
Marine Gauchard
«A travers le grand effort d’élucidation du langage du surnaturel et des controverses autour de la gratuité, comme dans la recherche anthropologique qu’il a menée, Henri de Lubac appelle de ses vœux à la fois à une vraie théologie du surnaturel, pas un seulement une ontologie, et une anthropologie qui ose se fonder sur la révélation de Dieu». C’est ce qu’a rappelé Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims, à l’occasion du Colloque international «La théologie du surnaturel d’Henri de Lubac» organisé les 28 et 29 mars 2025 par l’Ambassade de France près le Saint-Siège, les Facultés Loyola Paris et l’Université pontificale Grégorienne. L’évènement s’est ouvert sur les paroles du père Pino di Luccio, président du Collegium Maximum et de François-Xavier Adam, président de l’Institut Français - Centre-Saint-Louis.
Le colloque était divisé en trois sessions. La première a porté sur l’ouvrage Surnaturel dans l’histoire de la pensée; la deuxième session, quant à elle, a abordé la notion de «nature» qui fait le pendant de la question du surnaturel. C’est au cours de cette session qu’est intervenu Mgr de Moulins-Beaufort. «La question du surnaturel n’est pas une question abstraite — a affirmé l’archevêque de Reims — bien la poser dans l’espace ouvert par la venue du Fils en ce monde, c’est découvrir Dieu toujours plus grand et l’homme précédé par Dieu au plus intime de lui-même et appelé à ratifier toujours ce qui lui est donné».
Enfin, la troisième et dernière session a porté sur les implications spirituelles, mystiques et pastorales des positionnements d’Henri de Lubac dans sa théologie du surnaturel. Le père Alban Massie, professeur de théologie aux Facultés Loyo-la et directeur de La Nouvelle Revue théologique, est intervenu au cours de cette dernière session sur «L’actualité de l’ecclésiologie lubacienne au regard de sa théologie du surnaturel». Son intervention a cherché à répondre à la question suivante: «Le surnaturel lubacien constitue-t-il un frein ou une aide pour avancer dans “une Eglise marquée par les abus de toutes sortes, une crise mondiale de la confiance et qui encourage les gens à vivre dans la méfiance et le soupçon”?». Ayant abordé la synodalité et la grâçe, la doctrine du surnaturel et le discernement des tentations ecclésiales contemporaines, la dialectique du divin et de l’humain dans l’Eglise et l’unité divino-humaine de l’Eglise manifestée dans la catholicité, le père Massie a conclu son intervention en déclarant qu’«en replaçant la grâce de Dieu au cœur de la vie et de la mission de l’Eglise, Hen-ri de Lubac nous aide à comprendre la synodalité non comme une simple réforme structurelle, mais comme une véritable conversion spirituelle dans la manière de “marcher ensemble” dans l’Eglise».