
Frère Matthew
Prieur de la Communauté
œcuménique de Taizé
A l’âge de 13 ans, j’ai commencé les préparations pour ma confirmation. Nous étions quatre adolescents dans notre paroisse à écouter le père Murgatroyd après l’eucharistie de chaque dimanche. Ensemble, nous avons parcouru l’évangile de Marc, approfondi le sens des sacrements et découvert les symboles des apôtres, de saint Athanase et de Nicée. Des trois, c’était celui de Nicée, par sa profondeur et la solennité de sa structure, qui m’avait le plus impressionné.
Mais c’est étonnant: réciter le symbole de Nicée tout seul, souvent je n’y arrive pas, tandis que pendant les célébrations, ça coule comme un fleuve. Mimétisme? Affirmation que c’est une proclamation rendue possible quand nous sommes ensemble en Eglise? Sûrement les deux ont leur part de vérité, mais j’aimerais pencher vers la deuxième! Le «Je crois» trouve sa plénitude dans la communion des croyants assemblés.
Dans la liturgie orthodoxe, l’assemblée chante le symbole pendant que le célébrant agite un tissu (l’aër) au-dessus des dons. Ce moment évoque la descente de l’Esprit Saint qui sanc-tifie les dons eucharistiques. Le chant du symbole contribue à la consécration.
Le 1er Concile œcuménique de Nicée, dont nous fêtons les 1700 ans, a produit une première version de ce symbole, complété par le 1er concile de Constantinople en 381, et fixé la date de la célébration de Pâques. En cette année anniversaire, il est vraiment approprié que les chrétiens de toutes confessions aient célébré ensemble la Résurrection du Christ.
A la fin de la Messe inaugurale de son pontificat, le Pape Léon XIV a salué les représentants des «Eglises sœurs» venus nombreux à la célébration. Quelle joie d’entendre cette forme d’adresse! Parmi eux, Sa Sainteté le Patriarche Bartholomée de Constantinople. Il invite son nouveau frère Pierre à Nicée cette année. L’œcuménisme de l’amitié va continuer, autour du Christ qui nous rassemble et des articles de foi qui nous unissent.
Mais avec toute sa -beauté, comment rendre le cœur de ce symbole plus accessible à nos contemporains, sans en changer le contenu ni tomber dans des expressions trop faciles? C’est une grande question à laquelle nous sommes confrontés à Taizé, avec les jeunes qui nous visitent, dont beaucoup sont en recherche et dont un certain nombre sont sans formation chrétienne.
Que signifie vivre ce symbole aujourd’hui, pour que nos tentatives de le transmettre aillent au-delà de l’intellect? N’exprime-t-il pas tout le mystère de notre foi qui pénètre la vie chrétienne et nous transforme? Les nouvelles générations ne cherchent-elles pas autant des témoins que des explications…?
En tout cas, cette année jubilaire nous offre bien des occasions de nous réunir et de cheminer ensemble comme des pèlerins d’espérance. A la fin juillet, une nouvelle étape sera le Jubilé des Jeunes: moments de catéchèse, de rencontre, et des temps forts de prière pour célébrer notre foi en Christ Ressuscité, source de toute espérance. Des jeunes venus de tant d’horizons et dans toute leur diversité: que nous dira l’Esprit à travers eux?