Bartimée mendie, assis au bord de la route, aveugle. Pas de naissance: sœur Jeanne d’Arc traduit sa demande par re-voir. Apprenant que c’était Jésus de Nazareth, il se met à crier: «Jésus, fils de David, aie pitié de moi!». Nathanaël avait dit à son frère Philippe: «De Nazareth, peut-il sortir quelque chose de bon?» (Jn 1, 46). Bartimée associe «Nazareth» et «fils de David». Ceux qui voient, ne voient qu’un mendiant aveugle qui dérange le Maître, et lui qui ne voit pas, reconnaît le Messie en celui qui sort de Nazareth. Jésus dit «appelez-le». On l’appelle, et on lui dit «confiance, lève-toi, en grec έγειρέέγειρέέγειρέ, le verbe utilisé pour la résurrection. Un hasard? Il court vers Jésus qui lui dit: «Que veux tu que je fasse pour toi?» «Que je voie [ou re-voie]». Et Jésus lui dit: «va, ta foi t’a sauvé». Il ne fait rien: pas de salive sur les yeux comme pour l’aveugle né. Il y a comme un décalage entre: «que veux-tu que JE fasse pour toi?», et «TA Foi t’a sauvé». On peut considérer le lien entre la guérison et la confession contenue dans «Jésus, fils de David». Le texte nous dit: «aussitôt l’homme se mit à voir et il suivait Jésus sur la route». Le salut, est-ce voir ou «suivre Jésus»? Bartimée a vu d’abord le visage de Celui en qui il a cru! Qu’est-ce qui fait courir l’homme, sinon le désir de voir Dieu? A Philippe qui lui demande «Montre nous le Père et cela nous suffit, Jésus répond: Celui qui m’a vu, a vu le Père» (Jn 14, 8-9). Bartimée ouvre les yeux sur le visage de Celui en qui, alors qu’il ne voyait pas encore, il avait reconnu le fils de David, c’est-à-dire le Christ. Le désir de voir Dieu nous renvoie sans cesse au visage du frère, icône du Christ, image de Dieu. Et nous sommes souvent aveuglés. S’agirait-il alors de suivre Jésus après l’avoir reconnu en ceux que précisément nous ne voulions pas voir? Finalement, c’est peut-être d’abord nous l’aveugle qui doit entendre en premier cette parole qui met en route: courage, lève-toi, il t’appelle!
* Aumônier national catholique des prisons de France et d’Outre-Mer
Dieu, notre Cité et moi
Notre belle Cité est remplie d’aveugles, d’impies à l’âme perdue;
ils refusent la pensée des ancêtres, de pieux individus;
leurs idoles les éloignent d’une vraie Vie emplie d’alléluias,
ils nient nos valeurs; Dieu défend l’homme avec maestria!
J’ai retrouvé la vue
j’ai crié à Jésus mon désir de voir en Vérité,
ainsi, je retrouve la vue, y compris dans l’adversité;
je vis, depuis peu, une Vie, bâtis mon Je, vraie charité;
je te fais naître en Dieu, à une belle vision de notre Cité.
Franck Widro
L’Evangile en poche
Dimanche 27 octobre,
xxxe du Temps ordinaire
Première lecture: Jr 31, 7-9;
Psaume: 125
Deuxième lecture: He 5, 1-6;
Evangile: Mc 10, 46-52.
Bruno Lachnitt*