· Cité du Vatican ·

Discours du Pape aux jeunes de «The Economy of Francesco»

Puisse l’économie produire du bien-être et non des déchets

 Puisse l’économie produire du bien-être  et non des déchets  FRA-041
10 octobre 2024

Donner naissance à «une nouvelle façon de faire de l'économie qui ne produise pas de déchets mais du bien-être matériel et spirituel»: tel est le «mandat» confié par le Pape aux jeunes membres de la délégation de «The Economy of Francesco» reçue dans la matinée du mercredi 25 septembre dans le salon de la salle Paul vi . Le Pape a également adressé un encouragement à la «Fondation» du même nom, dont il a reçu l'acte constitutif le même jour. Voici son discours.

Chers amis, bienvenue!

Je suis heureux de savoir que vous avez donné vie, avec l’évêque d’Assise et les autres promoteurs que j'ai chargés, à la fondation The Economy of Francesco. De vos idéaux est née une institution. Elle est importante car elle soutiendra ces idéaux; et vous en serez non seulement bénéficiaires, mais aussi protagonistes, en assumant avec enthousiasme et sens du service les missions qui vous sont assignées.

Au cours de ces cinq dernières années, vous avez fait beaucoup de choses. Merci d'avoir pris au sérieux mon invitation à «réanimer» l'économie, et d'avoir accueilli les indications que je vous ai confiées lors de vos congrès annuels. Elles s'inscrivent dans le cadre de la doctrine sociale de l'Eglise et, en fin de compte, trouvent leur racine dans l'Evangile. Vos maîtres, connus au cours de vos études ou expériences professionnelles, peuvent être nombreux; mais la référence à l'Evangile, même dans un dialogue sincère avec tous, vous garantit un Maître d'exception, Jésus, l'unique qui a pu dire: «Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie» (Jn 14, 6).

Une nouvelle phase commence pour vous. Cette belle réalité doit grandir, se renforcer, atteindre toujours plus de jeunes et porter les fruits typiques de l'Evangile et du bien. Merci pour tout, merci pour tout ce que vous faites et avez fait, qui a dépassé les attentes. J'ai voulu compter sur vous, car les jeunes ont toute la vie devant eux, ils sont un «chemin» vivant, et de ce chemin peuvent naître de bonnes choses, en veillant à prévenir celles qui sont mauvaises.

Le monde de l'économie a besoin d'un changement. Vous ne le changerez pas seulement en devenant ministres, prix Nobel ou grands économistes — ce sont toutes de belles choses —; vous le changerez surtout en l'aimant, à la lumière de Dieu, en y apportant les valeurs et la force du bien, avec l'esprit évangélique de François d'Assise: il était fils d'un marchand, il connaissait les qualités et les défauts de ce monde! Aimez l'économie, aimez concrètement les travailleurs, les pauvres, en privilégiant les situations de plus grande souffrance.

Ce n'est pas le grand ou le puissant qui améliorent le monde: c'est l'amour, le premier et le plus grand facteur de changement. Un économiste de vie sainte, le bienheureux Giuseppe Toniolo, a écrit à ce propos que celui qui sauvera vraiment la société «ne sera pas un diplomate, un savant, un héros, mais un saint, ou plutôt, une société de saints». Pour cela, j'ai voulu ancrer tout le mouvement Economy of Francesco sur saint François d'Assise qui, simplement en se dépouillant de tout par amour pour Jésus et les pauvres, a également donné un nouvel élan au développement de l'économie.

Aujourd'hui, je voudrais aborder trois mots: être témoins, ne pas avoir peur, espérer sans se fatiguer.

Premièrement: Etre témoins. Si vous voulez que d'autres jeunes abordent l'économie avec vos idéaux, ceux que vous et moi avons signés dans le Pacte d'Assise du 24 septembre 2022, c'est votre témoignage de vie qui les attirera. Soyez cohérents — la cohérence n'est pas à la mode! — dans vos choix. Faites-vous apprécier pour vos projets et vos réalisations. Et pas pour devenir nombreux et puissants, mais pour transmettre à beaucoup ce que vous avez reçu, à savoir la «bonne nouvelle» que l'économie, inspirée par l'Evangile, peut également améliorer.

Deuxièmement: ne pas avoir peur. Je vous répète ce que j'ai dit aux jeunes lors de la jmj à Lisbonne: «ne soyez pas des administrateurs de peurs, mais des entrepreneurs de rêves». Réaliser les rêves. Il y a tant à faire, il faut oser de nouveaux mots: les chrétiens l'ont toujours fait, ils n'ont jamais eu peur du nouveau. Ils savent que Dieu est le Seigneur de l'histoire. Cela me fait de la peine de voir les chrétiens qui se cachent dans les sacristies parce qu'ils ont peur du monde. Ceux-là ne sont pas chrétiens, ce sont des «retraités» vaincus, ce ne sont pas des chrétiens.

Troisièmement: espérer sans se fatiguer. Je sais qu'il n'est pas facile de proposer une nouvelle économie dans un contexte de nouvelles et anciennes guerres, alors que prospère l'industrie des armes qui prive les pauvres de ressources. Savez-vous que dans certains pays, les investissements qui rapportent le plus sont les usines d'armement? Gagner pour tuer. La démocratie est menacée dans ces cas, les populismes et les inégalités augmentent, et la planète est de plus en plus meurtrie. Ce n'est pas facile, en fait c'est très difficile. Peut-être avez-vous parfois l'impression de «lutter contre des moulins à vent». Alors souvenons-nous de ce que Jésus disait aux disciples: «N'ayez pas peur». Il vous aidera, et l'Eglise ne vous laissera pas seuls.

Le dicastère pour le service du développement humain intégral — sœur Smerilli est ici — continue de vous accompagner, en vous ouvrant, autant que possible, les portes de la collaboration avec les Eglises particulières dispersées dans le monde. Cela vous aidera à établir des contacts et des synergies avec de nombreuses réalités et réseaux de personnes qui partagent vos idéaux. Le dicastère accompagnera également les activités de la Fondation, dont je reçois aujourd'hui l'acte constitutif et qui sera la réalité avec laquelle vous pourrez donner vie et concrétisation au rêve de changer l'économie actuelle et donner une âme à l'économie de demain. Puisse naître parmi vous une nouvelle façon d'être ensemble et de faire de l'économie qui ne produise pas de déchets mais du bien-être matériel et spirituel.

Courage, chers amis! Courage! Si vous restez fidèles à votre vocation, votre vie s'épanouira, vous aurez des histoires merveilleuses à raconter à vos enfants et petits-enfants. Je vois qu'il y a quelques enfants ici: c'est beau, dans une société qui privilégie les chiens ou les chats et non les enfants. Nous devons un peu «se-couer» l'Italie! Croyez-moi: il vaut la peine de consacrer sa vie à améliorer le monde en. En avant! Je suis avec vous, je vous accompagne et vous bénis. Et vous aussi, s'il vous plaît, priez pour moi.