· Cité du Vatican ·

Les célébrations à Rome en suffrage du Souverain Pontife

Un pèlerin d’espérance qui ne déçoit pas

 Un pèlerin d’espérance qui ne déçoit pas  FRA-005
29 avril 2025

A Saint-Pierre-du-Vatican

«Je crois que nous avons tous encore dans notre cœur les paroles que le Pape François nous a adressées tant de fois, son invitation “n’oubliez pas de prier pour moi”. Nous voulons le faire clairement ce soir pour l’accompagner dans sa Pâque». Ce sont les mots avec lesquels le cardinal Mauro Gambetti a introduit, dans la soirée du 21 avril, lundi de Pâques, place Saint-Pierre, la prière du Chapelet en suffrage du Pape François. «Dans la foi au Christ ressuscité, que nous célébrons en ce jour saint de Pâques», a souligné le cardinal, «nous savons que la mort n’est pas une porte qui se ferme, mais l’entrée dans la Jérusalem céleste, où le deuil se transforme en danse et l’habit en robe de joie». D’où l’invitation du cardinal Gambetti à «remercier le Seigneur pour les dons faits à toute l’Eglise avec le ministère apostolique du Pape François, pèlerin d’espérance qui ne déçoit pas».

Comme cela s’est produit entre février et mars, lors de la longue hospitalisation du Pape à la polyclinique Gemelli de Rome en raison d’une pneumonie bilatérale, lundi soir, de nombreux fidèles se sont rassemblés en prière au milieu de la colonnade du Bernin, mais beau-coup d’autres étaient reliés à travers les médias. L’archiprêtre de la basilique vaticane a ensuite confié le défunt Souverain Pontife «au Père miséricordieux, en communion avec Marie, Mère de l’Eglise, Reine du Ciel, et par l’intercession de l’apôtre Pierre».

Devant l’image de Marie Mater Ecclesiae exposée place Saint-Pierre et ornée d’un bouquet de fleurs blanc et rose, le cardinal Gambetti a guidé la prière mariale pour confier le défunt 266e Successeur de Pierre à l’intercession de la Vierge. L’émotion était grande, après une journée intense qui a vu des croyants de différentes régions du monde se rendre en pèlerinage à la basilique vaticane, consternés par la nouvelle de la mort de l’Evêque de Rome. La brise du soir faisait doucement osciller les grains du chapelet et les flammes des cierges portés par les fidèles. Parmi les lecteurs qui se sont relayés au micro se trouvaient sœur Raffaella Petrini, présidente du Gouvernorat de l’Etat de la Cité du Vatican, et sœur Alessandra Smerilli, secrétaire du Dicastère pour le service du développement humain intégral.

Après avoir médité sur les Mystères glorieux, le célébrant a invoqué Dieu  «grand en amour», lui rendant grâce  «pour les dons accordés à l’Eglise par le ministère apostolique du Pape François»; et au défunt Souverain Pontife lui-même, témoin du Seigneur et de sa  «tendresse pour les petits et les pauvres, sa miséricorde pour les pécheurs et sa bienveillance envers tous».  Enfin, alors que le ciel de Rome s’assombrissait peu à peu avec le crépuscule, l’assemblée a entonné le  Salve Regina  et a été congédiée par le cardinal avec une bénédiction.

A Sainte-Marie-Majeure

Cent vingt-six fois. Très nombreuses ont été les fois où le Pape François a pu croiser le regard de la Salus Populi Romani, l’icône de la Vierge qui veille depuis des siècles sur l’Urbs depuis la basilique Sainte-Marie-Majeure. Chaque voyage apostolique, toutes les «espérances et préoccupations», les «joies et les peines», les «rêves et les attentes» partagés par le Peuple de Dieu et par le «monde entier», tout est passé par elle. Par son regard. Par son sein maternel. La dernière visite du Pape a eu lieu le 12 avril, quelques jours avant la Semaine Sainte.

Mais le 21 avril, jour de son retour dans les bras du Père, quelque chose a changé: la distance s’est annulée. Le Pape n’était plus aux pieds de la Vierge: une photo de lui était à ses côtés. Un pas de plus vers le ciel. Et pourtant, pas plus d’un centimètre le séparait de ses fidèles. Dans la soirée du 22 avril, la récitation du Chapelet a été guidée par le cardinal Stanisław Ryłko, archiprêtre de la basilique libérienne.

