
Alessandro Di Bussolo
L’Europe entière doit prendre davantage conscience du rôle et des responsabilités qui lui incombent dans le monde, «sans céder à une logique défensive et à un simple réarmement qui devient le présage de fermetures et de nouveaux conflits». Et penser «au bien de l’Europe n’exempte pas de penser au bien de toute l’humanité». Ainsi, dans la poursuite des priorités «de compétitivité et de défense» que la Commission européenne s’est donnée dans son nouveau mandat, «les obligations morales telles que l’aide humanitaire et le développement des pays les plus pauvres, le respect des droits de l’homme et la protection de l’environnement ne peuvent être négligées». C’est ce qu’a souligné le cardinal-secrétaire d’Etat Pietro Parolin lors de son intervention à l’Assemblée plénière de la Commission des épiscopats de l’Union européenne (Comece), qui s’est tenue du 26 au 28 mars 2025.
Le cardinal a abordé de nombreuses questions d’actualité pour la mission de l’Eglise en Europe et plus particulièrement en ce qui concerne l’Union européenne et le travail de la Comece. A commencer par le rôle politique du continent face à la politique étrangère du nouveau gouvernement des Etats-Unis qui remet en question «les relations atlantiques développées depuis 1945 et considérées par tous comme solides et durables».
Sur le conflit causé par l’invasion russe de l’Ukraine, le secrétaire d’Etat a rappelé la demande du Saint-Siège et de la Comece pour une «fin négociée de la guerre, une paix juste et durable, le respect du droit international et l’effort commun pour la reconstruction» du pays envahi. Devant les observateurs de l’Eglise gréco-catholique ukrainienne, le cardinal a rappelé le devoir d’«être proche du peuple ukrainien injustement agressé» et de demander «aux parties belligérantes et à l’ensemble de la communauté internationale de faire tout leur possible pour trouver une solution rapide et juste».
Après avoir évoqué les changements politiques dans de nombreux Etats membres de l’Union européenne, mis en lumière par les élections européennes en juin 2024, Pietro Parolin a invité les épiscopats à maintenir un dialogue ouvert et sincère avec toutes les forces politiques, en collaborant «en faveur du bien commun en respectant également l’autonomie légitime du milieu politique». «Notre engagement pour la défense de la vie», de la «famille fondée sur le mariage entre un homme et une femme», de la liberté à l’éducation, «du respect de la dignité de chaque personne, en particulier des plus fragiles: les jeunes, les personnes âgées, les chômeurs, les immigrés et les demandeurs d’asile» ne peut pas faire défaut.
Mais le cardinal a constaté que «même parmi les hommes politiques d’inspiration chrétienne, la conscience des valeurs qui ont contribué à fonder les Communautés européennes est moins forte». C’est pourquoi il a invité les évêques à «prendre des initiatives visant à la sensibilisation et à la formation des chrétiens engagés en politique» et à ne pas être «timide» en «demandant aux hommes politiques catholiques un engagement plus cohérent pour dépasser les logiques de parti».