et à apporter la guérison là où il y a eu une blessure.

Cette mission s’est renforcée à travers les récents moments forts œcuméniques. En 1989, le Pape Jean-Paul II a été le premier Souverain Pontife à visiter la Suède et a été chaleureusement accueilli dans la cathédrale d’Uppsala par l’archevêque Bertil Werkström, primat de l’Eglise de Suède. Ce moment a marqué un nouveau chapitre dans les relations entre catholiques et luthériens. Il a été suivi par la commémoration commune de la Réforme à Lund en 2016, quand le Pape François s’est uni aux responsables luthériens dans la prière commune et le repentir. A cette occasion, nous avons confirmé notre chemin partagé «du conflit à la communion». Cette semaine, tandis que vous dialoguez et célébrez ensemble, je suis heureux que ma délégation puisse être présente comme signe de l’engagement de l’Eglise catholique en vue de poursuivre le chemin de prière et de travail commun, partout où cela est possible, pour la paix, la justice et le bien de tous.

Puisse le Saint-Esprit, qui a inspiré le Concile de Nicée, et qui continue de nous guider tous, renforcer votre fraternité cette semaine et susciter une espérance renouvelée pour l’unité que le Seigneur désire si ardemment entre ses disciples.

Avec ces sentiments, je prie pour que la paix du Christ soit avec vous tous.

Léon PP. XIV

Audience aux participants
à l’International Catholic Legislators Network

Salle Clémentine, 23 août 2025

Pour une politique
et une économie de l’espérance

Commençons avec le même signe par lequel le Seigneur nous a donné la vie dans le baptême: au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.

La paix soit avec vous.

Bonjour à tous. Bienvenus à Rome et au Vatican, et merci pour votre patience.

Eminences, Excellence,

Mesdames et Messieurs,

Chers frères et sœurs dans le Christ,

Je suis heureux de vous adresser mon salut, à vous, membres de l’International Catholic Legislators Network. Je vous remercie de votre visite ici, au Vatican et à Rome, en cette année jubilaire, le Jubilé de l’Espérance.

Vous vous êtes réunis pour votre seizième rencontre annuelle, dont le thème cette année invite à réfléchir: «Le nouvel ordre mondial: la politique des grandes puissances, les domaines des multinationales et l’avenir de la prospérité humaine». Dans ces mots, je perçois à la fois une préoccupation et un désir. Nous sommes tous préoccupés par la direction que prend notre monde, et cependant, nous désirons une prospérité humaine authentique. Nous désirons un monde où chaque personne puisse vivre dans la paix, la liberté et la plénitude, selon le dessein de Dieu.

Pour trouver notre équilibre dans les circonstances actuelles — spécialement vous, en tant que législateurs et responsables politiques catholiques — je suggère de nous tourner vers le passé, vers l’éminente figure de saint Augustin d’Hippone. Voix importante de l’Eglise à la fin de l’époque romaine, il fut témoin d’immenses bouleversements et désagrégation sociale. En réponse, il écrivit La Cité de Dieu, une œuvre qui propose une vision d’espérance, une vision de sens qui nous parle encore aujourd’hui.

Ce Père de l’Eglise a enseigné que, dans l’histoire humaine, deux «cités» se mêlent: la cité de l’homme et la cité de Dieu. Elles symbolisent des réalités spirituelles — deux orientations du cœur humain et, par conséquent, de la civilisation humaine. La cité de l’homme, bâtie sur l’orgueil et l’amour de soi, se caractérise par la recherche du pouvoir, du prestige et du plaisir; la cité de Dieu, bâtie sur l’amour de Dieu jusqu’à l’altruisme, se caractérise par la justice, la charité et l’humilité. En ces termes, Augustin a encouragé les chrétiens à imprégner la société terrestre des valeurs du Royaume de Dieu, orientant ainsi l’histoire vers son accomplissement ultime en Dieu, en permettant toutefois également une authentique prospérité humaine dans cette vie. Une telle vision théologique peut offrir un point de référence face aux courants actuels changeants: l’émergence de nouveaux centres de gravité, l’instabilité d’anciennes alliances et l’influence sans précédent des multinationales et des technologies, sans parler des nombreux conflits violents. La question cruciale pour nous croyants est donc: comment accomplir ce devoir?

Pour répondre à cette question, nous devons clarifier le sens de la prospérité humaine. Aujourd’hui, la vie prospère est souvent confondue avec une existence riche matériellement ou avec une vie d’autonomie individuelle sans restrictions et riche de plaisir. Le prétendu avenir idéal qui nous est présenté est souvent marqué par le confort technologique et la satisfaction du consommateur. Mais nous savons que cela ne suffit pas. Nous le voyons dans les sociétés riches, où de nombreuses personnes luttent contre la solitude, le désespoir et un sentiment de manque de sens.

La véritable prospérité humaine découle de ce que l’Eglise définit le développement humain intégral, c’est-à-dire la pleine croissance de la personne dans toutes ses dimensions: physique, sociale, culturelle, morale et spirituelle. Cette vision de la personne humaine est enracinée dans la loi naturelle, l’ordre moral que Dieu a inscrit au cœur de l’homme et dont les vérités profondes sont illuminées par l’Evangile du Christ. A ce propos, l’authentique prospérité humaine se manifeste lorsque les personnes vivent de façon vertueuse, dans des communautés saines, en jouissant non seulement de ce qu’elles possèdent, mais aussi de ce qu’elles sont comme enfants de Dieu. Elle assure la liberté de chercher la vérité, d’adorer Dieu et de fonder une famille dans la paix. Elle inclut également l’harmonie avec la création et un sens de solidarité à travers les classes sociales et les nations. En effet, le Seigneur est venu afin que nous «ayons la vie, et que nous l’ayons en abondance» (cf. Jn 10, 10).

L’avenir de la prospérité humaine dépend de cet «amour» que nous choisissons comme principe d’organisation de notre société: un amour égoïste, l’amour de soi, ou l’amour de Dieu et du prochain. Nous connaissons déjà naturellement la réponse. Dans votre vocation de législateurs et de responsables publics catholiques, vous êtes appelés à être des bâtisseurs de ponts entre la cité de Dieu et la cité de l’homme. Ce matin, je voudrais vous exhorter à continuer de travailler pour un monde où le pouvoir est contrôlé par la conscience et où la loi est au service de la dignité humaine. Je vous encourage en outre à rejeter la mentalité dangereuse et contreproductive selon laquelle rien ne changera jamais.

Je sais que les défis sont immenses, mais la grâce de Dieu qui agit dans les cœurs humains est plus puissante encore. Mon vénérable prédécesseur a souligné la nécessité de ce qu’il a appelé une «diplomatie de l’espérance» (Discours aux membres du Corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège, 9 janvier 2025). J’ajouterais que nous avons aussi besoin d’une «politique de l’espérance» et d’une «économie de l’espérance», enracinées dans la conviction que, dès maintenant, par la grâce du Christ, nous pouvons refléter sa lumière dans la cité terrestre.

Je vous remercie. Je vous remercie tous pour votre engagement à apporter le message de l’Evangile dans l’arène publique. Je vous assure de mes prières pour vous, pour vos proches, vos familles, vos amis et, aujourd’hui en particulier, pour ceux que vous servez. Que le Seigneur Jésus, Prince de la Paix, bénisse et guide vos efforts pour la prospérité authentique de la famille humaine.

Audience aux chapitres généraux
de quatre instituts

Salle du Consistoire, 23 août 2025

«Faire famille» à travers la prière et l’écoute

Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.

La paix soit avec vous!

Bonjour à toutes, merci de votre patience.

Chères sœurs, et aussi quelques frères qui vous accompagnent,

Je suis heureux de vous rencontrer ce matin, à l’occasion de vos Chapitres généraux: ce sont des moments de grâce, un don pour l’Eglise ainsi que pour vos Congrégations. Je salue les Supérieures générales présentes, les nouvelles et celles qui terminent leur service et comptent les jours pour se reposer un peu… Très bien!

