· Cité du Vatican ·

Témoignage

Un Pape synodal pour une Eglise au service de la paix

 Un Pape synodal pour une Eglise au service de la paix  FRA-006
14 mai 2025

Sœur Nathalie Becquart

Sous-secrétaire du Synode des évêques

Du dimanche de Pâques au Dimanche du Bon Pasteur, nous avons vécu une expérience profonde en tant que Peuple de Dieu: pleurer le Pape François puis accueillir avec joie son successeur. Ces journées de prière et de célébrations vécues dans une atmosphère de paix et fraternité ont manifesté le lien indissociable entre l’Evêque de Rome et la diversité du Peuple de Dieu. A travers cette foule venue se recueillir puis célébrer, nous avons contemplé ce mystère d’unité dans la diversité qui fait de nous les membres d’une même famille humaine et d’un même Corps du Christ.

L’élection du Pape Léon XIV marque un nouveau chapitre dans l’histoire de l’Eglise, et en même temps s’inscrit déjà dans la continuité du chemin synodal initié par son prédécesseur et plus largement du chemin ouvert par le Concile Vatican II dont la réception est à poursuivre dans le contexte actuel d’un monde multipolaire en crise traversé par tant de guerres et défis appelant l’Eglise à s’engager toujours davantage au service de l’unité et de la paix.

Originaire des quartiers populaires multiculturels du sud de Chicago, le nouveau Saint-Père porte en lui par sa famille ce métissage caractéristique de notre monde globalisé aux migrations croissantes. Sa formation théologique et son parcours missionnaire au Pérou l’ont conduit à cette expérience trans-formatrice propre à tout missionnaire qui passe par un dépouillement de soi pour s’enraciner dans une autre culture jusqu’à en épouser la citoyenneté. Son riche parcours à la dimension du monde, avec aussi l’expérience de supérieur général d’une congrégation internationale pendant 12 ans, lui a donné de côtoyer les plus pauvres comme les personnes en responsabilité jusqu’à sa prise de fonction comme préfet du Dicastère pour les évêques lui a demandé d’humbles apprentissages successifs pour passer d’un pays à l’autre, d’un ministère à l’autre, d’une posture à l’autre. Sa force réside certainement dans son enracinement chez les Augustins, qui a façonné en lui une spiritualité profonde et un sens aigu de la communauté.

L’ayant côtoyé au Synode des évêques et régulièrement croisé comme voisin au Palais du Saint-Office depuis deux mois, j’ai observé un homme doté d’un grand sens de l’écoute, simple et discret, posé et réfléchi, incarnant les attitudes essentielles à la spiritualité synodale: humilité, humanité, confiance, recherche de l’unité comme harmonie dans la diversité, discernement, attention aux situations concrètes et prise en compte de la complexité, désir d’œuvrer pour la paix et la communion, simplicité et ouverture aux questions du monde.

Dans notre monde déchiré par les conflits, le Pape Léon XIV rappelle que l’Eglise est appelée à témoigner de et refléter la paix du Christ ressuscité. Sa présence paisible et sa douce assurance fondée dans l’acceptation de l’appel reçu, signe d’une vie décentrée et donnée pour les autres, constituent un signe prophétique pour notre temps qui a plus que besoin de ce style de leadership pour le service. Dans la continuité de François mais avec son style propre, nul doute qu’il nous aidera à poursuivre ce chemin de conversion missionnaire nécessaire pour répondre à l’appel du Christ: «que tous soient un afin que le monde croie» (Jn 17, 21).