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Textes pontificaux

 Textes pontificaux  FRA-009
07 août 2025

Salut au Synode de l’Eglise
grecque-catholique ukrainienne

Salle du Consistoire, 2 juillet 2025

Serviteurs du Christ
dans chaque personne blessée

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. La paix soit avec vous!

Béatitude, Eminence, chers frères dans l’épiscopat!

Après avoir salué le samedi 28 juin les nombreux pèlerins de l’Eglise grecque-catholique ukrainienne rassemblés dans la basilique Saint-Pierre, j’ai aujourd’hui la joie de vous rencontrer, vous qui célébrez votre assemblée synodale.

Ce moment, important pour vous, se déroule dans le contexte de l’Année jubilaire, qui invite tout le Peuple de Dieu à se renouveler dans l’espérance. Comme le Pape François aimait le répéter, l’espérance ne déçoit pas, car elle est fondée sur l’amour de Dieu en Jésus Christ, notre Seigneur.

Bien sûr, dans le contexte historique actuel, il n’est pas facile de vous parler d’espérance, de même qu’au peuple confié à votre soin pastoral. Il n’est pas facile de trouver des mots de consolation pour les familles qui ont perdu leurs proches dans cette guerre insensée. J’imagine que c’est le cas pour vous aussi, qui êtes chaque jour en contact avec les personnes blessées dans le cœur et dans la chair. Malgré cela, je reçois de nombreux témoignages de foi et d’espérance de la part d’hommes et de femmes de votre peuple. C’est le signe de la force de Dieu qui se manifeste au milieu des décombres de la destruction.

Je suis conscient que vous avez de nombreuses problématiques à affronter, aussi bien dans le contexte ecclésial que le contexte humanitaire. Vous êtes appelés à servir le Christ à travers chaque personne blessée et angoissée, qui se tourne vers votre communauté en demandant une aide concrète.

Je suis proche de vous, et à travers vous, je suis proche de tous les fidèles de votre Eglise. Restons unis dans l’unique foi et l’unique espérance. Notre communion est un grand mystère: c’est une réelle communion y compris avec tous les frères et les sœurs dont la vie a été arrachée de cette terre mais qui a été accueillie en Dieu. En Lui tout vit et tout trouve une plénitude de sens.

Chers amis, la certitude que la Sainte Mère de Dieu est avec nous, nous assiste, nous guide vers son Fils, qui est notre paix, nous réconforte continuellement. Par son intercession maternelle, je prie pour que la paix soit rétablie le plus vite possible dans votre patrie.

Je vous remercie et vous bénis du fond du cœur

La dernière fois, on a beaucoup aimé… [il poursuit en anglais] on a beaucoup aimé le chant du Notre Père en ukrainien. Si vous voulez chanter pour nous, nous pourrions chanter le Notre Père.

Chant du Notre Père en ukrainien.

Bénédiction du Saint-Père

Message pour la Xe Journée mondiale de prière pour la sauvegarde
de la création 2025

Semences de paix et d’espérance

Chers frères et sœurs,

le thème de cette Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création, choisi par notre bien-aimé Pape François, est «Semences de paix et d’espérance». A l’occasion du dixième anniversaire de l’institution de cette Journée, qui coïncide avec la publication de l’encyclique Laudato si’, nous sommes en plein Jubilé, «pèlerins d’espérance». C’est précisément dans ce contexte que le thème prend tout son sens.

Dans ses prédications, Jésus utilise très souvent l’image de la semence pour parler du Royaume de Dieu, et la veille de sa Passion, il l’applique à Lui-même, se comparant au grain de blé qui doit mourir pour porter du fruit (cf. Jn 12, 24). La semence se livre entièrement à la terre et là, grâce à la force irrésistible de son don, la vie germe, même dans les lieux les plus inattendus, avec une capacité surprenante à générer l’avenir. Pensons, par exemple, aux fleurs qui poussent au bord des routes: personne ne les a plantées, et pourtant elles poussent grâce à des graines qui se sont retrouvées là presque par hasard et parviennent à embellir la grisaille de l’asphalte et même à en éroder la surface dure.

Ainsi, dans le Christ, nous sommes des semences. Mais pas seulement, nous sommes des «semences de paix et d’espérance». Comme le dit le prophète Isaïe, l’Esprit de Dieu est capable de transformer le désert, aride et brûlé, en un jardin, lieu de repos et de sérénité: «l’Esprit qui vient d’en haut sera répandu sur nous. Alors le désert deviendra un verger, et le verger sera pareil à une forêt. Le droit habitera le désert, la justice résidera dans le verger. L’œuvre de la justice sera la paix, et la pratique de la justice, le calme et la sécurité pour toujours. Mon peuple habitera un séjour de paix, des demeures protégées, des lieux sûrs de repos» (Is 32, 15-18).

Ces paroles prophétiques, qui accompagneront l’initiative œcuménique «Temps de la Création» du 1er septembre au 4 octobre, affirment avec force que, avec la prière, la volonté et les actions concrètes qui rendent perceptible cette «caresse de Dieu» sur le monde sont nécessaires (cf. Laudato si’, n. 84). La justice et le droit semblent en effet remédier à l’inhospitalité du désert. Il s’agit d’une annonce d’une actualité extraordinaire. Dans différentes parties du monde, il est désormais évident que notre terre est en train de tomber en ruine. Partout, l’injustice, la violation du droit international et des droits des peuples, les inégalités et la cupidité qui en découlent produisent la déforestation, la pollution, la perte de biodiversité. Les phénomènes naturels extrêmes causés par le changement climatique induit par les activités humaines (cf. Exhort. ap. Laudate Deum, n. 5) augmentent en intensité et en fréquence, sans compter les effets à moyen et long terme de la dévastation humaine et écologique causée par les conflits armés.

Il semble qu’il n’y ait toujours pas de prise de -conscience que la destruction de la nature ne touche pas tout le monde de la même manière: bafouer la justice et la paix signifie frapper davantage les plus pauvres, les marginalisés, les exclus. La souffrance des communautés autochtones est emblématique dans ce domaine.

Et ce n’est pas tout: la nature elle-même devient parfois un instrument d’échange, un bien à négocier pour obtenir des avantages économiques ou politiques. Dans ces dynamiques, la création est transformée en champ de bataille pour le contrôle des ressources vitales, comme en témoignent les zones agricoles et les forêts devenues dangereuses à cause des mines, la politique de la «terre brûlée»1, les conflits qui éclatent autour des sources d’eau, la distribution inéquitable des matières premières, pénalisant les populations les plus faibles et minant la stabilité sociale elle-même.

Ces différentes blessures sont dues au péché. Ce n’est certainement pas ce que Dieu avait à l’esprit lorsqu’il a confié la Terre à l’homme créé à son image (cf. Gn 1, 24-29). La Bible ne promeut pas «la domination despotique de l’être humain sur la création» (Laudato si’, n. 200). Au contraire, «il est important de lire les textes bibliques dans leur contexte, avec une herméneutique adéquate, et de se souvenir qu’ils nous invitent à “cultiver et garder” le jardin du monde (cf. Gn 2, 15). Alors que “cultiver” signifie labourer, défricher ou travailler, “garder” signifie protéger, sauvegarder, préserver, soigner, surveiller. Cela implique une relation de réciprocité responsable entre l’être humain et la nature» (ibid., n. 67).

La justice environnementale — implicitement annoncée par les prophètes — ne peut plus être considérée comme un concept abstrait ou un objectif lointain. Elle représente une nécessité urgente, qui va au-delà de la simple protection de l’environnement. Il s’agit en réalité d’une question de justice sociale, économique et anthropologique. Pour les croyants, c’est en outre une exigence théologique, qui a pour les chrétiens, le visage de Jésus-Christ en qui tout a été créé et racheté. Dans un monde où les plus fragiles sont les premiers à subir les effets dévastateurs du changement climatique, de la déforestation et de la pollution, la sauvegarde de la création devient une question de foi et d’humanité.

Il est vraiment temps de passer des paroles aux actes. «Vivre la vocation de protecteurs de l’œuvre de Dieu est une part essentielle d’une existence vertueuse; cela n’est pas quelque chose d’optionnel ni un aspect secondaire dans l’expérience chrétienne» (ibid., n. 217). En travaillant avec dévouement et tendresse, on peut faire germer de nombreuses semences de justice, contribuant ainsi à la paix et à l’espérance. Il faut parfois des années avant que l’arbre donne ses premiers fruits, des années qui impliquent tout un écosystème dans la continuité, dans la fidélité, dans la collaboration et dans l’amour, surtout si cet amour devient le miroir de l’amour oblatif de Dieu.

Parmi les initiatives de l’Eglise qui sont comme des graines jetées dans ce champ, je voudrais rappeler le projet «Borgo Laudato Si’», que le Pape François nous a laissé en héritage à Castel Gandolfo, comme une semence qui peut porter des fruits de justice et de paix. Il s’agit d’un projet d’éducation à l’écologie intégrale qui se veut un exemple de la manière dont on peut vivre, travailler et faire communauté en appliquant les principes de l’encyclique Laudato si’.

Je prie le Tout-Puissant de nous envoyer en abondance son «esprit d’en haut» (Is 32, 15), afin que ces semences et d’autres similaires portent des fruits abondants de paix et d’espérance.

L’encyclique Laudato si’ accompagne l’Eglise catholique et de nombreuses personnes de bonne volonté depuis dix ans: qu’elle continue à nous inspirer et que l’écologie intégrale soit de plus en plus choisie et partagée comme voie à suivre. Ainsi se multiplieront les semences d’espérance, à «garder et cultiver» avec la grâce de notre grande et indéfectible Espérance, le Christ ressuscité. En son nom, je vous donne à tous ma Bénédiction.

Du Vatican, le 30 juin 2025, Mémoire
des premiers martyrs de l’Eglise de Rome

Léon PP. XIV

1Cf. Conseil pontifical «justice et paix», Terra e cibo, LEV 2015, pp. 51-53.

Angelus Domini

Place Saint-Pierre, 6 juillet 2025

La paix est le désir
de tous les peuples

Chers frères et sœurs, bon dimanche!

L’Evangile d’aujourd’hui (Lc 10, 1-12.17-20) nous rappelle l’importance de la mission à laquelle nous sommes tous appelés, chacun selon sa vocation et dans les situations concrètes où le Seigneur l’a placé.

Jésus envoie soixante-douze disciples (v. 1). Ce nombre symbolique indique comment l’espérance de l’Evangile est destinée à tous les peuples: telle est la largeur du cœur de Dieu, telle est son abondante moisson, c’est-à-dire l’œuvre qu’Il accomplit dans le monde afin que tous ses enfants soient touchés par son amour et soient sauvés.

En même temps, Jésus dit: «La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson» (v. 2).

D’un côté, Dieu, tel un semeur, est sorti généreusement dans le monde pour semer et a mis dans le cœur de l’homme et dans l’histoire le désir de l’infini, d’une vie pleine, d’un salut qui le libère. C’est pourquoi la moisson est abondante, le Royaume de Dieu germe comme une graine dans la terre, et les femmes et les hommes d’aujourd’hui, même lors-qu’ils semblent submergés par tant d’autres choses, attendent une vérité plus grande, sont à la recherche d’un sens plus profond à leur vie, désirent la justice, portent en eux une aspiration à la vie éternelle.

D’autre part, cependant, rares sont les ouvriers qui vont travailler dans le champ semé par le Seigneur et qui, avant même cela, sont capables de reconnaître, avec les yeux de Jésus, le bon grain prêt pour la moisson (cf. Jn 4, 35-38). Le Seigneur veut faire quelque chose de grand dans notre vie et dans l’histoire de l’humanité, pourtant, peu de personnes s’en rendent compte, s’arrêtent pour accueillir ce don, l’annoncent et le portent aux autres.

Chers frères et sœurs, l’Eglise et le monde n’ont pas besoin de personnes qui accomplissent leurs devoirs religieux en affichant leur foi comme un signe extérieur; ils ont plutôt besoin d’ouvriers désireux de travailler dans le champ de la mission, de disciples amoureux qui témoignent du Royaume de Dieu partout où ils se trouvent. Il y a peut-être des «chrétiens occasionnels» qui laissent parfois place à quelques bons sentiments religieux ou participent à certains événements ; mais rares sont ceux qui sont prêts à travailler chaque jour dans le champ de Dieu, en cultivant dans leur cœur la semence de l’Evangile pour ensuite la porter dans la vie quotidienne, en famille, sur les lieux de travail et d’étude, dans les différents milieux sociaux et auprès de ceux qui sont dans le besoin.

Pour cela, il n’est pas nécessaire d’avoir beaucoup d’idées théoriques sur des concepts pastoraux; il faut surtout prier le maître de la moisson. La relation avec le Seigneur, cultiver le dialogue avec Lui, est donc primordiale. Il fera alors de nous ses ouvriers et nous enverra dans le champ du monde comme témoins de son Royaume.

Demandons à la Vierge Marie, qui a généreusement offert son «me voici» en participant à l’œuvre du salut, d’intercéder pour nous et de nous accompagner sur le chemin à la suite du Seigneur, afin que nous puissions nous aussi devenir des ouvriers -joyeux du Royaume de Dieu.

A l’issue de l’Angelus, le Saint-Père a prononcé les paroles suivantes:

Chers frères et sœurs,

je vous salue tous avec affection, fidèles de Rome et pèlerins d’Italie et de divers pays. Dans la grande chaleur de cette période, votre marche pour franchir les Portes Saintes est encore plus courageuse et admirable!

Je salue en particulier les Sœurs franciscaines missionnaires du Sacré-Cœur, les élèves et les parents de l’école de Strzyzow et les fidèles de Legnica, en Pologne, ainsi que le groupe gréco-catholique venu d’Ukraine.

Je salue les pèlerins anglophones. Je voudrais exprimer mes sincères condoléances à toutes les familles qui ont perdu des êtres chers, en particulier leurs filles qui étaient au camp d’été, dans la catastrophe causée par les inondations de la rivière Guadalupe au Texas, aux Etats-Unis. Nous prions pour eux.

Chers amis, la paix est le désir de tous les peuples, et c’est le cri douloureux de ceux qui sont déchirés par la guerre. Demandons au Seigneur de toucher les cœurs et d’inspirer les esprits des gouvernants, afin qu’ils remplacent la violence des armes par la recherche du dialogue.

Cet après-midi, je me rendrai à Castel Gandolfo, où je compte rester pour un court séjour de repos. Je souhaite à tous de pouvoir profiter de ces vacances pour se ressourcer corps et âme.

Bon dimanche à tous!

Discours à des religieuses augustines

Salle du Consistoire, 5 juillet 2025

La culture sans vérité
est l’instrument des puissants

Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.

La paix soit avec vous!

Chères sœurs,

Je suis heureux de vous rencontrer au terme de votre Chapitre provincial: au cours de cette semaine de prière, de discernement et de planification commune, vous avez pu renouveler votre adhésion au charisme de votre fondatrice, la vénérable sœur Maria Teresa Spinelli.

Tandis que son procès en canonisation se poursuit, votre chemin de sainteté progresse lui aussi! En tant que sœurs augustines servantes de Jésus et Marie, je vous encourage à vous laisser inspirer toujours à nouveau par le nom que vous portez. Le service que vous vivez chaque jour se réalise avant tout en consacrant votre vie au Seigneur et se fortifie dans la dévotion sincère à sa Mère, à notre Mère.

En imitant sœur Maria Teresa, vous serez donc patientes dans les épreuves, car c’est précisément dans nos épreuves que le Seigneur confirme sa fidélité; vous serez courageuses dans la mission, afin que l’œuvre éducative à laquelle vous vous consacrez forme des esprits sages et des cœurs capables d’écoute et de passion envers l’humanité; vous serez persévérantes à la suite du Christ, qui est «le chemin, la vérité et la vie» (Jn 14, 6) et par conséquent le critère de chacune de nos initiatives culturelles. Nous savons qu’une culture sans vérité devient l’instrument des puissants: au lieu de libérer les consciences, elle les confond et les distrait selon les intérêts du marché, de la mode ou du succès mondain.

A ce propos, je vous conseille de reprendre une œuvre du saint Docteur, notre père Augustin, le De Magistro, afin de la méditer dans un futur proche, en recueillant les fruits de votre Chapitre. Dans cet écrit, Augustin affirme que l’enseignement extérieur doit toujours conduire à la rencontre avec le Maître intérieur, qui est Jésus (cf. I, 11). Je vous souhaite en son nom tous mes vœux pour le bien de vos communautés, et je vous donne de tout cœur ma bénédiction apostolique. Merci!

Message pour les trois ans du mensuel «L’Osservatore di strada»

5 juillet 2025

Le courage de changer
de perspective

Chers amis de «L’Osservatore di Strada», qui célébrez aujourd’hui les trois ans de la naissance du men-suel dont le premier numéro est paru le 29 juin 2022, je vous présente mes meilleurs vœux!

Je souhaite m’associer à votre fête par quelques mots qui peuvent se résumer en un: «Merci!».

Merci à vous tous qui perpétuez depuis trois ans cette expérience, petite par sa dimension mais significative. Merci pour ce journal dans lequel, comme l’a dit mon bien-aimé prédécesseur le Pape François, lors de l’Angelus du 29 juin d’il y a trois ans, «les derniers deviennent protagonistes».

C’est vous qui, par vos talents, contribuez à la réalisation de ce journal si unique, et c’est toujours vous qui le distribuez gratuitement chaque dimanche aux pèlerins présents sur la place Saint-Pierre, accompagnant ainsi le Pape par votre présence discrète, avant et après la récitation de l’Angélus.

Votre travail est important, car il nous aide à nous rappeler que le monde doit aussi être vu depuis la rue, en ayant le courage de changer de pers-pective, en brisant les schémas et les conventions qui nous empêchent souvent de voir véritablement et plus profondément et d’écouter la voix des personnes auxquelles on ne la donne pas. Meilleurs vœux, donc, et courage! Allons de l’avant ensemble, avec confiance, en continuant à apporter à la cité des hommes également des moments de la cité de Dieu. Merci!

Que le Seigneur soit toujours avec vous, frères et sœurs bien-aimés.

Et puissions-nous toujours le reconnaître en vous. Dans vos histoires, la main de Dieu est le témoignage le plus vivant que toute chose peut être rachetée et qu’aucune histoire n’est sans espoir lors-que nous croyons en l’amour de Dieu.

Saint Augustin nous le rappelle: «Bienheureux ceux qui sont doux, car ils auront la terre en héritage» (Saint Augustin, Discours 53/A, Les huit maximes des Béatitudes de l’Evangile).

Votre compassion et votre humilité sont un don précieux pour nous tous.

Votre espérance, même dans les moments difficiles, est un exemple pour l’Eglise et pour le monde.

Merci.

Léon PP. XIV

Réponse à la lettre d’une mère publiée dans la revue «Piazza San Pietro»

9 juillet 2025

Les enfants ont droit à une paix juste et durable

«Qu’en sera-t-il des rêves des enfants si une guerre mondiale venait à éclater?» L’auteur de cette question adressée à Léon XIV est Zaira, mère de famille résidant en Italie, dans une lettre publiée par «Piazza San Pietro», le magazine édité par la basilique du Vatican. Voici la réponse du Saint-Père, également présente dans le dernier numéro:

Chère Zaira,

Votre cri touche le cœur de Dieu. Et Dieu nous rejoint toujours, même dans les lieux les plus difficiles et tragiques où nous nous trouvons. Telle est notre foi et telle est notre espérance, qui ne faiblit jamais, même dans les situations les plus dramatiques. Il peut nous arriver de connaître des moments de confusion, où nous nous sentons désorientés, mais même dans ces espaces de l’âme et des territoires, Dieu — qui est amour — ne nous abandonne jamais! Nous ne devons pas l’oublier et nous sommes appelés à en témoigner à tous, à commencer par la famille dans laquelle nous vivons.

Il ne s’agit pas pour autant de rester immobiles ou inertes. Au contraire, le feu de l’amour de Dieu, à travers la rencontre avec Jésus-Christ vivant dans l’Eucharistie, nous appelle continuellement à agir pour le bien et l’unité de la famille humaine.