Vos assemblées se tiennent en cette année: le Jubilé de l’Espérance. Comme dit saint Paul, cette espérance ne déçoit pas, elle est le fruit d’une vertu éprouvée et est animée par l’amour de Dieu répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint (cf. Rm 5, 5). Ces paroles s’adaptent bien à la richesse que vous apportez aujourd’hui, ici, dans cette salle: vous apportez le don charismatique que le Paraclet a fait un jour à vos Fondatrices et Fondateurs, et qui continue à se renouveler; vous apportez la présence fidèle et providentielle du Seigneur dans l’histoire de vos Instituts; vous apportez la vertu par laquelle ceux qui vous ont précédées ont répondu aux dons de Dieu, souvent au milieu d’épreuves difficiles. Tout cela fait de vous, par excellence, des témoins, des témoins d’espérance: surtout de cette espérance qui nous pousse sans cesse vers les biens à venir et dont, en tant que religieuses, vous êtes appelées à être le signe et la prophétie (cf. Ph 3, 13-14; Concile Vatican II, Lumen gentium, 44).

Vos fondations ont des origines diverses, liées à la vie d’hommes et de femmes de Dieu qui, avec courage, ont répondu «oui» à l’appel: Josep Manyanet, María Encarnación Colomina, Marie Louise Angélique Clarac, Giuseppe Guarino, Carmela Auteri, Teresa Ferrara, Agostino de Montefeltro. A tous, l’Esprit Saint a donné des dons particuliers pour le bien commun, parfois également à travers l’inspiration de grandes écoles de spiritualité, comme l’école franciscaine et l’école salésienne. Mais un trait unit un grand nombre d’entre vous: le désir de vivre et de transmettre aux frères les valeurs de la Sainte Famille de Nazareth, foyer de prière, creuset d’amour et modèle de sainteté, et sur ce point, je voudrais m’arrêter un instant.

Saint Paul VI, lors de son voyage en Terre Sainte, en parlant aux fidèles dans la Basilique de l’Annonciation, exprimait le souhait qu’en regardant Jésus, Marie et Joseph, on comprenne toujours plus l’importance de la famille, sa communion d’amour, sa beauté simple et austère, son caractère sacré et inviolable, sa pédagogie douce et sa fonction naturelle et irremplaçable dans la société (cf. Discours dans la Basilique de l’Annonciation à Nazareth, 5 janvier 1964).

Tout cela est encore nécessaire aujourd’hui. La famille, de nos jours, a plus que jamais besoin d’être soutenue, promue, encouragée: par la prière, par l’exemple, et par une action sociale attentive, prête à secourir ses besoins. Votre témoignage charismatique et votre travail de consacrées peuvent faire beau-coup dans ce sens. Je vous invite donc à réfléchir à propos de ce que vos Instituts ont accompli, au fil du temps, en faveur de nombreuses familles — enfants, mères, pères, personnes âgées, jeunes — et aussi à renouveler votre engagement pour que, comme dit la liturgie, «les mêmes vertus et le même amour que la Sainte Famille» fleurissent dans nos maisons (cf. Missel romain, Messe pour la famille). Poursuivez les œuvres qui vous ont été confiées en «faisant famille» et en demeurant proches des personnes que vous assistez, par la prière, l’écoute, le conseil, l’aide, afin de cultiver et de répandre, dans les divers contextes où vous œuvrez, l’esprit de la maison de Nazareth.

Chères sœurs, je vous remercie pour le travail que vous accomplissez dans tant de régions du monde. Je vous recommande au Seigneur dans la prière, je vous confie à l’intercession de la Mère de Dieu et de saint Joseph, et je vous bénis de tout cœur. Merci!

Après la bénédiction: Merci à vous toutes, bon Chapitre et bonne continuation!

Salut à une délégation du «Chagos Refugees Group» de Port Louis

Salle des Papes, 23 août 2025

Personne ne peur contraindre
les peuples à l’exil forcé

Je vous salue bien cordialement, membres de la délégation de l’association Chagos Refugees Group, qui œuvrez avec persévérance depuis de nombreuses années pour le retour du peuple chagossien dans ses îles. Je m’inscris pleinement à la suite du regretté Pape François que vous aviez rencontré en juin 2023, et qui vous avait encouragé dans vos actions. Deux ans plus tard, je suis heureux que votre cause ait remporté un important succès, puisque la rétrocession de l’Archipel des Chagos à la République de Maurice a été récemment obtenue par la signature d’un traité.

C’est un pas significatif vers votre retour chez vous. Je partage votre joie et vos espérances. Ensemble rendons grâce à Dieu en reprenant les belles paroles du psaume: Quelles merveilles le Seigneur fait pour nous: nous sommes en grande fête!... Qui sème dans les larmes moissonne dans la joie (cf. Ps 125)

Je remercie toutes les personnes des parties concernées qui, ouvrant leur cœur, ont compris la souffrance de votre peuple et sont parvenues à cet accord. Je me félicite que le dialogue et le respect des décisions du droit international, comme l’avait souhaité mon Prédécesseur lors de son retour de son Voyage à Maurice, aient pu finalement réparer une grave injustice (cf. Conférence de presse, 10 septembre 2019). Je salue la détermination du Peuple chagossien, et en particulier celle des femmes, dans la revendication pacifique de ses droits.

La perspective renouvelée de votre retour dans votre archipel natal est un signe encourageant et a force de symbole sur la scène internationale: tous les peuples, même les plus petits et les plus faibles doivent être respectés par les puissants dans leur identité et dans leurs droits, en particulier le droit de vivre sur leurs terres; et personne ne peut les contraindre à un exil forcé.

Je forme à présent le vœu que les Autorités de Maurice, et également la Communauté internationale, s’engagent pour que votre retour, après 60 années, se fasse dans les meilleures conditions possibles. L’Eglise locale ne manquera pas d’apporter sa contribution, en particulier spirituelle, comme elle l’a toujours fait aux jours d’épreuves. Ces années d’exil ont causé beaucoup de souffrances parmi vous. Vous avez connu la pauvreté, le mépris et l’exclusion. Puisse le Seigneur, dans la perspective d’un avenir meilleur, guérir vos blessures et vous accorder la grâce du pardon pour ceux qui vous ont causé du tort. Je vous invite à vous tourner résolument vers l’avenir.

Que la Vierge Marie vous accompagne et vous garde, ainsi que vos familles. Je vous donne de grand cœur, ainsi qu’à tous les Chagossiens, la Bénédiction Apostolique.

Merci beaucoup!

Angelus Domini

Fenêtre du studio privé du Palais apostolique,
24 août 2025

Prière et espérance pour la paix
à Cabo Delgado et en Ukraine

Chers frères et sœurs, bon dimanche!

Au cœur de l’Evangile d’aujourd’hui (Lc 13, 22-30), nous trouvons l’image de la «porte étroite», utilisée par Jésus pour répondre à quelqu’un qui lui demande si ceux qui se sauvent sont en petit nombre. Jésus dit: «Luttez pour entrer par la porte étroite, car beaucoup, je vous le dis, chercheront à entrer et ne pourront pas» (v. 24).

A première vue, cette image soulève quelques questions: si Dieu est le Père de l’amour et de la miséricorde, qui reste toujours les bras ouverts pour nous accueillir, pourquoi Jésus dit-Il que la porte du salut est étroite?

Certes, le Seigneur ne veut pas nous décourager. Ses paroles servent surtout à ébranler la présomp-tion de ceux qui pensent être déjà sauvés, de ceux qui pratiquent la religion et qui, par conséquent, se croient déjà en règle. En réalité, ils n’ont pas compris qu’il ne suffit pas d’accomplir des actes religieux si ceux-ci ne transforment pas le cœur: le Seigneur ne veut pas d’un culte séparé de la vie et n’apprécie pas les sacrifices et les prières s’ils ne nous conduisent pas à vivre l’amour envers nos frères et à pratiquer la justice. C’est pourquoi, lorsqu’ils se présenteront devant le Seigneur en se vantant d’avoir mangé et bu avec Lui et d’avoir écouté ses enseignements, ils entendront cette réponse: «Je ne sais d’où vous êtes; éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice» (v. 27).

