· Cité du Vatican ·

Le Congolais Floribert Bwana Chui Bin Kositi béatifié

Témoin du bien

 Témoin du bien  FRA-008
01 juillet 2025

Alessandro Di Bussolo

Floribert est un «maître d’espérance» non seulement pour de nombreux jeunes africains, «auxquels il enseigne à vaincre le mal par le bien», mais également pour tous, car dans son exemple, «de nombreux jeunes du monde entier peuvent découvrir la force du bien et de faire le bien, en résistant à l’attrait d’une vie dominée par la peur et par l’argent». C’est ce qu’a dit le cardinal Marcello Semeraro, préfet du Dicastère des causes des saints et représentant pontifical, dans l’homélie pour la Messe de béatification de Floribert Bwana Chui, célébrée dans l’après-midi du dimanche 15 juin, solennité de la Très Sainte Trinité, dans la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs. Avec lui concélébraient les cardinaux James Michael Harvey, archiprêtre de la même basilique, et Fridolin Ambongo Besungu, archevêque de Kinshasa, avec le nouvel évêque de Goma, diocèse d’origine du bienheureux, Willy Ngumbi Ngengele, et d’autres prélats de la République démocratique du Congo.

Un jour de fête pour la communauté congolaise de Rome et pour la communauté de Sant’Egidio — dont le jeune Floribert était un membre responsable à Goma — qui ont animé la liturgie. La communauté née à Trastevere, à Rome, a fêté son premier bienheureux avec des centaines de représentants de divers pays africains, comme le Bénin, le Burundi, la Côte d’Ivoire, le Malawi, le Mozambique, le Sénégal et le Togo. Les frères de Floribert, Trésor et Jean-Claude, ont apporté une relique, la veste portée par le jeune martyr le jour de son enlèvement, portant les signes de la violence subie. La mère du bienheureux, Gertrude, était également présente.

Dans son homélie, le cardinal Semeraro a rappelé le moment de la «grâce à un prix élevé» pour le jeune de 26 ans, fonctionnaire de la douane à la frontière entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, engagé depuis ses années d’université dans l’Ecole de la Paix de Sant’Egidio à Goma, chef-lieu du Nord Kivu. Le «moment du choix» eut lieu quand «avec les menaces et l’appât de la corruption, on lui demanda de faire passer par la -douane de la nourriture avariée qui aurait empoisonné les habitants de Goma. Floribert, nourri par la Parole de Dieu et par l’Eucharistie, se demanda: “Si je fais cela, est-ce que je vis dans le Christ? Est-ce que je vis pour le Christ?”». «En tant que chrétien, se répondit-il, je ne peux accepter de sacrifier la vie des personnes. Mieux vaut mourir que d’accepter cet argent». Ainsi, entre le 7 et le 8 juillet 2007, il fut enlevé, torturé et assassiné. Son martyre in odium fidei a été reconnu en novembre dernier par le Pape François, ouvrant la voix à la béatification, car lié à la corruption et au culte de l’argent à tout prix, qui envenime l’avenir et l’espérance de l’Afrique. Son choix, a souligné le préfet du Dicastère des causes des saints, «était entre vivre pour soi et vivre pour le Christ» et Floribert a choisi «la résistance au mal, jusqu’au bout, jusqu’à l’effusion de sang». Le cardinal Semeraro a souligné qu’«en toute occasion de sa vie, Dieu était sa référence», la boussole «qui orientait ses choix», comme en témoigne sa Bible, con-servée à Rome dans le sanc-tuaire des nouveaux martyrs de la basilique Saint-Barthélemy sur l’île Tiberine, portant les traces d’une lecture constante. C’est la spiritualité que le jeune Congolais a trouvée dans la communauté de Sant’Egidio et que le Pape François, en visitant Santa Maria in Trastevere en 2018, pour les 50 ans de sa fondation, a résumé en «prière, pauvres et paix». Dans la communauté, a rappelé le cardinal, Floribert a découvert «qu’il y a plus de joie à donner qu’à recevoir», reversant son attention sur les pauvres de Goma, en particulier les enfants des rues, auxquels il voulait donner une espérance et un avenir, en s’engageant avec eux au sein de l’Ecole de la Paix. Et il a cité une phrase du nouveau bienheureux: «Tous ont droit à la paix dans le cœur!». «A une époque marquée par la guerre et la violence, où tant de personnes en République démocratique du Congo et ailleurs cherchent la paix, ces paroles nous touchent plus que jamais!». La béatification de Floribert est célébrée à Rome, a-t-il encore souligné, précisément parce qu’à Goma «les conditions de sécurité et de tranquillité font encore défaut».

Les témoignages, a rappelé le célébrant, rapportent qu’il voulait rassembler les jeunes de Goma comme dans une famille qui refuse avec lui la guerre. Il choisit ainsi de partager l’engagement de Sant’Egidio en faveur de la paix parce qu’il «rassemble tous les peuples autour de la même table». Il rêvait d’être un homme de paix pour contribuer à la paix de sa terre qu’il aimait tant. «Aujourd’hui, faisons nôtre son aspiration à un Congo en paix, réuni autour de la même table comme une famille», a invité le cardinal.

Le bienheureux Floribert — a conclu le cardinal Semeraro — a compris que son âme, mais aussi que la vie de son peuple «étaient infiniment plus précieuses que l’argent» et à présent, précisément grâce à la fidélité de sa vie qui l’a conduit au martyre, «l’Eglise l’indique comme témoin et le propose comme maître pour nous tous». Que par son intercession «le Seigneur donne aux jeunes et à tous les croyants du Congo, en particulier à Goma, la force de poursuivre le bien et de résister au mal». Et encouragée par son exemple, que la communauté de Sant’Egidio «poursuive dans la liberté sur la voie de la prière, des pauvres et de la paix». Au terme de la célébration, le cardinal Ambongo Besungu a prononcé des paroles de salut et de remerciement pour le don du nouveau bienheureux, tandis qu’Andrea Riccardi, fondateur de la communauté de Sant’Egidio, a souligné que le nouveau bienheureux fait «découvrir une force de paix, de bien, de changement, de confiance en Dieu», devenant «lumière pour le monde entier».