· Cité du Vatican ·

Les journalistes interdits d’accès à Gaza, mais pas les influenceurs

L’autre guerre

A man reacts as he holds the equipment used by Palestinian cameraman Hussam al-Masri, who was a ...
02 septembre 2025

Andrea Monda

La nouvelle est préoccupante: à Gaza, outre les soldats, les tanks, les bombes et les drones, d’autres personnes sont également enfin entrées, pour observer de près, de l’intérieur, le champ de bataille. Mais il ne s’agit pas de journalistes; malgré la demande que ces derniers présentent en vain depuis des mois, ce ne sont pas des reporters qui sont entrés, mais des influenceurs. En particulier des influenceurs israéliens et américains. On peut affirmer avec une douloureuse amertume qu’à Gaza, les journalistes ne peuvent rien faire d’autre que mourir: plus de 200 d’entre eux ont perdu la vie depuis le 7 octobre 2023.

Cela suscite donc naturellement une préoccupation, mais aussi certaines interrogations. Parce qu’il s’agit de deux catégories bien distinctes, bien que convergeant toutes deux dans le domaine de la communication: alors que les journalistes devraient exercer leur métier dans un esprit d’objectivité et d’impartialité, cette condition n’est pas requise aux influenceurs qui sont toujours «engagés», en quelque sorte «enrôlés» dans une cause, parfois noble, même quand il s’agit d’autopromotion. Les influenceurs sont partiaux, ce sont des propagandistes.

Que signifie donc cette décision? Qu’aujourd’hui, les influenceurs sont considérés comme plus importants, puissants et précisément «influents» que les journalistes? Et donc, autre question elle aussi légitime: qui influence les influenceurs? C’est-à-dire, qui les enrôle? Et enfin: l’interdiction, l’off limits est imposée à la presse libre, mais pas à la propagande?

La propagande, on le sait, est la protagoniste négative de la guerre. Elle en est même, d’une certaine façon, la cause, le facteur déclenchant au point que l’on peut dire que la guerre est le prolongement de la propagande par d’autres moyens. Car la propagande porte déjà en soi le virus de la guerre, de la violence. Précisément en raison de son assurance monolothique. La propagande n’aime pas les nuances, mais le noir ou le blanc, quand elle répond à la logique binaire la propagande contourne la complexité en offrant à pleines mains la simplification.

Aujourd’hui, l’antique vérité selon laquelle il n’existe pas seulement la guerre des armes et des armées, mais avant elle, la guerre de et dans la communication, apparaît encore plus évidente et inquiétante. Si dans le monde physique, la violence entre les hommes fait rage, propagée avec plus ou moins d’intensité non seulement à Gaza mais sur tous les continents, dans le monde de la communication, lui aussi «physique», s’agite une autre violence, faite de paroles utilisées comme des armes par l’une des parties contre l’autre, ou plus exactement, contre l’autre «faction». Car on peut l’observer tous les jours, le monde réel et virtuel est devenu un unique grand stade où les tribunes centrales n’existent plus, mais ont été remplacées par les deux immenses tribunes d’ultras envahissants, omniprésents et étouffants.

La logique illogique des supporters de stade, avec son âme sanglante, a finalement prévalu sur tout ce qui est médiation, modération, sens de la complexité et des limites. Nous vivons l’époque de la polarisation et de la simplification, qui est toujours grossière, brutale, sauvage. Pourtant ce n’est que des tribunes centrales que l’on voit bien le -match, que l’on peut chercher à le comprendre dans toutes ses nuances. Mais ce sont précisément ces tribunes qui sont aujourd’hui interdites et rendues inaccessibles, il ne reste que les tribunes des ultras très dangereux. Dangereux surtout en raison de la réalité plus précieuse et plus fragile qui est en jeu dans la vie des hommes: la vérité.