Frères et sœurs, la provocation qui nous vient de l’Evangile d’aujourd’hui est belle: alors que nous jugeons parfois ceux qui sont éloignés de la foi, Jésus remet en question «la sécurité des croyants». En effet, Il nous dit qu’il ne suffit pas de professer la foi avec des mots, de manger et de boire avec Lui en célébrant l’Eucharistie ou de bien connaître les enseignements chrétiens. Notre foi est authentique lors-qu’elle embrasse toute notre vie, lorsqu’elle devient un critère pour nos choix, lorsqu’elle fait de nous des femmes et des hommes qui s’engagent pour le bien et qui risquent dans l’amour, tout comme Jésus l’a fait. Il n’a pas choisi la voie facile du succès ou du pouvoir, mais, pour nous sauver, Il nous a aimés jusqu’à franchir la «porte étroite» de la Croix. Il est la mesure de notre foi, Il est la porte que nous devons franchir pour être sauvés (cf. Jn 10, 9), en vivant son amour et en devenant, par notre vie, des artisans de justice et de paix.

Parfois, cela signifie faire des choix difficiles et impopulaires, lutter contre son égoïsme et se dépenser pour les autres, persévérer dans le bien là où la logique du mal semble prévaloir, etc. Mais, une fois ce seuil franchi, nous découvrirons que la vie s’ouvre devant nous d’une manière nouvelle et, dès à présent, nous entrerons dans le cœur immense de Dieu et dans la joie de la fête éternelle qu’Il a préparée pour nous.

Invoquons la Vierge Marie afin qu’elle nous aide à franchir avec courage la «porte étroite» de l’Evangile, afin que nous puissions nous ouvrir avec joie à la largeur de l’amour de Dieu le Père.

Au terme de l’Angelus, le Saint-Père a prononcé les appels suivants:

Chers frères et sœurs!

J’exprime ma proximité à la population de Cabo Delgado, au Mozambique, victime d’une situation d’insécurité et de violence qui continue à provoquer des morts et des déplacés. Alors que je lance un appel à ne pas oublier nos frères et sœurs, je vous invite à prier pour eux et j’exprime l’espoir que les efforts des responsables du pays réussiront à rétablir la sécurité et la paix dans ce territoire.

Vendredi dernier, 22 août, nous avons accompagné par nos prières et notre jeûne nos frères et sœurs qui souffrent à cause des guerres. Aujourd’hui, nous nous unissons à nos frères ukrainiens qui, par l’initiative spirituelle «Prière mondiale pour l’Ukraine», demandent au Seigneur d’accorder la paix à leur pays martyrisé.

Je vous salue tous, fidèles de Rome et de divers pays, je vous souhaite à tous un bon dimanche.

Discours au pèlerinage des Servants d’Autel de France

Salle Clémentine, 25 août 2025

L’Eucharistie est le trésor
de l’Eglise

Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. La paix soit avec vous!

Chers Servants d’Autel, venus de toute la France, bonjour!

Je vous souhaite la bienvenue à Rome, et je suis très heureux de vous rencontrer, avec tous vos accompagnateurs: laïcs, prêtres, évêques que je salue chaleureusement.

Vous savez que cette année est particulière: c’est une «Année sainte» — qui n’a lieu que tous les 25 ans — au cours de laquelle le Seigneur Jésus nous offre une occasion exceptionnelle. En venant à Rome et en franchissant la Porte Sainte, Il nous aide à nous «convertir», c’est-à-dire à nous tourner vers Lui, à grandir dans la foi et dans son amour, pour devenir de meilleurs disciples afin que notre vie soit belle et bonne sous son regard, en vue de la vie éternelle. C’est donc un grand cadeau du Ciel que vous soyez ici cette année! Je vous invite à le saisir en vivant intensément les activités qui vous sont proposées, mais surtout en prenant le temps de parler à Jésus dans le secret du cœur et de l’aimer de plus en plus. Il n’a pour seul désir que de faire partie de votre vie pour l’illuminer de l’intérieur, devenir votre meilleur ami, le plus fidèle. La vie devient belle et heureuse avec Jésus. Mais Il attend votre réponse. Il frappe à la porte et Il attend pour entrer: «Je me tiens à la porte et je frappe; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi» (Ap 3, 20). Etre «près» de Jésus, Lui le Fils de Dieu, entrer dans son amitié! quel destin inespéré! Quel bonheur! Quelle consolation! Quelle espérance pour l’avenir!

L’espérance est justement le thème de cette Année Sainte. Peut-être percevez-vous à quel point nous avons besoin d’espérer. Vous entendez certainement que le monde va mal, confronté à des défis de plus en plus graves et inquiétants. Il se peut que vous soyez touchés, vous-mêmes ou dans votre entourage, par la souffrance, la maladie ou le handicap, l’échec, la perte d’un être cher; et, face à l’épreuve, votre cœur est dans la tristesse et dans l’angoisse. Qui viendra à notre secours? Qui aura pitié de nous? Qui viendra nous sauver?... Non seulement de nos peines, de nos limites et de nos fautes, mais aussi de la mort elle-même?

La réponse est parfaitement claire et retentit dans l’Histoire depuis 2000 ans  Jésus seul vient nous sauver, et personne d’autre  parce que seul Il en a le pouvoir — Il est Dieu-tout-puissant en personne —, et parce qu’Il nous aime. Saint Pierre l’a dit avec force:  «Il n’y a pas sous le ciel d’autre nom donné aux hommes par lequel nous puissions être sauvés» (Ac 4, 12). N’oubliez jamais cette parole, chers amis, gravez-la dans votre cœur; et mettez Jésus au centre de votre vie. Je vous souhaite de repartir de Rome plus proches de Lui, plus que jamais décidés à L’aimer et à Le suivre, et ainsi mieux armés d’espérance pour parcourir la vie qui s’ouvre devant vous. Cette espérance sera toujours dans les moments difficiles de doute, de découragement et de tempête, comme une ancre solide, jetée vers le ciel (cf. He 6, 19), qui vous permettra de continuer la route.

Il y a une preuve certaine que Jésus nous aime et nous sauve: Il a donné sa vie pour nous en l’offrant sur la croix. En effet, il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime (cf. Jn 15, 13). Et voilà la chose la plus merveilleuse de notre foi catholique, une chose que personne n’aurait pu imaginer ni espérer: Dieu, le créateur du ciel et de la terre, a voulu souffrir et mourir pour les créatures que nous sommes. Dieu nous a aimés à en mourir! Pour le réaliser, Il est descendu du ciel, Il s’est abaissé jusqu’à nous en se faisant homme, et Il s’est offert sur la croix en sacrifice, l’évènement le plus important de l’histoire du monde. Qu’avons-nous à craindre d’un tel Dieu  qui nous a aimés à ce point? Que pouvions-nous espérer de plus? Qu’attendons-nous pour l’aimer en retour comme il le mérite? Glorieusement ressuscité, Jésus est vivant auprès du Père, il prend désormais soin de nous et nous communique sa vie impérissable.

Et l’Eglise, de génération en génération, garde soigneusement mémoire de la mort et de la résurrection du Seigneur dont elle est témoin, comme son trésor le plus précieux. Elle la garde et la transmet en célébrant l’Eucharistie que vous avez la joie et l’honneur de servir. L’Eucharistie est le Trésor de l’Eglise, le Trésor des Trésors. Dès le premier jour de son existence, et ensuite pendant des siècles, l’Eglise a célébré la Messe, de dimanche en dimanche, pour se souvenir de ce que son Seigneur a fait pour elle. Entre les mains du prêtre et à ses paroles, «ceci est mon Corps, ceci est mon Sang», Jésus donne encore sa vie sur l’Autel, Il verse encore son Sang pour nous aujourd’hui. Chers Servants d’Autel, la célébration de la Messe, nous sauve aujourd’hui! Elle sauve le monde aujourd’hui! Elle est l’événement le plus important de la vie du chrétien et de la vie de l’Eglise, car elle est le rendez-vous où Dieu se donne à nous par amour, encore et encore. Le chrétien ne va pas à la Messe par devoir, mais parce qu’il en a besoin, absolument; le besoin de la vie de Dieu qui se donne sans retour!

