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Le rapport annuel de Caritas Europe

Un revenu minimum insuffisant pour couvrir des besoins essentiels

A homeless man begging for help. Ask for a coin of human mercy on a wooden floor in a public ...
01 juillet 2025

Caritas Europe a présenté à Bruxelles son rapport sur la pauvreté sur le continent. Maria Nyman, la secrétaire générale de Caritas Europe appelle à ce que «les dirigeants européens et nationaux donnent la priorité à un revenu inclusif et adéquat, pilier de la lutte contre la pauvreté dans l’Union européenne».

Des ressources économiques insuffisantes, des conditions d’accès rigides et discriminatoires, des politiques de plus en plus exclusives. Tels sont les points mis en évidence par le rapport de Caritas Europe, basé sur les informations recueillies auprès de vingt Caritas nationales: près de 90% d’entre elles signalent que, dans leur pays, les subventions accordées par l’Etat ne suffisent pas à couvrir les besoins fondamentaux des ci-toyens qui sont ainsi exposés au risque d’extrême pauvreté. Un problème qui touche des millions de personnes dans toute l’Europe, qui se trouvent confrontées à une situation économique de plus en plus précaire. Dans de nombreux pays, pour plusieurs catégories, comme les jeunes adultes entre 18 et 25 ans, ainsi que les immigrés et les sans-abris, il est impossible d’accéder au revenu minimum en raison de l’absence de conditions, telles que le fait d’avoir une résidence ou de recevoir des contributions régulières. Pour beaucoup d’autres, la bureaucratie excessive, ainsi que les barrières numériques, entraînent le renoncement volontaire à l’allocation.

L’appel de Caritas Europe

Le document présenté mardi 3 juin par Caritas est d’autant plus important que la Commission européenne travaille sur sa première stratégie européenne de lutte contre la pauvreté. Pour Maria Nyman, secrétaire générale de Caritas Europe, ce rapport est un appel aux dirigeants des nations européennes pour qu’ils veillent à ce que les programmes de subventions «permettent aux personnes de vivre dans la dignité et de participer pleinement à la société». Caritas appelle donc à une action coordonnée de l’Union européenne, lui demandant de s’engager dans des actions concrètes pour que le revenu minimum atteigne 75% du seuil de pauvreté national.

Recommandations pour
la France et la Belgique

Concernant la France, le Secours catholique-Caritas France recommande de «fournir un revenu minimum équivalant à 50 % du niveau de vie médian, sans sanctions, et accessible aux étrangers résidant en France depuis moins de cinq ans, ainsi qu’aux adultes de moins de 25 ans». Un bénéficiaire du revenu minimum en France décrit sa situation: «Nous avons choisi de ne pas payer le loyer car nous avions deux enfants, dont un bébé, et il fallait choisir entre les couches et le lait, qui coûtent très cher. J’ai donc donné la priorité au frigo, à les nourrir et à payer les factures d’électricité et de gaz, car avec de jeunes enfants, une coupure de courant ou de chauffage était simplement inenvisageable».

Quant à la Belgique, les responsables locaux de Caritas préconisent de «combler l’écart entre le revenu minimum et les salaires minimums; le revenu minimum doit être porté au moins au niveau du seuil de pauvreté, et l’écart avec les salaires minimums doit être élargi. Les bas salaires doivent être compensés équitablement, et l’emploi doit protéger les personnes du piège de la pauvreté». Un bénéficiaire du Secours catholique-Caritas France conclut: «Lorsque vous entrez dans le monde de l’aide sociale, vous tombez sous la coupe de pouvoirs qui vous échappent. Vous êtes à la merci des autorités qui distribuent l’aide sociale […] et rien ne garantit que ce soutien soit maintenu. Si vous parvenez à gravir une ou deux marches, et que, par une décision prise à un niveau supérieur, on vous fait redescendre de quatre, au bout d’un moment, vous abandonnez».

Lors de son discours aux membres du Corps diplomatique accrédités près le Saint-Siège du 16 mai, Léon XIV a rappelé qu’il est lui-même un émigré descendant d’émigrés et que, «au cours de la vie, chacun d’entre nous peut se retrouver en bonne santé ou malade, avec ou sans emploi, dans sa patrie ou en terre étrangère: cependant sa dignité reste toujours la même, celle d’une créature voulue et aimée de Dieu». (zoé caillard)