· Cité du Vatican ·

Le Pape poursuit ses réflexions sur «L’Esprit et l’Epouse» en parlant des fruits du Paraclet

La joie évangélique ne se consume pas mais se multiplie dans le partage

 La joie évangélique ne se consume pas  mais se multiplie dans le partage  FRA-048
28 novembre 2024

Chers frères et sœurs, bonjour!

Après avoir parlé de la grâce sanctifiante puis des charismes, je voudrais m’arrêter aujourd’hui sur une troisième réalité liée à l’action de l’Esprit Saint: les «fruits de l’Esprit». Qu’est-ce que le fruit de l’Esprit? Saint Paul en propose une liste dans sa lettre aux Galates. Il écrit: «Voici le fruit de l’Esprit: amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi» (5, 22). Neuf fruits de l’Esprit. Mais qu’est-ce que ce «fruit de l’Esprit»?

A la différence des charismes, que l’Esprit donne à qui il veut et quand il veut pour le bien de l’Eglise, les fruits de l’Esprit — je répète: amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi — sont le résultat d’une collaboration entre la grâce et notre liberté. Ces fruits expriment toujours la créativité de la personne, en qui «la foi opère par la charité» (Ga 5, 6), parfois de manière surprenante et joyeuse. Dans l’Eglise, tout le monde ne peut être apôtre, prophète, évangéliste; mais tout le monde indistinctement peut et doit être charitable, patient, humble, artisan de paix. Oui, tout le monde doit être charitable, patient, humble, artisan de paix et non de guerres.

Parmi les fruits de l’Esprit énumérés par l’apôtre, je voudrais en souligner un, en rappelant les premiers mots de l’Exhortation apostolique Evangelii gaudium: «La joie de l’Evangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par Lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus Christ la joie naît et renaît toujours» (n. 1). Parfois, il y aura de nombreux moments tristes, mais il y a toujours la paix. Avec Jésus, il y a la joie et la paix.

La joie, fruit de l’Esprit, a en commun avec toutes les autres joies humaines un certain sentiment de plénitude et d’accomplissement, qui fait désirer qu’elle dure pour toujours. Nous savons par expérience qu’il n’en est rien, car ici-bas tout passe vite. Tout passe vite. Réfléchissons ensemble: la jeunesse — elle passe très rapidement —, la santé, la force, le bien-être, les amitiés, les amours… Elles durent cent ans? Et puis pas plus. D’ailleurs, même si ces choses ne passent pas vite, au bout d’un certain temps elles ne suffisent plus, voire elles ennuient, car, comme le disait saint Augustin à Dieu: «Tu nous as faits pour toi Seigneur et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose pas en toi…»1. Il y a l’inquiétude du cœur pour rechercher la beauté, la paix, l’amour, la joie.

La joie de l’Evangile, la joie évangélique, à la différence de toute autre joie, peut se renouveler chaque jour et devenir contagieuse. «C’est seulement grâce à cette rencontre — ou nouvelle rencontre — avec l’amour de Dieu, qui se convertit en heureuse amitié, que nous sommes délivrés de notre conscience isolée et de l’auto-référence. […] Là se trouve la source de l’action évangélisatrice. Parce que, si quelqu’un a accueilli cet amour qui lui redonne le sens de la vie, comment peut-il retenir le désir de le communiquer aux autres?» (Evangelii gaudium, n. 8). Telle est la double caractéristique de la joie, fruit de l’Esprit: non seulement elle n’est pas soumise à l’inévitable usure du temps, mais elle se multiplie dans le partage avec les autres! Une véritable joie se partage avec les autres et elle «contamine».

Il y a cinq siècles, un saint appelé Philippe Néri vivait à Rome. Il est entré dans l’histoire comme le saint de la joie. Aux enfants pauvres et abandonnés de son oratoire, il disait: «Mes enfants, soyez joyeux; je ne veux pas de scrupules ni de mélancolie; il me suffit que vous ne péchiez pas». Et encore: «Soyez bons, si vous le pouvez!». Ce que l’on connaît moins, en revanche, c’est la source de sa joie. Saint Philippe Néri avait un tel amour pour Dieu qu’il semblait parfois que son cœur allait éclater dans sa poitrine. Sa joie était, au sens le plus large, un fruit de l’Esprit. Le saint participa au Jubilé de 1575, qu’il enrichit de la pratique, maintenue par la suite, du Tour des sept églises. Il fut, en son temps, un véritable évangélisateur par la joie. Et il avait cette caractéristique propre à Jésus: il pardonnait toujours, il pardonnait tout. Peut-être que quelqu’un parmi nous peut penser: «Mais moi j’ai commis ce péché, et le pardon ne sera pas accordé…» Ecoutez bien ceci: Dieu pardonne tout, Dieu pardonne toujours. Et c’est cela la joie: être pardonné par Dieu. Et je dis toujours aux prêtres et aux confesseurs: «Pardonnez tout, ne demandez pas trop mais pardonnez tout, tout et toujours».

Le mot évangile signifie «bonne nouvelle». C’est pourquoi l’on ne peut pas communiquer en faisant la tête et en ayant le visage fermé, mais avec la joie de celui qui a trouvé le trésor caché et la perle précieuse. Souvenons-nous de l’exhortation que saint Paul a adressée aux croyants de l’Eglise de Philippes, et qu’il adresse à nous tous: «Soyez toujours dans la joie du Seigneur; je le redis: soyez dans la joie. Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes» (Ph 4, 4-5).

Chers frères et sœurs, soyez heureux avec la joie de Jésus dans notre cœur. Merci.

1S. Augustin, Les Confessions, i, 1.

A l’issue de l’Audience générale, le Pape a lancé les appels suivants:

Dimanche prochain débutera l’Avent, en préparation du Noël du Christ. Je vous exhorte tous à vivre ce «temps fort» par une prière sincère et une espérance ardente.

La semaine prochaine, avec l’Avent, débutera également la traduction en chinois de la synthèse de la catéchèse de l’Audience.

Et n’oublions pas le peuple ukrainien martyrisé. Il souffre tant. Et vous, enfants, jeunes, pensez aux enfants et aux jeunes ukrainiens qui souffrent de ce temps, sans chauffage, traversant un hiver très dur, très froid. Priez pour les enfants et les jeunes ukrainiens. Le ferez-vous? Prierez-vous? Vous tous. Ne l’oubliez pas. Et prions également pour la paix en Terre Sainte; Nazareth, la Palestine, Israël… Qu’il y ait la paix, qu’il y ait la paix. Les personnes souffrent tellement. Prions tous ensemble pour la paix.

Je vous accorde à tous ma bénédiction!

Parmi les pèlerins présents à l’audience générale se trouvaient les groupes francophones suivants:

De France: collège Saint-Michel des Batignolles, de Paris; collège de Sainte-Croix, de Neuilly.

Du Bénin: groupe de pèlerins du diocèse de Djougou.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les collégiens venus de France et les fidèles du Bénin.

Frères et sœurs, dans notre monde plongé dans la tristesse des guerres et des crises multiples, puissions-nous annoncer la joie évangélique par nos vies transfigurées par la présence de Dieu.

Que Dieu vous bénisse!