
Rémi Bazin
Official au Dicastère des causes des saints
Saint Claude La Colombière est connu dans l’Eglise universelle pour avoir été, avec sainte Marguerite-Marie Alacocque, l’apôtre du culte du Sacré Cœur. Nommé directeur du Collège jésuite de Paray-le-Monial en 1675, il est appelé auprès de la sainte visitandine pour exercer son discernement sur les visions et faits extraordinaires dont elle se dit favorisée. Non seulement il la rassure sur l’authenticité de ce qu’elle vit, mais il saisit et expérimente la valeur éminente du message qui lui est révélé. Appelé après un an et demi à d’autres ministères, il ne cessera plus, surtout à travers sa correspondance, de travailler à faire connaitre au monde les richesses insondables de l’amour passionné de Jésus pour chacun de nous et à répandre la dévotion à son Cœur.
En celle-ci, comme l’enseigne le Magistère de l’Eglise, se trouve «la synthèse de la religion et la norme d’une vie d’autant plus parfaite qu’elle achemine les âmes à connaître plus profondément et plus rapidement le Christ Seigneur, à l’aimer plus ardemment et à l’imiter avec plus d’application et plus d’efficacité» (Pie xi, Miserentissimum Redemptor, 1928). En effet, comme l’a récemment rappelé le Pape François: «La dévotion au Cœur du Christ n’est pas le culte d’un organe séparé de la personne de Jésus. Nous contemplons et adorons Jésus-Christ tout entier, le Fils de Dieu fait homme, représenté dans une image où son cœur est mis en évidence. Le cœur de chair est considéré comme l’image ou le signe privilégié du centre le plus intime du Fils incarné et de son amour à la fois divin et humain car, plus que tout autre membre de son corps, il est «signe ou symbole naturel de son immense charité» (Pape François, Dilexit nos, 2024).
Cette dévotion apparait à l’époque des apparitions de Paray-le-Monial comme une répon-se au rigorisme janséniste qui avait fini par ignorer la miséricorde infinie de Dieu. Elle apparait aujourd’hui comme le remède à un autre risque très actuel, celui d’«un christianisme qui oublie la tendresse de la foi, la joie du dévouement au service, la ferveur de la mission de personne à personne, la fascination pour la beauté du Christ, la gratitude passionnée pour l’amitié qu’Il offre et pour le sens ultime qu’Il donne à la vie» (Pape François, ibid.)
Pour saint Claude, la découverte de ce Cœur «qui a tant aimé le monde» est la source de ce qu’il n’hésite pas à appeler un véritable trésor: «c’est une ferme confiance en Dieu, fondée sur sa bonté infinie, sur l’expérience que j’ai qu’il ne nous manque point dans nos besoins… C’est pourquoi je suis résolu de ne donner point de bornes à ma confiance et de l’étendre à toutes choses». C’est ce qu’il exprime dans son Acte de confiance, prière que nous pouvons aussi faire nôtre: «Mon Dieu, je suis si persuadé que Vous veillez sur ceux qui espèrent en Vous, et qu’on ne peut manquer de rien quand on attend de Vous toutes choses, que j’ai résolu de vivre à l’avenir sans aucun souci, et de me décharger sur Vous de toutes mes inquiétudes».