· Cité du Vatican ·

Au crépuscule, dans le désert

 Au crépuscule, dans le désert  FRA-008
01 juillet 2025

Andrea Monda

Dans le passage de l’Evangile de la multiplication des pains et des poissons lu lors de la Messe pour la Solennité du Corpus Domini, dimanche 22 juin, Luc fixe avec précision les coordonnées spatio-temporelles, parlant d’un jour qui «commença à baisser» et d’un «endroit désert» (Lc 9, 11).

Si l’on en croit les nouvelles des journaux, il semblerait que cette description de l’Evangile se réfère au contexte international actuel: c’est le monde entier qui se trouve à son crépuscule, marchant presque dans les ténèbres au bord d’un gouffre qui semble de plus en plus proche et terrible, et le nouveau cadre qui apparaît n’est pas celui des villes ou des jardins, tous deux de plus en plus dévastés, mais celui d’une zone déserte, où une seule chose domine en maître: la mort.

Si l’on voulait relativiser ce propos, on pourrait dire que ces réflexions se trouvent sur les lèvres de toutes les générations quand elles s’approchent du terme de leur course terrestre, où la fin du monde coïncide avec la fin de chaque individu, mais, comme de nombreux observateurs le soulignent depuis 80 ans, face à Hiroshima et Nagasaki, et plus récemment face aux changements climatiques dramatiques, jamais l’homme n’avait atteint un niveau de puissance militaire et de pollution environnementale tels que le sort de la planète tout entière se trouve entre ses seules mains fragiles. L’ombre du crépuscule plane sur la Terre et cette ombre est aussi celle du désert avec sa sinistre lumière de mort dont l’odeur se fait déjà sentir dans de nombreuses régions du monde.

C’est «l’heure de l’épreuve», comme l’a affirmé avec force le Pape Léon XIV dans son homélie, et il a poursuivi avec des paroles denses, lourdes: «Dans ce lieu désert, où les foules ont écouté le Maître, le soir tombe et il n’y a rien à manger. La faim du peuple et le coucher du soleil sont des signes de la finitude qui pèse sur le monde, sur chaque créature: le jour s’achève, tout comme la vie des hommes». Dans ce contexte inquiétant, rappelle Léon XIV, se produit cependant quelque chose d’imprévu, de nouveau: «C’est à cette heure, dans l’indigence, la misère et des ténèbres, que Jésus reste parmi nous. Au moment même où le soleil décline et où la faim grandit, alors que les apôtres eux-mêmes demandent de renvoyer la foule, le Christ nous surprend par sa miséricorde». Le Dieu de la Bible et de l’Evangile est le Dieu qui «est parmi nous» et qui est le «Dieu des surprises», comme le disait le Pape François, et cette heure n’est donc pas uniquement l’heure de l’épreuve, mais comme l’a déclaré Léon XIV le 18 mai lors de la Messe pour le début de son pontificat: «c’est l’heure de l’amour!». Entre ces deux «heures», qui sont la même heure, se jouent la responsabilité et le destin des hommes de tous les temps, même des hommes terribles qui agitent aujourd’hui les consciences et les cœurs des hommes aux quatre coins du monde.