Chers amis, je vous remercie de votre engagement: il est un très grand et généreux service que vous rendez à votre paroisse, et je vous encourage à persévérer fidèlement. Lorsque vous approchez de l’Autel, ayez toujours à l’esprit la grandeur et la sainteté de ce qui est célébré. La Messe est un moment de fête et de joie. Comment, en effet, ne pas avoir le cœur dans la joie en présence de Jésus? Mais la Messe est, en même temps, un moment sérieux, solennel, empreint de gravité. Puissent votre attitude, votre silence, la dignité de votre service, la beauté liturgique, l’ordre et la majesté des gestes, faire entrer les fidèles dans la grandeur sacrée du Mystère.

Je forme aussi le vœu que vous soyez attentifs à l’appel que Jésus pourrait vous adresser à le suivre de plus près dans le sacerdoce. Je m’adresse à vos consciences de jeunes, enthousiastes et généreux, et je vais vous dire une chose que vous devez entendre, même si elle doit vous inquiéter un peu: le manque de prêtres en France, dans le monde, est un grand malheur! Un malheur pour l’Eglise! Puissiez-vous, peu à peu, de dimanche en dimanche, découvrir la beauté, le bonheur et la nécessité d’une telle vocation. Quelle vie merveilleuse que celle du prêtre qui, au cœur de chacune de ses journées, rencontre Jésus d’une manière tellement exceptionnelle et le donne au monde!

Chers Servants d’Autel, je vous remercie encore de votre visite. Votre nombre et la foi qui vous habite sont un grand réconfort, un signe d’espérance. Persévérez courageusement, et témoignez autour de vous de la fierté et de la joie que vous donne de servir la Messe.

Je vous donne de grand cœur, ainsi qu’à vos accompagnateurs, vos prêtres et vos familles, la Bénédiction apostolique.

Merci!

Audience générale

Salle Paul VI, 27 août 2025

La véritable espérance
n’est pas l’évasion mais la décision
de persévérer dans l’amour

Chers frères et sœurs,

Nous nous arrêtons aujourd’hui sur une scène qui marque le début de la Passion de Jésus: le moment de son arrestation au jardin des Oliviers. L’évangéliste Jean, avec sa profondeur habituelle, ne présente pas un Jésus effrayé, qui fuit ou se cache. Au contraire, il nous montre un homme libre, qui s’avance et parle, affrontant à visage découvert l’heure où la lumière du plus grand amour peut se révéler.

«Jésus, sachant tout ce qui allait lui arriver, s’avança et leur dit: Qui cherchez-vous?» (Jn 18, 4). Jésus sait. Pourtant, il décide de ne pas reculer. Il se rend. Non par faiblesse, mais par amour. Un amour si plein, si mûr, qu’il ne craint pas le rejet. Jésus n’est pas capturé: il se laisse capturer. Il n’est pas victime d’une arrestation, mais auteur d’un don. Ce geste incarne une espérance de salut pour notre humanité: savoir que, même dans les heures les plus sombres, nous pouvons rester libres d’aimer jusqu’au bout.

Lorsque Jésus répond: «C’est moi. Je le suis», les soldats tombent à terre. Ce passage est mystérieux, car cette expression, dans la révélation biblique, rappelle le nom même de Dieu: «Je suis». Jésus révèle que la présence de Dieu se manifeste précisément là où l’humanité fait l’expérience de l’injustice, de la peur et de la solitude. C’est précisément là que la vraie lumière est prête à briller sans craindre d’être submergée par les ténèbres qui avancent.

Au cœur de la nuit, alors que tout semble s’écrouler, Jésus montre que l’espérance chrétienne n’est pas une fuite, mais une décision. Cette attitude est le fruit d’une prière profonde par laquelle nous ne demandons pas à Dieu de nous épargner la souffrance, mais d’avoir la force de persévérer dans l’amour, conscients que la vie offerte gratuitement par amour ne peut nous être ôtée par personne.

«Si c’est bien moi que vous cherchez, ceux-là, laissez-les partir» (Jean 18, 8). Au moment de son arrestation, Jésus ne se soucie pas de son propre salut: il souhaite seulement que ses amis puissent s’en aller. Cela démontre que son sacrifice est un véritable acte d’amour. Jésus se laisse capturer et emprisonner par les gardes uniquement pour qu’ils libèrent ses disciples.

Jésus a vécu chaque jour de sa vie en prévision de cette heure dramatique et sublime. C’est pourquoi, lorsqu’elle arrive, il a la force de ne pas chercher à s’échapper. Son cœur sait bien que perdre sa vie par amour n’est pas un échec, mais il possède une fécondité mystérieuse. Comme le grain de blé qui, tombé en terre, ne reste pas seul, mais meurt et devient fécond.

Jésus, lui aussi, est troublé par un chemin qui semble ne mener qu’à la mort et à la fin. Mais il est tout autant persuadé que seule une vie perdue par amour est finalement retrouvée. C’est là que réside la véritable espérance: non pas dans la tentative d’éviter la douleur, mais dans la conviction que, même au cœur de la souffrance la plus injuste, se cache la semence d’une vie nouvelle.

Et nous? Combien de fois défendons-nous notre vie, nos projets, nos certitudes, sans nous rendre compte que, ce faisant, nous restons seuls. La logique de l’Evangile est différente: seul ce qui est donné fleurit; seul l’amour qui devient gratuit peut restaurer la confiance, même là où tout semble perdu.

L’Evangile de Marc nous parle aussi d’un jeune homme qui, lors de l’arrestation de Jésus, s’enfuit nu (Mc 14, 51). C’est une image énigmatique mais profondément évocatrice. Nous aussi, en essayant de suivre Jésus, nous vivons des moments où nous sommes pris au dépourvu et dépouillés de nos certitudes. Ce sont les moments les plus difficiles, dans lesquels nous sommes tentés d’abandonner le chemin de l’Evangile, car l’amour semble un voyage impossible. Pourtant, c’est un jeune homme lui-même, à la fin de l’Evangile, qui annonce la résurrection aux femmes, non plus nu, mais revêtu de blanc.

Telle est l’espérance de notre foi: nos péchés et nos hésitations n’empêchent pas Dieu de nous pardonner et de nous redonner le désir de le suivre à nouveau, afin de nous rendre capables de donner notre vie pour les autres.

Chers frères et sœurs, apprenons, nous aussi, à nous en remettre à la bonne volonté du Père, en laissant notre vie être une réponse au bien reçu. Dans la vie, tout contrôler ne sert à rien. Il suffit de choisir chaque jour d’aimer librement. Telle est la véritable espérance: savoir que, même dans l’obscurité de l’épreuve, l’amour de Dieu nous soutient et permet au fruit de la vie éternelle de mûrir en nous.

Au terme de l’Audience générale, le Pape a lancé les appels suivants:

Vendredi dernier, nous avons accompagné par la prière et le jeûne nos frères et sœurs qui souffrent à cause des guerres. Je renouvelle aujourd’hui mon appel pressant aux parties impliquées et à la communauté internationale, pour qu’elles mettent fin au conflit en Terre Sainte, qui a causé tant de terreur, de destruction et de mort.

Je supplie que tous les otages soient libérés, qu’un cessez-le-feu permanent soit conclu, que l’entrée en toute sécurité de l’aide humanitaire soit facilitée et que le droit humanitaire soit pleinement respecté, en particulier l’obligation de protéger les civils et l’interdiction des punitions collectives, de l’usage aveugle de la force et du déplacement forcé de la population. Je m’associe à la Déclaration commune des Patriarches grec-orthodoxe et latin de Jérusalem, qui ont demandé hier «de mettre fin à cette spirale de violence, de mettre fin à la guerre et de donner la priorité au bien commun des personnes».

Implorons Marie, Reine de la paix, source de consolation et d’espoir: que son intercession obtienne la réconciliation et la paix dans cette terre si chère à tous!

