· Cité du Vatican ·

Exercices spirituels au Vatican

La vie éternelle commence déjà maintenant

 La vie éternelle  commence déjà maintenant  FRA-004
07 avril 2025

Salvatore Cernuzio

Le père Roberto Pasolini, 53 ans, frère capucin, bibliste et depuis novembre 2024 nouveau prédicateur de la Maison pontificale, a prêché du dimanche 9 au vendredi 14 mars les Exercices de Carême dans la salle Paul vi à la Curie romaine, auxquels le Pape François, hospitalisé à la polyclinique Gemelli, a participé en ligne.

«L’espérance de la vie éternelle». Expliquez-nous la signification du thème choisi pour les Exercices spirituels de ce Carême. Quel en est le cœur?

Le cœur est certainement la vie éternelle qui est également l’un des articles du Credo de Nicée, formulation centrale de la foi pour nous chrétiens, dont le 1700e anniversaire est célébré en cette année jubilaire. J’ai emprunté au Nouveau Testament l’expression L’espérance de la vie éternelle, qui est en quelque sorte le cœur même de l’espérance chrétienne, c’est-à-dire le fait que la vie que Dieu nous a déjà donnée en ce monde est un bien, quelque chose qui n’a pas seulement un sens dans le cadre de la vie terrestre, mais qui vise à une éternité dont nous avons déjà les présages et les signes pour pouvoir la saisir pleinement.

En pensant à la vie éternelle, on pense à la mort, comment l’espérance est-elle liée au thème de la vie éternelle, définie par ailleurs comme «une promesse»?

Nous vivons dans ce monde et nous savons que nous avons devant nous un grand obstacle qui est précisément celui de la mort, liée à notre péché, comme nous le dit notre tradition spirituelle. La promesse que Dieu nous a faite en nous donnant la vie est que la mort n’aura pas le dernier mot, il n’y aurait pas de bonheur ni d’espérance possible pour nous si nous ne réussissions pas à affronter cet obstacle si définitif, si grave, qu’est l’interruption de la vie. Naturellement, la vie éternelle, pour être authentique, doit déjà manifester ses traits et sa qualité avant la mort, sinon nous courrons le risque de n’être qu’une vague espérance pour ne pas craindre l’événement de la mort. Cela a été aussi l’objet de la prédication de Jésus: insister sur le fait que la vie éternelle commence déjà maintenant et que c’est Lui pour nous, le Christ.

Et comment peut-on transmettre ce message dans un monde comme celui d’aujourd’hui? Un monde où la sécularisation semble être surmontée, mais où prévaut surtout un sentiment d’indifférence, en particulier chez les jeunes?

C’est vrai, aujourd’hui, nous sommes très concentrés sur les «choses d’ici bas», pour reprendre le langage paulinien, il nous est donc difficile de «sortir et de voir les étoiles» qui nous orientent ailleurs. Pourtant, à une époque si centrée sur le matérialisme, sur tant de choses qui brillent devant nos yeux, je crois qu’en réalité, une grande nostalgie de l’éternité réapparaît, au moins comme qualité de vie, de beauté, d’humanité qui doit briller devant nos yeux dans ce monde. Donc oui, ce monde a sans doute perdu un peu de vue les fins dernières, ce que l’on appelle l’horizon eschatologique, mais il est extrêmement sensible à tout ce qui est humain et profondément humain. Et c’est là que nous, chrétiens, sommes invités, fortement invités, à faire rayonner la qualité d’une vie éternelle.