La prière mariale a débuté à 21 heures. Les lumières froides des néons de la ville se sont mêlées à la lumière chaude des cierges déposés au bas de la photo de François, souriant. Les voix se sont affaiblies, les klaxons des voitures semblaient étouffés. La ville, pendant un instant, semblait retenir son souffle. «Nous sommes réunis ici aux pieds de la Vierge Marie, pour prier pour notre bien-aimé Saint-Père, François. Hier encore, nous l’avons vu lors de la bénédiction  Urbi et Orbi, et immédiatement après sur la place Saint-Pierre, pour saluer les fidèles présents», a exhorté le cardinal polonais aux côtés du cardinal-archiprêtre coadjuteur Rolandas Makrickas.

«Nous sommes tous attristés et peinés par sa disparition, mais nous sommes tous certains que le Dieu de la vie lui ouvrira en grand toutes les portes de l’éternité bienheureuse», a poursuivi le cardinal Ryłko, concluant l’introduction de la prière par une invocation: «Ô Marie, console nos pleurs, sèche nos larmes, réconforte notre douleur. Accompagne, nous t’en prions, notre chemin vers le Seigneur ressuscité».

Le parvis de la basilique libérienne n’a pas suffi à contenir l’affection de ceux qui ont accouru. La place, et même les rues alentours, se sont remplies de fidèles qui serraient entre leurs doigts le chapelet. Des larmes coulaient sur certains visages, mais des sourires s’affichaient également: c’étaient des visages qui, dans la douleur, trouvaient de la confiance. Comme dans les paroles du cardinal Ryłko: des paroles de foi qui ont su unir la nostalgie et l’espérance.

A Saint-Jean-de-Latran

«En cette Sainte Eucharistie, où nous célébrons la victoire du Christ sur la mort, nous rappelons avec émotion et gratitude notre évêque, le Pape François. Nous rendons grâce à Dieu de nous l’avoir donné comme signe lumineux de l’Evangile». C’est par ces mots que le cardinal vicaire Baldassare Reina, de la basilique Saint-Jean-de-Latran, a introduit la célébration eucharistique en suffrage du Pape François, présidée dans la soirée du 21 avril dans la cathédrale de Rome, remplie de nombreux fidèles.

«Son amour pour l’Eglise, son attention aux plus petits, son courage prophétique et sa proclamation inlassable de la tendresse de Dieu — a déclaré le cardinal Reina d’une voix émue — restent gravés dans le cœur du peuple chrétien. Nous confions son âme à la miséricorde du -Père, pour qu’elle soit accueillie dans la paix et la joie du Royaume éternel».

La prière pour l’âme du défunt Souverain Pontife s’est élevée avec force et puissance. Une prière composée de visages, de mains et de voix de Romains de naissance et d’adoption, de prêtres et de religieux venus du monde entier pour étudier dans les différentes Universités pontificales ou pour servir dans les paroisses ou dans les nombreuses institutions caritatives de la région.

«François nous a donné l’exemple en bouleversant le langage et le style», a expliqué le cardinal. Le Saint-Père a été un modèle également dans ses demandes de se faire proches de ceux qui sont loin: «Il nous a demandé de sortir, de ne pas attendre les gens, mais d’aller les chercher — a poursuivi le cardinal Reina — surtout ceux qui ne s’attendent pas à être pris en compte, désirés, recherchés, et d’aller dans les périphéries géographiques et existentielles. Il nous a fait comprendre que la Parole requiert notre chair et que la mission se fait en pétrissant le cœur et l’Evangile».

«Il a été un Pape qui n’a pas changé de voie quand il s’agissait de se salir de boue», a fait remarquer le cardinal Reina, rappelant que «les pauvres et les migrants étaient pour lui le sacrement de Jésus dans le monde gouverné par la mondialisation de l’indifférence».

«Le monde a ressenti le silence de sa voix alors que sa parole était restée la seule capable de ne pas se rendre à l’échec de la recherche de la paix». La paix est au contraire «la parole du Ressuscité», qui vainc la mort de toute espérance.