Parmi les fidèles qui assistaient à l’Audience générale, se trouvaient les groupes francophones suivants:

De France: séminaristes du diocèse de Meaux, avec S.E.Mons. Jean-Yves Nahmias; groupe de jeunes de la paroisse de Verneuil-sur-Avre; groupe des élus de Paris; Associés Laïcs Lasalliens.

Du Canada: groupe de jeunes avec le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier ceux venus du Canada et de la France. Frères et sœurs, apprenons à nous abandonner à la volonté de Dieu afin que notre vie soit une réponse au bien reçu.

Que Dieu vous bénisse!

Le Pape a ensuite salué les fidèles présents dans la Cour du Petriano:

Bonjour à nouveau! Merci pour votre patience! Muchas gracias a todos por su paciencia y por estar aquí, que es una señal muy bonita de nuestra unidad en la fe. Nous voulons tous renouveler notre foi. Aujourd’hui, c’est la Sainte-Monique, demain la Saint-Augustin, qui nous a tous appelés à être toujours unis dans le Christ. Vivons cette foi dans notre pèlerinage!

Que la bénédiction de Dieu Tout-Puissant, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, descende sur vous et reste toujours avec vous. Amen.

Bonne fête et merci!

Le Pape s’est enfin adressé aux fidèles dans la basilique Saint-Pierre:

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, que la paix soit avec vous!

Je pense que vous avez suivi toute l’Audience; je vous remercie pour votre présence et aussi pour votre patience! C’est aussi un signe de la présence de l’Esprit de Dieu qui est avec nous. Souvent dans la vie, nous aimerions recevoir une réponse immédiate, une solution immédiate, et pour une certaine raison, Dieu nous fait attendre, et il y a beaucoup à apprendre. Cependant, comme Jésus lui-même nous l’enseigne, nous devons avoir cette confiance qui vient uniquement du fait que nous savons que nous sommes fils et filles de Dieu, et que Dieu nous donne toujours sa grâce. Il ne nous enlève pas toujours la douleur, il n’enlève pas toujours la souffrance, mais il nous dit qu’il est près de nous. Dieu est toujours avec nous, et nous devons renouveler cette foi. Dieu est toujours avec nous, et c’est pourquoi nous sommes heureux.

Frères et sœurs, que Dieu vous bénisse tous en ce jour, qu’il marche avec vous, avec nous, en tant qu’Eglise, et qu’il nous aide à être toujours une famille, une communion de foi qui témoigne dans le monde de la présence de l’amour de Dieu. Maintenant, je vous donne à tous la bénédiction, en demandant au Seigneur que sa grâce, son amour et sa miséricorde descendent sur chacun d’entre vous.

Discours à une délégation d’élus et de personnalités civiles du Val-de-Marne

Salle du Consistoire, 28 août 2025

Le christianisme n’est pas
une dévotion privée, mais
un engagement pour un monde plus juste et fraternel

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. La paix soit avec vous!

En anglais: Je suis sûr que beaucoup d’entre vous parlent anglais non? Je vais essayer de parler français, en comptant sur votre bienveillance!

Le Pape a poursuivi en français:

Je salue bien cordialement Son Excellence Monseigneur Dominique Blanchet, et je souhaite la bienvenue à vous tous, élus et personnalités civiles du diocèse de Créteil, en pèlerinage à Rome.

Je suis heureux de vous accueillir dans votre démarche de foi: vous retournerez à vos engagements quotidiens fortifiés dans l’espérance, mieux affermis pour œuvrer à la construction d’un monde plus juste, plus humain, plus fraternel, qui ne peut être rien d’autre qu’un monde davantage imprégné de l’Evangile. Devant les dérives de toutes sortes que connaissent nos sociétés occidentales, nous ne pouvons pas mieux faire, en tant que chrétiens, que de nous tourner vers le Christ et demander son secours dans l’exercice de nos responsabilités.

C’est pourquoi votre démarche, plus qu’un simple enrichissement personnel, est d’une grande importance et d’une grande utilité pour les hommes et les femmes que vous servez. Et elle est d’autant plus méritoire qu’il n’est pas facile en France, pour un élu, en raison d’une laïcité parfois mal comprise, d’agir et de décider en cohérence avec sa foi dans l’exercice de responsabilités publiques.

Le salut que Jésus a obtenu par sa mort et sa résurrection englobe toutes les dimensions de la vie humaine telles que la culture, l’économie et le travail, la famille et le mariage, le respect de la dignité humaine et de la vie, la santé, en passant par la communication, l’éducation et la politique. Le christianisme ne peut se réduire à une simple dévotion privée, car il implique une manière de vivre en société empreinte d’amour de Dieu et du prochain qui, dans le Christ, n’est plus un ennemi mais un frère.

Votre région, lieu de vos engagements, est affrontée à de grandes questions de société comme la violence dans certains quartiers, l’insécurité, la précarité, les réseaux de drogue, le chômage, la disparition de la convivialité… Pour y faire face, le responsable chrétien est fort de la vertu de Charité qui l’habite depuis son baptême. Celle-ci est un don de Dieu, une «force capable de susciter de nouvelles voies pour affronter les problèmes du monde d’aujourd’hui et pour renouveler profondément de l’intérieur les structures, les organisations sociales, les normes juridiques. Dans cette perspective, la charité devient charité sociale et politique: elle nous fait aimer le bien commun et conduit à chercher efficacement le bien de tous» (Compendium de la Doctrine sociale de l’Eglise, n. 207). Voilà pourquoi le responsable chrétien est mieux préparé pour affronter les défis du monde présent, dans la mesure, bien sûr, où il vit et témoigne de sa foi agissante en lui, de sa relation personnelle au Christ qui l’éclaire et lui donne cette force. Jésus l’a affirmé avec vigueur: «En dehors de moi vous ne pourrez rien faire!» (Jn 15, 5); il ne faut donc pas s’étonner que la promotion de «valeurs», pour évangéliques qu’elles soient, mais «vidées» du Christ qui en est l’auteur, soient impuissantes à changer le monde.

Alors, Monseigneur Blanchet me demandait des conseils à vous adresser. Le premier — et le seul — que je vous donnerai est celui de vous unir de plus en plus à Jésus, d’en vivre et d’en témoigner. Il n’y a pas de séparation dans la personnalité d’une personne publique: il n’y a pas d’un côté l’homme politique, de l’autre le chrétien. Mais il y a l’homme politique qui, sous le regard de Dieu et de sa conscience, vit chrétiennement ses engagements et ses responsabilités!

Vous êtes donc appelés à vous fortifier dans la foi, à approfondir la doctrine — en particulier la doctrine sociale — que Jésus a enseignée au monde, et à la mettre en œuvre dans l’exercice de vos charges et dans la rédaction des lois. Ses fondements sont foncièrement en accord avec la nature humaine, la loi naturelle que tous peuvent reconnaître, même les non chrétiens, même les non croyants. Il ne faut donc pas craindre de la proposer et de la défendre avec conviction: elle est une doctrine de salut qui vise le bien de tout être humain, l’édification de sociétés pacifiques, harmonieuses, prospères et réconciliées.

J’ai bien conscience que l’engagement ouvertement chrétien d’un responsable public n’est pas facile, particulièrement dans certaines sociétés occidentales où le Christ et son Eglise sont marginalisés, souvent ignorés, parfois ridiculisés. Je n’ignore pas non plus les pressions, les consignes de parti, les «colonisations idéologiques» — pour reprendre une heureuse expression du Pape François —, auxquelles les hommes politiques sont soumis. Il leur faut du courage: le courage de dire parfois «non, je ne peux pas!», lorsque la vérité est en jeu. Là encore, seule l’union avec Jésus — Jésus crucifié ! — vous donnera ce courage de souffrir pour son nom. Il l’a dit à ses disciples: «Dans le monde, vous aurez à souffrir, mais gardez courage! J’ai vaincu le monde» (Jn 16, 33).