Comme je l’ai dit lors de ma première rencontre avec le Corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège (16 mai 2025), la paix, du point de vue chrétien — comme de celui d’autres expériences religieuses — est avant tout un don, le premier don du Christ: «Je vous donne ma paix» (Jn 14, 27). «Elle est cependant un don actif», ai-je déclaré à cette occasion, un don «engageant, qui concerne et implique chacun de nous, indépendamment de notre origine culturelle et de notre appartenance religieuse, et qui exige avant tout un travail sur soi-même. La paix se construit dans le cœur et à partir du cœur, en déracinant l’orgueil et les revendications, et en mesurant son langage, car on peut blesser et tuer aussi par des mots, pas seulement par des armes».

En ce sens, j’ai souligné la contribution fondamentale des religions à la promotion, par le dialogue, de contextes de paix. Certes, pour répondre à votre question, la situation paraît parfois désespérée, avec le risque d’une aggravation, mais c’est pour cela que nous sommes tous appelés de toute urgence à entreprendre cette purification du cœur pour construire des relations pacifiques.

C’est pourquoi nous devons intensifier notre prière au Dieu de la paix. Combien de temps consacrons-nous à la prière communautaire et personnelle pour invoquer chaque jour la paix?

Parallèlement, nous insistons sur le dialogue à tous les niveaux, afin de promouvoir une véritable culture de la rencontre plutôt que du conflit, une culture qui limite le pouvoir, comme mon bien-aimé prédécesseur, le Pape François, l’a toujours préconisé. Le défi consiste à associer la prière aux gestes courageux nécessaires et à la patience laborieuse des petits pas. La guerre ne prévaudra pas. Et les enfants ont droit à une paix authentique, juste et durable.

Aidons-nous les uns les autres sur notre chemin commun en ce Jubilé fondé sur l’espérance qui ne déçoit pas.

Merci, Zaira, pour votre réflexion.

Je vous bénis, ainsi que votre famille.

Première Messe
pour la «sauvegarde de la création»

Borgo Laudato si’, Castel Gandolfo, 9 juillet 2025

Le monde brûle,
mais il y a de l’espoir

En cette très belle journée, je voudrais tout d’abord inviter chacun de nous, à commencer par moi-même, à vivre ce que nous sommes en train de célébrer dans la beauté d’une cathédrale, pourrions-nous dire, «naturelle», avec les plantes et de nombreux éléments de la création qui nous ont conduits ici pour célébrer l’Eucharistie, ce qui signifie: rendre grâce au Seigneur.

Dans cette Eucharistie il y a de nombreuses raisons pour lesquelles nous voulons rendre grâce au Seigneur: cette célébration pourrait bien être la première selon la nouvelle forme de la Messe pour la sauvegarde de la création, qui a été également le fruit du travail des divers Dicastères du Vatican.

Et je remercie personnellement de nombreuses personnes présentes ici, qui ont travaillé en ce sens pour la liturgie. Comme vous le savez, la liturgie représente la vie et vous êtes la vie de ce centre Laudato si’. Je voudrais vous dire merci en ce moment, en cette occasion, pour tout ce que vous faites en suivant cette très belle inspiration du Pape François qui a donné cette petite portion, ces jardins, ces espaces précisément pour poursuivre la mission si importante au regard de tout ce que nous avons connu depuis que l’encyclique Laudato si’ a été publiée il y a dix ans: la nécessité de sauvegarder la création, la maison commune.

Nous sommes ici comme dans les antiques Eglises des premiers siècles, qui avaient des fonts baptismaux par lesquels il fallait passer pour ensuite entrer dans l’église. Je ne voudrais pas être baptisé dans cette eau... mais le symbole de passer par l’eau pour être tous lavés de nos péchés, de nos faiblesses, et pouvoir ainsi ensuite entrer dans le grand mystère de l’Eglise, est quelque chose que nous vivons aujourd’hui aussi. Au début de la Messe, nous avons prié pour la conversion, pour notre conversion. Je voudrais ajouter que nous devons prier pour la conversion de nombreuses personnes, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Eglise, qui ne reconnaissent pas encore l’urgence de sauvegarder la maison commune.

Un grand nombre des catastrophes naturelles auxquelles nous assistons dans le monde, presque tous les jours dans de nombreux lieux, sont causées en partie également par les excès de l’être humain, avec son mode de vie. C’est pourquoi nous devons nous demander si nous-mêmes vivons ou non cette conversion: il y en a tant besoin!

Alors, ayant dit tout cela, j’ai également une homélie que j’avais préparée et que je partagerai avec vous, je vous demande un peu de patience: il y a certains éléments qui aident vraiment à poursuivre la réflexion ce matin, en partageant ce moment familial et serein, dans un monde qui brûle, tant en raison du réchauffement terrestre qu’en raison des conflits armés, qui rendent le message du Pape François dans ses Encycliques Laudato si’ et Fratelli tutti très actuel. Nous pouvons nous retrouver précisément dans l’Evangile que nous avons écouté, en observant la peur des disciples dans la tempête, une peur qui est celle d’une grande partie de l’humanité. Mais au cœur de l’année jubilaire nous confessons — et nous pouvons le dire plusieurs fois: il y a de l’espérance! Nous l’avons rencontrée en Jésus. Il calme encore la tempête. Son pouvoir ne perturbe pas, mais crée; il ne détruit pas, mais fait exister en donnant une nouvelle vie. Et nous aussi, nous nous demandons: «Quel est celui-ci, que même les vents et la mer lui obéissent?» (Mt 8, 27).

L’étonnement, que cette question exprime, est le premier pas qui nous fait sortir de la peur. Autour du lac de Galilée, Jésus avait habité et prié. C’est là qu’il avait appelé ses premiers disciples dans leurs lieux de vie et de travail. Les paraboles, à travers lesquelles il annonçait le Royaume de Dieu, révèlent un lien profond avec cette terre et avec ces eaux, avec le rythme des saisons et la vie des créatures.

L’évangéliste Matthieu décrit la tempête comme une «agitation» de la terre (le mot seismos): Matthieu utilisera le même terme pour le tremblement de terre au moment de la mort de Jésus et à l’aube de sa résurrection. Sur cette agitation le Christ s’élève, il se tient debout: ici l’Evangile nous fait déjà voir le Ressuscité, présent dans notre histoire renversée. La menace que Jésus adresse au vent et à la mer manifeste sa puissance de vie et de salut, qui domine les forces devant lesquelles les créatures se sentent perdues.

Demandons-nous donc à nouveau: «Quel est celui-ci, que même les vents et la mer lui obéissent?» (Mt 8, 27). L’hymne de la lettre aux Colossiens que nous avons écouté semble précisément répondre à cette question: «Il est l’Image du Dieu invisible, Premier-Né de toute créature, car c’est en lui qu’ont été créées toutes choses, dans les cieux et sur la terre» (Col 1, 15-16). Ce jour-là, ses disciples, en proie à la tempête, à la peur, ne pouvaient pas encore professer cette connaissance de Jésus. Aujourd’hui, dans la foi qui nous a été transmise, nous pouvons en revanche poursuivre: «Et il est aussi la Tête du Corps, c’est-à-dire de l’Eglise: Il est le Principe, Premier-né d’entre les morts, il fallait qu’il obtînt en tout la primauté» (v. 18). Telles sont les paroles qui nous engagent tout au long de l’histoire, qui font de nous un corps vivant, le corps dont le Christ est le chef. Notre mission de sauvegarder la création, d’y apporter la paix et la réconciliation, est sa mission même: la mission que le Seigneur nous a confiée. Nous écoutons le cri de la terre, nous écoutons le cri des pauvres, parce que ce cri est parvenu au cœur de Dieu. Notre indignation est son indignation, notre travail est son travail.

A ce propos, le chant du psalmiste nous inspire: «Voix de Yahvé sur les eaux le Dieu de gloire tonne; Yahvé sur les eaux innombrables, voix de Yahvé dans la force, voix de Yahvé dans l’éclat» (Ps 29, 3-4). Cette voix engage l’Eglise à la prophétie, même lorsqu’elle exige l’audace de nous opposer au pouvoir destructeur des princes de ce monde. L’alliance indestructible entre le Créateur et les créatures, en effet, mobilise nos intelligences et nos efforts, afin que le mal soit transformé en bien, l’injustice en justice, l’avidité en communion.

Avec un amour infini, l’unique Dieu a créé toutes les choses, en nous donnant la vie: pour cela, saint François d’Assise appelle les créatures frère, sœur, mère. Seul un regard contemplatif peut changer notre relation avec les choses créées et nous faire sortir de la crise écologique qui a comme cause la rupture des relations avec Dieu, avec le prochain et avec la terre, en raison du péché (cf. Pape François, Lettre enc. Laudato si’, n. 66).

Très chers frères et sœurs, le Borgo Laudato si’, dans lequel nous nous trouvons, veut être, suivant l’intuition du Pape, un «laboratoire» dans lequel vivre l’harmonie avec la création qui est pour nous guérison et réconciliation, en élaborant des modalités nouvelles et efficaces de sauvegarder la nature qui nous a été confiée. A vous, qui vous consacrez avec zèle à réaliser ce projet, j’assure donc ma prière et mon encouragement.

L’Eucharistie que nous célébrons donne un sens et soutient notre travail. Comme l’écrit le Pape François, en effet, «Dans l’Eucharistie, la création trouve sa plus grande élévation. La grâce, qui tend à se manifester d’une manière sensible, atteint une expression extraordinaire quand Dieu fait homme, se fait nourriture pour sa créature. Le Seigneur, au sommet du mystère de l’Incarnation, a voulu rejoindre notre intimité à travers un fragment de matière. Non d’en haut, mais de l’intérieur, pour que nous puissions le rencontrer dans notre propre monde» (Pape François, Lett. enc. Laudato si’, n. 236). Depuis ce lieu je désire donc conclure ces pensées en vous confiant les paroles avec lesquelles saint Augustin, dans les dernières pages de ses Confessions, associe les choses créées et l’homme en une louange cosmique: «Que vos œuvres vous louent, afin que nous vous aimions; et que nous vous aimions, afin que vos œuvres vous louent» (Saint Augustin, Confessions, XIII, 33, 48). Telle soit l’harmonie que nous diffusons dans le monde.

Message pour la Ve Journée mondiale des grands-parents
et des personnes âgées (27 juillet)

«Heureux celui qui n’a pas perdu
l’espoir» (cf.  Si 14, 2)

Chers frères et sœurs,

le Jubilé que nous vivons nous aide à découvrir que l’espérance est toujours source de joie, à tout âge. Et quand elle est aguerrie par le feu d’une longue existence, elle devient source de béatitude parfaite.

La Sainte Ecriture présente divers cas d’hommes et de femmes déjà avancés en âge que le Seigneur implique dans ses plans de salut. Pensons à Abraham et Sara: désormais âgés, ils restent incrédules devant la parole de Dieu qui leur promet un fils. L’impossibilité d’engendrer semble avoir fermé leur regard d’espérance sur l’avenir.

La réaction de Zacharie à l’annonce de la naissance de Jean-Baptiste n’est pas différente: «A quoi connaîtrai-je cela? Car moi je suis un vieillard et ma femme est avancée en âge» (Lc 1, 18). La vieillesse, la stérilité, le déclin semblent éteindre les espérances de vie et de fécondité de tous ces hommes et femmes. Et même la question que Nicodème pose à Jésus, lorsque le Maître lui parle d’une «nouvelle naissance», semble purement rhétorique: «Comment un homme peut-il naître, étant vieux? Peut-il une seconde fois entrer dans le sein de sa mère et naître?» (Jn 3, 4). Et pourtant, chaque fois, face à une réponse apparemment évidente, le Seigneur surprend ses interlocuteurs par une intervention salvatrice.

Les personnes âgées, signes d’espérance

Dans la Bible, Dieu montre à plusieurs reprises sa providence en s’adressant à des personnes âgées. C’est le cas non seulement d’Abraham, de Sara, de Zacharie et d’Elisabeth, mais aussi de Moïse, appelé à libérer son peuple alors qu’il avait quatre-vingts ans (cf. Ex 7, 7). Par ces choix, il nous enseigne que, à ses yeux, la vieillesse est un temps de bénédiction et de grâce et que les personnes âgées sont pour lui les premiers témoins de l’espérance. «Qu’est-ce donc que ce temps de la vieillesse? — se demande saint Augustin — Dieu te répond: “Oh, que ta force disparaisse complètement, afin que ma force demeure en toi et que tu puisses dire avec l’Apôtre: Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort”» (Super Ps 70, 11). Le fait que le nombre de personnes âgées soit aujourd’hui en augmentation devient alors pour nous un signe des temps que nous sommes appelés à discerner, afin de bien lire l’histoire que nous vivons.

La vie de l’Eglise et du monde ne s’appréhende en effet que dans la succession des générations, et embrasser une personne âgée nous aide à comprendre que l’histoire ne s’épuise pas dans le présent, ni ne se consume dans des rencontres fugaces et des relations fragmentaires, mais qu’elle se déroule vers l’avenir. Dans le livre de la Genèse, nous trouvons l’épisode émouvant de la bénédiction donnée par Jacob, désormais âgé, à ses petits-enfants, les fils de Joseph: ses paroles les encouragent à regarder l’avenir avec espérance, comme au temps des promesses de Dieu (cf. Gn 48, 8-20). S’il est vrai que la fragilité des personnes âgées a besoin de la vigueur des jeunes, il est tout aussi vrai que l’inexpérience des jeunes a besoin du témoignage des personnes âgées pour projeter l’avenir avec sagesse. Combien de fois nos grands-parents ont-ils été pour nous un exemple de foi et de dévotion, de vertus civiques et d’engagement social, de mémoire et de persévérance dans les épreuves! Ce bel héritage, qu’ils nous ont remis avec espérance et amour, ne serait jamais assez, pour nous, motif de gratitude et de cohérence.

Signes d’espérance pour les personnes âgées

Depuis ses origines bibliques, le Jubilé a toujours été un temps de libération: les esclaves étaient affranchis, les dettes effacées, les terres rendues à leurs propriétaires d’origine. C’était un moment de restauration de l’ordre social voulu par Dieu, où les inégalités et les oppressions accumulées au fil des ans étaient réparées. Jésus renouvelle ces événements de libération lorsqu’il proclame, dans la synagogue de Nazareth, la bonne nouvelle aux pauvres, la vue aux aveugles, la libération des prisonniers et le retour à la liberté pour les opprimés (cf. Lc 4, 16-21).

En regardant les personnes âgées dans cette pers-pective jubilaire, nous sommes nous aussi appelés à vivre avec elles une libération, surtout de la solitude et de l’abandon. Cette année est le moment propice pour y parvenir: la fidélité de Dieu à ses promesses nous enseigne qu’il y a une béatitude dans la vieillesse, une joie authentiquement évangélique, qui nous demande d’abattre les murs de l’indifférence dans lesquels les personnes âgées sont souvent enfermées. Nos sociétés, sous toutes les latitudes, s’habituent trop souvent à laisser une partie si importante et si riche de leur tissu social être mise à l’écart et oubliée.

Face à cette situation, un changement d’attitude s’impose, qui témoigne d’une prise de responsabilité de la part de toute l’Eglise. Chaque paroisse, chaque association, chaque groupe ecclésial est appelé à devenir protagoniste d’une «révolution» de la gratitude et d’attention, à réaliser en rendant fréquemment visite aux personnes âgées, en créant pour elles et avec elles des réseaux de soutien et de prière, en tissant des relations qui puissent donner espoir et dignité à ceux qui se sentent oubliés. L’espérance chrétienne nous pousse toujours à oser davantage, à voir grand, à ne pas nous contenter du status quo. Dans le cas présent, à œuvrer pour un changement qui redonne aux personnes âgées estime et affection.

C’est pourquoi le Pape François a souhaité que la Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées soit célébrée avant tout en rencontrant ceux qui sont seuls. Et pour la même raison, il a été décidé que les personnes qui ne pourront pas venir en pèlerinage à Rome cette année pourront «bénéficier de l’Indulgence jubilaire en visitant durant un temps suffisant […] les vieillards isolés accomplissant ainsi un pèlerinage auprès du Christ présent en eux (cf. Mt 25, 34-36)» (Pénitencerie apostolique, Note sur L’indulgence plénière, n. 3). Rendre visite à une personne âgée est une manière de rencontrer Jésus qui nous libère de l’indifférence et de la solitude.

En tant que personne âgée, on peut espérer

Le livre du Siracide affirme que la béatitude appartient à ceux qui n’ont pas perdu l’espérance (cf. 14, 2), laissant entendre que dans notre vie — surtout si elle est longue — il peut y avoir de nombreuses raisons de regarder en arrière plutôt que vers l’avenir. Pourtant, comme l’a écrit le Pape François lors de sa dernière hospitalisation, «nos corps sont faibles, mais rien ne nous empêche d’aimer, de prier, de donner de nous-mêmes, d’être les uns pour les autres, dans la foi, des signes lumineux d’espérance» (Angelus, 16 mars 2025). Nous avons une liberté qu’aucune difficulté ne peut nous enlever: celle d’aimer et de prier. Tous, toujours, nous pouvons aimer et prier.

Le bien que nous voulons pour nos proches — notre conjoint avec qui nous avons passé une grande partie de notre vie, nos enfants, nos petits-enfants qui égayent nos journées — ne s’éteint pas lors-que nos forces déclinent. Au contraire, c’est souvent leur affection qui réveille nos énergies, nous apportant espoir et réconfort.

Ces signes de vitalité de l’amour, qui ont leur racine en Dieu lui-même, nous donnent du courage et nous rappellent que «même si en nous l’homme extérieur va vers sa ruine, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour» (2 Co 4, 16). C’est pourquoi, surtout en tant que personnes âgées, persévérons avec confiance dans le Seigneur. Laissons-nous renouveler chaque jour par la rencontre avec Lui, dans la prière et dans la sainte messe. Transmettons avec amour la foi que nous avons vécue pendant tant d’années, dans notre famille et dans nos rencontres quotidiennes: louons toujours Dieu pour sa bienveillance, cultivons l’unité avec nos proches, ouvrons notre cœur à ceux qui sont plus éloignés et, en particulier, à ceux qui sont dans le besoin. Nous serons des signes d’espérance, à tout âge.

Du Vatican, le 26 juin 2025

Léon PP. XIV

Message du Pape
signé par le cardinal Parolin
pour le «AI for Good Summit 2025»

L’humain au centre des normes sur les nouvelles technologies

Au nom de Sa Sainteté Léon XIV, je voudrais adresser mes salutations cordiales à tous les participants au AI for Good Summit 2025, organisé par l’Union internationale des télécommunications (UIT), en collaboration avec d’autres agences des Nations unies, et co-organisé par le gouvernement suisse. Etant donné que ce sommet coïncide avec le 160e anniversaire de la fondation de l’UIT, je désire féliciter tous les membres et le personnel pour leur travail et leur engagement constant en vue de promouvoir la coopération mondiale afin d’apporter les bénéfices des technologies de la communication à toutes les personnes dans le monde.

Connecter la famille humaine grâce à la communication télégraphique, radiophonique, téléphonique, numérique et spatiale présente des défis, en particulier dans les zones rurales et à faibles revenus, où environ 2,6 milliards de personnes n’ont toujours pas accès aux technologies de communication.

L’humanité se trouve à un carrefour face à l’immense potentiel généré par la révolution numérique guidée par l’intelligence artificielle. L’impact de cette révolution est considérable, transformant des domaines tels que l’éducation, le travail, l’art, les soins de santé, l’administration, le domaine militaire et la communication. Ce changement historique exige responsabilité et discernement, afin de garantir que l’IA soit développée et utilisée pour le bien commun, en construisant des ponts de dialogue et en promouvant la fraternité, et en veillant à ce qu’elle serve les intérêts de l’humanité dans son ensemble.

