· Cité du Vatican ·

Méditation du mois

Le Conclave vu du Brésil

 Le Conclave vu du Brésil  FRA-007
03 juin 2025

Frère Matthew

Prieur de la Communauté œcuménique de Taizé

Tandis que j’écris ces lignes à Taizé, j’entends le bruit des criquets et des abeilles, je sens l’odeur de la citronnelle et de la glycine et les doux rayons du soleil me font dire que l’été approche. Le paysage de notre Bourgogne abonde de vie. Quelle plénitude!

Je reviens d’un voyage de douze jours au cœur de la Bahia, au nord-est du Brésil, où nos frères vivent en fraternité dans la ville d’Alagoinhas. Terre de contrastes et de mémoire, marquée par l’esclavage, elle m’a offert, pour ma première traversée de l’Atlantique, une joie vibrante et une fête qui résonnent encore.

A Salvador, nous avons passé deux nuits dans la Communauté de la Trinité, née il y a 30 ans de l’intuition d’un jeune pèlerin français. Autrefois, ses membres dormaient dans la rue. Désormais, ils logent sous les voûtes d’une église, se réunissant trois fois par jour pour la prière. Dans la pauvreté partagée, un îlot de paix s’élève au milieu du tumulte de la ville.

Un bel exemple de l’Eglise en sortie, de l’Eglise comme hôpital de campagne — termes tant aimés du Pape François. Ce lieu est un trésor caché où il vaut la peine de passer.

A notre arrivée à Salvador, le Conclave commençait. Une pasteure baptiste nous a écrit à Taizé pour nous suggérer de proposer une prière œcuménique pour ce Conclave. Cette proposition a été reprise entre autres par le Conseil œcuménique des Eglises et par la Fédération luthérienne mondiale. C’est un bel héritage du Pape François, qui a tant demandé de prier pour lui, que la prière pour son successeur s’étende ainsi aux chrétiens de toutes confessions.

En rentrant de Salvador à Alagoinhas, voici que la nouvelle arrive que la fumée blanche sort de la cheminée de la chapelle Sixtine. Tout à coup, le signal coupe pendant que nous traversons une zone isolée et nous perdons contact avec Rome. Arriverons-nous à retrouver à temps le lien avant l’annonce du choix des cardinaux?

Notre voiture atteint finalement son but et les frères restés à la maison sont devant l’écran. Le nom du cardinal Robert Francis Prevost est prononcé. Il prendra le nom de Pape Léon XIV. Voir son visage empli d’émotion et entendre ses premières paroles nous confirment que l’Esprit Saint a bien été à l’œuvre.

Cette première bénédiction Urbi et Orbi nous touche profondément, en particulier l’appel à être «une Eglise synodale, une Eglise en marche, une Eglise qui cherche toujours la paix, qui cherche toujours la charité, qui cherche toujours à être proche, spécialement de ceux qui souffrent».

En citant la bénédiction pascale du Pape François, son successeur a dit: «Alors, sans crainte, unis main dans la main avec Dieu et entre nous, allons de l’avant». Plus tard, je découvre la devise choisie par le Pape Léon XIV comme évêque de Rome: «In illo uno unum» («Dans Celui qui est Un, être unis»).

Ainsi, dès le début de ce nouveau pontificat, ce désir d’unité est bien présent: l’unité de celles et ceux qui aiment le Christ pour annoncer ensemble la bonne nouvelle d’un amour offert sans condition, pour que la paix et la charité fleurissent dans la famille humaine.