· Cité du Vatican ·

Audience à l’Institut théologique pontifical Jean-Paul ii sur le mariage et la famille

Portes ouvertes aux femmes discriminées

 Portes ouvertes  aux femmes discriminées  FRA-048
28 novembre 2024

«Souvent, des obligations et des restrictions pèsent sur les femmes, les contraignant à occuper des positions de subordination». C’est ce qu’a rappelé le Pape François à la Communauté académique de l’Institut théologique pontifical Jean-Paul ii sur le mariage et la famille, reçue en audience dans la salle Clémentine dans la matinée du lundi 25 novembre, en la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Le refus de chaque violence faite aux femmes a également été souligné sur le compte x @Pontifex_fr. Nous publions le texte du discours dans lequel le Pape invite à accueillir les familles blessées.

Chers frères et sœurs, bonjour!

Je suis heureux de vous rencontrer au début de votre année académique. Je salue et remercie le grand-chancelier, Mgr Vincenzo Paglia, et le président Mgr Philippe Bordeyne, ainsi que les vice-présidents des sections internationales, les professeurs, les étudiants, les membres de la Fondation Benoît xvi et les bienfaiteurs.

Comme vous le savez, le Document final de la xvie Assemblée du Synode affirme que les familles sont le lieu «privilégié pour apprendre et expérimenter les pratiques essentielles d’une Eglise synodale» (n. 35). A cet effet, la conscience d’être «des agents et pas seulement des destinataires de la pastorale familiale», responsables de «l’édification de l’Eglise et l’engagement de la société» doit grandir en elles (n. 64). Nous savons combien le mariage et la famille sont décisifs pour la vie des populations: depuis toujours l’Eglise en prend soin, les soutient et les évangélise.

Malheureusement, il existe des pays où les autorités publiques ne respectent pas la dignité et la liberté auxquelles chaque être humain a un droit inaliénable en tant qu’enfant de Dieu. Souvent, des obligations et des restrictions pèsent sur les femmes, les contraignant à occuper des positions de subordination. Et c’est très laid. Depuis le début, au contraire, il y a eu aussi des femmes parmi les disciples du Seigneur, et «il n'y a ni homme ni femme — écrit saint Paul — dans le Christ Jésus» (Ga 3, 28). Cela ne signifie pas que la différence entre les deux s’annule, bien qu’il n’y aucune discrimination entre l’homme et la femme dans le dessein de salut: tous les deux appartiennent au Christ, ils sont «la descendance d’Abraham, héritiers selon la promesse» (v. 29). Et en parlant des femmes, un prêtre âgé m’a dit un jour: «Fais attention, ne fais pas d’erreurs, car à depuis le jour du Jardin d’Eden, c’est elles qui commandent!».

Par Jésus nous sommes tous «libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement» (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 1) et l’Evangile de la famille est une joie qui «remplit le cœur et la vie tout entière» (Exhort. ap. Amoris laetitia, n. 200). Tel est l’Evangile qui aide tout le monde, dans chaque culture, à toujours chercher ce qui est conforme à l’être humain et au souhait de salut enraciné en chaque homme et en chaque femme.

En particulier, le sacrement du mariage est comme le bon vin servi lors des noces de Cana (cf. Jn 2, 1-12). A ce propos, rappelons-nous que les premières communautés chrétiennes se sont développées domestiquement, élargissant les noyaux familiaux avec l’accueil de nouveaux croyants, et ils se réunissaient dans les maisons. Depuis le début, l’Eglise s’est prodiguée comme demeure ouverte et accueillante, afin qu’aucune difficulté économique ou sociale n’empêche de vivre la sequela de Jésus. Entrer dans l’Eglise signifie toujours inaugurer une fraternité nouvelle, fondée sur le baptême, qui embrasse l’étranger et aussi l’ennemi.