Chers amis, je vous remercie de votre visite et je vous assure de mes plus sincères encouragements pour la poursuite de vos activités au service de vos compatriotes. Gardez l’espérance d’un monde meilleur; gardez la certitude qu’unis au Christ, vos efforts porteront du fruit et obtiendront leur récompense. Je vous confie, ainsi que votre pays, à la protection de Notre-Dame de l’Assomption, et je vous donne de grand cœur la Bénédiction apostolique.

Message vidéo à la Province augustine de Saint Thomas de Villeneuve

29 août 2025

L’attention du cœur pour promouvoir la paix et l’espérance

Léon XIV:

Bonsoir et que Dieu vous bénisse tous, vous qui participez à ce merveilleux évènement.

En la Solennité de notre saint Père, saint Augustin, je suis touché et honoré de recevoir la médaille de saint Augustin de la province de Saint Thomas de Villeneuve. Alors que j’enregistre ce message, je suis loin de la chaleur romaine, je passe un peu de temps à Castel Gandolfo pour prier, réfléchir et me reposer. Vous serez heureux d’apprendre que l’église paroissiale de cette petite ville en dehors de Rome est nommée d’après saint Thomas de Villeneuve, connu comme le père des pauvres, un frère et un évêque augustin extraordinairement talentueux, qui a dévoué sa vie au service des pauvres.

En tant qu’augustins, nous nous efforçons chaque jour d’être à la hauteur de l’exemple de notre père spirituel, saint Augustin. Etre reconnu en tant qu’augustin est un honneur qui m’est très cher. Je dois une grande partie de ce que je suis à l’esprit et aux enseignements de saint Augustin, et je suis reconnaissant envers chacun de vous pour toutes les façons dont vos vies montrent un profond engagement aux valeurs veritas, unitas, caritas.

Saint Augustin, comme vous le savez, était l’un des principaux fondateurs du monachisme; un évêque, un théologien, une prêcheur et un Docteur de l’Eglise. Mais cela ne s’est pas produit du jour au lendemain. Sa vie a été marquée par de nombreux essais et erreurs, tout comme la nôtre. Mais à travers la grâce de Dieu, à travers les prières de sa mère, Monique, et de la communauté de braves personnes qui l’entourait, Augustin a réussi à trouver le chemin vers la paix pour son cœur agité.

La vie de saint Augustin et sa vocation à guider en servant nous rappelle que nous possédons tous des dons et des talents donnés par Dieu, et que notre but, notre épanouissement et notre joie viennent du fait de les redonner dans le service bienveillant à Dieu et à notre prochain.

Il est approprié d’être avec vous tous ce soir, alors que vous êtes réunis dans la ville historique de Philadelphie, siège de l’église Saint-Augustin, une des plus anciennes communautés de foi des Etats-Unis. Nous sommes soutenus par l’exemple des frères augustins, comme le père Matthew Carr et le père -John Rossiter, dont l’esprit missionnaire les a guidés, à la fin du XVIIIe siècle, à aller de l’avant et à apporter la Bonne Nouvelle de l’Evangile aux immigrés irlandais et allemands, à la recherche d’une meilleure vie et d’une tolérance religieuse.

Aujourd’hui encore, nous sommes appelés à transmettre cet héritage de service bienveillant à l’ensemble du Peuple de Dieu. Jésus nous rappelle dans l’Evangile d’aimer notre prochain, et cela nous met au défi, aujourd’hui plus que jamais, de nous rappeler de voir notre prochain avec les yeux du Christ: nous sommes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu à travers l’amitié, les relations, le dialogue et le respect mutuel. Nous pouvons passer outre les différences et découvrir notre véritable identité en tant que frères et sœurs dans le Christ.

En tant que communauté de croyants et inspirés par le charisme des Augustins, nous sommes appelés à aller de l’avant pour être des artisans de paix dans nos familles et dans nos lieux de vie, et à reconnaître véritablement la présence de Dieu les uns chez les autres. La paix commence par ce que nous disons et faisons, et par la façon dont nous le disons et faisons.

Saint Augustin nous rappelle qu’avant de parler, nous devons d’abord écouter, et en tant qu’Eglise synodale, nous sommes encouragés à nous ré-engager dans l’art de l’écoute par la prière, le silence, le discernement et la réflexion. Nous avons la possibilité et la responsabilité d’écouter l’Esprit Saint; de s’écouter les uns les autres; d’écouter les voix des pauvres et des marginalisés, dont les voix ont besoin d’être entendues. Saint Augustin nous exhorte à prêter attention et à écouter notre maître intérieur, la voix qui parle en chacun de nous. C’est dans nos cœurs que Dieu nous parle.

Dans l’un de ses sermons, saint Augustin encourageait ceux qui l’écoutaient: «N’ayez pas votre cœur dans vos oreilles, mais vos oreilles dans votre cœur».

Que devons-nous faire pour nous entraîner à écouter avec les oreilles de notre cœur? Le monde est rempli de bruit, et nos têtes et nos cœurs peuvent être inondés de nombreux types de messages. Ces messages peuvent alimenter notre agitation et voler notre joie. En tant que communauté de foi, s’évertuant à bâtir une relation avec le Seigneur, puissions-nous parvenir à filtrer le bruit, les voix clivantes dans nos têtes et nos cœurs, et nous ouvrir aux invitations quotidiennes de mieux connaître Dieu et l’amour de Dieu. Quand nous entendons la voix bienveillante, rassurante, de Dieu, nous pouvons la partager avec le monde alors que nous cherchons à devenir une seule et même chose en lui.

Je suis reconnaissant pour cet honneur et plus particulièrement pour les Messes et les prières de soutien célébrées ce soir et en d’autres occasions, alors que je cherche à servir en toute humilité.

S’il vous plaît, continuez de prier pour moi, pour les intentions de l’ensemble du Peuple de Dieu dans le monde entier. Soyez assurés de mes prières pour vous tous qui êtes réunis ici ce soir: pour mes frères augustins, pour mes compagnons missionnaires de Villeneuve, passés, présents et futurs, pour les personnes âgées et les jeunes, pour les riches et les pauvres, pour tous nos chers amis de l’Ordre. Comme Augustin, nous vivons tous des moments d’angoisse, d’obscurité et de doute, et tout comme Augustin, par la grâce de Dieu, nous pouvons découvrir que l’amour de Dieu guérit véritablement. Œuvrons pour bâtir une communauté où cet amour est rendu visible.

Puissions-nous continuer de renforcer notre mission commune en tant qu’Eglise et communauté pour promouvoir la paix, vivre dans l’espérance et refléter la lumière et l’amour de Dieu dans le monde. C’est dans notre unité dans le Christ et dans notre communion les uns avec les autres que la lumière grandira et brillera davantage dans notre monde.

Sous la conduite et la protection de la Vierge Marie, notre Mère du Bon Conseil, puissions-nous ne jamais oublier les dons qu’elle a nous a donnés par son «oui» rempli de foi qu’elle a prononcé quand elle accepta ce que Dieu avait prévu pour elle.

Que Dieu vous bénisse tous et apporte la paix à vos cœurs agités, et vous aide à continuer de bâtir une communauté d’amour, unie dans le cœur et l’esprit, tournée vers Dieu. Et que la bénédiction de Dieu Tout-Puissant, le Père, le Fils et le Saint-Esprit descende sur vous et demeure en vous pour toujours.

Merci beaucoup.

Père Robert P. Hagan, prieur provincial, a prononcé les paroles suivantes lors de la remise de la médaille:

Votre Sainteté, Pape Léon, au nom de la province de Saint Thomas de Villeneuve, de la grande communauté augustine et de tous les croyants remplis de foi. Nous vous remercions d’avoir accepté cet honneur que représente la médaille Saint-Augustin pour votre rôle de guide et de serviteur, pour votre engagement continu en faveur les pauvres, pour votre témoignage des valeurs augustiniennes, et maintenant, en tant que notre Pasteur universel, pour l’exemple que vous nous donnez à tous afin que nous nous rapprochions du Seigneur et les uns des autres, et que nous puissions tous être des artisans de paix. Soyez assuré de nos prières pour vous, pour que vous ayez la grâce et la force de continuer à assumer cette responsabilité pour nous tous. Que Dieu vous bénisse.

