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Ecoute mutuelle pour entendre l’Esprit

 Ecoute mutuelle pour entendre l’Esprit  FRA-041
10 octobre 2024

Dès le début de ce processus synodal, nous avons réaffirmé qu’il est fondé sur cette vérité: le discernement ecclésial, l’écoute mutuelle pour entendre ce que l’Esprit dit à l’Eglise. C’est une écoute qui a sous-tendu toutes les étapes du processus: la consultation du saint Peuple de Dieu dans les Eglises locales, le discernement des Pasteurs dans les Conférences épiscopales, le discernement ultérieur dans les Assemblées continentales, la double session de l’Assemblée autour du Saint-Père, principe et fondement de l’unité de toute l’Eglise. Ainsi énumérées, les étapes semblent former un processus linéaire, où le Peuple de Dieu n’apparaît qu’au début pour donner l’illusion de participer à un processus de décision qui reste cependant concentré dans les mains de quelques-uns. Si tel était le cas, ils auraient raison ceux qui soutiennent que le processus synodal, une fois passé au stade du discernement des évêques, a éteint tout élan prophétique du Peuple de Dieu!

Mais le «consensus universel», fruit du discernement, provient de l’écoute de tous. Il vaut la peine de répéter ce que le Saint-Père a dit à l’occasion du 50e anniversaire de l’institution du Synode: «une Eglise synodale est une Eglise de l’écoute », où tous — le saint Peuple de Dieu, le Collège épiscopal, l’Evêque de Rome — sont appelés à s’écouter les uns les autres, à entendre ce que l’Esprit dit aux Eglises. Pour garantir que cette écoute soit celle de tous et implique toujours tous — c’est-à-dire l’Eglise — nous avons mis en œuvre le principe de la restitution. Toujours, à chaque passage qui fixe le discernement ecclésial en cours dans un texte, nous avons restitué aux Eglises le fruit de l’écoute.

Il ne s’agit pas d’un acte de courtoisie. Il s’agit au contraire d’un acte dû, d’une application du principe de circularité qui doit régir la vie de l’Eglise. Envoyer chaque document à l’évêque, «principe et fondement de l’unité de son Eglise», signifie restituer le fruit du discernement au sujet d’où tout le processus synodal est parti — le Peuple de Dieu — afin que la réponse des Eglises puisse donner un nouvel élan au discernement ecclésial. Le sens ultime de cette restitution est ecclésial: si l’Eglise est «le corps des Eglises», «dans lequel et à partir duquel existe l’Eglise catholique une et unique» (Lumen gentium, 23), le Synode est un processus qui engage toute l’Eglise et tous dans l’Eglise, chacun selon sa fonction, son charisme et son ministère.

Cela engage le Secrétariat général du Synode, qui «selon des modes et des normes établis ou à établir, apportent au Pontife romain une aide efficace pour le bien de toute l’Eglise» (Praedicate evangelium, 33). Grâce à une circularité continue, il sera possible de mûrir un style et une forme d’Eglise synodale, dans laquelle s’applique le principe de l’échange de dons: qu’il arrive bientôt que chaque Eglise «apporte aux autres Eglises et à toute l’Eglise le bénéfice de ses propres dons, en sorte que l’Ecclesia tota et chaque Eglise puissent bénéficier de l’échange mutuel de toutes et de l’effort commun vers le salut» (Lumen gentium, 13).

Cela concerne chaque évêque dans son Eglise. Une Eglise synodale dépend largement d’un évêque synodal. Sa tâche première et fondamentale est d’être le maître et le garant du discernement ecclésial. Cette tâche s’applique tout d’abord dans sa propre Eglise, où il exerce son ministère de guide. Mais, elle ne s’applique pas moins avec les autres évêques dans les organismes qui manifestent les regroupements d’Eglises. Ainsi, l’évêque qui a lancé la consultation dans son Eglise et activés des organismes participatifs comme sujets du discernement ecclésial, poursuit ce discernement dans la Conférence épiscopale et dans les Assemblées continentales, que le processus synodal nous a fournies comme «lieu» significatif d’écoute des Eglises d’un continent. Il faudra continuer à réfléchir sur cet aspect au niveau théologique, canonique et pastoral.

Ce processus ordonné profite grandement au ministère pétrinien, qui apparaît de plus en plus comme le service de l’unité de l’Eglise et dans l’Eglise: de la communio ecclesiarum, fidelium, episcoporum, il est «le principe perpétuel et visible et le fondement de l’unité», qui a appelé toute l’Eglise à l’action synodale et qui, pour le bien de l’Eglise, recueille et restitue les fruits du discernement, en vertu de son ministère de sollicitude à l’égard de toutes les Eglises. Cela s’applique à cette xvie Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, qui a pour thème la synodalité. Mais elle peut devenir le style et la manière de procéder dans une Eglise synodale, qui a également redécouvert, avec l’Esprit qui parle à l’Eglise, le pouvoir du discernement ecclésial comme fruit de l’écoute de l’Esprit par l’écoute réciproque de tous dans l’Eglise. Le ministère pétrinien est l’axe de la synodalité catholique, et le processus synodal vise à aider Pierre dans son discernement pour toute l’Eglise.

Mario Grech