Les derniers jours du Pontificat de François

Jeudi Saint

Dans la matinée du Jeudi Saint 17 avril, le cardinal Domenico Calcagno, président émérite de l’Administration du patrimoine du Siège apostolique, a célébré la Messe chrismale dans la basilique Saint-Pierre, en tant que délégué du Souverain Pontife. C’est aussi lui qui a lu l’homélie préparée par le Pape. «Chers prêtres — exhorte notamment le Saint-Père — chacun de nous a une Parole à accomplir. Chacun de nous a une relation avec la Parole de Dieu qui vient de loin. Nous ne la mettons au service de tous que lorsque la Bible reste notre première demeure. En elle, chacun de nous a des pages qui lui sont chères. C’est beau et important!»

En début d’après-midi, en revanche, le Pape François s’est rendu au centre pénitentiaire romain de «Regina Coeli» pour y rencontrer les détenus, ne renonçant ainsi pas à la traditionnelle rencontre avec le monde carcéral au début du Triduum pascal. Une coutume qui remontait à l’époque de son épiscopat à Buenos Aires, et que le Pape Bergoglio a renouvelée pendant son ministère d’évêque de Rome. Accueilli par la directrice, Claudia Clementi, et le personnel du centre de détention, François est entré dans la salle principale, où il s’est entretenu avec environ 70 détenus pendant quelques minutes.

Au Vatican, la Messe in Cœna Domini — qui marque officiellement l’ouverture du Triduum pascal — a été présidée dans la basilique Saint-Pierre par le cardinal archiprêtre Mauro Gambetti, qui a procédé au rite du lavement des pieds. Parmi les concélébrants on trouvait également le cardinal Pietro Parolin, les archevêques Mgr Edgar Peña Parra, substitut, et Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les Relations avec les Etats et les Organisations internationales.

Vendredi Saint

Dans l’après-midi du Vendredi Saint 18 avril, le cardinal Claudio Gugerotti, préfet du Dicastère pour les Eglises orientales, a présidé — en tant que délégué pontifical — la célébration de la Passion du Seigneur, marquée par la traditionnelle adoration de la croix. Comme d’habitude, l’homélie a été prononcée par le prédicateur de la Maison pontificale, le père Roberto Pasolini. «Au centre du Triduum pascal bat un cœur, celui du Vendredi saint», a déclaré le religieux capucin. C’est pourquoi entre le blanc de la Cène et celui de la Résurrection, la liturgie invite au silence et au recueillement mais aussi «interrompt la continuité chromatique en teintant de rouge tous les vêtements et en invitant nos sens à s'accorder aux tonalités intenses et dramatiques du plus grand amour», a-t-il fait savoir devant les 4.500 fidèles présents dans la basilique.

«Le chemin du Calvaire passe par nos chemins de tous les jours», mais c’est précisément sur ces chemins que l’humanité peut rencontrer le visage du Seigneur et croiser son regard qui lit «dans le cœur». C’est par cette réflexion que débutent les méditations écrites par le Pape François pour la traditionnelle Via Crucis du Vendredi Saint qui s’est déroulée dans la soirée au Colisée. Le rite a été présidée par le cardinal Baldassare Reina, vicaire général pour le diocèse de Rome et délégué du Pape. Pour la deuxième année consécutive, après 2024, le Saint-Père a donc écrit de sa propre main les méditations des quatorze stations qui retracent le douloureux chemin de Jésus vers le Golgotha. Le Pape a rappelé aux fidèles que le Christ, avec sa croix, «fait tomber les murs, efface les dettes, annule les jugements, établit la réconciliation». Et c’est donc en nous tournant vers Lui et «vers l’amour dont rien ne peut nous séparer» que nous pouvons invoquer «le don de la conversion du cœur».

Samedi Saint

Le Samedi Saint 19 avril, le Saint-Père a rencontré le vice-président des Etats-Unis d’Amérique James David Vance, également reçu par le cardinal Parolin et Mgr Gallagher. Puis, peu avant la veillée pascale de la Nuit Sainte, le Pape François s’est rendu à la basilique Saint-Pierre pour un temps de prière en compagnie des fidèles rassemblés pour assister à la célébration. Le rite a été présidé au nom du Pape par le cardinal Giovanni Battista Re, doyen du Collège des cardinaux, dont une trentaine de membres étaient présents, ainsi que 24 évêques et 260 prêtres. Quelque 5.000 fidèles ont assisté au rite qui a commencé dans l’atrium de la basilique avec la bénédiction du feu, suivie de la procession vers l’autel de la Confession et le chant de l’Exultet. Le cierge pascal, sur lequel avaient été gravés l’Alpha et l’Oméga, une croix, les figures de l’année jubilaire 2025 et dans lequel avaient été insérés cinq grains d’encens, a illuminé l’espace sacré dans une solennité silencieuse, d’abord dans l’obscurité totale, puis, accompagné des cierges progressivement allumés par les fidèles.

Dimanche de Pâques

«Chers frères et sœurs, joyeuses Pâques!» Les derniers mots adressés depuis la Loggia des bénédictions par le Pape François aux fidèles réunis place Saint-Pierre et ceux du monde entier, le dimanche 20 avril, n’étaient pas sans rappeler les premiers qu’il prononça en ce même lieu le jour de son élection, il y a un peu plus de douze ans: «Chers frères et sœurs, bonsoir!». A midi, les lourds rideaux de velours de la Loggia ont été écartés pour permettre au Saint-Père de faire son entrée en fauteuil roulant, sous l’ovation de la foule. Aux côtés du Souverain Pontife, le cardinal Fernando Vérgez Alzaga, président émérite du Gouvernorat de l’Etat de la Cité du Vatican, et le cardinal protodiacre Dominique Mamberti ont annoncé l’octroi d’une indulgence plénière à «tous les fidèles présents et à ceux qui recevront» la bénédiction de l’Evêque de Rome «par le biais de la radio, de la télévision et des nouvelles technologies de communication». Le Pape a ensuite donné sa bénédiction Urbi et Orbi, les bras alourdis par les thérapies reçues et la voix à peine audible. L’archevêque Diego Ravelli, maître des célébrations liturgiques, a lu le message pascal à sa place.

Quelques minutes plus tard, à la surprise générale, le Souverain Pontife n’a pas économisé ses forces pour faire le tour de la place Saint-Pierre en papamobile sous un soleil printanier et saluer les fidèles pour ce qui devait devenir sa dernière rencontre avec le Peuple de Dieu.