Léon XIV lui a ensuite répondu:

Merci beaucoup! Une fois de plus, c’est vraiment un grand honneur de recevoir cette médaille. Merci beaucoup pour vos paroles, pour le soutien des Augustins, de votre province. Sachez simplement qu’il y a de nombreuses années, lorsque nous étions étudiants à Villeneuve, nous prenions part à de nombreux aspects de la grande famille augustine et de la famille de Villeneuve. Il est très beau de savoir que cette communauté est toujours une partie intégrante de nos vies. Merci pour cette distinction et que Dieu vous bénisse, ainsi que tous vos proches.

Audience aux membres des Ecoles d’évangélisation Saint-André

Salle Clémentine, 29 août 2025

Témoignage de la rencontre
avec Dieu

Chers frères et sœurs,

La paix soit avec vous. En cette année jubilaire, vous êtes venus à Rome de divers pays, comme pèlerins d’espérance. Je vous souhaite la bienvenue. Je salue son Eminence, le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec, Monsieur José Prado Flores et tous les membres des Ecoles d’Evangélisation Saint-André ici présents.

Aujourd’hui l’Eglise universelle célèbre la mémoire liturgique du martyre de saint Jean Baptiste. Sa figure peut beaucoup nous aider à réfléchir sur la mission d’évangélisation dans le monde actuel. Dans le prologue de l’Evangile de saint Jean on affirme que «Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous» (Jn 1, 14), et puis il est indiqué que Jean, le Baptiste, lui rend témoignage (cf. 1, 15). Si nous relisons avec attention les premiers chapitres du quatrième Evangile nous pouvons découvrir quelle est la clé de chaque école d’évangélisation: rendre témoignage de ce qu’on a contemplé, de la rencontre que l’on a eu avec le Dieu de la vie. Ainsi l’évangéliste nous le dit aussi dans sa première lettre: «ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous. Quant à notre communion, elle est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ» (1 Jn 1, 3). Telle est la mission de l’Eglise et de chaque chrétien.

Chers frères et sœurs, telle est notre vocation de baptisés, par conséquent nous devons transmettre ce que nous avons nous même reçus, afin que nous devenions tous un dans le Christ. En ces jours de pèlerinage, je vous invite en particulier à contempler les vies des saints qui, comme Jean Baptiste, ont été des fidèles disciples de Jésus Christ, en le manifestant dans leurs paroles et leurs bonnes œuvres.

Je vous remercie pour le travail fécond que vous poursuivez en faveur de l’évangélisation, à travers divers moyens, et je vous encourage à continuer à cheminer avec une espérance renouvelée. Que Dieu vous bénisse et que Notre Dame de Guadalupe vous protège toujours dans votre mission. Bon chemin!

Angelus Domini

Fenêtre du studio privé du Palais apostolique,
31 août 2025

Mettre fin à la pandémie
qui infecte le monde

Chers frères et sœurs, bon dimanche!

Se retrouver ensemble à table, surtout les jours de repos et de fête, est un signe de paix et de communion, dans toutes les cultures. Dans l’Evangile de ce dimanche (Lc 14, 1.7-14), Jésus est invité à déjeuner par l’un des chefs des pharisiens. Recevoir des invités élargit l’espace du cœur, être invité demande l’humilité d’entrer dans le monde de l’autre. Une culture de la rencontre se nourrit de ces gestes qui rapprochent.

Il n’est pas toujours facile de se rencontrer. L’évangéliste remarque que les convives «observaient» Jésus qui était généralement regardé avec une certaine méfiance par les interprètes les plus rigoureux de la tradition. Néanmoins, la rencontre a lieu car Jésus se rend vraiment proche, il ne reste pas en dehors de la situation. Il se fait hôte véritable, avec respect et authenticité. Il renonce aux bonnes manières qui ne sont que formalités pour éviter de s’impliquer réciproquement. C’est ainsi que dans son style propre, il décrit ce qu’il voit à l’aide d’une parabole et invite ceux qui l’observent à réfléchir. Il a en effet remarqué qu’il y a une compétition pour prendre les premières places. Cela se produit encore aujourd’hui, non pas en famille mais lorsqu’il est important de «se faire remarquer»; alors, le fait d’être ensemble se transforme en compétition.

Sœurs et frères, nous asseoir ensemble à la table eucharistique le jour du Seigneur, c’est aussi laisser la parole à Jésus. Il se fait volontiers notre hôte et peut nous décrire tel qu’il nous voit. Il est très important de nous voir à travers son regard: repenser à la façon dont nous réduisons souvent la vie à une compétition, à la façon dont nous nous dégradons pour obtenir une certaine reconnaissance, à la façon dont nous nous comparons inutilement aux autres. S’arrêter pour réfléchir, se laisser ébranler par une Parole qui remet en question les priorités qui occupent notre cœur: voilà une expérience de liberté. Jésus nous appelle à la liberté.

Dans l’Evangile, Il utilise le mot humilité pour décrire la forme accomplie de la liberté (cf. Lc 14, 11). L’humilité, en effet, c’est la liberté par rapport à soi-même. Elle naît lorsque le Royaume de Dieu et sa justice ont vraiment suscité notre intérêt et que nous pouvons nous permettre de regarder au loin: pas le bout de nos pieds, mais au loin! Ceux qui s’exaltent, en général, semblent n’avoir rien trouvé de plus intéressant qu’eux-mêmes et, mais au fond, ils sont très peu sûrs d’eux-mêmes. Ceux en revanche qui ont compris qu’ils sont précieux aux yeux de Dieu, ceux qui sentent profondément qu’ils sont fils ou filles de Dieu, possèdent de plus grandes choses dont ils peuvent se glorifier et une dignité qui brille d’elle-même. Celle-ci passe au premier plan, occupe la première place sans effort et sans stratégies, lors-que, au lieu de se servir des situations, ils apprennent à servir.

Très chers amis, demandons aujourd’hui que l’Eglise soit pour chacun un lieu d’apprentissage de l’humilité, cette maison où l’on est toujours les bienvenus, où les places ne sont pas à conquérir, où Jésus peut encore prendre la parole et nous éduquer à son humilité, à sa liberté. Marie, que nous prions maintenant, est la véritable Mère de cette maison.

Au terme de l’Angelus, le Saint-Père a prononcé les appels suivants:

Chers frères et sœurs,

la guerre en Ukraine continue de semer malheureusement la mort et la destruction. Ces derniers jours, encore, des bombardements ont frappé plusieurs villes, y compris la capitale Kiev, faisant de nombreuses victimes. Je renouvelle ma proximité avec le peuple ukrainien et toutes les familles meurtries. J’invite chacun à ne pas céder à l’indifférence, mais à se faire proche par la prière et par des gestes concrets de charité. Je réitère avec force mon appel pressant en faveur d’un cessez-le-feu immédiat et d’un engagement sérieux dans le dialogue. Il est temps que les responsables renoncent à la logique des armes et s’engagent sur la voie de la négociation et de la paix, avec le soutien de la communauté internationale. La voix des armes doit se taire, tandis que doit s’élever la voix de la fraternité et de la justice.

Nos prières pour les victimes de la tragique fusillade qui a eu lieu pendant une Messe scolaire dans l’Etat américain du Minnesota rejoignent celles pour les innombrables enfants tués et blessés chaque jour dans le monde entier. Prions Dieu pour qu’Il mette fin à la pandémie des armes, grandes et petites, qui infecte notre monde. Que notre Mère Marie, Reine de la Paix, nous aide à accomplir la prophétie d’Isaïe: «De leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles» (Is 2, 4).

Nos cœurs sont également blessés par la mort de plus de cinquante personnes et la disparition d’une centaine d’autres dans le naufrage d’une embarcation chargée de migrants qui tentaient de parcourir 1.100 kilomètres vers les îles Canaries, et qui a chaviré au large de la côte atlantique de la Mauritanie. Cette tragédie mortelle se répète chaque jour partout dans le monde. Prions pour que le Seigneur nous enseigne, en tant qu’individus et en tant que société, à mettre pleinement en pratique sa parole: «J’étais étranger et vous m’avez accueilli» (Mt 25, 35).