Alors que l’IA devient capable de s’adapter de manière autonome à de nombreuses situations en effectuant des choix purement techniques fondés sur des algorithmes, il est fondamental de prendre en compte ses implications anthropologiques et éthiques, les valeurs en jeu, les obligations et les cadres réglementaires nécessaires pour soutenir ces valeurs. En effet, même si l’IA peut simuler certains aspects du raisonnement humain et accomplir des tâches spécifiques avec une rapidité et une efficacité incroyables, elle ne peut reproduire le discernement moral ou la capacité à nouer des relations authentiques. Par conséquent, le développement de ces progrès techno-logiques doit aller de pair avec le respect des valeurs humaines et sociales, la capacité de juger avec une conscience tranquille et une plus grande responsabilité humaine. Ce n’est pas un hasard si cette époque de profonde innovation a poussé de nombreuses personnes à réfléchir sur ce que signifie être humains et au rôle de l’humanité dans le monde.

Bien que la responsabilité de l’utilisation éthique des systèmes d’IA revienne en premier lieu à ceux qui les développent, les gèrent et les supervisent, cette responsabilité est également partagée par ceux qui les utilisent. L’IA nécessite donc une gestion éthique appropriée et des cadres réglementaires centrés sur la personne humaine, qui vont au-delà des simples critères d’utilité ou d’efficacité. En substance, nous ne devons jamais perdre de vue l’objectif commun de contribuer à cette «tranquillitas ordinis, c’est-à-dire la tranquillité de l’ordre», comme l’a définie saint Augustin (De civitate Dei), et de promouvoir un ordre de relations sociales plus humain, ain-si que des sociétés pacifiques et justes au service du développement humain intégral et du bien de la famille humaine.

Au nom du Pape Léon XIV, je souhaite profiter de cette occasion pour vous encourager à rechercher la clarté éthique et à établir une gestion coordonnée locale et mondiale de l’IA, fondée sur la reconnaissance commune de la dignité inhérente et des libertés fondamentales de la personne humaine. Le Saint-Père vous assure volontiers de ses prières dans votre engagement pour le bien commun.

Discours aux Chapitres généraux
de huit instituts religieux

Villas pontificales de Castel Gandolfo, 12 juillet 2025

Des visages différents
de l’amour de Dieu

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Que la paix soit avec vous.

Bienvenue à tous! Asseyons-nous et réfléchissons ensemble un instant.

Chers frères et sœurs,

Je vous souhaite la bienvenue avec joie à l’occasion de vos chapitres et assemblées. Je salue les supérieurs généraux, les membres des conseils et vous tous.

Vous êtes réunis pour prier, discuter et réfléchir ensemble à ce que le Seigneur vous demande pour l’avenir. Vos fondateurs et fondatrices, dociles à l’action de l’Esprit Saint, vous ont laissé en héritage divers charismes pour l’édification du Corps du Christ (cf. Ep 4, 11-12); et c’est précisément pour que celui-ci grandisse selon le dessein de Dieu que l’Eglise vous demande le service que vous accomplissez (cf. Conc. œcum. Vat. II, Décr. Perfectae Caritatis, n. 4)

Vos Instituts respectifs incarnent des aspects complémentaires de la vie et de l’œuvre de tout le Peuple de Dieu: l’offrande de soi en union avec le Sacrifice du Christ, la mission ad gentes, l’amour envers l’Eglise préservé et transmis, l’éducation et la formation des jeunes. Ce sont là des manières différentes d’exprimer sous une forme charismatique la réalité unique et éternelle qui les anime toutes: l’amour de Dieu pour l’humanité.

Comme à l’accoutumée, chacune de vos Congrégations a identifié des perspectives particulières à la lumière desquelles réinterpréter l’héritage reçu, mettre à jour et actualiser son contenu. Ces axes de travail, choisis lors du temps de préparation, dans la prière et l’écoute mutuelle, sont aussi un don précieux, fruit de l’Esprit. C’est Lui qui, par la contribution de nombreuses personnes, sous la conduite des Pasteurs, «aide ainsi la communauté chrétienne à cheminer dans la charité vers la pleine vérité (cf. Jn 16, 13)» (Benoît XVI, Homélie lors de la messe d’ouverture de la Ve Conférence générale de l’épiscopat latino-américain et des Caraïbes, 13 mai 2007). Vous avez ainsi formulé des orientations qui contiennent des rappels fondamentaux: renouveler un esprit missionnaire authentique, faire siens les sentiments «qui étaient en Jésus-Christ» (cf. Ph 2, 5), enraciner l’espérance en Dieu (cf. Is 40, 31), maintenir vive la flamme de l’Esprit dans nos cœurs (cf. 1 Th 5, 16-19), promouvoir la paix, cultiver la coresponsabilité pastorale dans les Eglises locales, et bien plus encore. Etre à leurs côtés et faire mémoire d’eux ensemble, en ce moment, nous aide à saisir la richesse de notre appartenance à une communauté, surtout en tant que religieux et religieuses, engagés dans la même aventure merveilleuse de «suivre le Christ de plus près» (Catéchisme de l’Eglise catholique, n. 916).

Puisse tout cela renouveler et confirmer en chacun de nous la conscience et la joie d’être Eglise, et vous inciter en particulier, dans votre discernement pendant vos chapitres, à voir grand, tels des parties uniques d’un projet qui vous dépasse et vous engage au-delà de vos propres attentes: le projet de salut par lequel Dieu veut ramener à lui toute l’humanité, comme une seule grande famille (cf. François, Audience générale, 29 mai 2013). Tel est l’esprit dans lequel sont nés vos Instituts, et tel est l’horizon vers lequel tout effort doit se diriger, afin de contribuer, par de petites lumières, à diffuser sur toute la terre la lumière du Christ, qui ne s’éteint jamais (cf. Missel romain, Proclamation de Pâques).

Chers amis, demandons ensemble au Seigneur d’être dociles à la voix de son Esprit, qui «enseigne toutes choses» (cf. Jn 14, 26) et sans l’aide duquel, dans notre faiblesse, nous ne savons même pas ce qu’il est juste de demander (cf. Rm 8, 26).

Merci pour votre travail et votre présence fidèle dans tant de régions du monde. Je vous bénis du fond du cœur et je prie pour vous. Merci!

Prions ensemble:

[Notre Père]

[Bénédiction]

Merci à tous!

Messe à la paroisse pontificale
de Saint-Thomas de Villeneuve

Castel Gandolfo, 13 juillet 2025

Nous avons besoin
d’une révolution de l’amour

Frères et sœurs,

Je partage avec vous la joie de célébrer cette Eucharistie et je voudrais saluer toutes les personnes présentes, la communauté paroissiale, les prêtres, l’évêque du diocèse, Son Excellence, les autorités civiles et militaires.

L’Evangile de ce dimanche, que nous venons d’entendre, est l’une des paraboles les plus belles et les plus suggestives racontées par Jésus. Nous connaissons tous la parabole du bon Samaritain (Lc 10, 25-37).

Ce récit continue aujourd’hui encore à nous défier, il remet en question notre vie, il secoue la tranquillité de nos consciences endormies ou distraites, et il nous met en garde contre le risque d’une foi accommodante, installée dans l’observance extérieure de la loi mais incapable de ressentir et d’agir avec les mêmes entrailles compatissantes de Dieu.

La compassion, en effet, est au cœur de la parabole. Et s’il est vrai que dans le récit évangélique, elle est décrite par les actions du Samaritain, la première chose que la péricope souligne, c’est le regard. En effet, devant un homme blessé qui se trouve au bord de la route après être tombé sur des bandits, on dit du prêtre et du lévite: «il le vit et passa de l’autre côté» (v. 32); du Samaritain, en revanche, l’Evangile dit: «il le vit et fut saisi de compassion (v. 33).

Chers frères et sœurs, le regard fait la différence, car il exprime ce que nous avons dans le cœur: on peut voir et passer outre ou voir et ressentir de la compassion. Il y a une vision extérieure, distraite et hâtive, une vision qui fait semblant de ne pas voir, c’est-à-dire sans se laisser toucher ni interpeller par la situation; et il y a cependant une vision, celle du cœur, avec un regard plus profond, empreint d’empathie, qui nous fait entrer dans la situation de l’autre, nous fait participer intérieurement, nous touche, nous bouleverse, interroge notre vie et notre responsabilité.

Le premier regard dont la parabole veut nous parler est celui que Dieu a posé sur nous, afin que nous apprenions nous aussi à avoir ses mêmes yeux, remplis d’amour et de compassion les uns pour les autres. Le bon Samaritain, en effet, est avant tout l’image de Jésus, le Fils éternel que le Père a envoyé dans l’histoire précisément parce qu’il a regardé l’humanité sans passer outre, avec des yeux, avec un cœur, avec des entrailles remplis d’émotion et de compassion. Comme celui de l’Evangile qui descendait de Jérusalem à Jéricho, l’humanité descendait dans les abîmes de la mort et, aujourd’hui encore, elle doit souvent faire face à l’obscurité du mal, à la souffrance, à la pauvreté, à l’absurdité de la mort; Mais Dieu nous a regardés avec compassion, il a voulu emprunter Lui-même notre route, il est descendu parmi nous et, en Jésus, le bon Samaritain, il est venu guérir nos blessures, en versant sur nous l’huile de son amour et de sa miséricorde.

Le Pape François nous a souvent rappelé que Dieu est miséricorde et compassion, et il a affirmé que Jésus «est la compassion du Père envers nous» (Angelus du 14 juillet 2019). Il est le bon Samaritain qui est venu à notre rencontre; Lui, dit saint Augustin, «a daigné s’appeler notre prochain. Car Jésus-Christ s’est peint sous les traits du Samaritain secourant ce malheureux, abandonné sur le chemin par les voleurs, couvert de blessures et à demi-mort» (La Doctrine chrétienne, I, 30.33).

Nous comprenons alors pourquoi la parabole met au défi chacun de nous: puisque le Christ est la manifestation d’un Dieu compatissant, croire en Lui et le suivre comme ses disciples signifie se laisser transformer afin que nous puissions avoir nous aussi les mêmes sentiments que Lui: un cœur qui s’émeut, un regard qui voit et ne passe pas outre, deux mains qui secourent et apaisent les blessures, des épaules solides qui prennent le fardeau de ceux qui sont dans le besoin.

La première lecture d’aujourd’hui, en nous faisant écouter les paroles de Moïse, nous dit qu’obéir aux commandements du Seigneur et se convertir à Lui ne signifie pas multiplier les actes extérieurs, mais qu’il s’agit plutôt de revenir en notre cœur pour découvrir que c’est précisément là que Dieu a écrit la loi de l’amour. Si, dans l’intimité de notre vie, nous découvrons que le Christ, comme le bon Samaritain, nous aime et prend soin de nous, nous sommes alors portés nous aussi à aimer de la même manière et nous deviendrons compatissants comme Lui. Guéris et aimés par le Christ, nous devenons nous aussi des signes de son amour et de sa compassion dans le monde.

Frères et sœurs, nous avons aujourd’hui besoin de cette révolution de l’amour. Aujourd’hui, cette route qui descend de Jérusalem vers Jéricho, une ville située au-dessous du niveau de la mer, est la route empruntée par tous ceux qui sombrent dans le mal, dans la souffrance et dans la pauvreté; c’est la route de nombreuses personnes accablées par les difficultés ou blessées par les circonstances de la vie; c’est la route de tous ceux qui «descendent plus bas» jusqu’à se perdre et toucher le fond; et c’est la route de nombreux peuples dépouillés, volés et pillés, victimes de systèmes politiques oppressifs, d’une économie qui les contraint à la pauvreté, de la guerre qui tue leurs rêves et leurs vies.

Et nous, que faisons-nous? Est-ce que nous regardons et passons outre, ou bien nous laissons-nous transpercer le cœur comme le Samaritain? Parfois, nous nous contentons de faire notre devoir ou nous considérons notre prochain seulement celui qui fait partie de notre cercle, celui qui pense comme nous, celui qui a la même nationalité ou la même religion; mais Jésus renverse la perspective en nous présentant un Samaritain, un étranger et un hérétique qui se fait proche de cet homme blessé. Et il nous demande de faire de même.

Le Samaritain, écrivait Benoît XVI, «ne demande pas jusqu’où s’étendent ses devoirs de solidarité, ni quels mérites lui assureront la vie éternelle. Les choses se passent autrement: il a le cœur déchiré [...]. Si la question avait été: “Le Samaritain est-il lui aussi mon prochain?”, la réponse aurait été, dans la situation donnée, un “non” sans équivoque. Mais Jésus renverse les choses. Le Samaritain, l’étranger, se fait lui-même mon prochain et me montre que je dois apprendre par moi-même, de l’intérieur, à être le prochain de tous, et que la réponse se trouve déjà en moi. Il me faut devenir quelqu’un qui aime, une personne dont le cœur se laisse bouleverser par la détresse de l’autre». (Jésus de Nazareth, n. 221-222).

Voir sans passer outre, arrêter nos courses effrénées, laisser que la vie de l’autre, quel qu’il soit, avec ses besoins et ses souffrances, me brise le cœur. C’est cela qui nous rend proches les uns des autres, qui engendre une véritable fraternité, qui fait tomber les murs et les barrières. Et finalement l’amour se fraye un chemin, en devenant plus fort que le mal et que la mort.

Chers amis, regardons le Christ, le bon Samaritain, et écoutons aujourd’hui encore sa voix qui dit à chacun de nous: «Va, et toi aussi, fais de même» (v. 37).

Au terme de la Messe, le Pape a prononcé les paroles improvisées suivantes:

Je voudrais maintenant remettre un petit cadeau au curé de cette paroisse pontificale, en souvenir de notre célébration d’aujourd’hui [applaudissements]. La patène et le calice avec lesquels nous célébrons l’Eucharistie sont des instruments de communion, et peuvent être une invitation pour nous tous à vivre en communion, à promouvoir véritablement cette fraternité, cette communion que nous vivons en Jésus-Christ.

Angelus Domini

Castel Gandolfo, 13 juillet 2025

Paix pour ceux qui souffrent
à cause des violences et des guerres

Chers frères et sœurs, bon dimanche!

L’Evangile d’aujourd’hui commence par une très belle question posée à Jésus: «Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle?» (Lc 10, 25). Ces mots expriment un désir constant dans notre vie: le désir du salut, c’est-à-dire d’une existence exempt d’échec, de mal et de mort.

Ce que le cœur de l’homme espère est décrit comme un bien à hériter: il ne s’agit pas de le conquérir par la force, ni de le quémander comme des esclaves, ni de l’obtenir par contrat. La vie éternelle, que Dieu seul peut donner, est transmise en héritage à l’homme comme d’un père à son fils.

C’est pourquoi Jésus répond à notre question: pour recevoir le don de Dieu, il faut accueillir sa volonté. Comme il est écrit dans la Loi: «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur» et «ton prochain comme toi-même» (Lc 10, 27; cf. Dt 6, 5; Lv 19, 18). Ce faisant, nous répondons à l’amour du Père: la volonté de Dieu est, en effet, cette loi de vie que Dieu pratique Lui-même à notre égard, en nous aimant de tout son être en son Fils Jésus.

Frères et sœurs, regardons vers Lui! Jésus est la révélation du véritable amour envers Dieu et envers l’homme: un amour qui se donne et ne possède pas, un amour qui pardonne et ne prétend rien, un amour qui secourt et n’abandonne jamais. Dans le Christ, Dieu s’est fait proche de chaque homme et de chaque femme: c’est pourquoi chacun peut et doit devenir proche de ceux qu’il rencontre sur son chemin. A l’exemple de Jésus, Sauveur du monde, nous sommes nous aussi appelés à apporter consolation et espérance, en particulier à ceux qui sont découragés et déçus.

Pour vivre éternellement, il n’est donc pas nécessaire d’esquiver la mort, mais de servir la vie, c’est-à-dire de prendre soin de l’existence des autres dans le temps que nous partageons. Telle est la loi suprême, qui précède toute règle sociale et lui donne son sens.

Demandons à la Vierge Marie, Mère de miséricorde, de nous aider à accueillir dans notre cœur la volonté de Dieu, qui est toujours volonté d’amour et de salut, afin d’être chaque jour des artisans de paix.

A l’issue de l’Angélus, le Pape a prononcé les paroles suivantes:

Chers frères et sœurs,

Je suis heureux d’être ici parmi vous, à Castel Gandolfo, pour quelques jours de repos. Je salue les autorités civiles et militaires présentes et je vous remercie tous pour votre accueil chaleureux.

Hier, Lycarion May (de son vrai nom François Benjamin) a été béatifié à Barcelone. Frère de l’Institut des Frères Maristes des Ecoles, il a été tué en haine de la foi en 1909. Dans des circonstances hostiles, il a vécu avec dévouement et courage sa mission éducative et pastorale. Puisse le témoignage héroïque de ce martyr être une source d’inspiration pour tous, en particulier pour ceux qui œuvrent à l’éducation des jeunes.

Je salue la Communauté pastorale Bienheureux Agostino da Tarano du Collège Saint-Augustin de Chiclayo, au Pérou, également présente ici à Rome pour célébrer le Jubilé. Je salue les moniales augustines en formation ici présentes.

Nous accueillons avec plaisir le chœur des enfants de l’Académie Musicale de Liesse, de France. Merci de votre présence et de votre engagement dans le chant et la musique.

Au cours des mois d’été, de nombreuses initiatives sont organisées avec les enfants et les jeunes, et je tiens à remercier les éducateurs et les animateurs qui se consacrent à ce service. Dans ce contexte, je voudrais rappeler l’importante initiative du Giffoni Film Festival, qui rassemble des jeunes du monde entier et qui sera consacré cette année au thème «Devenir humain».

Frères et sœurs, n’oublions pas de prier pour la paix et pour tous ceux qui, à cause de la violence et de la guerre, se trouvent dans une situation de souffrance et de besoin.

Bon dimanche à tous!

Discours au pèlerinage œcuménique orthodoxe catholique des Etats-Unis

Palais apostolique de Castel Gandolfo, 17 juillet 2025

Aux racines de la foi sur le chemin de l’unité et de la charité

Mes chers frères et sœurs,

Je vous adresse à tous une salutation cordiale, en particulier au Métropolite Elpidophoros et au cardinal Tobin, que je remercie d’avoir organisé cette rencontre dans le cadre de votre pèlerinage. Vous êtes tous les bienvenus. Je suis désolé de mon léger retard. Plusieurs rendez-vous étaient programmés ce matin. Mais je suis très heureux de passer ce moment avec vous dans ce lieu merveilleux, Castel Gandolfo.

Vous êtes partis des Etats-Unis qui, comme vous le savez, sont aussi mon pays natal, pour ce voyage, qui veut être un retour aux origines, sources, lieux et mémoires des apôtres Pierre et Paul à Rome, et de l’apôtre André à Constantinople. C’est aussi une façon de vivre de façon renouvelée et concrète la foi qui vient du fait d’entendre l’Evangile, d’écouter l’Evangile qui nous a été transmis par les apôtres (cf. Rm 10, 16). Il est significatif que votre pèlerinage ait lieu cette année, au cours de laquelle nous célébrons les mille sept cents ans du Concile de Nicée. Le Symbole de foi adopté par l’assemblée des pères demeure — avec les ajouts apportés au Concile de Constantinople en 381 — le patrimoine commun de tous les chrétiens, pour un grand nombre desquels le Credo est une partie intégrante de leurs célébrations liturgiques. De plus, par une coïncidence providentielle, cette année, les deux calendriers utilisés par nos Eglises coïncident, et nous avons donc pu élever d’une seule voix l’Alleluia pascal: «Le Christ est ressuscité! Il est vraiment ressuscité!».

