L’Esprit Saint: l’autre défenseur parmi nous

Paul Béré, s.j.*

Institut biblique pontifical

En ce dimanche de la Pentecôte, Jésus accomplit sa promesse de ne pas laisser ses disciples «orphelins» (Jn 14, 18). Il leur a promis «un autre dé-fenseur», car, comme il est écrit dans la Première épître de Jean, «nous avons un défenseur devant le Père: Jésus Christ, le Juste» (1 Jn 2, 1). Ainsi, au ciel et sur la terre, les disciples de Jésus sont entourés de défenseurs. L’Esprit Saint, descendu aujourd’hui sur la communauté des disciples, les libère de la prison dans laquelle la peur les avait enfermés. Il les rend capables d’annoncer les merveilles de Dieu révélées dans la vie, la mort et la résurrection de Jésus, et d’en payer le prix.

Le mystère de la vie de Jésus s’est manifesté avec intensité tout au long de son ministère. Il était impossible aux apôtres d’assimiler pleinement tout ce qu’ils ont vécu à ses côtés: sa vie, sa passion, sa résurrection, son ascension. Jésus ne pouvait donc pas les laisser seuls sur les chemins de la mission, sans une présence semblable à la sienne pour les accompagner. C’est pourquoi le second Défenseur leur est envoyé, lui aussi issu du Père, au nom du Fils.

L’Esprit Saint, qui descend sur les apôtres «réunis tous ensemble», repose sur chacun d’eux sous la forme d’une langue de feu: un feu qui embrase sans consumer. Chacun reçoit ainsi un «don de l’Esprit» — non précisé — mais tous en reçoivent, au moins sous la forme d’un dialecte particulier. Le récit des Actes des apôtres met en lumière cette tension féconde entre le «tous», car l’Esprit Saint rassemble, et le «chacun», car il respecte et valorise les singularités. Il les rend capables de parler au monde dans sa diversité.

Le «bruit» provoqué par la venue de l’Esprit devient une «voix» qui appelle et rassemble les pèlerins de diverses provenance présents à Jérusalem. Les apôtres sont tous «Galiléens», certes, mais, sous l’action de l’Esprit, cet apparent obstacle est transcendé. L’Esprit crée la communion par le don des langues: les pèlerins de toutes les nationalités représentées les entendent, en effet, proclamer les merveilles de Dieu, «chacun dans son propre dialecte, sa langue maternelle». L’Esprit Saint commence déjà à défendre les disciples en faisant résonner, au cœur même de l’identité de chaque pèlerin venu à Jérusalem, les paroles dont ils sont messagers.

La mission de l’Esprit Saint, dans la vie des disciples, sera aussi de leur enseigner toute chose et de leur rappeler tout l’enseignement du Maître. Comme déjà évoqué, le mystère de la vie de Jésus est si vaste et si profond que chaque disciple a besoin de l’assistance de l’Esprit pour s’en souvenir et le comprendre en profondeur afin de le transmettre fidèlement. Tout disciple, et tous les disciples qui aiment Jésus et en qui demeure sa parole — à l’image de Marie qui la conservait dans son cœur — deviennent la demeure de la Famille de Dieu: Père, Fils et Saint Esprit.