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Voyage de Mgr Gallagher au Cameroun

L’Eglise offre ses services pour la paix et la protection de la dignité de tous

 L’Eglise offre ses services pour la paix et la protection de la dignité de tous  FRA-048
28 novembre 2024

Du 14 au 18 novembre, Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire du Saint- Siège pour les relations avec les Etats et les organisations internationales, a accompli son voyage dans la capitale camerounaise Yaoundé. Ce voyage de quatre jours a été marqué par une série d’activités autour de la commémoration du 10e anniversaire de la signature de l’Accord-cadre entre le Saint-Siège et la République du Cameroun. Il revient doublement décoré de ce pays, d’un côté par l’Etat lui-même, qui l’a élevé au rang de grand officier de l’ordre de la valeur, et de l'autre par l’Université catholique d’Afrique centrale, qui lui a octroyé le titre de docteur honoris causa.

Un des événements culminants de ce voyage diplomatique a été la célébration eucharistique dans la basilique mineure Marie-des-Apôtres de Mvolyé à Yaoundé. Dans son discours, Mgr Gallagher a béni le Seigneur pour les relations de longue date empreintes d’estime réciproque entre l’Eglise et l’Etat du Cameroun, «entente qui favorise une bonne collaboration en faveur de tous les Camerounais». L’envoyé spécial du Pape a aussi exhorté le peuple camerounais à promouvoir davantage la paix par la prière, la charité, l’accueil des étrangers et le partage équitable des biens du pays. Le secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les Etats et les organisations internationales a remercié, en outre, la foule immense de personnes et les autorités politiques, civiles, militaires, traditionnelles et religieuses venues s’associer à la communauté catholique pour célébrer cet anniversaire.

A la même occasion, Mgr José Avelino Bettencourt, nonce apostolique au Cameroun, a expliqué l’esprit qui guide ces accords. «L’Accord-cadre ne cherche pas à obtenir des privilèges, mais la stabilité et la liberté nécessaires pour mieux servir les Camerounais sans distinc-tions de religion, d’ethnie et autres. La qualité de nos services est offerte à tous sans distinction aucune». Ce fut l’occasion pour le président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun, Mgr Andrew Nkea, de relever l’importance de l’engagement entre ce pays d'Afrique centrale et le Saint-Siège pour l’engagement de l’Eglise au Cameroun.

Mgr Ghallagher a été décoré grand officier de l’ordre de la valeur par le ministre camerounais des Relations extérieures au cours de la rencontre diplomatique au siège du ministère. Lejeune Mbella Mbella, ministre ayant en charge cette fonction régalienne, a déclaré que «les relations entre le Cameroun et le Saint-Siège ont franchi un pas important avec la signature de l’Accord-cadre». Selon son expression, cet accord constitue «un instrument fondamental dans le renforcement des liens de (…) deux Etats qui se sont engagés, dans le cadre de l’autonomie de chacun, à travailler ensemble pour le bien-être, la tolérance et l’équité».

Mgr Gallagher a également rappelé que «dans sa collaboration avec l’Etat, l’Eglise ne cherche pas de privilèges, mais elle offre ses services pour la paix et la protection de la dignité de toute personne». En remerciant le gouvernement camerounais pour les honneurs accordés, l’envoyé spécial du Pape a aussi voulu étendre cette reconnaissance «à tous les acteurs de l’évangélisation de ce pays», notamment aux archevêques métropolitains des cinq provinces ecclésiastiques de l’Eglise catholique au Cameroun, présents à cette rencontre.

Dans la matinée du lundi 18 novembre, Mgr Paul Richard Gallagher a été reçu par le président de la République Paul Biya, avec lequel il a eu un échange convivial. Ce tête-à-tête, qui a duré une heure, a essentiellement porté sur les 10 ans de l’Accord-cadre et les avancées depuis la signature de cet accord facilitant le service de l’Eglise et sa mission d’évangélisation intégrale auprès de toute la communauté camerounaise, mentionnant aussi les perspectives d’avenir.

Ces échanges ont aussi permis aux deux personnalités de faire un tour d’horizon de l’actualité pertinente dans le monde et les préoccupations de la Communauté internationale, a déclaré Mgr Gallagher. Ont été aussi évoquées les visites du président Paul Biya au Vatican ainsi que celles des Papes Jean-Paul ii et Benoît xvi au Cameroun qui, selon le locataire du palais de l’unité, ont grandement renforcé les liens d’amitié entre les deux Etats. Au sortir de cette audience, Mgr Paul Gallagher a déclaré à la presse que l’Eglise entretenait «une bonne collaboration et service» et qu’elle se sentait «tout à fait encouragée» par l’attitude de l’Etat camerounais.

Mgr Gallagher a clôturé sa visite par une rencontre académique à l’Université catholique d’Afrique centrale (Ucac). A cette occasion, l’envoyé spécial du Vatican a donné une leçon magistrale sur le thème: «La diplomatie du Vatican et l’Accord-cadre». Dans un exposé dense, Mgr Gallager a brièvement retracé l’évolution historique des relations diplomatiques avec le Saint-Siège du xvi e siècle jusqu’à nos jours. S’attardant sur le cas du Cameroun, il a souligné que l’Accord-cadre est le point culminant de tout un processus de négociations et de coopération, évoquant l’historique des accords signés entre ce pays et le Saint-Siège avant et après les indépendances. «Grâce à l’Accord-cadre, l’Eglise du Cameroun ne demande plus de privilèges, mais revendique le droit à la liberté religieuse», a fait savoir le prélat.

Mgr Gallagher a émis le vœu qu’à travers les futurs protocoles d’application de cet Accord et les autres instruments y afférant, le bien des personnes, en particulier celui des pauvres, soit assuré chaque jour davantage. Cette leçon magistrale a été précédée du discours du doyen de la Faculté des Sciences sociales de l’Ucac, octroyant à Mgr Gallagher le titre de docteur honoris causa. Dans son discours, le professeur et jésuite Yvon Christian Elenga a rappelé la valeur du prélat, son ministère, ses engagements pastoraux, lui valant, selon l’appréciation de l’Ucac, d’être scientifiquement et académiquement reconnu. Le nouveau docteur honoris causa a donc revêtu la toge et la toque devant des personnalités et érudits camerounais.

Fabrice Bagendekere
Paule Valérie Mendogo