· Cité du Vatican ·

La sainte du mois

Thérèse de Saint-Augustin et ses compagnes

 Thérèse de Saint-Augustin  et ses compagnes  FRA-008
01 juillet 2025

Rémi Bazin

Official du Dicastère des causes des saints

«Le martyre des Carmélites de Compiègne, le 17 juillet 1794, est un moment fort de l’histoire religieuse en France, et leur témoignage est particulièrement opportun pour notre temps. On connaît en effet les paroles de Georges Bernanos, auteur de la célèbre pièce de théâtre Dialogues des Carmélites, qui a donné lieu à d’innombrables représentations dans le monde entier, à plusieurs films et à l’opéra célèbre de Francis Poulenc: «C’est la sainteté, ce sont les saints qui maintiennent cette vie intérieure sans laquelle l’humanité se dégradera jusqu’à périr». Le contexte de leur martyre est celui de la Révolution Française, commencée au nom de la liberté et sombrant dans une tyrannie d’une férocité sans précédent. Depuis sa fondation, le Carmel de Compiègne à toujours gardé une grande fidélité à la prière, à la pauvreté et à la règle. Dans la grande tradition de l’Ordre, les sœurs de la communauté témoignent de la richesse d’une vie intérieure nourrie par l’oraison et la communion fraternelle. Lors-que éclate la persécution révolutionnaire, cette ferveur les pousse à se consacrer ensemble en offrande d’elles-mêmes à Dieu, dans un acte suprême d’amour «pour que cette divine paix que son cher Fils était venu apporter au monde fût rendue à l’Eglise et à l’Etat», acte de consécration qu’elles renouvelleront chaque jour pendant deux ans jusqu’au martyre final. Elles n’auront pas donné leur vie en vain. En effet, dix jours plus tard, les journées des 9 et 10 thermidor entraînent la chute et l’exécution de Robespierre et mettent fin à la Terreur.

Si mère Thérèse de Saint-Augustin et ses sœurs ont donné leur vie de façon peu commune, elle ont commencé leur holocauste dans la sainteté du quotidien, dans les menues tâches qu’elles accomplissaient avec amour dans le silence du cloître. La sainteté, rappelle le Pape François, est en effet à rechercher «dans le quotidien, dans la poussière de la rue, dans les efforts de la vie concrète et, comme le disait Thérèse d’Avila à ses sœurs “parmi les casseroles de la cuisine”» (Homélie, 15 mai 2022). Ces femmes de conditions sociales très diverses, lettrées ou illettrées, ne sont pas des héroïnes de courage et d’abnégation. Chacune à son tour, de la plus âgée à la plus jeune, exprimera sa crainte devant le sort qui les attend. Mais, inébranlables dans leur désir de suivre le Christ dans la mort, comme elles ont cherché à le suivre tout au long de leur vie, aucune ne faiblira devant leurs accusateurs, et c’est en chantant qu’elles monteront une à une à l’échafaud. La manière évangélique qu’ont eu les Carmélites de Compiègne d’affronter ensemble la violence aveugle par l’offrande de leur vie se manifeste dans la réponse de mère Thérèse de Saint-Augustin, au Président du Tribunal: «Vous êtes accusées d’avoir recélé dans votre monastère des armes pour les émigrés». Tirant aussitôt son crucifix: Voilà les seules armes que nous n’ayons jamais eues dans notre maison; et l’on ne nous prouvera pas que nous en ayons jamais eues d’autres». C’est aussi par ces simples mots extraits d’une de ses poésies que se résume leur témoignage: «L’Amour sera toujours vainqueur! On peut tout quand on aime».