Ces paroles proclament que les ténèbres du péché et de la mort ont été vaincues par l’Agneau qui a été immolé, Jésus Christ notre Seigneur. Cela nous emplit d’une grande espérance, car nous savons qu’aucun cri de victimes innocentes de violence, aucune lamentation de mères pleurant leurs enfants ne seront ignorés. Notre espérance réside en Dieu, et précisément parce que nous puisons constamment à la source inépuisable de sa grâce, nous sommes appelés à être témoins et messagers d’espérance. L’Eglise catholique célèbre actuellement son année jubilaire, dont la devise, choisie par mon prédécesseur le Pape François, est «Peregrinantes in Spe», c’est-à-dire pèlerins dans l’espérance. Eminence, Métropolite Elpidophoros, votre nom lui-même nous indique que vous êtes un messager d’espérance! Je forme le vœu que votre pèlerinage vous confirmera tous dans l’espérance qui découle de notre foi dans le Seigneur ressuscité.

Ici, à Rome, vous vous êtes arrêtés en prière sur les tombes de Pierre et Paul. A présent que vous allez visiter le siège de Constantinople, je vous prie d’apporter mes salutations et mon baiser, un baiser de paix, à mon vénéré frère le Patriarche Bartholomée, qui a cordialement assisté à la Sainte Messe d’inauguration de mon pontificat. J’espère pouvoir vous rencontrer à nouveau dans quelques mois pour participer à la commémoration œcuménique du Concile de Nicée.

Votre pèlerinage représente l’un des fruits abondants du mouvement œcuménique visant à restaurer la pleine unité parmi tous les disciples du Christ en accord avec la prière du Seigneur lors de la Cène, lorsque Jésus a dit: «afin que tous soient un» (Jn 17, 21). Nous considérons parfois comme évidents ces signes de partage et de fraternité qui, bien que ne signifiant pas la pleine unité, manifestent déjà le progrès théologique et le dialogue de charité qui ont caractérisé les récentes décennies. Le 7 décembre 1965, à la veille de la conclusion du Concile Vatican II, mon prédécesseur saint Paul VI et le patriarche Athénagoras, ont signé une déclaration commune, éliminant de la mémoire et au sein de l’Eglise les sentences d’excommunication qui ont suivi les événements de l’année 1054. Avant cela, un pèlerinage comme le vôtre n’aurait probablement pas même été possible. L’action de l’Esprit Saint a créé dans les cœurs la disponibilité à accomplir ces pas comme présage prophétique d’unité pleine et visible. Pour notre part, nous devons nous aussi continuer d’implorer du Paraclet, le Consolateur, la grâce de poursuivre le chemin de l’unité et de la charité fraternelle.

L’unité entre les croyants dans le Christ est l’un des signes du don divin de la consolation; l’Ecriture promet qu’«à Jérusalem vous serez consolés» (Isaïe 66, 13). Rome, Constantinople et tous les autres sièges ne sont pas appelés à se disputer la primauté, pour ne pas risquer de nous retrouver dans la situation des disciples qui, le long du chemin, alors même que Jésus annonçait sa passion imminente, se disputaient pour savoir lequel d’entre eux était le plus grand (cf. Mc 9, 33-37).

Dans sa Bulle d’indiction pour l’année jubilaire, le Pape François a souligné que «cette Année Sainte guidera la marche vers un autre anniversaire fondamental pour tous les chrétiens. En 2033 seront célébrés les deux mille ans de la Rédemption accomplie par la passion, la mort et la résurrection du Seigneur Jésus» (Spes Non Confundit, 6). Nous avons tous besoin de revenir spirituellement à Jérusalem, la Cité de la Paix, où Pierre, André et tous les apôtres, après les journées de la passion et de la résurrection du Seigneur, ont reçu l’Esprit Saint à la Pentecôte, et à partir de là ont témoigné du Christ jusqu’aux extrémités de la terre.

Puisse notre retour aux racines de notre foi nous faire faire l’expérience à tous du don de la consolation de Dieu et nous rendre capables, comme le Bon Samaritain, de déverser l’huile du réconfort et le vin de la joie sur l’humanité d’aujourd’hui. Merci.

Messe dans la basilique
d’Albano Laziale

Basilique d’Albano Laziale, 20 juillet 2025

Service et écoute pour promouvoir
la culture de la paix

Chers frères et sœurs,

Je suis très heureux d’être ici aujourd’hui pour célébrer l’Eucharistie dominicale dans cette belle cathédrale. Comme vous le savez, je devais arriver le 12 mai, mais le Saint-Esprit en a décidé autrement. Mais je suis vraiment heureux et, dans cette fraternité, cette joie chrétienne, je salue tous ceux qui sont ici présents, Son Eminence, l’évêque du diocèse, les autorités présentes et vous tous.

Dans la liturgie d’aujourd’hui, la première Lecture et l’Evangile nous parlent d’hospitalité, de service et d’écoute (cf. Gn 18, 1-10; Lc 10, 38-42).

Dans le premier cas, Dieu rend visite à Abraham en la personne de «trois hommes» qui viennent à sa tente «à l’heure la plus chaude du jour» (cf. Gn 18, 1-2). Nous pouvons imaginer la scène: le soleil brûlant, le calme immobile du désert, la chaleur intense et les trois inconnus qui cherchent un abri. Abraham, assis «à l’entrée de la tente», est dans la position de maître de maison, et il est très beau de voir comment il exerce son rôle: ayant reconnu la présence de Dieu dans les visiteurs, il se lève, court à leur rencontre, se prosterne jusqu’à terre, les prie de s’arrêter. Ainsi, toute la scène s’anime. L’immobilité de l’après-midi se remplit de gestes d’amour qui impliquent non seulement le Patriarche, mais aussi Sara, sa femme et les serviteurs. Abraham n’est plus assis, mais «il se tenait debout près d’eux, sous l’arbre» (Gn 18, 8), et là, Dieu lui annonce la plus belle nouvelle qu’il pouvait espérer: «Sara, ta femme, aura un fils» (Gn 18, 10).

La dynamique de cette rencontre peut nous faire réfléchir: Dieu choisit la voie de l’hospitalité pour rencontrer Sara et Abraham et leur donner l’annonce de leur fécondité, qu’ils désiraient tant et auquel ils ne croyaient plus. Après tant de moments de grâce où il leur avait déjà rendu visite, il revient frapper à leur porte, demandant accueil et confiance. Et les deux époux âgés répondent positivement, sans savoir encore ce qui va se passer. Ils reconnaissent dans ces visiteurs mystérieux sa bénédiction, sa présence même. Ils leur offrent ce qu’ils ont: la nourriture, la compagnie, le service, l’ombre d’un arbre. Ils reçoivent la promesse d’une vie nouvelle et d’une descendance.

De même, dans des circonstances différentes, l’Evangile nous parle aussi de la même manière d’agir de Dieu. En effet ici aussi, Jésus se présente comme un invité chez Marthe et Marie. Il n’est pas un étranger: il est chez des amis et l’ambiance est festive. L’une des sœurs l’accueille avec mille attentions, tandis que l’autre l’écoute assise à ses pieds, avec l’attitude typique du disciple envers son maître. Comme nous le savons, aux plaintes de la première, qui aimerait avoir un peu d’aide dans les tâches pratiques, Jésus répond en l’invitant à apprécier la valeur de l’écoute (cf. Lc 10, 41-42).

Il serait toutefois erroné de voir ces deux attitudes comme opposées l’une à l’autre, tout comme de faire des comparaisons entre les deux femmes. Le service et l’écoute sont en effet deux dimensions jumelles de l’accueil.

Tout d’abord dans notre relation avec Dieu. S’il est important que nous vivions notre foi dans la concrétisation de l’action et dans la fidélité à nos devoirs, selon l’état et la vocation de chacun, il est toutefois fondamental que nous le fassions en partant de la méditation de la Parole de Dieu et de l’attention à ce que l’Esprit Saint suggère à notre cœur, en réservant à cette fin des moments de silence, des moments de prière, des moments où, en faisant taire les bruits et les distractions, nous nous recueillons devant Lui et nous faisons l’unité en nous. C’est une dimension de la vie chrétienne que nous avons particulièrement besoin de retrouver aujourd’hui, tant comme valeur personnelle et communautaire que comme signe prophétique pour notre temps: faire place au silence, à l’écoute du Père qui parle et «voit dans le secret» (Mt 6, 6). A cette fin, les jours d’été peuvent être un moment providentiel pour expérimenter combien l’intimité avec Dieu est belle et importante, et combien elle peut nous aider à être plus ouverts, plus accueillants les uns envers les autres.

Ce sont des jours où nous avons plus de temps libre, tant pour nous recueillir et méditer que pour nous rencontrer, en nous déplaçant et nous rendant visite. Profitons-en pour savourer, après le tourbillon des engagements et des préoccupations, quelques moments de calme, de recueillement, ainsi que pour partager, en nous rendant quelque part, la joie de nous voir — comme pour moi, aujourd’hui, ici —, faisons-en l’occasion de prendre soin les uns des autres, d’échanger nos expériences, nos idées, de nous offrir mutuellement compréhension et conseils: cela nous fait sentir aimés, et nous en avons tous besoin. Faisons-le avec courage. Nous promouvrons ainsi, dans la solidarité, dans le partage de la foi et de la vie, une culture de paix, en aidant aussi ceux qui nous entourent à surmonter les fractures, les hostilités et à construire la communion: entre les personnes, entre les peuples, entre les religions.

Le Pape François disait que «si nous voulons goûter la vie avec joie, nous devons associer ces deux attitudes: d’une part, le fait “d’être aux pieds” de Jésus, pour l’écouter pendant qu’il nous révèle le secret de chaque chose; d’autre part, être attentifs et ouverts à l’hospitalité, quand Il passe et frappe à notre porte, avec le visage de l’ami qui a besoin d’un moment de repos et de fraternité» (Angelus, 21 juillet 2019). Il a prononcé ces paroles, entre autres, quelques mois avant le début de la pandémie: et combien cette longue et dure expérience, dont nous nous souvenons encore, nous a enseigné à cet égard.

Tout cela demande certes des efforts. Le service et l’écoute ne sont pas toujours faciles: ils exigent un engagement, une capacité de renoncement. Cela demande des sacrifices, par exemple, pour écouter et servir, pour faire preuve de fidélité et d’amour avec lesquels un père et une mère élèvent leur famille, tout comme cela demande des sacrifices pour que les enfants, à la maison et à l’école, répondent à leurs efforts. Cela demande des sacrifices pour se comprendre quand on a des opinions différentes, pour se pardonner quand on se trompe, pour s’entraider quand on est malade, pour se soutenir quand on est triste. Mais c’est seulement ainsi, grâce à ces efforts, que l’on construit quelque chose de bon dans la vie; c’est seulement ainsi que des relations authentiques et solides naissent et se développent entre les personnes, et que le Royaume de Dieu grandit, se répand et se fait présent, à partir d’en bas, à partir du quotidien. (cf. Lc 7, 18-22).

Saint Augustin, dans l’un de ses discours, réfléchissant sur l’épisode de Marthe et Marie, commentait: «Ces deux femmes figurent deux vies: la vie présente et la vie future, la vie du travail et la vie du repos, la vie de l’épreuve et la vie du bonheur, la vie du temps et la vie de l’éternité» (Sermon 104, 4). Et en pensant au travail de Marthe, Augustin disait: «Qui est exempt de ce service qui consiste à prendre soin des autres? Qui peut reprendre son souffle après ces tâches? Essayons de les accomplir de manière irréprochable et avec charité [...]. La fatigue passera et le repos viendra; mais on n’arrivera au repos que par la fatigue. Le bateau passera et arrivera au port; mais on n’arrivera au port que par le bateau» (ibid., 6-7).

Abraham, Marthe et Marie nous rappellent aujourd’hui précisément cela: que l’écoute et le service sont deux attitudes complémentaires qui nous ouvrent, dans la vie, à la présence bénéfique du Seigneur. Leur exemple nous invite à concilier, dans nos journées, contemplation et action, repos et fatigue, silence et activité, avec sagesse et équilibre, en gardant toujours comme critère de jugement la charité de Jésus, comme lumière sa Parole et comme source de force sa grâce, qui nous soutient au-delà de nos propres possibilités (cf. Ph 4, 13).

Angelus Domini

Castel Gandolfo, dimanche 20 juillet 2025

«Que cesse immédiatement
la barbarie de la guerre»

Chers frères et sœurs, bon dimanche!

La liturgie nous rappelle aujourd’hui l’hospitalité d’Abraham et de sa femme Sarah, ainsi que celle des sœurs Marthe et Marie, les amies de Jésus (cf. Gn 18, 1-10; Lc 10, 38-42). Chaque fois que nous acceptons l’invitation au repas du Seigneur et que nous participons à la table eucharistique, c’est Dieu lui-même qui «vient nous servir» (cf. Lc 12, 37). Pourtant, notre Dieu a d’abord su se faire hôte, et aujourd’hui encore, il se tient à notre porte et frappe (cf. Ap 3, 20). Il est significatif que dans la langue italienne, le mot ospite (hôte) désigne à la fois celui qui accueille et celui qui est accueilli. Ainsi, en ce dimanche d’été, nous pouvons contempler le jeu de l’accueil réciproque, sans lequel notre vie s’appauvrit.

Il faut de l’humilité tant pour accueillir que pour être accueilli. Cela requiert de la délicatesse, de l’attention, de l’ouverture. Dans l’Evangile, Marthe risque de ne pas entrer pleinement dans la joie de cet échange. Elle est tellement prise par ce qu’elle doit faire pour accueillir Jésus qu’elle risque de gâcher un moment de rencontre inoubliable. Marthe est une personne généreuse, mais Dieu l’appelle à quelque chose de plus beau que cette générosité. Il l’appelle à sortir d’elle-même.

Très chers sœurs et frères, seule cette attitude fait fleurir notre vie: s’ouvrir à quelque chose qui nous détourne de nous-mêmes et qui, en même temps, nous comble. Au moment où Marthe se plaint que sa sœur l’a laissée seule pour servir (cf. v. 40), Marie a comme perdu la notion du temps, conquise par la parole de Jésus. Elle n’est pas moins concrète que sa sœur, ni moins généreuse. Mais elle saisi l’occasion. C’est pourquoi Jésus reprend Marthe: parce qu’elle est restée en dehors d’une intimité qui lui donnerait aussi beaucoup de joie (cf. vv. 41-42).

La période estivale peut nous aider à «ralentir» et à devenir davantage comme Marie plutôt que comme Marthe. Parfois, nous ne nous accordons pas la meilleure part. Nous avons besoin de nous reposer un peu, avec le désir d’apprendre davantage l’art de l’hospitalité. L’industrie du tourisme veut nous vendre toutes sortes d’expériences, mais ce n’est peut-être pas celle que nous recherchons. En effet, toute véritable rencontre est gratuite et ne s’achète pas: qu’il s’agisse de la rencontre avec Dieu, avec les autres ou avec la nature. Il suffit de se faire hôte: faire de la place et même la demander; accueillir et se laisser accueillir. Nous avons tant à recevoir et pas seulement à donner. Abraham et Sarah, bien qu’âgés, se sont découverts féconds lorsqu’ils ont accueilli sereinement le Seigneur lui-même sous les traits de trois voyageurs. Pour nous aussi, il y a encore beaucoup de vie à accueillir.

Prions la Très Sainte Vierge Marie, Mère accueillante, qui a reçu le Seigneur en son sein et qui avec Jospeh lui a donné une maison. En elle brille notre vocation, la vocation de l’Eglise: rester une maison ouverte à tous, pour continuer à accueillir son Seigneur, qui demande la permission d’entrer.

A l’issue de l’Angelus, le Pape a prononcé les paroles suivantes:

Chers frères et sœurs,

Ce matin, j’ai célébré l’Eucharistie dans la cathédrale d’Albano. Ce fut un moment important de communion ecclésiale et de rencontre avec la communauté diocésaine. Je remercie Son Excellence Mgr Viva, qui est ici présent, ainsi que tous ceux qui ont travaillé à l’organisation de cette très belle célébration. Toutes mes félicitations à toute la communauté diocésaine!

Ces derniers jours, des nouvelles dramatiques continuent d’affluer du Moyen-Orient, en particulier de Gaza.

J’exprime ma douleur profonde suite à l’attaque de l’armée israélienne contre la paroisse catholique de la Sainte-Famille dans la ville de Gaza qui, comme vous le savez, a causé jeudi dernier la mort de trois chrétiens et a blessé gravement plusieurs autres personnes. Je prie pour les victimes, Saad Issa Kostandi Salameh, Foumia Issa Latif Ayyad, Najwa Ibrahim Latif Abu Daoud, et je suis particulièrement proche de leurs familles et de tous les paroissiens. Cet acte s’ajoute malheureusement aux attaques militaires incessantes contre la population civile et les lieux de culte à Gaza.

Je demande à nouveau que cesse immédiatement la barbarie de la guerre et que l’on parvienne à une résolution pacifique du conflit.

J’appelle la communauté internationale à respecter le droit humanitaire et à respecter l’obligation de protéger les civils, ainsi que l’interdiction des punitions collectives, de l’usage aveugle de la force et du déplacement forcé de la population.

A nos bien-aimés chrétiens du Moyen-Orient, je dis: je comprends votre sentiment d’impuissance face à cette situation dramatique. Vous êtes dans le cœur du Pape et de toute l’Eglise. Merci pour votre témoignage de foi. Que la Vierge Marie, femme du Levant, aurore du Soleil nouveau qui s’est levé dans l’histoire, vous protège toujours et accompagne le monde vers l’aube de la paix.

Je vous salue tous, fidèles de Castel Gandolfo et tous les pèlerins ici présents.

Je remercie le Forum international d’Action catholique d’avoir promu le «Marathon de prière pour les dirigeants gouvernementaux»: de 10 heures à 22 heures ce soir, nous sommes tous invités à nous arrêter une minute pour prier, demandant au Seigneur d’éclairer nos dirigeants et d’inspirer en eux des projets de paix.

Dans quelques jours, je rentrerai au Vatican après ces deux semaines passées ici à Castel Gandolfo. Je tiens à vous remercier tous pour votre accueil et je vous souhaite à tous un bon dimanche!

Message pour la IIIe Journée mondiale du migrant et du réfugié
(4-5 octobre 2025)

Migrants, missionnaires
d’espérance

Chers frères et sœurs,

la IIIe Journée mondiale du migrant et du réfugié, que mon prédécesseur a voulu faire coïncider avec le Jubilé des migrants et du monde missionnaire, nous offre l’occasion de réfléchir sur le lien entre espérance, migration et mission.

Le contexte mondial actuel est tristement marqué par les guerres, les violences, les injustices et les phénomènes météorologiques extrêmes qui obligent des millions de personnes à quitter leur terre d’origine pour chercher refuge ailleurs. La tendance généralisée à ne se préoccuper que des intérêts de communautés restreintes constitue une menace grave pour le partage des responsabilités, la coopération multilatérale, la réalisation du bien commun et la solidarité mondiale au profit de toute la famille humaine. La perspective d’une nouvelle course aux armements et le développement de nouvelles armes, y compris nucléaires, le peu de considération accordée aux effets néfastes de la crise climatique actuelle et les profondes inégalités économiques rendent les défis présents et futurs de plus en plus difficiles.

Face aux théories de dévastation mondiale et aux scénarios effrayants, il est important que grandisse dans le cœur de chacun le désir d’espérer un avenir de dignité et de paix pour tous les êtres humains. Un tel avenir est une partie essentielle du projet de Dieu sur l’humanité et le reste de la création. Il s’agit de l’avenir messianique annoncé par les prophètes: «Des vieux et des vieilles s’assiéront encore sur les places de Jérusalem: chacun aura son bâton à la main, à cause du nombre de ses jours. Et les places de la ville seront remplies de petits garçons et de petites filles qui joueront sur les places. [...] Car sa semence sera en paix: la vigne donnera son fruit, la terre donnera ses produits et le ciel donnera sa rosée» (Za 8, 4-5.12). Et cet avenir a déjà commencé, car il a été inauguré par Jésus-Christ (cf. Mc 1, 15 et Lc 17, 21) et nous croyons et espérons en sa pleine réalisation, car le Seigneur tient toujours ses promesses.

