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Que Gaza reste la maison des Palestiniens

 Que Gaza reste la maison des Palestiniens  FRA-003
04 mars 2025

Giada Aquilino

Malgré la dévastation et les «ruines dans lesquelles elle se trouve», Gaza «est la maison» des Palestiniens qui «y sont nés et y vivent depuis des générations» et qui sur cette terre «veulent rester», pour «reconstruire» leur vie: «nous ne pouvons pas aller à l’encontre» de tout cela. Telle est la réflexion de Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les Relations avec les Etats et les Organisations internationales, dans la première partie d’un long entretien accordé à la revue America, fondée par la Compagnie de Jésus aux Etats-Unis, après avoir participé à la Conférence de Munich sur la sécurité qui s’est tenue du 17 au 19 février. Répondant à une question sur la proposition du président américain Donald Trump de réinstaller ailleurs les Palestiniens de la Bande de Gaza, le prélat a rappelé qu’un grand nombre d’entre eux ou de leurs ancêtres les plus proches ont déjà été «contraints de laisser» les biens qu’ils possédaient dans d’autres parties de la Terre Sainte. «Il n’est pas juste de dire, a-t-il poursuivi, qu’ils constituent un problème». Ce sont des «personnes» et il faut les traiter comme telles, en agissant «de manière respectueuse» envers elles et leur «dignité d’êtres humains», sans jamais oublier «l’énorme souffrance qu’elles ont subie et qu’elles subissent» jour après jour. Face à une telle proposition, «on reste sans voix», a déclaré Mgr Gallagher.

La position du Saint-Siège, a-t-il rappelé, reste «toujours la même»: une solution à deux Etats, l’un israélien et l’autre palestinien. Depuis longtemps, et donc avant même ce conflit «récent et horrible», à la suite des événements «atroces» du 7 octobre 2023, le Saint-Siège a soutenu ce principe au sein de la communauté internationale et l’a fait même lorsque «beaucoup d’autres» le «rejetaient». Aujourd’hui, il est tout à fait «évident», a noté Mgr Gallagher, que la possible réalisation est «en discussion» car la situation dans les territoires palestiniens de Cisjordanie est également «extrêmement» grave, sérieuse: s’il y avait une «annexion» des territoires de Cisjordanie «par Israël», il serait «très difficile d’imaginer comment il pourrait y avoir un espoir dans un avenir proche de réaliser une solution à deux Etats».

Le Saint-Siège, a-t-il observé en même temps, continue de soutenir un cessez-le-feu «total», la libération de «tous» les otages, la «protection» des civils et le «plein» respect du droit international humanitaire. Tout comme la reconstruction de Gaza, la «stabilisation» de la situation dans les territoires palestiniens de Cisjordanie et le respect du peuple palestinien dans ces régions. Toutefois, la perspective reste celle d’une «solution au conflit entre Israéliens et Palestiniens». Cependant, a-t-il déclaré, il est con-sidéré que la résolution de la question palestinienne se trouve «au centre de nombre des problèmes au Proche-Orient», qu’il s’agisse de la Syrie, du Liban ou de d’autres parties de la région.

Sollicité à s’attarder sur l’attention portée par le Pape à la question israélo-palestinienne et sur ses appels téléphoniques constants à la communauté catholique de Gaza et à son curé, à propos desquels la revue fait état de «critiques» de la part de certains «dirigeants israéliens et juifs», Mgr Gallagher a rappelé que François a toujours essayé de «tendre la main» aux deux parties de ce terrible conflit. «Il est vrai qu’il essaie de téléphoner tous les soirs à la paroisse de Gaza pour parler aux prêtres et prendre des nouvelles des gens qui y vivent», a-t-il déclaré, citant un geste «très apprécié». Toutefois, a rappelé Mgr Gallagher, le Souverain Pontife «a également reçu de nombreuses familles d’otages», en plus d’écrire une lettre à ses «frères et sœurs» juifs d’Israël et une missive aux catholiques du Proche-Orient: il a donc essayé d’être un «pasteur» pour tous.