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Le saint du mois

César de Bus

 César de Bus  FRA-004
07 avril 2025

Rémi Bazin

Official du Dicastère des causes des saints

«En une période où le monde, comme jadis, est en crise, où la plupart des valeurs, même les plus sacrées, sont inconsidérément remises en question au nom de la liberté…, il nous semble qu’un effort supplémentaire devrait être entrepris avec courage pour donner au peuple chrétien, qui l’attend plus qu’on ne le croit, une base catéchétique solide, exacte, facile à retenir» remarquait saint Paul vi lors de la béatification de César de Bus. C’est en effet à cet objectif que celui-ci consacra sa vie et pour lequel il fonda en 1592 la Congrégation des Pères de la doctrine chrétienne.

César de Bus vient au monde en 1544, à une époque où les hommes s’ouvrent progressivement à la culture, aux arts et au règne du plaisir. Lui-même se laisse entraîner pendant l’adolescence et le début de l’âge adulte sur la pente de la facilité à laquelle le prédisposent sa condition et sa fortune. Etre -doué, brillant en société, introduit à la Cour, poète à ses heures, il mène une vie insouciante, davantage sensible aux plaisirs frivoles qu’aux exigences de l’Evangile. Un tournant décisif dans sa vie aura lieu lorsqu’au retour d’une soirée de divertissement, il passe devant un couvent de Clarisses qui chantent les Matines: «Quel misérable je suis! Ces religieuses se lèvent la nuit pour louer Dieu, tandis que la nuit je vais l’offenser». C’est alors que la  grâce commence à agir puissamment en lui, soutenu par la prière et les conseils de ses deux premiers guides spirituels: Antoiniette Reveillade, une modeste veuve analphabète, et Louis Guyot, le sacristain de la cathédrale de Cavaillon.

Devenu prêtre, frappé par l’ignorance religieuse dans les campagnes, il se consacre à l’enseignement du catéchisme surtout aux enfants et aux plus pauvres. Il est un modèle et un précurseur car il a le souci d’un enseignement de la foi chrétienne adapté à ceux auxquels il s’adresse et d’un enseignement progressif, qu’il ne sépare pas de la prière, de la vie sacramentelle et de l’engagement dans une vie chrétienne. Il utilise un langage simple, compréhensible par tous, ainsi que des chansons, des poèmes et des représentations de scènes de l’Evangile qu’il peint lui-même, et il se montre plein de patience et de douceur. C’est un véritable maître en pédagogie, pour qui le point important est que tous reçoivent un enseignement à leur portée, mais surtout ce qu’il enseigne et transmet, ce n’est pas quelque chose, c’est Celui dont il a fait l’expérience, Celui qu’il a personnellement rencontré.

En effet, ce qui importe c’est «être catéchiste, non pas travailler comme catéchistes (…) Attention, je n’ai pas dit “faire” le catéchiste, mais “l’être”, parce que cela engage la vie. On conduit à la rencontre avec Jésus par les paroles et par la vie, par le témoignage (…). Etre catéchiste signifie donner le témoignage de la foi; être cohérent dans sa vie» (François, Discours aux catéchistes, 27 septembre 2013). Un tel engagement est bien résumé dans ce qu’aimait répéter César de Bus: «tout en nous doit être catéchisé, nous devons devenir un catéchisme vivant».