
«Une vie donnée peut devenir une vie féconde et nous, aujourd’hui plus qu’hier, face à un monde en guerre, avons besoin de cette prise de conscience»: c’est ainsi que Bernhard Scholz, président de la fondation Meeting, a inauguré la deuxième des six journées organisées au Forum de Rimini par Communion et libération, con-sacrée entre autres aux 19 religieux et religieuses catholiques, aujourd’hui béatifiés, victimes de violences en Algérie. Dans ce pays d’Afrique du Nord, au cours d’une période passée à l’histoire sous le nom de «décennie noire», plus de 150.000 personnes, dont de nombreux imams, ont perdu la vie.
Et le fait que le choix de ces chrétiens de rester aux côtés d’un peuple martyrisé, dans un esprit d’amitié gratuite et de partage chrétien, soit encore aujourd’hui un témoignage de charité et de gratuité, a été démontré par les longs applaudissements avec lesquels le public a accompagné l’histoire de Lourdes Miguélez Matilla, sœur missionnaire augustine, arrivée à Alger à l’âge de 22 ans, le 27 septembre 1972: «Dès le début, j’ai dû me dépouiller de beaucoup de choses pour ouvrir mon cœur et mon esprit à des réalités nouvelles, différentes, a-t-elle raconté, mais dans ce pays, j’ai appris peu à peu à connaître le sens de ma vocation». Et c’est ce sentiment de gratitude envers le peuple algérien qui a poussé sœur Lourdes à rester dans le pays même lorsque, sous ses yeux, s’est déroulé l’acte le plus horrible que l’on puisse imaginer: le meurtre de deux consœurs, Caridad et Ester, tuées par les balles des terroristes alors qu’elles rentraient chez elles.
En effet, le martyre des 19 chrétiens enseigne précisément cela: la force d’une Eglise unie, la force de la fraternité, le pouvoir subversif de la fragilité et d’une présence désarmée. C’est ce qu’a souligné dans son intervention le cardinal Jean-Paul Vesco, archevêque d’Alger, qui a souligné combien «la force d’une Eglise unie se voit dans le fait que les 19 martyrs ont été béatifiés tous ensemble, car tous avaient risqué leur vie pourvu qu’ils restent ensemble. De plus, leur béatification a eu lieu dans le sanctuaire de Santa Cruz, à Oran, dans le nord d’un pays musulman qui avait fait face à des centaines de milliers de victimes musulmanes. Notre Eglise est peu significative d’un point de vue numérique. Pourtant, le gouvernement a accepté que la béatification ait lieu sur son territoire. Parce que la fraternité, dans ce monde d’individualisme, a encore quelque chose à dire». (guglielmo gallone)