
Federico Piana
Au début des années 90, Robert Francis Prevost fut curé de l’église Nuestra Señora de Montserrat qu’il contribua à fonder dans le quartier Monserrat à Trujillo, la deuxième ville plus peuplée du Pérou. David Carranza, à l’époque un jeune garçon, se souvient de ce pasteur doux et souriant qui lui donnait l’envie de fréquenter tout type d’activité, spirituelle et récréative: «Pendant toutes les années où il a été curé — raconte-t-il — j’ai pu expérimenter son humilité et son service surtout à travers le groupe de jeunes “Jóvenes Amigos de Cristo”, les jeunes amis du Christ, qu’il a promu. Au cours de cette période, il a marqué ma vie et ma foi de façon définitive». Sa relation avec les jeunes était marquée par la proximité, la prière profonde, la capacité spéciale de savoir accueillir, écouter et guider. Ses paroles étaient «fermes mais chaleureuses. Sa façon de prêcher nous faisait sentir que le Christ était vraiment présent parmi nous. Ce n’était pas seulement un prêtre, mais un authentique pasteur. Pour moi, il était un guide, un point de référence, et, au fil du temps, un véritable ami spirituel».
Ce qui attirait les jeunes de la paroisse vers ce missionnaire augustin à l’air ascétique et serein était sa capacité à transformer profondément les existences: «Il croyait vraiment en nous. Il nous laissait de la place, nous comprenait, nous encourageait à prendre des responsabilités dans l’Eglise. Il ne nous traitait pas comme un groupe quelconque, mais comme le cœur d’une Eglise vivante. Grâce à lui, nous avons appris ce que signifie vivre en communauté, partager la foi avec joie, organiser des retraites, évangéliser», se souvient-il. La vie de David Carranza a connu elle aussi un tournant inattendu: «Un jour, dans le groupe de jeunes fondé par le père Prevost, j’ai rencontré Cynthia, qui est devenue ma femme, en partageant la foi, le service, la prière. Ce que nous avons vécu a été si authentique que nous continuons aujourd’hui à marcher dans la foi, en éduquant nos filles aux mêmes valeurs que celles que le curé a semées en nous». Mais le père Prevost n’a pas seulement révolutionné le cœur et la vie des jeunes: sous sa direction, toute la paroisse est devenue la maison de tous; ses structures ont été décentralisées dans d’autres zones de la ville; des dizaines de rencontres de foi et des activités de solidarités ont été promues. «La paroisse a cessé d’être un temple et est devenue une communauté vivante, joyeuse et engagée».
Le jour où le nouveau Pape a été élu, David Carranza fêtait son 43e anniversaire et ne se serait jamais attendu à un aussi beau cadeau: «J’ai éprouvé un mélange de stupeur, de gratitude et d’orgueil. Il était impossible de ne pas repenser à ma jeunesse, à sa proximité, à son sourire affectueux. Je sentais que l’Esprit Saint avait porté son regard sur un véritable pasteur. Je n’étais pas le seul: beaucoup de ceux qui l’ont connu se sont réunis simplement pour prier pour lui et lui rendre grâce. Beaucoup ont pleuré d’émotion. Tous sentaient qu’une partie de notre cœur était là, à Rome». Pour ces jeunes devenus adultes, Léon XIV restera pour toujours père Robert, le pasteur qui leur a enseigné à vivre l’Evangile pour construire le -Royaume de Dieu. «Robert Prevost — assure David Carranza en conclusion — n’est pas un homme de pouvoir, c’est un homme du Seigneur. Il connaît les défis des petites communautés, il sait ce que signifie construire à partir du bas. Son expérience pastorale, son amour pour les jeunes et son esprit augustinien peuvent donner de l’espoir à une Eglise qui a besoin de revenir à l’essentiel».