
Bernard Ardura
Président émérite du Comité pontifical
des sciences historiques
Clément VIII, de la famille Aldobrandini, naît à Fano, le 24 février. En 1568, il entre dans la carrière curiale. En 1571, il accompagne le cardinal Michele Bonelli, légat en Espagne, au Portugal et en France. En 1580, il est ordonné prêtre. Le 15 mai 1585, Sixte Quint le nomme dataire et, le 18 décembre suivant, le crée cardinal. En 1588, il est légat en Pologne pour régler le conflit entre le roi Sigismond III Vasa et la maison Habsbourg.
Un Pape de la réforme tridentine
Clément VIII est élu dans l’après-midi du 30 janvier 1592 au palais du Vatican et consacré évêque le 2 février. Il confie au cardinal Robert Bellarmin la rédaction d’un livre rassemblant les principes de la doctrine chrétienne, puis il poursuit l’œuvre de Sixte Quint, pour une nouvelle traduction de la Bible en latin, dite «clémentine», favorise la première édition post-tridentine du Pontifical en 1596, puis celle du premier Caeremoniale Episcoporum, en 1600, et une nouvelle version du Bréviaire et du Missel romain en 1604. Les tomes IV-VIII des Annales Ecclesiastici de Baronius et le volume IV du De Controversiis Fidei de Bellarmin lui sont dédiés. Clément VIII soutient également l’édition d’ouvrages patristiques, réorganise les archives du château Saint-Ange et enrichit la bibliothèque vaticane. Enfin, il appelle d’illustres savants à l’université romaine, comme le botaniste et physiologiste A. Cesalpino, le médecin G. De Angelis et le philosophe platonicien F. Patrizi. Son engagement à poursuivre l’œuvre de renouveau ecclésial et son intention de la vivre personnellement sont immédiatement évidents lors-que, dès son élection, il décide une visite pastorale de Rome. En tout, il vise à mettre en œuvre le programme de réforme ecclésiale défini par le Concile de Trente.
Le Pape et le Jubilé
des pauvres
Le 19 mai 1599, Clément VIII publie la Bulle du Jubilé Annus Domini placabilis. Les aubergistes, les hôteliers, et les commerçants sont mis en garde contre les hausses de prix. Des mesures strictes sont prises contre le banditisme et les escroqueries, les fêtes de carnaval sont interdites et une maison est construite pour accueillir les évêques et les prêtres pauvres venus d’au-delà des Alpes, œuvre à laquelle participe la communauté juive de Rome. Trois millions de pèlerins, dont deux cent mille le seul jour de Pâques, se rendent à Rome, qui compte alors environ cent mille habitants. Le Belge Franz Schott publie à Anvers un guide de voyage, l’Itinerarium nobiliorum Italiae regionum, urbium, oppidorum, et locorum. Le pèlerin étranger peut gagner une indulgence plénière après 15 visites des basiliques. Le Romain, en revanche, doit faire 30 visites. Clément VIII lui-même donne l’exemple, servant les pèlerins à table, écoutant leurs confessions, mangeant avec douze pauvres chaque jour, visitant 60 fois les basiliques dans l’année. Les cardinaux, eux-mêmes, en signe de pénitence, renoncent à porter la pourpre.
L’œuvre monumentale
Les principaux travaux concernent le palais du Capitole, le nouveau palais du Vatican dont la salle «Clémentine», la couverture de la coupole de Saint-Pierre, sa décoration intérieure, et le nouvel autel de la Confession.