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Le saint du mois

Jean-Gabriel Perboyre

 Jean-Gabriel Perboyre  FRA-010
02 septembre 2025

Rémi Bazin

Official du Dicastère des causes des saints

«Je ne sais pas ce qui m’attend pour le chemin qui s’ouvre devant moi: sans aucun doute la croix, qui est le pain quotidien du missionnaire. Que pouvons-nous espérer de meilleur, en allant prêcher un Dieu crucifié?» écrivait saint Jean-Gabriel Perboyre dans une lettre envoyée de Chine.

Né le 6 janvier 1802 dans une ferme du Puech, sur la commune de Montgesty dans le Lot, Jean-Gabriel, entre à 15 ans au petit séminaire de Montauban, dirigé par les Lazaristes. Il y découvre la vie du père François-Régis Clet, martyrisé en Chine quelques années plus tôt et éprouve le désir de se consacrer lui aussi aux Missions en pays païen. Il choisit naturellement de s’engager dans la Congrégation fondée par saint Vincent de Paul, et en 1836, il est en-voyé en Chine. Arrivé au terme d’un difficile voyage dans la province de Henan, il y trouve une population misérable de quelques 2000 chrétiens répartis sur de grands territoires. Pour aller à leur rencontre il parcourt des centaines de kilomètres à pied, comptant pour rien la faim, la soif et la fatigue, toujours prêt, de jour comme de nuit, à courir partout où son ministère l’appelle. Il y reste deux ans avant de répondre en 1838 à une autre mission dans la province de Hubei.

En 1839, une violente persécution se déclenche contre les chrétiens.  Trahi par un de ses catéchumènes pour de l’argent, il est arrêté et cruellement torturé. Son calme et sa sérénité en imposent à ses gardiens et redonnent courage à ses compagnons. «Notre religion doit être enseignée à toutes les nations et propagée même parmi les Chinois, afin qu’ils connaissent le vrai Dieu et possèdent le bonheur au ciel», affirme-t-il devant un mandarin chargé de l’interroger. Comme un leitmotiv, il répète malgré les tortures infligées pour qu’il abjure la foi chrétienne: «Jusqu’à la mort, je refuserai de renier ma foi et de fouler aux pieds le Crucifix». 

Après une année passée dans les fers, où il subit un invraisemblable calvaire, en proie à de permanentes vexations et de mauvais traitements, tout en bénissant Jésus qui lui fait l’honneur de l’associer à ses souffrances, il est conduit le 11 septembre 1840 sur les lieux de son exécution à Wuhan, aujourd’hui tristement célèbre pour être le point de départ en 2020 de la pandémie de Covid-19, où tant de victimes mourront par asphyxie. Là, il est conduit hors de la ville, dépouillé de ses vêtements, fixé sur une croix de bois et étranglé.

«C’est la Croix du Christ qu’il trouvera sur les chemins où il est envoyé. Par l’imitation quotidienne de son Seigneur, dans l’humilité et la douceur, il s’identifiera pleinement à lui (…).  Son martyre est le sommet de son engagement à la suite du Christ missionnaire. Après avoir été torturé et condamné, reproduisant avec une extraordinaire similitude la Passion de Jésus, il ira comme lui jusqu’à la mort et la mort sur une croix. Jean-Gabriel avait une unique passion, le Christ et l’annonce de son Evangile. C’est par fidélité à cette passion que lui aussi a été mis au rang des humiliés et des condamnés, et qu’aujourd’hui l’Eglise peut proclamer solennellement sa gloire dans le chœur des saints du ciel» (Jean Paul II, Homélie pour la canonisation de Jean-Gabriel Perboyre, 2 juin 1996).

Sainte Thérèse de Lisieux avait pour lui une dévotion particulière et conservait une carte signée de sa main dans son livre de prières. C’est le même désir de travailler au salut des âmes qui brûlait son cœur: «C’est dans ce but que je me suis faite carmélite; ne pouvant être missionnaire d’action, j’ai voulu l’être par l’amour et la pénitence» (Lettre au Père Roulland, LT 189, 23 juin 1896).