
Le psaume 145 répond à la première lecture: le Seigneur fait justice aux opprimés, délie les enchaînés, redresse les accablés, protège l’étranger... Pourtant, tout autour, Dieu semble absent. D’autres psaumes le crient avec force: «Réveille-toi! Pourquoi dors-tu, Seigneur? Lève-toi!… Pourquoi détourner ta face, oublier notre malheur, notre misère?» (Ps 43, 24-25). Nous-mêmes pouvons crier vers Dieu qui semble sourd. Mais s’Il délie les enchaînés…, c’est par l’action de ceux qu’il envoie. Si notre protestation se prolonge sans nous renvoyer à notre propre complicité, indifférence, frilosité, elle risque de nous mettre du côté de ceux dont Jésus nous invite à nous méfier dans cette page d’évangile, ceux qui «pour l’apparence font de longues prières». Sommes-nous à l’image de ces veuves que la liturgie nous donne en exemple? Honnêtement, je dois bien reconnaître que je donne de mon superflu, pas le nécessaire. Alors, un peu de sobriété dans le discours évite au moins de creuser l’écart entre mes actes et mes paroles, de rejeter sur Dieu la responsabilité de ma propre surdité. Le texte du premier livre des rois nous dit que c’est lorsque nous donnons tout que le «miracle» survient, parce qu’il émane d’une confiance radicale. La nôtre est trop souvent, sinon toujours, mesurée. Quand donc, concrètement, notre confiance est-elle radicale? Là se joue notre relation au Père, là s’enracine notre foi. L’épître aux hébreux met en vis-à-vis deux sens opposés du mot sacrifice: d’un côté, celui offert jadis par «le grand prêtre qui, tous les ans, entrait dans le sanctuaire en offrant un sang qui n’était pas le sien», comme pour apaiser un Dieu avec qui la relation était conçue comme une sorte de marchandage; et de l’autre, le Christ qui s’est manifesté pour détruire le péché par son sacrifice, qui s’est offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude. Là, plus de marchandage mais un don total de Dieu qui paye lui-même le prix de notre délivrance. Tout est grâce!
* Aumônier national catholique des prisons de France et d’Outre-Mer
Mon invalidité et la Cité
Mon esprit malade est parfois mal vu en notre Cité;
je vis très bien ce fardeau, grâce à Dieu et aux médecins;
de ma réputation, je me moque, j’agis en capucin;
Lui l’a fait, Il est mort en criminel… le Ressuscité!
Dieu et mes écrits
Je suis, comme le scribe, empli de vanité: savoir écrire,
et en attendre, plein d’espérance, gloire et reconnaissance;
Jésus m’invite à être humble, à t’accueillir et t’offrir
mon talent de poète; en Dieu, je vis ma seconde naissance!
Franck Widro
L’Evangile en poche
Dimanche 10 novembre,
xxxii e du Temps ordinaire
Première lecture: 1 R 17, 10-16;
Psaume: 145
Deuxième lecture: He 9, 24-28
Evangile: Mc 12, 38-44.
Bruno Lachnitt*