Le Catéchisme de l’Eglise catholique enseigne: «La vertu d’espérance répond à l’aspiration au bonheur placée par Dieu dans le cœur de tout homme; elle assume les espoirs qui inspirent les activités des hommes» (n. 1818). Et c’est certainement la recherche du bonheur — et la perspective de le trouver ailleurs — qui est l’une des principales motivations de la mobilité humaine contemporaine.

Ce lien entre migration et espérance se révèle clairement dans de nombreuses expériences migratoires de notre temps. Beaucoup de migrants, de réfugiés et de personnes déplacées sont des témoins privilégiés de l’espérance vécue au quotidien, à travers leur confiance en Dieu et leur endurance face à l’adversité, dans la perspective d’un avenir où ils entrevoient l’approche du bonheur, du développement humain intégral. L’expérience itinérante du peuple d’Israël se renouvelle en eux: «O Dieu, quand tu sortis à la face de ton peuple, quand tu foulas le désert, la terre trembla, les cieux mêmes fondirent en face de Dieu, en face de Dieu, le Dieu d’Israël. Tu répandis, ô Dieu, une pluie de largesses, ton héritage exténué, toi, tu l’affermis; ta famille trouva un séjour, celui-là qu’en ta bonté, ô Dieu, tu préparais au pauvre» (Ps 68, 8-11).

Dans un monde assombri par les guerres et les injustices, même là où tout semble perdu, les migrants et les réfugiés se dressent comme des messagers d’espérance. Leur courage et leur ténacité sont le témoignage héroïque d’une foi qui voit au-delà de ce que nos yeux peuvent voir, et leur donne la force de défier la mort sur les différentes routes migratoires contemporaines. On peut également trouver ici une analogie évidente avec l’expérience du peuple d’Israël errant dans le désert, qui affronte tous les dangers avec confiance dans la protection du Seigneur: «C’est lui qui t’arrache au filet de l’oiseleur qui s’affaire à détruire; il te couvre de ses ailes, tu as sous son pennage un abri. Armure et bouclier, sa vérité. Tu ne craindras ni les terreurs de la nuit, ni la flèche qui vole de jour, ni la peste qui marche en la ténèbre, ni le fléau qui dévaste à midi» (Ps 91, 3-6).

Les migrants et les réfugiés rappellent à l’Eglise sa dimension pèlerine, perpétuellement tendue vers l’atteinte de la patrie définitive, soutenue par une espérance qui est une vertu théologale. Chaque fois que l’Eglise cède à la tentation de la «sédentarisation» et cesse d’être civitas peregrina — peuple de Dieu en pèlerinage vers la patrie céleste (cf. Augustin, De civitate Dei, Livre XIV-XVI), elle cesse d’être «dans le monde» et devient «du monde» (cf. Jn 15, 19). Cette tentation était déjà présente dans les premières communautés chrétiennes, à tel point que l’apôtre Paul doit rappeler à l’Eglise de Philippes que «notre cité se trouve dans les cieux, d’où nous attendons ardemment, comme sauveur, le Seigneur Jésus Christ, qui transfigurera notre corps de misère pour le conformer à son corps de gloire, avec cette force qu’il a de pouvoir même se soumettre toutes choses» (Ph 3, 20-21).

De manière particulière, les migrants et les réfugiés catholiques peuvent devenir aujourd’hui des missionnaires d’espérance dans les pays qui les accueillent, en poursuivant de nouveaux chemins de foi là où le message de Jésus-Christ n’est pas encore arrivé ou en engageant des dialogues interreligieux faits de quotidienneté et de recherche de valeurs communes. En effet, par leur enthousiasme spirituel et leur vitalité, ils peuvent contribuer à revitaliser des communautés ecclésiales figées et alourdies, où le désert spirituel avance de manière menaçante. Leur présence doit alors être reconnue et appréciée comme une véritable bénédiction divine, une occasion de s’ouvrir à la grâce de Dieu qui donne une nouvelle énergie et une nouvelle espérance à son Eglise: «N’oubliez pas l’hospitalité, car c’est grâce à elle que quelques-uns, à leur insu, hébergèrent des anges» (He 13, 2).

Le premier élément de l’évangélisation, comme le soulignait saint Paul VI, est généralement le témoignage: «tous les chrétiens sont appelés et peuvent être, sous cet aspect, de véritables évangélisateurs. Nous pensons spécialement à la responsabilité qui revient aux migrants dans les pays qui les reçoivent» (Evangelii nuntiandi, n. 21). Il s’agit d’une véritable missio migrantium — mission réalisée par les migrants — pour laquelle une préparation adéquate et un soutien continu, fruits d’une coopération inter-ecclésiale efficace, doivent être assurés.

D’autre part, les communautés qui les accueillent peuvent également être un témoignage vivant d’espérance. Espérance comprise comme promesse d’un présent et d’un avenir où la dignité de tous en tant qu’enfants de Dieu est reconnue. Ainsi, les migrants et les réfugiés sont reconnus comme des frères et sœurs, membres d’une famille où ils peuvent exprimer leurs talents et participer pleinement à la vie communautaire.

A l’occasion de cette journée jubilaire où l’Eglise prie pour tous les migrants et les réfugiés, je voudrais confier tous ceux qui sont en chemin, ainsi que ceux qui se dépensent pour les accompagner, à la protection maternelle de la Vierge Marie, réconfort des migrants, afin qu’elle garde vivante dans leur cœur l’espérance et les soutienne dans leur engagement à construire un monde qui ressemble toujours plus au Royaume de Dieu, la véritable patrie qui nous attend à la fin de notre voyage.

Du Vatican, le 25 juillet 2025,
fête de saint Jacques Apôtre

Léon PP. XIV

Message vidéo aux catéchistes vietnamiens pour le 400e anniversaire de la naissance du bienheureux
André Phú Yên

Encouragés par l’espérance
unis dans l’Eglise et dans la paix

Mes chers amis,

C’est avec une immense joie que je vous salue aujourd’hui, catéchistes du Vietnam, réunis avec S.Exc. Mgr Joseph Nguy n Năng, archevêque métropolitain de Saïgon, et président de la Conférence épiscopale. Je remercie chacun de vous qui vous êtes reliés de toutes les provinces du Vietnam — et au-delà — quelques jours seulement avant le jubilé des jeunes à Rome. Je suis particulièrement reconnaissant que nous soyons unis en prière en présence des saintes reliques du bienheureux André Phú Yên. En cette occasion solennelle, le 400e anniversaire de sa naissance, nous célébrons un grand fils du Vietnam — un catéchiste et un martyr dont le témoignage continue de nous inspirer. Puisse le Seigneur bénir ce moment de rencontre et de grâce.

En une telle occasion, il est important de réfléchir sur la vie de Phú Yên. Né en 1625, il est devenu l’assistant précieux des missionnaires jésuites qui ont apporté l’Evangile au Vietnam après son baptême. Le Pape François nous a rappelé dans Christus Vivit qu’André «a été emprisonné pour sa foi, et comme il ne voulait pas y renoncer, il a été assassiné. Il est mort en disant: “Jésus”»1. En donnant sa vie à l’âge de 19 ans seulement, André a répondu à l’appel du Christ de rendre «amour pour amour»2 à notre Seigneur. Son témoignage héroïque lui a valu le titre de protomartyr du Vietnam, et il a été béatifié par saint Jean-Paul II en 2000. Aujourd’hui, nous demandons au patron des catéchistes d’intercéder pour nous, afin que comme lui, nous puissions, avec une foi inébranlable, invoquer le nom de Jésus, même lorsque nous sommes en difficulté.

Au Vietnam, l’Eglise est riche de catéchistes dévoués — des hommes et des femmes laïcs, dont la plupart sont jeunes — qui enseignent la foi aux enfants et aux adolescents chaque semaine. En effet, il existe plus de 64.000 catéchistes à l’intérieur et à l’extérieur de votre pays. Ce vaste groupe d’éducateurs de la foi représente une partie fondamentale de la vie paroissiale. Je suis reconnaissant à chacun de vous pour votre générosité. Ne sous-estimez jamais le don que vous êtes: à travers votre enseignement et votre exemple, vous attirez les enfants et les jeunes vers l’amitié avec Jésus. Vous êtes envoyés par l’Eglise pour être des signes vivants de l’amour de Dieu: d’humbles serviteurs comme le bienheureux André, emplis de zèle missionnaire. L’Eglise se réjouit en vous et vous encourage à marcher avec joie dans cette noble mission.

On dit qu’en prison, André encourageait ses compagnons chrétiens à demeurer solides dans leur foi et leur demandait de prier afin qu’il puisse demeurer fidèle jusqu’au bout. Ce profond moment nous rappelle véritablement que la vie chrétienne, et en particulier le service catéchétique, n’est jamais un effort solidaire: nous enseignons, et notre communauté prie: nous témoignons, et le Corps du Christ nous soutient dans l’épreuve. Cette unité de prière et de service souligne l’unité de l’Eglise et la paix que le Seigneur nous donne.

De plus, votre ministère est profondément enraciné dans un solide héritage familial culturel. Le Pape François vous a un jour parlé du terme «maison» et de sa signification3. Maintenez vivant votre amour pour votre famille et votre terre natale. Ces trésors de culture et de foi vous ont été transmis, en particulier la foi héroïque de vos parents et grands-parents qui, comme le bienheureux André, ont apporté un témoignage de souffrance et vous ont appris à avoir confiance en Dieu. Vos racines et traditions sont des dons de Dieu; puissent-elles vous emplir de confiance et de joie alors que vous partagez votre foi avec les autres.

Dans quelques jours, l’Eglise célébrera le Jubilé des jeunes à Rome dans le cadre du jubilé de l’espérance de cette année. «L’espérance est contenue dans le cœur de chaque personne comme un désir et une attente du bien»4. Que cette espérance vous encourage dans votre service. Je vous invite à vous unir en esprit avec les jeunes pèlerins à Rome et avec tous vos frères et sœurs au Vietnam. Partagez avec eux la confiance joyeuse qu’«Il vit le Christ... et il te veut vivant!»5.

Mes chers catéchistes, vous êtes aimés de Dieu et précieux pour son Eglise. Puisse André Phú Yên vous guider par son exemple. Puisse la bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Eglise et «Mère de l’Espérance»6 vous accompagner. Et puisse la bénédiction de Dieu tout-puissant, le Père, le Fils et le Saint-Esprit descendre sur vous et demeurer à jamais avec vous. Amen.

1 François, Christus Vivit, 3 mars 2019, n. 54.

2 Jean-Paul II, Homélie pour la béatification de 44 serviteurs de Dieu, 5 mars 2000, 6.

3 Cf. François, Message vidéo aux jeunes Vietnamiens, 20 novembre 2019.

4 Spes Non Confundit, 9 mai 2024, n. 1.

5 François, Christus Vivit, 3 mars 2019, n. 1.

6 Spes Non Confundit, 9 mai 2024, n. 24.

Angelus Domini

Place Saint-Pierre, dimanche 27 juillet 2025

Négocier un avenir de paix
pour tous les peuples

Chers frères et sœurs, bon dimanche!

Aujourd’hui, l’Evangile nous présente Jésus qui enseigne à ses disciples le Notre Père (cf. Lc 11, 1-13): la prière qui unit tous les chrétiens. En elle, le Seigneur nous invite à nous adresser à Dieu en l’appelant «abba», «papa», comme des enfants, avec «simplicité […], confiance filiale, […] humble audace, certitude d’être aimé» (Catéchisme de l’Eglise catholique, n. 2778).

Avec une très belle expression, le Catéchisme de l’Eglise catholique dit à ce sujet que «par la Prière du Seigneur, nous sommes révélés à nous-mêmes en même temps que le Père nous est révélé» (ibid., n. 2783). Et c’est vrai: plus nous prions avec confiance le Père des Cieux, plus nous découvrons que nous sommes des enfants aimés et plus nous connaissons la grandeur de son amour (cf. Rm 8, 14-17).

L’Evangile d’aujourd’hui décrit ensuite les traits de la paternité de Dieu à travers quelques images évocatrices: celle d’un homme qui se lève au milieu de la nuit pour aider un ami à accueillir un visiteur inattendu; ou celle d’un parent qui se soucie de donner de bonnes choses à ses enfants.

Ces images nous rappellent que Dieu ne nous tourne jamais le dos lorsque nous nous tournons vers Lui, même si nous arrivons tard pour frapper à sa porte, peut-être après des erreurs, des occasions manquées, des échecs, même s’il doit «réveiller» ses enfants qui dorment dans la maison pour nous accueillir (cf. Lc 11, 7). Au contraire, dans la grande famille de l’Eglise, le Père n’hésite pas à nous rendre tous participants de chacun de ses gestes d’amour. Le Seigneur nous écoute toujours quand nous le prions, et si parfois il nous répond avec des délais et des moyens difficiles à comprendre, c’est parce qu’il agit avec une sagesse et une providence plus grandes qui dépassent notre compréhension. C’est pourquoi, même dans ces moments-là, ne cessons pas de prier et prier avec confiance: en Lui, nous trouverons toujours lumière et force.

En récitant le Notre Père, cependant, en plus de célébrer la grâce de la filiation divine, nous exprimons également l’engagement à répondre à ce don en nous aimant comme des frères dans le Christ. L’un des Pères de l’Eglise, réfléchissant à cela, écrit: «Nous devons nous rappeler, lorsque nous appelons “Dieu notre Père”, que nous devons nous comporter en enfants de Dieu» (Saint Cyprien de Carthage, De dominica Oratione, n. 11), et un autre ajoute: «Vous ne pouvez appeler votre Père, le Dieu de toute bonté, si vous gardez un cœur cruel et inhumain; car, dans ce cas, vous n’avez plus en vous la marque de bonté du Père céleste» (Saint Jean Chrysostome, De angusta porta et in Orationem dominicam, n. 3). On ne peut pas prier Dieu comme «Père» et ensuite être dur et insensible envers les autres. Il est plutôt important de se laisser transformer par sa bonté, sa patience, sa miséricorde, afin de refléter son visage dans le nôtre comme dans un miroir.

Chers frères et sœurs, la liturgie nous invite aujourd’hui, dans la prière et dans la charité, à nous sentir aimés et à aimer comme Dieu nous aime: avec disponibilité, discrétion, attention mutuelle, sans calcul. Demandons à Marie de savoir répondre à cet appel, afin de manifester la douceur du visage du Père.

Au terme de l’Angelus, le Saint-Père a prononcé les paroles suivantes:

Chers frères et sœurs!

Aujourd’hui, nous célébrons la Ve Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées, dont le thème est: Heureux celui qui n’a pas perdu l’espoir. Regardons nos grands-parents et les personnes âgées comme des témoins d’espérance, capables d’éclairer le chemin des nouvelles générations. Ne les laissons pas seuls, mais nouons avec eux une alliance d’amour et de prière.

Mon cœur est proche de tous ceux qui souffrent à cause des conflits et de la violence dans le monde. Je prie en particulier pour les personnes impliquées dans les affrontements à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge, en particulier pour les enfants et les familles déplacées. Que le Prince de la paix puisse inspirer tous à rechercher le dialogue et la réconciliation. Je prie pour les victimes des violences dans le sud de la Syrie. Je suis avec beaucoup d’inquiétude la situation humanitaire très grave à Gaza, où la population civile est écrasée par la faim et continue d’être exposée à la violence et à la mort. Je renouvelle mon appel pressant en faveur d’un cessez-le-feu, de la libération des otages et du respect intégral du droit humanitaire.

Toute personne humaine possède une dignité intrinsèque qui lui est donnée par Dieu lui-même: j’exhorte les parties à tous les conflits à la reconnaître et à mettre fin à toute action qui y est contraire. J’exhorte à négocier un avenir de paix pour tous les peuples et à rejeter tout ce qui pourrait le compromettre. Je confie à Marie, Reine de la paix, les victimes innocentes des conflits et les dirigeants qui ont le pouvoir d’y mettre fin.

Je salue Radio Vatican/Vatican News qui, pour être plus proche des fidèles et des pèlerins pendant le Jubilé, a inauguré un petit poste sous la colonnade du Bernin avec L’Osservatore Romano. Merci pour le service en plusieurs langues qui fait entendre la voix du Pape dans le monde entier. Et merci à tous les journalistes qui contribuent à une communication de paix et de vérité.

Je salue avec une affection particulière les jeunes de différents pays, venus à Rome pour le Jubilé des Jeunes. Je souhaite que ce soit pour chacun l’occasion de rencontrer le Christ et d’être fortifié par Lui dans la foi et dans l’engagement à le suivre avec cohérence.

Ce soir aura lieu la procession de la Vierge Marie «fiumarola» sur le Tibre: puissent les participants à cette belle tradition mariale apprendre de la Mère de Jésus à mettre en pratique l’Evangile dans leur vie quotidienne! Je souhaite à tous un bon dimanche!

Message aux scouts et guides
de France à l’occasion
du grand Rassemblement «Clameurs»

Changer d’habitudes pour vivre en communion avec la création

Chers amis scouts et guides de France,

je vous adresse mes cordiales salutations à l’occasion de votre grand rassemblement «Clameurs». Vous avez décidé de vous rencontrer et de réfléchir à un monde plus juste et durable, en échos aux clameurs qui montent de la terre. Je me réjouis de cette belle initiative car vous voulez être acteurs et actrices du changement, en mettant le scoutisme au service des enjeux climatiques. En vivant un temps fort et collectif de jeux, de discussions et de réflexions autour des questions sociales et écologiques, vous voulez apporter votre contribution à la protection de l’environnement et renforcer votre engagement au service du Bien commun.

Aujourd’hui, nous sommes invités à écouter avec attention le cri de la création. Cette urgence s’impose à tout le genre humain, à qui Dieu a confié son œuvre. Notre conscience est fortement interpellée devant les ravages de l’environnement de plus en plus graves qui se produisent. Face à la pollution et au changement climatique, à la perte de la biodiversité, à la détérioration de la vie et de la dégradation sociale, aux inégalités au niveau mondial, au manque d’eau potable et d’accès à l’énergie pour de nombreuses populations, une éducation écologique s’impose à tous pour inverser l’ordre des choses.

Votre rencontre vous permet de faire un discernement pour trouver de nouvelles voies et orientations pour sauvegarder notre maison commune. Vous êtes jeunes, vous êtes pleins d’idées et d’enthousiasme. Vous voulez conquérir le monde non pas pour l’assujettir, mais pour servir la vie qui vient de Dieu. L’humilité, l’esprit de service et une relation profonde avec le Christ vous permettent d’enraciner en vous les valeurs chrétiennes. Seule la conversion intérieure rend possible le changement d’habitudes et de mentalités, qui se traduit par une nouvelle manière de vivre en communion avec l’environnement. Et vous les scouts, vous êtes habitués à vivre dans la nature, à fabriquer des objets, à vous orienter et à créer des jeux et des veillées; ce qui vous amène à traiter la création avec respect. C’est pourquoi vous pouvez beaucoup apporter à la société par votre style de vie.

Je suis convaincu que ces moments intenses que vous vivez vous permettent de vous enrichir davantage des valeurs telles que la rencontre et l’accueil de l’autre dans sa différence et sa complémentarité. Chers scouts, soyez les ambassadeurs de la fraternité et de la paix dans votre milieu de vie. Vous êtes issus de traditions culturelles et de milieux sociaux divers, vous avez des personnalités et des âges différents. Vous êtes en lien avec les personnes adultes et les personnes âgées. C’est une richesse, un atout qui vous permet de voir les choses en grand et de concevoir un monde pacifié avec les armes du chrétien qui sont la foi, la vérité, la justice, l’Evangile de la paix (cf. Ep 6, 11-17).

Chers amis, beaucoup parmi vous reçoivent aujourd’hui le sacrement de la Confirmation, signe de votre engagement dans l’Eglise. Dans ce sacrement, vous recevez en plénitude le Saint-Esprit, présence divine qui guide, illumine et réconforte sur le chemin de foi. Je vous invite à l’invoquer souvent pour être comblés de ses dons et de ses grâces.