Nous confions tous nos blessés, disparus et morts, partout dans le monde, à l’étreinte aimante de notre Sauveur.

C’est demain, 1er septembre, la Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création. Il y a dix ans, le Pape François, en syntonie avec le Patriarche œcuménique Bartholomée Ier, a institué cette Journée pour l’Eglise catholique. Elle est plus importante et urgente que jamais et a pour thème cette année «Semences de paix et d’espérance». Unis à tous les chrétiens, nous la célébrons et la prolongeons par le «Temps de la Création» jusqu’au 4 octobre, fête de saint François d’Assise. Dans l’esprit du Cantique de frère Soleil, composé par celui-ci il y a 800 ans, nous louons Dieu et renouvelons notre engagement à ne pas ruiner son don, mais à prendre soin de notre maison commune.

Je vous salue chacun avec affection, fidèles de Rome et pèlerins d’Italie et de divers pays.

Bon dimanche à tous!

Homélie pour la Messe d’ouverture
du Chapitre général des Augustins

Basilique Saint-Augustin au Champ-de-Mars,
1er septembre 2025

Ecouter humblement Dieu
et les autres, et œuvrer
pour l’unité

Le Saint-Père a commencé en prononçant les paroles suivantes en anglais, que nous traduisons:

Mes chers frères et sœurs,

Père Alejandro Moral, prieur général, mes frères dans l’épiscopat, Luis et Wilder, et vous tous, mes frères augustins, frères et sœurs ici présents. Avant de commencer l’homélie officielle qui a été préparée, je voudrais simplement tous vous saluer. Et pour ceux qui comprennent l’anglais mais pas l’italien: priez pour un don du Saint-Esprit! Et peut-être que pendant ce bref moment de réflexion sur la Parole de Dieu et sur ce que le Seigneur vous demande à tous, à vous qui êtes sur le point de commencer ce Chapitre général ordinaire, vous recevrez non pas nécessairement le don de comprendre ou de parler toutes les langues, mais le don d’écouter, le don d’être humble et le don de promouvoir l’unité, au sein de l’Ordre et dans l’ensemble de l’Ordre, dans toute l’Eglise et dans le monde.

Puis le Saint-Père a prononcé son homélie:

Nous célébrons cette Eucharistie au début de votre Chapitre général, un moment de grâce pour l’Ordre augustin et un moment de grâce pour toute l’Eglise.

Dans cette Sainte Messe votive de l’Esprit Saint, demandons que ce soit Lui, pour lequel l’amour du Christ habite nos cœurs (cf. Rm 5, 5), qui guide jour après jour votre travail.

Un auteur ancien, parlant de la Pentecôte (cf Ac 2, 1-11), la décrit comme une «abondante et irrésistible effusion de l’Esprit» (Didyme l’Aveugle, De Trinitate, 6, 8: PG 39, 533). Demandons au Seigneur qu’il en soit ainsi également pour vous: que son Esprit ait le dessus sur chaque logique humaine, de façon «abondante et irrésistible», afin que la Troisième Personne divine deviennent véritablement le protagoniste des jours à venir.

L’Esprit Saint parle, aujourd’hui comme dans le passé. Il le fait dans les penetralia cordis et à travers les frères et les circonstances de la vie. C’est pourquoi il est important que le climat du Chapitre, en harmonie avec la tradition séculaire de l’Eglise, soit un climat d’écoute, d’écoute de Dieu, d’écoute des autres.

Méditant sur la Pentecôte, notre père saint Augustin, répondant à la question provocatrice de ceux qui demandaient pourquoi, aujourd’hui, ne se reproduit plus, comme un jour à Jérusalem, le signe extraordinaire de la «glossolalie», fait une réflexion, qui je pense pourrait vous être utile dans le mandat que vous êtes sur le pont d’accomplir. Augustin dit: «Comme alors chaque fidèle parlait toutes les langues, ainsi l’unité formée par tous les fidèles les parle toutes aujourd’hui. D’où il suit que membres du corps immense où on les parle toutes, nous les avons toutes encore maintenant» (Sermon 269, 1).

Chers frères, ici, ensemble, vous êtes membre du Corps du Christ, qui parle toutes les langues. Si ce ne sont pas toutes les langues du monde, ce sont certainement toutes celles que Dieu estime nécessaires à l’accomplissement du bien qui, dans son savoir providentiel, vous confie.

Vous vivez, par conséquent, ces jours dans un effort sincère de communiquer et de comprendre, faites-le comme réponse généreuse au don grand et unique, de lumière et de grâce, que le Père des Cieux vous fait en vous convoquant ici, précisément vous, pour le bien de tous.

Et venons-en au deuxième point: faites tout avec humilité. Saint Augustin, en commentant la variété des façons dont l’Esprit Saint, dans les siècles, s’est déversé sur le monde, lit cette multiplicité comme une invitation à nous faire petits face à la liberté et à l’impénétrabilité de l’action de Dieu (ibid, 2). Personne ne pense connaître toutes les réponses. Chacun partage avec ouverture ce qu’il a. Tous accueillent avec foi ce que le Seigneur inspire, dans la cons-cience que «autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre» (Is 55, 9), autant sont élevées ses voies au-dessus de nos voies, et ses pensées au-dessus de nos pensées. C’est uniquement ainsi que l’Esprit pourra «enseigner» et «se rappeler» ce que Jésus a dit (cf. Jn 14, 26), en le gravant dans vos cœurs afin que l’écho s’en répande dans l’unicité et le caractère irremplaçable de chaque battement.

Il y a cependant encore un point de réflexion que je voudrais souligner dans ce que la liturgie de la Parole nous propose aujourd’hui: la valeur de l’unité.

Dans la première lecture, saint Paul, parlant de la communauté de Corinthe, en donne une description qui peut facilement s’appliquer à votre chapitre. Ici aussi, en effet «à chacun la manifestation de l’Esprit est donnée en vue du bien commun» (1 Co 12, 7), ici aussi «tout cela, c’est l’unique et même Esprit qui l’opère, distribuant ses dons à chacun en particulier comme il l’entend» (v. 11) et de vous, on peut aussi dire que «de même […] le corps est un, tout en ayant plusieurs membres, et que tous les membres du corps, en dépit de leur pluralité, ne forment qu’un seul corps, ainsi en est-il du Christ» (v. 12).

Que l’unité soit un élément indispensable de vos efforts, mais pas seulement: qu’elle soit aussi le critère de vérification de votre action et de votre collaboration, car ce qui unit vient de Lui, mais ce qui divise ne peut venir de Lui.

A cet égard, saint Augustin nous vient ici aussi en aide, commentant toujours le miracle de la Pente-côte, et observe: «De même donc qu’autrefois le don des langues parlées par tous les peuples révélait sa présence dans un homme; ainsi la manifeste-t-il aujourd’hui par la charité qui nous unit à toutes tes nations» (ibid, 2). Puis il poursuit: «De même eu effet que les hommes spirituels aiment l’unité; ainsi les hommes de vie animale recherchent les divisions» (ibid, 3). Il se demande cependant: «Or, quelle est la vertu principale de la piété, sinon l’amour de l’unité?» (ibid.) et il conclut: «Vous ne posséderez cet Esprit divin qu’en vous attachant de cœur et par une charité sincère à cette unité sainte» (ibid., 4).

Ecoute, humilité et unité, voilà trois conseils, j’espère utiles, que la liturgie vous offre pour ces prochains jours.

L’invitation est de les faire vôtres, en renouvelant la prière que nous avons adressée au Seigneur au début de cette célébration: «Que l’Esprit Paraclet, qui procède de toi, ô Père, illumine nos esprits et, selon la promesse de ton Fils, nous guide vers toute la vérité» (cf. Missel romain, sainte Messe votive du Saint-Esprit, B, Collecte).