Engagée dans la même mission aujourd’hui encore, l’Eglise ne ferme pas la porte à ceux qui peinent à parcourir le chemin de la foi, au contraire, la porte est grande ouverte, car tous «ont besoin d’une attention pastorale miséricordieuse et encourageante» (Amoris laetitia, n. 293). Tous. N’oublions pas ce mot: tous, tous, tous. Jésus l’a expliqué dans une parabole: lorsque les invités ne se rendent pas aux noces, le patron dit aux serviteurs: «Allez dans les rues et ramenez tous, tous, tous» — «Seigneur, tous les bons, non?» — «Non, tous, bons et méchants, tous». N’oubliez pas ce «tous», qui est une des vocations de l’Eglise, mère de tous.

La «logique de l’intégration est la clef de l’accompagnement pastoral» pour ceux qui «cohabitent en reportant indéfiniment l’engagement conjugal» et pour les personnes divorcées et remariées. «Ce sont des baptisés, ce sont des frères et des sœurs, l’Esprit Saint déverse en eux des dons et des charismes pour le bien de tous» (ibid., n. 299): leur présence dans l’Eglise témoigne de la volonté de persévérer dans la foi, malgré les blessures d’expériences douloureuses.

Sans exclure personne, l’Eglise promeut la famille, fondée sur le mariage, contribuant en tout temps et en tout lieu à rendre le lien conjugal plus solide, en vertu de cet amour qui est plus grand que tout: la charité (ibid., n. 89ss). En effet, «la force de la famille réside essentiellement dans sa capacité d’aimer et d’enseigner à aimer»; aussi blessée soit-elle, «elle pourra toujours grandir en s’appuyant sur l’amour» (ibid., n. 53). Dans les familles, les blessures se soignent avec l’amour.

Chers amis, les défis, les problèmes, les espérances qui résident aujourd’hui dans le mariage et la famille s’inscrivent dans le rapport entre l’Eglise et la culture, que déjà saint Paul vi invitait à prendre en considération, soulignant que «la rupture entre Evangile et culture est sans doute le drame de notre époque» (Exhort. ap. Evangelii nuntiandi, n. 20). Saint Jean-Paul ii et Benoît xvi ont approfondi le thème de l’inculturation en mettant l’accent sur les questions d’interculturalité et de mondialisation. La possibilité d’accomplir pleinement la mission évangélisatrice, qui engage chaque chrétien, dépend de la capacité à relever ces défis. A ce sujet, le dernier Synode a enrichi la conscience ecclésiale de tous les participants: l’unité même de l’Eglise exige en effet l’engagement à dépasser les extranéités ou les conflits culturels, bâtissant une harmonie et un entente entre les peuples.

A l’Institut Jean-Paul ii, il incombe une coopération particulière sur ce terrain, par le biais d’études et de recherches qui développent une conscience critique envers l’attitude de certaines sociétés et cultures concernant le mariage et la famille. C’est pourquoi j’ai souhaité que l’institut élargisse son champ d’intérêt aussi «aux développements des sciences humaines et de la culture anthropologique dans un domaine aussi fondamental pour la culture de la vie» (Lett. ap. m.p. Summa familiae cura, Préambule).

Il est bon que les différents bureaux de l’institut, présents dans plusieurs pays, mènent leurs activités en dialoguant avec des chercheurs et des institutions culturelles de natures différentes, comme c’est déjà le cas pour l’université Roma Tre et l’Institut national du cancer. Nous devons aller de l’avant dans ces relations, c’est important.

Je souhaite que dans chaque partie du monde, l’Institut soutienne les époux et les familles dans leur mission, en les aidant à être des pierres vivantes de l’Eglise et des témoins de fidélité, de service, d’ouverture à la vie, d’accueil. Marchons ensemble dans la sequela du Christ. Ce style synodal correspond aux grands défis actuels, devant lesquels les familles sont le signe de la fécondité et de la fraternité fondées sur l’Evangile. Dans ce style d’Eglise, l’annonce de la Parole est très importante, mais l’écoute de la Parole est encore plus importante. Avant d’annoncer, il faut écouter: l’écoute de la Parole qui est prêchée et l’écoute de la Parole qui provient de la voix des autres, car Dieu parle à travers tous.

Je vous souhaite à tous une année académique fructueuse. Je vous bénis tous. Et je vous demande, s’il vous paît, de prier pour moi. Merci!