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FEMMES EGLISE MONDE

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22 mai, fête de sainte Rita :
la pacificatrice qui défia
la culture de la vengeance

 22 maggio, festa di Santa Rita:  la paciera che sfidò la cultura della vendetta  DCM-005
03 mai 2025

Margherita Lotti – passée à la postérité sous le nom de Rita – naît à Roccaporena, château gibelin du comté de Cascia, probablement en 1381. Elle est fille d’Amata et d’Antonio, des parents âgés qui exercent sur mandat communal la fonction de pacificateurs. C’est sur cette fonction, sur cette aptitude à œuvrer pour la paix, que je crois se fonde la force qui conduira Rita à la sainteté. À une époque de conflits, d’oppositions entre guelfes et gibelins, les Lotti servent d’intermédiaires entre les factions adverses, apaisent les différends, s’emploient à briser les spirales de vengeance qui imprègnent la société : une mort en réclame une autre, un assassinat en exige un nouveau, dans une escalade de violence pouvant aboutir à ce paroxysme de dévastation dont nous sommes aujourd’hui témoins.

Éduquée à la paix, Rita œuvre pour la paix également dans son quotidien : elle épouse Paolo Mancini, un gibelin au passé violent, parvient à en adoucir le caractère et mène avec lui une vie sereine, enrichie par la naissance de deux enfants. Une sérénité qui ne dure pas longtemps : Paolo est tué, peut-être à cause d’affaires anciennes, et sa famille réclame vengeance. Rita s’y oppose. Elle pardonne aux assassins, demande à la famille d’en faire autant, mais en vain. La vengeance est une pratique tout à fait humaine à laquelle les Mancini ne veulent pas se soustraire. Elle implore alors Dieu pour que ses enfants au moins ne commettent pas de crimes. Les jeunes mourront peu après de maladie, l’un après l’autre. La mort d’un enfant est la plus grande douleur, une peine sans consolation. La mort peut-elle devenir salut ? La perte d’un enfant peut-elle s’inscrire dans le dessein d’un Dieu aux voies impénétrables ?

Rita restera ferme dans ses résolutions, forte des paroles du Christ – « Heureux les artisans de paix » – qui continueront de marquer sa vie. Elle entrera au monastère, fera preuve d’obéissance en arrosant un cep de vigne sec qui recommencera à porter des fruits ; proche de la mort, elle demandera à une parente de cueillir pour elle, dans son domaine, une rose et deux figues. C’est un hiver glacial, il est impossible que des roses fleurissent ou que des figues mûrissent. La femme ira néanmoins, elle trouvera la rose et cueillera les figues. Rita interprétera ce dernier signe comme une assurance divine sur le sort de ses enfants et de son mari : ils sont sauvés dans l’Au-delà en lequel elle a toujours cru. Son hagiographie est riche d’autres signes prodigieux : des abeilles blanches qui voltigent autour de son berceau, des abeilles noires qui accompagnent son trépas. Et des miracles. Innombrables. Si nombreux qu’ils conduisent le peuple à l’acclamer comme la sainte des impossibles.

Sainte, donc. Une sainte pacificatrice, c’est surtout ainsi que j’aime la rappeler. En effet, bien qu’ayant été touchée par la violence, elle a continué à s’y opposer, à pratiquer le pardon en poursuivant la paix, cette paix indispensable si défaillante en notre temps de conflits ardents, de courses au réarmement, de villes rasées, de droits bafoués, de morts, d’innombrables morts.

Elle s’éteignit en 1457, le 22 mai, qui est devenu le jour de sa fête liturgique.

Tea Ranno
Écrivaine