Vous êtes désormais consacrés, chargés de témoigner votre foi dans le monde, d’être agents de changement et d’espérance dans la société. Telle est la responsabilité d’un disciple actif du Christ, engagé dans l’annonce de l’Evangile et dans l’amour envers son prochain. Cependant, tout cela n’est possible que grâce à une vie de prière et d’amitié avec Dieu.

Je vous encourage à aller de l’avant sans perdre l’espérance, sans vous décourager et sans vous livrer au pessimisme. Sachez que chacun de vous est unique dans la création, aimé d’une manière personnelle par le Seigneur. N’arrêtez pas de croire à un monde meilleur et à l’avènement d’une authentique civilisation de l’amour. Comme le disait le Pape François, soyez, vous aussi, des bâtisseurs de ponts entre les générations, les cultures et les peuples.

Vous confiant à l’intercession de saint Georges, votre Patron, et à la sollicitude maternelle de la Vierge Marie, je vous adresse de grand cœur ma Bénédiction apostolique que j’étends à vos encadreurs et à vos familles.

Du Vatican, le 3 juillet 2025

Léon PP. XIV

Discours à la délégation de jeunes
du Pérou participant au Jubilé
des jeunes générations

Salle Clémentine, 28 juillet 2025

Missionnaires de la présence
de Dieu et de la joie évangélique

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. La paix soit avec vous. Merci. Joyeuse fête nationale à tous les Péruviens!

Chers jeunes,

Je vous souhaite la bienvenue dans cette maison de Pierre, où vous venez comme pèlerins d’espérance, vous êtes tous des pèlerins d’espérance, et vous venez à la rencontre de milliers d’autres jeunes pour célébrer ensemble le Jubilé. En vous voyant, je pen-se aussi à vos familles et aux nombreuses personnes de vos communautés paroissiales qui vous ont sans doute aidés, au prix de grands sacrifices et efforts, pour rendre possible ce voyage tant attendu. Je les salue tous avec gratitude et joie.

A l’approche de cet événement si important pour la jeunesse du monde entier, l’Evangile de la Messe d’aujourd’hui nous éclaire de façon particulière, il y a deux paraboles qui nous aident sur notre chemin chrétien: la première parle d’un petit grain de sénevé et la seconde d’un peu de levain (cf. Mt 13, 31-35). Comme on le voit, ce sont deux éléments que l’on pourrait considérer comme insignifiants; et pourtant, par la force de vie qu’ils portent en eux, ils peuvent se transformer, croître et servir au but pour lequel ils ont été créés.

Nous aussi, nous sommes petits, mais nous ne sommes pas seuls; le Seigneur a voulu que nous fassions partie d’une grande famille: la famille de l’Eglise. Incorporés à elle dans le Christ, comme les sarments à la vigne, nous pouvons grandir et porter du fruit, aidés par la grâce du Seigneur. Saint Augustin évoque ces deux paraboles en commentant l’un des psaumes, le psaume 68, et exprime lui aussi cette force de ce qui est petit et qui, lorsqu’il grandit, s’enracine dans un peuple, le Peuple de Dieu qui s’étend sur toute la terre (cf. Commentaire sur le psaume 68, I, 1).

En ces jours de joie du Jubilé des Jeunes, vous ferez tous la belle expérience de vous sentir membres du Peuple de Dieu, membres de l’Eglise universelle, qui englobe et embrasse toute la Terre, sans distinc-tion de race, de langue ou de nation; en s’étendant comme le buisson de la graine de sénevé et en fermentant comme le levain.

Chers jeunes, je voudrais que tout ce que vous vivrez au cours de ces journées soit conservé dans vos cœurs, mais qu’il ne soit pas seulement conservé pour vous uniquement. C’est très important: ce que vous allez vivre ici ne doit pas rester pour vous seuls. Nous devons apprendre à partager. S’il vous plaît, que tout cela ne reste pas simplement un souvenir, de jolies photos ou un moment du passé. Je voudrais que, de retour au Pérou, vous inondiez vos terres de la joie et de la force de l’Evangile, de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Que toutes les personnes que vous rencontrerez puissent voir en vous le visage du Christ qui aime et se donne, qui continue d’être présent en chaque baptisé. Pour cela, aimez et servez gratuitement, dans la vie quotidienne, dans les petites choses, dans ce qui est caché, parce que vous avez expérimenté la joie d’être aimés les premiers, et parce que vous avez tout reçu gratuitement de Dieu notre Père.

Les sacs à dos qui vous accompagneront pendant ces journées, contenant uniquement l’essentiel, sont le signe de la mission que le Pape vous confie aujourd’hui: soyez des missionnaires partout où vous irez, soyez la transparence de la présence du Seigneur, comme l’ont été nos bien-aimés saints péruviens. Vous savez que le Pape François parlait toujours du Pérou comme d’une terre «ensantada», sanctifiée, mais pas seulement ceux du passé, des saints d’aujourd’hui et de demain aussi.

Que Dieu vous bénisse et que Notre-Dame de l’Evangélisation vous protège toujours. Merci.

[Bénédiction]

Vive le Christ!

Message à l’assemblée générale
de la Fédération internationale
des universités catholiques

Proposer des itinéraires vers Dieu
à une époque de chants de sirènes

Eminents membres de la Fédération internationale des Universités catholiques, qui se tient cette année à Guadalajara, au Mexique, je vous remercie pour l’occasion que vous m’offrez de partager quelques brèves réflexions avec vous.

La devise qui inspire la célébration du centenaire de la FIUC est: «Les universités catholiques, chorégraphes du savoir». Il s’agit d’une expression très belle, qui invite à l’harmonie, au dynamisme et à la joie. Dans ce contexte, nous devons nous demander quelle est la musique que nous suivons. A notre époque, sans doute plus que toute autre, nombreux sont les «chants des sirènes» qui apparaissent séduisants de par leur nouveauté, leur popularité ou, en d’autres occasions, l’apparente sécurité qu’ils transmettent. Mais au delà de ces impressions, en soi superficielles, les universités catholiques sont appelées à devenir des «itinéraires de l’esprit vers Dieu», selon l’heureuse expression de saint Bonaventure, afin que l’exhortation opportune de saint Augustin devienne réalité en nous: «Voyez, mes frères, ce qu’il en est de l’âme humaine: d’elle-même elle n’a ni lumières, ni forces ce qui fait toute sa beauté, c’est la vertu et la sagesse; or, ni la sagesse, ni la force, ni la lumière, ni la vertu ne se trouvent en elle […] Il est une source et un principe de vertu, une racine de sagesse; pour le dire en un mot, si toutefois il m’est permis de parler ainsi, il est un pays où habite l’immuable vérité: que notre âme s’en éloigne, elle tombe dans les ténèbres; qu’elle s’en approche, elle est environnée de lumière» (Discours sur les psaumes, 58, I, 1).

Le milieu universitaire, avec son dialogue caractéristique entre diverses visions du monde, n’est pas étranger à l’être et à l’agir de l’Eglise. Pour en comprendre le motif, il est bon de rappeler, même brièvement, la façon dont les chrétiens, dès les débuts de l’évangélisation, ont perçu clairement que l’on ne pouvait pas annoncer la Bonne Nouvelle sans préciser dans quelle mesure elle était compatible ou pas avec d’autres manières de voir le monde et avec d’autres propositions sur la signification de l’être humain et de la vie en société. A cet égard, la question que saint Paul pose aux chrétiens de Rome est importante, en les invitant à comparer leur style de vie actuel avec celui qu’ils avaient auparavant: «Quel fruit recueilliez-vous alors d'actions dont aujourd'hui vous rougissez? Car leur aboutissement, c'est la mort» (Rm 6, 21). Ces peuples du monde dit classique n’étaient pas privés d’intelligence et pourtant, le but et l’issue de tout leur raisonnement se résume, pour l’Apôtre, dans le terme «mort». Pourquoi? Que manquait-il? Il manquait le Christ, Parole et Sagesse du Père; il manquait Celui à travers lequel et pour lequel toutes les choses ont été créées (cf. Col 1, 16). Le Christ n’arrive pas comme un étranger au discours rationnel, mais plutôt comme une clé de voûte qui donne un sens et une harmonie à toutes nos pensées, à tous nos désirs et à nos projets pour améliorer la vie présente et pour conférer un but et une transcendance à l’effort humain.

Saint Thomas a bien compris que dans le Christ-Sagesse il y a, dans le même temps, ce qui est le propre propre de notre foi, et ce qui est le plus universel de l’intelligence humaine, et précisément pour cela, la sagesse, ainsi entendue, est le lieu naturel de rencontre et de dialogue avec toutes les cultures et toutes les formes de pensée. Dans son Commentaire aux sentences, nous lisons que la sagesse, «qu’elle soit une vertu intellectuelle ou qu’elle soit un don [de Dieu], porte principalement sur les réalités divines; et, pour autant qu’elle peut juger de toutes les autres réalités selon elle, on dit que le sage est celui qui possède la plus grande certitude sur toutes choses» (III, d. 35, q. 2, a. 1, qc 2). Nous ne devons donc pas nous éloigner du Christ, ni relativiser sa place unique et propre, pour dialoguer de façon respectueuse et féconde avec d’autres écoles du savoir, anciennes et récentes.

Chers frères et sœurs, avec le souhait que le Christ-Sagesse — la Vérité faite personne, qui attire à lui le monde — soit la boussole qui oriente le devoir des institutions universitaires que vous présidez, et que sa connaissance aimante constitue l’élan pour une nouvelle évangélisation dans le domaine de l’éducation supérieure catholique, je donne à tous la Bénédiction apostolique.

Du Vatican, le 21 juillet 2025

Léon PP. XIV

Discours aux néophytes
et catéchumènes français

Salle des Bénédictions, 29 juillet 2025

Renoncer à la culture de la mort
pour être d’authentiques chrétiens

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. La paix soit avec vous tous. Merci beaucoup, Eminence!

Chers jeunes, chers amis,

pour commencer, je vous salue tous, vous qui êtes venus nombreux à Rome pour vivre le pèlerinage d’espérance. Je salue l’Evêque Mgr Jean-Philippe Nault, qui n’est pas ici, tous les Evêques qui vous accompagnent, ainsi que tous vos aumôniers et catéchistes.

Quelle joie de voir des jeunes qui s’engagent dans la foi et veulent donner un sens à leur vie, en se laissant guider par le Christ et son Evangile! Le baptême fait de nous des membres à part entière de la grande famille de Dieu. L’initiative vient toujours de lui et nous y répondons en faisant l’expérience de son amour qui nous sauve. Dans votre cheminement comme catéchumènes et nouveaux baptisés, chacun de vous fait une rencontre personnelle avec le Seigneur dans la communauté qui l’accueille. Nous nous reconnaissons personnellement filles et fils de Dieu par notre baptême «au nom du Père» qui nous offre l’adoption, «du Fils» qui nous fait entrer dans sa vie et sa relation à son Père, «et du Saint-Esprit», source de tout don (cf. Ga 4, 6). Saint Paul révèle l’effet essentiel du baptême, lors-qu’il écrit aux Galates: «Vous tous en effet, baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ» (3, 27).

Le Baptême introduit dans la communion avec le Christ et donne la vie. Il nous engage à renoncer à une culture de la mort très présente dans notre société. Cette culture de la mort se manifeste aujourd’hui par l’indifférence, le mépris des autres, la drogue, la recherche d’une vie facile, une sexualité qui devient divertissement et chosification de la personne humaine, l’injustice, etc.

Le baptême fait de nous les témoins du Christ. Dans le rite du Baptême, il y a un signe très fort, très fort, c’est lorsque nous recevons la bougie allumée au cierge pascal. C’est la lumière du Christ mort et ressuscité que nous nous engageons à maintenir allumée en l’alimentant par l’écoute de la Parole de Dieu et la communion assidue à Jésus Eucharistie. Saint Ambroise ne se lassait jamais de répéter: «Omnia Christus est nobis !; le Christ est tout pour nous!», une invitation à être d’authentiques témoins du Seigneur. Il disait encore, avec des paroles, pleines d’amour pour Jésus: «Omnia Christus est nobis! Si tu veux guérir une blessure, il est le médecin; si la fièvre te brûle, il est la source; si tu es opprimé par l’iniquité, il est la justice; si tu as besoin d’aide, il est la force; si tu crains la mort, il est la vie; si tu désires le ciel, il est le chemin ; si tu es dans les ténèbres, il est la lumière… Goûtez et voyez comme le Seigneur est bon: bienheureux l’homme qui espère en lui!» (De virginitate, 16, 99). Pour vivre heureux et en paix, nous sommes appelés à placer notre espérance en Jésus-Christ.

A la suite du Seigneur, vous êtes vous aussi le sel de la terre et la lumière du monde (cf. Mt 5, 13-14). L’Eglise a besoin de votre beau témoignage de foi pour grandir davantage et être proche de toute personne dans le besoin.

Le catéchuménat est un cheminement de foi qui ne s’achève pas avec le baptême, mais il se poursuit tout au long de la vie, avec des moments de joie et des moments difficiles. Comme nous le rappelle saint Augustin, «Si le Christ n’était pas devenu le principe de notre espérance, il ne nous conduirait pas. Chef, il nous guide; voie, il nous fait marcher en lui; patrie, il nous dirige vers lui-même» (Saint Augustin, Psaume 61).

Vous êtes appelés à partager votre expérience de foi avec les autres, en témoignant de l’amour du Christ et en devenant des disciples missionnaires. Ne vous limitez pas à la seule connaissance théorique, mais vivez votre foi de manière concrète, en expérimentant l’amour de Dieu dans votre vie quotidienne. Le cheminement de foi peut être long et parfois difficile, mais ne vous découragez pas, car Dieu est toujours présent pour vous soutenir. Comme nous le rappelle le prophète Isaïe: «Ne crains pas: je suis avec toi; ne sois pas troublé: je suis ton Dieu. Je t’affermis; oui, je t’aide» (Is, 41, 10). Il est essentiel de faire l’expérience de Dieu dans la prière, la pratique des Sacrements, particulièrement la redécouverte du Sacrement de la Réconciliation, et la vie communautaire, afin de grandir dans la foi et dans l’amour.

Chers amis, avec l’aide et le soutien de vos pasteurs, de vos frères et sœurs aînés dans la foi, et à l’exemple des saints qui ont affronté les difficultés propres à leur époque, je vous encourage à rester connectés au Seigneur Jésus. Nous ne naissons pas chrétien, nous le devenons quand nous sommes touchés par la grâce de Dieu. Cependant ce «toucher» s’exprime à travers notre choix dûment réfléchi et par notre démarche personnelle. Sans ces exigences véritables, nous porterons l’étiquette chrétienne, mais des chrétiens de convenance, d’habitude ou de confort. Nous devenons d’authentiques chrétiens lorsque nous nous laissons personnellement toucher dans notre vie de chaque jour par la parole et le témoignage de Jésus. Au milieu de vos tribulations, des moments de solitude et d’aridité, des incompréhensions, de vos fatigues, puissent vos cœurs s’établir en lui qui est « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6), la source de toute paix, joie et amour.

Merci!

Nous prions ensemble le Notre Père

[Notre Père]

[Bénédiction]

Joyeux jubilé

Salut aux influenceurs
et missionnaires du numérique

Basilique Saint-Pierre, 29 juillet 2025

Nourrir d’espérance
les réseaux sociaux

Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. La paix soit avec vous!

Chers frères et sœurs, nous avons commencé avec cette salutation: la paix soit avec vous!

Et combien nous avons besoin de paix en cette période déchirée par l’hostilité et les guerres. Et combien le salut du Ressuscité, «La paix soit avec vous!» (Jn 20, 19), nous invite aujourd’hui au témoignage. La paix soit avec nous tous, dans nos cœurs et dans nos actions.

Telle est la mission de l’Eglise: annoncer la paix au monde! La paix qui vient du Seigneur, qui a vaincu la mort, qui nous apporte le pardon de Dieu, qui nous donne la vie du Père, qui nous montre le chemin de l’Amour!

1. C’est la mission que l’Eglise vous confie également aujourd’hui, à vous qui êtes ici à Rome pour votre Jubilé, venus renouveler votre engagement à nourrir d’espérance chrétienne les réseaux sociaux et les milieux numériques. La paix doit être recherchée, annoncée, partagée partout, tant dans les lieux dramatiques de la guerre que dans le cœur vide de ceux qui ont perdu le sens de l’existence et le goût de l’intériorité, le goût de la vie spirituelle. Et aujourd’hui, peut-être plus que jamais, nous avons besoin de disciples missionnaires qui portent dans le monde le don du Ressuscité; qui donnent voix à l’espérance que nous donne Jésus vivant, jusqu’aux extrémités de la terre (cf. Ac 1, 3-8); qui arrivent partout où il y a un cœur qui attend, un cœur qui cherche, un cœur qui a besoin. Oui, jusqu’aux confins de la terre, aux confins existentiels où il n’y a pas d’espoir.

2. Dans cette mission, il y a un deuxième défi: dans les espaces numériques, cherchez toujours la «chair souffrante du Christ» dans chaque frère et sœur. Nous vivons aujourd’hui dans une culture nouvelle, profondément marquée et construite avec et par la technologie. C’est à nous — c’est à vous — de faire en sorte que cette culture reste humaine.

La science et la technique influencent notre façon d’être et de vivre dans le monde, jusqu’à impliquer même la compréhension de nous-mêmes et notre relation avec Dieu, notre relation les uns aux autres. Mais rien de ce qui vient de l’homme et de son ingéniosité ne doit être plié jusqu’à mortifier la dignité de l’autre. Notre mission, votre mission, est de nourrir une culture de l’humanisme chrétien, et de le faire ensemble. C’est là que réside pour nous tous la beauté du «réseau».

Face aux changements culturels, au cours de l’histoire, l’Eglise n’est jamais restée passive; elle a toujours cherché à éclairer chaque époque de la lumière et de l’espérance du Christ, à discerner le bien du mal, ce qui était bon de ce qui devait être changé, transformé, purifié.

Aujourd’hui, dans une culture où la dimension numérique est omniprésente, à une époque où la naissance de l’intelligence artificielle marque une nouvelle géographie dans la vie des personnes et de la société tout entière, tel est le défi que nous devons relever, en réfléchissant à la cohérence de notre témoignage, à notre capacité d’écouter et de parler, de comprendre et d’être compris. Nous avons le devoir d’élaborer ensemble une pensée, d’élaborer un langage qui, en tant qu’enfants de notre temps, donnent voix à l’Amour.

Il ne s’agit pas simplement de produire du contenu, mais de rencontrer des cœurs, de rechercher ceux qui souffrent, ceux qui ont besoin de connaître le Seigneur pour guérir de leurs blessures, pour se relever et trouver un sens à leur vie. Ce processus commence avant tout par l’acceptation de notre pauvreté, l’abandon de toute prétention et la reconnaissance de notre besoin inhérent de l’Evangile. Et ce processus est une entreprise commune.

3. Cela nous amène à un troisième appel pour vous et c’est pourquoi je lance un appel à vous tous: «que vous alliez réparer les filets». Jésus a appelé ses premiers apôtres alors qu’ils réparaient leurs filets de pêche (cf. Mt 4, 21-22). Il le demande aussi nous, il nous demande même, aujourd’hui, de construire d’autres filets: des réseaux de relations, des réseaux d’amour, des réseaux de partage gratuit, où l’amitié est authentique et est profonde. Des réseaux où l’on peut recoudre ce qui est déchiré, où l’on peut guérir de la solitude, sans compter le nombre d’abonnés, mais en expérimentant dans chaque rencontre la grandeur infinie de l’Amour. Des réseaux qui donnent plus de place à l’autre qu’à soi-même, où aucune «bulle» ne peut couvrir la voix des plus faibles. Des réseaux qui libèrent, des réseaux qui sauvent. Des réseaux qui nous font redécouvrir la beauté de se regarder dans les yeux. Des réseaux de vérité. Ainsi, chaque histoire de bien partagé sera le nœud d’un réseau unique et immense: le réseau des réseaux, le réseau de Dieu.

