· Cité du Vatican ·

La sainte du mois

Colette de Corbie

 Colette de Corbie  FRA-003
04 mars 2025

Rémi Bazin

Official au Dicastère des causes des saints

En quoi cette réformatrice de l’Ordre des Clarisses, contemporaine de Jeanne d’Arc, qu’on appela parfois la «Thérèse d’Avila française», peut-elle éclairer encore les hommes et les femmes de notre xxie siècle? Elle n’a pas laissé beaucoup d’écrits, à la différence de la sainte espagnole, mais nous avons conservé toutefois une de ses prières: «sois béni, Seigneur, pour cette Heure unique dans l’histoire, qui a vu naître ton fils, Jésus, vrai Dieu et vrai homme».

L’existence de Colette de Corbie, à la suite de Claire d’Assise, est traversée par cet appel à bénir et louer le Seigneur pour ce moment unique dans l’histoire des hommes qu’est l’Incarnation de Jésus, vrai Dieu et vrai homme. Dans cette attitude fondamentale d’action de grâces, elle se rend disponible au travail de l’Esprit Saint qui la conduit de sa solitude, où elle reste trois ans recluse, à la vie fraternelle des clarisses et son engagement dans la réforme et le renouveau de la vie franciscaine en France.

Sainte Colette nous surprend par son espérance. En pleine tourmente de la guerre de Cent Ans et son cortège de famines, de violence, de misère, au milieu d’une Eglise déchirée par la profonde crise religieuse du grand schisme d’Occident, elle apparaît comme une femme unifiée et amie de tous. Etrangère aux querelles partisanes, elle fait l’unanimité parce qu’elle a fait le choix exclusif du Christ. Pauvre de tout mais riche de l’Evangile, elle est habitée par l’espérance qu’expérimentent ceux qui accueillent Jésus comme leur Seigneur. En effet, «espérer, c’est accueillir ce don que Dieu nous offre chaque jour. Espérer, c’est savourer l’émerveillement d’être aimé, recherché, désiré par un Dieu qui ne s’est pas enfermé dans ses cieux impénétrables mais s’est fait chair et sang, histoire et jours, pour partager notre sort» (Pape François, La speranza è una luce nella notte, 2024).

De son vivant même, et encore aujourd’hui, Colette de Corbie est vénérée comme la sainte qui suscite la vie, et est donc particulièrement priée par les couples en désir d’enfants. Parce qu’elle avait l’espérance ancrée profondément dans son cœur, elle était naturellement portée à croire à la vie, à la respecter, à la protéger. Les premières biographies de sainte Colette relatent des miracles de naissances d’enfants désirés, de malades guéris, de morts ressuscités. Ces témoignages traduisent la sollicitude extrême de la sainte pour la vie humaine, depuis sa conception jusqu’à la mort.

Colette contemplait en effet en toute vie un reflet de l’existence que le Seigneur a voulu partager avec nous. Dans son testament, elle invite instamment ses sœurs à louer le Créateur pour le don de la création. «Avec les anges, louez Dieu, glorifiez-le en lui et par lui, et par toutes ses créatures, au ciel et sur la terre, exaltez-le au-dessus de tout pour l’inestimable bienfait de la création de l’homme fait à l’image du Créateur». Pour vivre dans l’espérance, pour aimer, accueillir et servir la vie, demandons à sainte Colette d’être comme elle humblement, simplement disponible à Celui qui s’est fait l’un de nous pour nous donner la Vie.