Soyez donc vous-mêmes des agents de communion, capables de briser les logiques de division et de polarisation, d’individualisme et d’égocentrisme. Soyez centrés sur le Christ, pour vaincre les logiques du monde, des fausses nouvelles, de la frivolité, avec la beauté et la lumière de la Vérité (cf. Jn 8, 31-32).

Et maintenant, avant de vous saluer avec la Bénédiction, en confiant au Seigneur votre témoignage, je tiens à vous remercier pour tout le bien que vous avez fait et que vous faites dans votre vie, pour les rêves que vous poursuivez, pour votre amour du Seigneur Jésus, pour votre amour de l’Eglise, pour l’aide que vous apportez à ceux qui souffrent, pour votre cheminement sur les routes numériques.

Audience générale

Place Saint-Pierre, 30 juillet 2025

Une communication honnête dans
la boulimie de fausses connexions

Chers frères et sœurs,

Avec cette catéchèse, nous terminons notre parcours sur la vie publique de Jésus, faite de rencontres, de paraboles et de guérisons.

Notre époque a aussi besoin de guérison. Notre monde est traversé par un climat de violence et de haine qui mortifie la dignité humaine. Nous vivons dans une société qui tombe malade à cause d’une «boulimie» des connexions des réseaux sociaux: nous sommes hyperconnectés, bombardés d’images, parfois même fausses ou déformées. Nous sommes submergés par de multiples messages qui suscitent en nous une tempête d’émotions contradictoires.

Dans ce contexte, il est possible que nous ayons envie de tout éteindre. Nous pouvons en arriver à préférer ne plus rien entendre. Même nos paroles risquent d’être mal comprises et nous pouvons être tentés de nous enfermer dans le silence, dans une incommunicabilité où, même si nous sommes proches, nous ne parvenons plus à nous dire les choses les plus simples et les plus profondes.

A ce propos, je voudrais m’arrêter aujourd’hui sur un passage de l’Evangile de Marc qui nous présente un homme qui ne parle pas et n’entend pas (cf. Mc 7, 31-37). Tout comme cela pourrait nous arriver aujourd’hui, cet homme a peut-être décidé de ne plus parler parce qu’il ne se sentait pas compris, et de devenir muet parce qu’il était resté déçu et blessé par ce qu’il avait entendu. En effet, ce n’est pas lui qui va vers Jésus pour être guéri, mais il est amené par d’autres personnes. On pourrait penser que ceux qui le conduisent vers le Maître sont ceux qui sont préoccupés par son isolement. La communauté chrétienne a également vu dans ces personnes l’image de l’Eglise, qui accompagne chaque personne vers Jésus afin qu’il écoute sa parole. L’épisode se déroule dans un territoire païen, nous sommes donc dans un contexte où d’autres voix tendent à couvrir la voix de Dieu.

Le comportement de Jésus peut sembler étrange au premier abord, car il prend cette personne avec lui et l’emmène à l’écart (v. 33a). Il semble ainsi accentuer son isolement, mais à y regarder de plus près, cela nous aide à comprendre ce qui se cache derrière le silence et la fermeture de cet homme, comme s’il avait compris son besoin d’intimité et de proximité.

Jésus lui offre tout d’abord une proximité silencieuse, à travers des gestes qui expriment une rencontre profonde: il touche les oreilles et la langue de cet homme (cf. v. 33b). Jésus n’use pas beaucoup de mots, il dit la seule chose qui lui est nécessaire à ce moment-là: «Ouvre-toi!» (v. 34). Marc rapporte le mot en araméen, effatà, presque pour nous en faire ressentir «en direct» le son et le souffle. Ce mot, simple et magnifique, contient l’invitation que Jésus adresse à cet homme qui a cessé d’écouter et de parler. C’est comme si Jésus lui disait: «Ouvre-toi à ce monde qui t’effraie! Ouvre-toi aux relations qui t’ont déçu! Ouvre-toi à la vie que tu as renoncé à affronter!». Se fermer n’est en effet jamais une solution.

Après sa rencontre avec Jésus, cette personne non seulement recommence à parler, mais elle le fait «correctement» (v. 35). Cet adverbe inséré par l’évangéliste semble vouloir nous en dire davantage sur les raisons de son silence. Peut-être cet homme avait-il cessé de parler parce qu’il avait l’impression de mal s’exprimer, peut-être ne se sentait-il pas à la hauteur. Tous, nous faisons l’expérience d’être mal compris et de ne pas nous sentir compris. Nous avons tous besoin de demander au Seigneur de guérir notre façon de communiquer, non seulement pour être plus efficaces, mais aussi pour éviter de blesser les autres avec nos paroles.

Reprendre correctement la parole est le début d’un cheminement, ce n’est pas encore le point d’arrivée. En effet, Jésus interdit à cet homme de raconter ce qui lui est arrivé (cf. v. 36). Pour vraiment connaître Jésus, il faut accomplir un cheminement, il faut rester avec Lui et passer aussi par sa Passion. Quand nous l’aurons vu humilié et souffrant, quand nous aurons fait l’expérience de la puissance salvifique de sa Croix, alors nous pourrons dire que nous l’avons vraiment connu. Pour devenir disciples de Jésus, il n’y a pas de raccourcis.

Chers frères et sœurs, demandons au Seigneur de nous apprendre à communiquer de manière honnête et prudente. Prions pour tous ceux qui ont été blessés par les paroles des autres. Prions pour l’Eglise, afin qu’elle ne renonce jamais à sa mission d’amener les gens à Jésus, afin qu’ils puissent écouter sa Parole, en être guéris et devenir à leur tour porteurs de son message de salut.

Le Pape a ensuite prononcé les appels suivants:

Je renouvelle ma profonde douleur pour l’attaque terroriste brutale qui a eu lieu dans la nuit du 26 au 27 juillet à Komanda, dans l’est de la République démocratique du Congo, où plus de quarante chrétiens ont été tués dans une église pendant une veillée de prière et dans leurs maisons. Tout en confiant les victimes à la bienveillante Miséricorde de Dieu, je prie pour les blessés et pour les chrétiens du monde entier qui continuent de subir des violences et des persécutions, et j’exhorte ceux qui ont des responsabilités à l’échelle locale et internationale à œuvrer pour prévenir de telles tragédies.

Le 1er août marquera le 50e anniversaire de la signature de l’Acte final d’Helsinki. Animés par la volonté de garantir la sécurité dans le contexte de la guerre froide, 35 pays ont inauguré une nouvelle saison géopolitique, favorisant le rapprochement entre l’Est et l’Ouest. Cet événement a également marqué un intérêt renouvelé pour les droits de l'homme, avec une attention particulière portée à la liberté religieuse comme l’un des fondements de l’architecture de coopération alors naissante de «Vancouver à Vladivostok». La participation active du Saint-Siège à la Conférence d’Helsinki — représentée par l’archevêque Agostino Casaroli — a contribué à favoriser l’engagement politique et moral pour la paix. Aujourd’hui, plus que jamais, il est essentiel de préserver l’esprit d’Helsinki: persévérer dans le dialogue, renforcer la coopération et faire de la diplomatie le moyen privilégié de prévenir et de résoudre les conflits.

Parmi les pèlerins ayant assisté à l’Audience générale étaient présents les groupes francophones suivants:

De France: groupe de jeunes du diocèse d’Aire et Dax; groupe de la Mission catholique vietnamienne, de Paris.

De Suisse: groupe de jeunes de Suisse romande.

Du Bénin: groupe de prière Notre-Dame du Sacré Cœur, de Cotonou.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les jeunes qui participent au Jubilé et je souhaite que ces journées jubilaires puissent transmettre au monde un message d’espérance, de paix et d’amour. Que Dieu vous bénisse!

Salut aux artistes animant
la rencontre des jeunes à Tor Vergata

Salle Clémentine, 2 août 2025

L’art est une expérience de foi
qui conduit au Christ

Merci! Bonjour à tous et merci pour tout.

J’ai voulu avoir cette petite rencontre, disons, familiale avec vous précisément ce matin, conscient de la beauté, de l’art, de la musique, de tous les talents que vous offrez à ce vaste public que nous avons à Rome ces jours-ci. Plus d’un demi-million, disent certains, peut-être un million de jeunes venus de nombreux pays du monde.

C’est pour moi un privilège, une bénédiction de pouvoir participer à cette mission, à ce service, en tant qu’Evêque de Rome, en tant que Saint-Père, en voyant surtout la foi, l’enthousiasme et la joie que nous partageons et qui font écho à ce que nous portons dans nos cœurs et qui est surtout le désir de trouver le bonheur, la joie, l’amour; de vivre la foi également à travers les dons que le Seigneur nous a accordés: la musique, la danse et de nombreuses formes artistiques que vous partagerez cet après-midi avec les jeunes.

C’est véritablement un don pour nous tous et pour toute l’Eglise, et je vous remercie sincèrement. Merci à vous pour ce moment, et je demande à Dieu de vous bénir et de vous aider à accompagner ces jeunes qui ont aussi un grand besoin de trouver la vraie joie, le véritable bonheur que nous trouvons tous en Jésus Christ.

Tous mes vœux et merci beaucoup!

Paroles aux amis de la jeune Egyptienne morte au jubilé des jeunes

Salon de la salle Paul VI, 2 août 2025

Notre espérance est plus forte
que la douleur

Chers frères et sœurs, que la paix soit avec vous.

Tôt ce matin, j’ai appris la triste nouvelle du décès soudain la nuit dernière, je crois, de l’une de vos compagnes de voyage dans ce pèlerinage, votre sœur.

La douleur que la mort provoque en nous tous est certes une réalité très humaine et très compréhen-sible, en particulier lorsque l’on est si loin de chez soi, et en une telle occasion, où nous sommes réunis véritablement ensemble pour célébrer notre foi dans la joie. Et il nous est rappelé soudain, de façon très forte, que notre vie n’est pas superficielle, que nous n’avons pas le contrôle de nos vies, et que nous ne connaissons pas, comme Jésus lui-même l’a dit, ni le jour, ni l’heure où, pour quelque raison, notre vie terrestre prendra fin.

Mais nous apprenons aussi dans l’Evangile ce que Marthe et Marie ont découvert après la mort de leur frère Lazare, lorsque Jésus n’était pas avec elles au début, mais qu’il est arrivé plusieurs jours après sa mort, et elles comprennent que Jésus est Vie et Résurrection.

Ainsi, d’une certaine façon, alors que nous célébrons cette Année jubilaire d’espérance, cela nous rappelle fortement à quel point notre foi en Jésus Christ a besoin d’être une partie de ce que nous sommes, de ce que nous vivons, de comment nous nous apprécions et respectons les uns les autres, et surtout de comment nous continuons à aller de l’avant malgré des expériences si douloureuses.

Saint Augustin nous dit que lorsque quelqu’un meurt, il est certes très humain et très naturel de pleurer et de souffrir, de ressentir la perte d’un être cher, mais il dit aussi qu’il ne faut pas pleurer comme le font les païens, car nous avons vu Jésus Christ mourir sur la croix et ressusciter d’entre les morts.

Et c’est notre espérance en la résurrection qui est la source ultime de notre espérance, et nous parlons d’une année jubilaire d’espérance, notre espérance est en Jésus Christ qui est ressuscité. Et il nous appelle tous à renouveler notre foi, il nous appelle tous à être amis, frères et sœurs les uns des autres, à nous soutenir les uns les autres, et il dit: vous aussi, vous devez être témoins de ce message évangélique. Et cela vous a tous touchés de manière très personnelle et directe aujourd’hui. Ainsi, dans la douleur que vous ressentez suite à la perte de votre amie, vous avez l’occasion d’être ensemble, de prier, de renouveler notre foi et de demander à Dieu le repos éternel pour notre sœur, mais aussi la consolation et le renforcement de notre foi, afin qu’elle soit renouvelée dans l’espérance et en tant qu’Eglise, en tant que frères et sœurs, nous nous sommes réunis pour cette raison.

Demandons au Seigneur d’être avec nous, d’être avec vous tous qui vivez ces jours de pèlerinage en l’année du Jubilé de l’espérance, et que vous soyez tous protégés par l’amour et la grâce de Dieu. Que le Seigneur soit avec vous.

Que la bénédiction de Dieu tout-puissant descende sur vous. Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen. Que Dieu soit avec vous et donne la paix à vos cœurs.

Dialogue avec les jeunes
lors de la Veillée de prière

Tor Vergata, 2 août 2025

L’amitié est un chemin vers
la paix et peut changer le monde

Question 1 – Amitié
[En espagnol]

Saint-Père, je m’appelle Dulce María, j’ai 23 ans et je viens du Mexique. Je m’adresse à vous en tant que porte-parole d’une réalité que vivent les jeunes dans de nombreuses régions du monde. Nous sommes les enfants de notre temps. Nous vivons dans une culture qui nous appartient et qui, sans que nous nous en rendions compte, nous façonne; elle est marquée par la technologie, en particulier dans le domaine des réseaux sociaux. Nous rêvons souvent d’avoir beaucoup d’amis et de créer des relations étroites, alors que nous faisons de plus en plus souvent l’expérience de différentes formes de solitude. Nous sommes proches et connectés à tant de personnes, et pourtant, ces relations ne sont pas véritables et durables, mais éphémères et souvent illusoires. Saint-Père, ma question est la suivante: comment pouvons-nous trouver une amitié sincère et un amour authentique qui nous conduisent à la véritable espérance? Comment la foi peut-elle nous aider à construire notre avenir?

Chers jeunes, les relations humaines, nos relations avec les autres sont indispensables à chacun d’entre nous, à commencer par le fait que tous les hommes et toutes les femmes dans le monde naissent enfants de quelqu’un. Notre vie commence par un lien et c’est par les liens que nous grandissons. Dans ce processus, la culture joue un rôle fondamental: c’est le code avec lequel nous nous comprenons nous-mêmes et interprétons le monde. Comme un dictionnaire, chaque culture contient à la fois des mots nobles et des mots vulgaires, des valeurs et des erreurs qu’il faut apprendre à reconnaître. En recherchant passionnément la vérité, nous ne recevons pas seulement une culture, mais nous la transformons par nos choix de vie. La vérité, en effet, est un lien qui relie les mots aux choses, les noms aux visages. Le mensonge, en revanche, sépare ces aspects, générant confusion et malentendus.

Aujourd’hui, parmi les nombreuses connexions culturelles qui caractérisent notre vie, Internet et les réseaux sociaux sont devenus «une extraordinaire opportunité de dialogue, de rencontre et d’échange entre les personnes, et donnent accès à l’information et à la connaissance» (Pape François, Christus vivit, n. 87). Cependant, ces instruments s’avèrent ambigus lorsqu’ils sont dominés par des logiques commerciales et des intérêts qui brisent nos relations en mille morceaux. A cet égard, le Pape François rappelait que parfois les «mécanismes de la communication, de la publicité et des réseaux sociaux peuvent être utilisés pour faire de nous des êtres endormis, dépendants de la consommation» (Christus vivit, n. 105). Nos relations deviennent alors confuses, -anxieuses ou instables. De plus, comme vous le savez, il existe aujourd’hui des algorithmes qui nous disent ce que nous devons voir, ce que nous devons penser et qui devraient être nos amis. Nos relations deviennent alors confuses, parfois angoissantes. Car l’homme qui se laisse dominer par l’instrument devient lui-même un instrument: oui, un instrument du marché et, à son tour, une marchandise. Seules des relations sincères et des liens stables permettent à des histoires de vie heureuses de s’épanouir.

Chers jeunes, toute personne désire naturellement cette vie bonne, comme les poumons aspirent à l’air, mais combien il est difficile de la trouver! Comme il est difficile de trouver une authentique amitié. Il y a plusieurs siècles, saint Augustin a saisi le désir profond de notre cœur, qui est celui de tout cœur humain, même sans connaître le développement tech-nologique actuel d’aujourd’hui. Lui aussi a connu une jeunesse tumultueuse, mais il ne s’est pas contenté de cela, il n’a pas réduit au silence le cri de son cœur. Augustin cherchait la vérité, la vérité qui ne déçoit pas, la beauté qui ne passe pas. Et comment l’a-t-il trouvée? Comment a-t-il trouvé une amitié sincère, un amour capable de donner l’espérance? En rencontrant celui qui le cherchait déjà, en rencontrant Jésus-Christ. Comment a-t-il construit son avenir?

En le suivant, Lui son ami de toujours. Selon ses propres mots: «Aucune amitié n’est fidèle si ce n’est en Christ. — Saint Augustin nous dit: “Il n’y a pas d’amitié authentique si elle n’est pas en Christ. Et la véritable amitié est toujours en Jésus-Christ, avec vérité, amour et respect” — Et ce n’est qu’en Lui qu’elle peut être heureuse et éternelle» (cf. Réfutation de deux lettres des Pélagiens, I, I, 1); «C’est l’aimer véritablement un ami, que d’aimer Dieu en lui» (Sermon 336, 2), nous dit Augustin. L’amitié avec le Christ, qui est à la base de la foi, n’est pas seulement une aide parmi tant d’autres pour construire l’avenir, elle est notre étoile polaire.

Comme l’écrivait le bienheureux Pier Giorgio Frassati, «vivre sans foi, sans un patrimoine à défendre, sans lutter pour la Vérité, ce n’est pas vivre, c’est simplement exister» (cf. Lettres, 27 février 1925). Lorsque nos amitiés reflètent ce lien intense avec Jésus, elles deviennent assurément sincères, généreuses et authentiques.

Chers jeunes, aimez-vous les uns les autres! Aimez-vous dans le Christ! Sachez voir Jésus dans les autres. L’amitié peut vraiment changer le monde. L’amitié est un chemin vers la paix. L’amitié est le chemin vers la paix.

Question 2 – Le courage de choisir
[En italien]

Saint-Père, je m’appelle Gaia, j’ai 19 ans et je suis italienne. Ce soir, tous les jeunes ici présents aimeraient vous parler de leurs rêves, de leurs espoirs et de leurs doutes. Nos années sont marquées par les décisions importantes que nous sommes appelés à prendre pour orienter notre vie future. Cependant, le climat d’incertitude qui nous entoure nous incite à remettre à plus tard et la peur d’un avenir inconnu nous paralyse. Nous savons que choisir équivaut à renoncer à quelque chose et cela nous bloque, mais malgré tout, nous percevons que l’espérance indique des objectifs réalisables, même s’ils sont marqués par la précarité du moment présent. Saint-Père, nous vous demandons: où trouver le courage de choisir? Comment pouvons-nous être courageux et vivre l’aventure de la liberté vivante, en faisant des choix radicaux et chargés de sens?

Merci pour cette question. La question est: comment trouver le courage de choisir? Où pouvons-nous trouver le courage de choisir et de prendre des décisions judicieuses? Le choix est un acte humain fondamental. En l’observant attentivement, nous comprenons qu’il ne s’agit pas seulement de choisir quelque chose, mais de choisir quelqu’un. Lorsque nous choisissons, au sens fort, nous décidons qui nous voulons devenir. Le choix par excellence, en effet, est la décision concernant notre vie: quel homme veux-tu être? Quelle femme veux-tu être? Très chers jeunes, on apprend à choisir à travers les épreuves de la vie, et avant tout en se rappelant que nous avons été choisis. Cette mémoire doit être explorée et éduquée. Nous avons reçu la vie gratuitement, sans l’avoir choisie! A notre origine, il n’y a pas eu notre décision, mais un amour qui nous a voulus. Au cours de l’existence, celui qui nous aide à reconnaître et à renouveler cette grâce dans les choix que nous sommes appelés à faire se révèle être un véritable ami.

Chers jeunes, vous avez bien dit: «choisir, c’est aussi renoncer à autre chose, et cela nous bloque parfois». Pour être libres, il faut partir d’une base stable, du roc qui soutient nos pas. Ce roc est un amour qui nous précède, nous surprend et nous dépasse infiniment: c’est l’amour de Dieu. C’est pourquoi, devant Lui, le choix devient un jugement qui n’enlève aucun bien, mais conduit toujours au meilleur. Le courage de choisir vient de l’amour que Dieu nous manifeste dans le Christ. C’est Lui qui nous a aimés de tout son être, en sauvant le monde et en nous montrant ainsi que le don de la vie est le chemin pour réaliser notre personne. C’est pourquoi la rencontre avec Jésus correspond aux attentes les plus profondes de notre cœur, car Jésus est l’Amour de Dieu fait homme.

A ce sujet, il y a vingt-cinq ans, ici même où nous nous trouvons, saint Jean-Paul II disait: «C’est Jésus que vous cherchez quand vous rêvez de bonheur; c’est lui qui vous attend quand rien de ce que vous trouvez ne vous satisfait; c’est lui, la beauté qui vous attire tellement; c’est lui qui vous provoque par la soif de radicalité qui vous empêche de vous habituer aux compromis; c’est lui qui vous pousse à faire tomber les masques qui faussent la vie; c’est lui qui lit dans vos cœurs les décisions les plus profondes que d’autres voudraient étouffer» (Veillée de prière lors de la 15e Journée mondiale de la jeunesse, 19 août 2000). La peur fait place alors à l’espérance, car nous sommes certains que Dieu mène à bien ce qu’il commence.

Nous reconnaissons sa fidélité dans les paroles de ceux qui aiment vraiment, parce qu’ils ont été vraiment aimés. «Tu es ma vie, Seigneur»: c’est ce que prononcent avec joie et liberté un prêtre et une con-sacrée: «Tu es ma vie, Seigneur». «Je te prends pour épouse et pour époux»: c’est la phrase qui transforme l’amour d’un homme et d’une femme en signe efficace de l’amour de Dieu. Voici des choix radicaux, des choix pleins de sens: le mariage, l’ordre sacré, la consécration religieuse expriment le don de soi, libre et libérateur, qui nous rend vraiment heureux. Et c’est là que nous trouvons le bonheur, lors-que nous apprenons à nous donner nous-mêmes. Donner sa vie pour les autres.

Ces choix donnent un sens à notre vie, la transformant à l’image de l’Amour parfait, qui l’a créée et rachetée de tout mal, même de la mort. Je dis cela, ce soir, en pensant à deux jeunes filles, María, vingt ans, espagnole, et Pascale, dix-huit ans, égyptienne. Toutes deux avaient choisi de venir à Rome pour le Jubilé des jeunes, et la mort les a emportées ces derniers jours. Prions ensemble pour elles; prions également pour leurs familles, leurs amis et leurs communautés. Que Jésus ressuscité les accueille dans la paix et la joie de son Royaume. Et encore je voudrais demander vos prières pour un autre ami, un jeune Espagnol, Ignacio Gonzalvez, qui a été hospitalisé à l’hôpital Bambino Gesù: prions pour lui, pour sa santé. Trouvons le courage de faire des choix difficiles et dire à Jésus: «Tu es ma vie, Seigneur». «Seigneur, Tu es ma vie». Merci.

Question 3 – Rappel du bien
[En anglais]

Saint-Père, je m’appelle Will. J’ai 20 ans et je viens des Etats-Unis. Je voudrais vous poser une question au nom de tous ces jeunes qui aspirent, au fond de leur cœur, à quelque chose de plus profond. Nous sommes attirés par la vie intérieure même si, à première vue, nous sommes jugés comme une génération superficielle et irréfléchie. Au plus profond de nous-mêmes, nous nous sentons attirés par le beau et le bien comme sources de vérité. La valeur du silence, comme dans cette veillée, nous fascine, même si parfois il nous effraie par son vide. Saint-Père, je voudrais vous demander: comment pouvons-nous vraiment rencontrer le Seigneur ressuscité dans notre vie et être sûrs de sa présence même au milieu des épreuves et des incertitudes?

Pour lancer cette Année Jubilaire, le Pape François a publié le document intitulé Spes non confundit, qui signifie «L’espérance ne déçoit pas». Dans ce document, il écrit: «L’espérance est contenue dans le cœur de chaque personne comme un désir et une attente du bien» (Spes non confundit, n. 1). Dans la Bible, le mot «cœur» désigne généralement l’être profond d’une personne, qui inclut notre conscience. Notre conception du bien reflète donc la manière dont notre conscience a été façonnée par les personnes qui ont fait partie de notre vie: celles qui ont été gentilles avec nous, celles qui nous ont écoutés avec amour, celles qui nous ont aidés. Ces personnes ont contribué à vous élever dans la bonté et, par conséquent, à former votre conscience afin que vous recherchiez le bien dans vos choix quotidiens.

Chers jeunes, Jésus est l’ami qui nous accompagne toujours dans la formation de notre conscience. Si vous voulez vraiment rencontrer le Seigneur ressuscité, écoutez sa parole qui est l’Evangile du salut. Réfléchissez à votre façon de vivre et recherchez la justice afin de construire un monde plus humain. Servez les pauvres et témoignez ainsi du bien que nous aimerions toujours recevoir de nos prochains. Soyez unis à Jésus-Christ dans l’Eucharistie. Adorez le Christ dans le Saint-Sacrement, source de la vie éternelle. Etudiez, travaillez et aimez à l’exemple de Jésus, le bon Maître qui marche toujours à nos côtés. A chaque étape, alors que nous recherchons ce qui est bon, demandons-Lui: reste avec nous, Seigneur (cf. Lc 24, 29). Reste avec nous, Seigneur. Reste avec nous, Seigneur.

Reste avec nous, car sans toi, nous ne pouvons pas faire le bien que nous désirons. Tu veux notre bien; en effet Seigneur, Tu es notre bien. Ceux qui te rencontrent veulent aussi que les autres te rencontrent, car ta parole est une lumière plus brillante que toutes les étoiles, qui éclaire même la nuit la plus sombre. Le Pape Benoît XVI aimait dire que ceux qui croient ne sont jamais seuls. En d’autres termes, nous rencontrons le Christ dans l’Eglise, c’est-à-dire dans la communion de ceux qui le cherchent sincèrement. Le Seigneur lui-même nous rassemble pour former une communauté, pas n’importe quelle communauté, mais une communauté de croyants qui se soutiennent mutuellement. Combien le monde a besoin de missionnaires de l’Evangile, témoins de justice et de paix! Combien l’avenir a besoin d’hommes et de femmes témoins de l’espérance! Chers jeunes, telle est la tâche que le Seigneur ressuscité confie à chacun de nous!

Saint Augustin a écrit: «C’est toi qui le pousses à prendre plaisir à te louer parce que tu nous as faits orientés vers toi et que notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose pas en toi… Je veux, Seigneur, te chercher… et t’invoquer en croyant en toi» (Confessions, I, 1). A la suite de ces paroles d’Augustin, et en réponse à vos questions, j’aimerais inviter chacun de vous, chers jeunes, à dire au Seigneur: «Merci, Jésus, de m’avoir appelé. Mon désir est de rester l’un de tes amis, afin qu’en t’embrassant, je sois aussi un compagnon de route pour tous ceux que je rencontre. Fais, Seigneur, que ceux qui me rencontrent puissent te rencontrer, même à travers mes limites et mes fragilités». En priant ces paroles, notre dialogue se poursuivra chaque fois que nous regarderons le Seigneur crucifié, car nos cœurs seront unis en Lui. Chaque fois que nous adorons le Christ dans l’Eucharistie, nos cœurs seront unis en lui. Enfin, je prie pour que vous persévériez dans la foi, avec joie et courage! Et nous pouvons dire «Merci Jésus de nous aimer». Merci Jésus de nous avoir aimé. Merci Jésus de nous avoir appelés. Reste avec nous, Seigneur. Reste avec nous. Reste avec nous Seigneur.

A l’issue de la veillée de prière avec les jeunes, le Pape a prononcé les paroles improvisées suivantes:

Je voudrais remercier le chœur, la musique: merci de nous accompagner! Merci à vous tous! Merci! Je vous recommande de vous reposer un peu. Rendez-vous demain matin ici pour la Messe. Félicitations à tous. Bonne nuit!

Homélie lors de la Messe
pour le jubilé des jeunes

Tor Vergata, 3 août 2025

«Aspirez à de grandes choses,
où que vous soyez»

Très chers jeunes,

après la Veillée vécue ensemble hier soir, nous nous retrouvons aujourd’hui pour célébrer l’Eucharistie, sacrement du don total de Soi que le Seigneur a fait pour nous. Nous pouvons imaginer revivre, dans cette expérience, le chemin parcouru le soir de Pâques par les disciples d’Emmaüs (cf. Lc 24, 13-35): d’abord, ils s’éloignaient de Jérusalem, effrayés et déçus; ils partaient convaincus qu’après la mort de Jésus, il n’y avait plus rien à attendre, plus rien à espérer. Et pourtant, ils l’ont précisément rencontré, ils l’ont accueilli comme compagnon de voyage, ils l’ont écouté pendant qu’il leur expliquait les Ecritures, et enfin ils l’ont reconnu à la fraction du pain. Alors leurs yeux se sont ouverts et l’annonce joyeuse de Pâques a trouvé place dans leur cœur.

La liturgie d’aujourd’hui ne nous parle pas directement de cet épisode, mais elle nous aide à réfléchir sur ce qu’il raconte: la rencontre avec le Christ Ressuscité qui change notre existence, qui éclaire nos affections, nos désirs, nos pensées.

La première lecture, tirée du livre de Qohelet, nous invite à faire, comme les deux disciples dont nous avons parlé, l’expérience de notre limite, de la finitude des choses qui passent (cf. Qo 1, 2; 2, 21-23); et le psaume responsorial, qui lui fait écho, nous propose l’image d’une «herbe changeante: elle fleurit le matin, elle change; le soir, elle est fanée, desséchée» (Ps 90, 5-6). Ce sont deux rappels forts, peut-être un peu choquants, mais qui ne doivent pas nous effrayer, comme s’il s’agissait de sujets «tabous» à éviter. La fragilité dont ils nous parlent fait en effet partie de la merveille que nous sommes. Pen-sons au symbole de l’herbe: n’est-ce pas magnifique, un pré en fleurs? Certes, elles sont délicates, faites de tiges fines, vulnérables, susceptibles de se dessécher, de se plier, de se briser, mais en même temps, elles sont immédiatement remplacées par d’autres qui poussent après elles, et dont les premières deviennent généreusement nutriments et servent d’engrais, en se consumant sur le sol. C’est ainsi que vit le champ, se renouvelant continuellement, et même pendant les mois froids d’hiver, quand tout semble silencieux, son énergie frémit sous terre et se prépare à exploser, au printemps, en mille couleurs.

Nous aussi, chers amis, nous sommes ainsi faits: nous sommes faits pour cela. Non pour une vie où tout est acquis et immobile, mais pour une existence qui se régénère constamment dans le don, dans l’amour. Et ainsi, nous aspirons continuellement à un «plus» qu’aucune réalité créée ne peut nous donner; nous ressentons une soif si grande et si brûlante qu’aucune boisson de ce monde ne peut l’étancher. Face à cette soif, ne trompons pas notre cœur en essayant de l’apaiser avec des substituts inefficaces! Ecoutons-la plutôt! Faisons-en un tabouret sur lequel nous pouvons monter pour nous pencher, comme des enfants, sur la pointe des pieds, à la fenêtre de la rencontre avec Dieu. Nous nous trouverons face à Lui, qui nous attend, qui frappe même gentiment à la vitre de notre âme (cf. Ap 3, 20). Et il est beau, même à vingt ans, de Lui ouvrir grandement notre cœur, de le laisser y entrer, pour ensuite nous aventurer avec Lui vers les espaces éternels de l’infini.

Saint Augustin, parlant de sa recherche intense de Dieu, se demandait: «Quel est donc l’objet de notre espérance […]? Est-ce la terre? Non. Est-ce quelque chose qui vient de la terre, comme l’or, l’argent, l’arbre, la moisson, l’eau […]? Ces choses plaisent, elles sont belles, elles sont bonnes» (Sermon 313/F, 3). Et il concluait: «Cherche celui qui les a faites, c’est Lui ton espérance» (ibid.). Puis, repensant au chemin qu’il avait parcouru, il priait en disant: «Tu [Seigneur] étais au-dedans, et moi au-dehors et c’est là que je te cherchais [...]. Tu as appelé, tu as crié et tu as brisé ma surdité tu as brillé, tu as resplendi et tu as dissipé ma cécité tu as embaumé, j’ai respiré et haletant j’aspire à toi j’ai goûté [cf. Ps 33, 9; 1 P 2, 3] et j’ai faim et j’ai soif [cf. Mt 5, 6; 1 Co 4, 11]; tu m’as touché et je me suis enflammé pour ta paix» (Confessions, 10, 27).

Frères et sœurs, ce sont de très belles paroles, qui rappellent ce que le Pape François disait à Lisbonne, lors de la Journée mondiale de la jeunesse, à d’autres jeunes comme vous: «Chacun est appelé à se confronter à de grandes questions qui n’ont pas […] une réponse simpliste ou immédiate, mais qui invitent à accomplir un voyage, à se dépasser, à aller plus loin […], à un décollage sans lequel il n’y a pas de vol. Ne nous alarmons pas alors si nous nous trouvons assoiffés de l’intérieur, inquiets, inachevés, avides de sens et d’avenir […]. Ne soyons pas malades, soyons vivants!» (Discours pour la rencontre avec les jeunes universitaires, 3 août 2023).

Il y a une question importante dans notre cœur, un besoin de vérité que nous ne pouvons ignorer, qui nous amène à nous demander: qu’est-ce vraiment que le bonheur? Quel est le véritable goût de la vie? Qu’est-ce qui nous libère des marécages de l’absurdité, de l’ennui, de la médiocrité?

Ces derniers jours, vous avez vécu de nombreuses expériences enrichissantes. Vous avez rencontré des jeunes de votre âge, venus de différentes parties du monde et appartenant à différentes cultures. Vous avez échangé vos connaissances, partagé vos attentes, dialogué avec la ville à travers l’art, la musique, l’informatique, le sport. Au Circo Massimo, vous vous êtes approchés du sacrement de la pénitence, vous avez reçu le pardon de Dieu et vous avez demandé son aide pour mener une vie bonne.

Dans tout cela, vous pouvez trouver une réponse importante: la plénitude de notre existence ne dépend pas de ce que nous accumulons ni, comme nous l’avons entendu dans l’Evangile, de ce que nous possédons (cf. Lc 12, 13-21). Elle est plutôt liée à ce que nous savons accueillir et partager avec joie (cf. Mt 10, 8-10; Jn 6, 1-13). Acheter, accumuler, con-sommer ne suffit pas. Nous avons besoin de lever les yeux, de regarder vers le haut, vers «les réalités d’en haut» (Col 3, 2), pour nous rendre compte que tout a un sens, parmi les réalités du monde, dans la mesure où cela sert à nous unir à Dieu et à nos frères dans la charité, en faisant grandir en nous «des sentiments de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur» (Col 3, 12), de pardon (cf. ibid., v. 13), de paix (cf. Jn 14, 27), comme ceux du Christ (cf. Ph 2, 5). Et dans cette perspective, nous comprendrons toujours mieux ce que signifie «l’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné» (Rm 5, 5).

Très chers jeunes, notre espérance, c’est Jésus. C’est Lui, comme le disait saint Jean-Paul II, «qui suscite en vous le désir de faire de votre vie quelque chose de grand, […] pour vous rendre meilleurs, pour améliorer la société, en la rendant plus humaine et plus fraternelle» (XVe Journée mondiale de la jeunesse, veillée de prière, 19 août 2000). Restons unis à Lui, restons dans son amitié, toujours, en la cultivant par la prière, l’adoration, la communion eucharistique, la confession fréquente, la charité généreuse, comme nous l’ont enseigné les bienheureux Pier Giorgio Frassati et Carlo Acutis, qui seront bientôt proclamés saints. Aspirez à de grandes choses, à la sainteté, où que vous soyez. Ne vous contentez pas de moins. Vous verrez alors grandir chaque jour, en vous et autour de vous, la lumière de l’Evangile.

Je vous confie à Marie, la Vierge de l’espérance. Avec son aide, en retournant dans les prochains jours dans vos pays, dans toutes les parties du monde, continuez à marcher avec joie sur les traces du Sauveur, et contaminez tous ceux que vous rencontrez avec votre enthousiasme et le témoignage de votre foi! Bonne route!

Angelus domini

Tor Vergata, 3 août 2025

Proche des terres
ensanglantées par la guerre

Très chers amis,

le Seigneur Jésus est présent au milieu de nous et en nous: tout en tous dans l’Eucharistie. Unis à Lui, nous voulons élever un immense «merci» au Père pour le don de ces journées de votre Jubilé. Ce fut une cascade de grâces pour l’Eglise et pour le monde entier! Et cela grâce à la participation de chacun d’entre vous. C’est pourquoi je tiens à vous remercier un par un, du fond du cœur. Tout particulièrement je veux rappeler le souvenir et confier au Seigneur María et Pascale, les deux jeunes pèlerines, l’une espagnole et l’autre égyptienne, qui nous ont quitté ces derniers jours. Je remercie les évêques, les prêtres, les religieuses et les religieux, les éducateurs qui vous ont accompagnés, ainsi que tous ceux qui ont prié pour cet événement et y ont participé spirituellement.

[En anglais] En communion avec le Christ, notre paix et notre espérance pour le monde, nous sommes plus proches que jamais des jeunes qui souffrent les maux les plus graves, causés par d’autres êtres humains. Nous sommes avec les jeunes de Gaza, nous sommes avec les jeunes d’Ukraine, avec ceux de toutes les terres ensanglantées par la guerre. Mes jeunes frères et sœurs, vous êtes le signe qu’un monde différent est possible: un monde de fraternité et d’amitié, où les conflits ne se résolvent pas avec des armes, mais avec le dialogue.

[En espagnol] Oui, avec le Christ, c’est possible! Avec son amour, avec son pardon, avec la force de son Esprit. Mes chers amis, unis à Jésus comme les sarments à la vigne, vous porterez beaucoup de fruits; vous serez le sel de la terre, la lumière du monde; vous serez des semences d’espérance là où vous vivez: dans votre famille, avec vos amis, à l’école, au travail, dans le sport. Des semences d’espérance avec le Christ, notre espérance.

Après ce Jubilé, le «pèlerinage d’espérance» des jeunes se poursuivra et nous mènera en Asie! Je renouvelle l’invitation que le Pape François a adressée à Lisbonne il y a deux ans: les jeunes du monde entier se retrouveront avec le Successeur de Pierre pour célébrer les Journées mondiales de la jeunesse à Séoul, en Corée, du 3 au 8 août 2027. Cette Journée aura pour thème «Prenez courage! Moi, j’ai vaincu le monde» (Jn 16, 33). C’est précisément l’espérance qui habite nos cœurs qui nous donne la force d’annoncer la victoire du Christ ressuscité sur le mal et sur la mort; et vous, jeunes pèlerins de l’espérance, vous en serez les témoins jusqu’aux confins de la terre! Je vous donne donc rendez-vous à Séoul: continuons à rêver ensemble, à espérer ensemble.

Confions-nous à la protection maternelle de la Vierge Marie.

Puis le Saint-Père a adressé un salut final aux jeunes:

Bon, les jeunes, un dernier salut.

Merci de nouveau à vous tous! Merci pour la musique, merci à tous ceux qui ont travaillé pour préparer tant de choses pendant cette semaine, ce Jubilé. Nous avons déjà dit que le prochain rendez-vous sera en Corée. Applaudissons les nombreux Coréens présents!

Je vous demande d’adresser également un salut aux nombreux jeunes qui n’ont pas pu venir et être ici avec nous, dans de nombreux pays d’où il était impossible de sortir. Il y a des endroits d’où les jeunes n’ont pas pu venir, pour les raisons que nous connaissons. Apportez cette joie, cet enthousiasme au monde entier. Vous êtes le sel de la terre, la lumière du monde: transmettez ce salut à tous vos amis, à tous les jeunes qui ont besoin d’un message d’espérance.

Merci encore à vous tous! Et bon voyage!