
Tout le premier chapitre de la Genèse est ponctué par un refrain: «Dieu vit que cela était bon». Ici, «il n’est pas bon que l’homme soit seul». Créé à l’image de Dieu, l’homme est un être de relation. Certaines traductions lisent au verset 18 «une aide contre lui», comme pour signifier que l’altérité vient empêcher l’illusion d’être tout à soi seul. La relation à Dieu lui-même a besoin de la médiation de l’autre. Tout chemin qui refuse l’altérité est une impasse. Mais il s’agit que cette altérité «lui corresponde». Avant le lien trop facile avec l’évangile, j’entends en écho la lecture de l’épître aux Hébreux: «Jésus qui sanctifie et les hommes qui sont sanctifiés sont de la même race», d’où résulte qu’«il n'a pas honte de les appeler ses frères». L’alliance de l’homme et de la femme fait signe du côté de l’Alliance de Dieu avec l’humanité. Comme l’écrit Paul aux Ephésiens: «Ce mystère est grand: je le dis en pensant au Christ et à l'Eglise» (Ep 5, 32). C’est «de retour à la maison» que Jésus tient les propos si exigeants qu’ils font dire aux disciples que «si telle est la condition de l’homme, il n’y a pas avantage à se marier». Jésus exprime toujours une exigence dans une relation de miséricorde. Ainsi le «va et ne pèche plus» à la femme adultère suit-il le «moi non plus je ne te condamne pas». Au fil de l’évangile, nous le voyons manger et boire avec les publicains et les pêcheurs, ce qui lui vaut l’inimitié des pharisiens. Ne confondons pas l’exigence de la Loi qui conduit à la mort (cf. Rm 3, 10-13), avec celle qui s’inscrit dans une relation où le pardon précède l’invitation à aller plus loin. Car nous trahissons l’Evangile quand nous transformons l’invitation à un chemin escarpé qui résulte de l’amour reçu en une loi normative qui condamne, blesse et exclut. Accueillir le royaume comme un petit enfant, n’est-ce pas accueillir ce qu’aucune prétendue justice ne peut mériter? Puissions-nous alors comme Lui «manger et boire avec les publicains et les pécheurs».
* Aumônier national catholique des prisons
de France et d’Outre-Mer
Jésus-Christ et notre couple
Dans notre couple, des blessures
sont infligées, des pardons reçus,
et des amours épurées; nous sommes
deux Hosties offertes,
tout comme la charité de Jésus
pour nos âmes ouvertes;
elles prennent un essor dans la réalité
à notre insu.
Dieu et notre mariage
Notre mariage est une Alliance
entre deux êtres égaux, pour toujours;
nous formons un seul cœur,
deux esprits libres et complémentaires;
nous cultivons notre amour, le faisons mûrir tous les jours;
notre agir renouvelle, chaque matin,
notre Oui salutaire.
Franck Widro
L’Evangile en poche
Dimanche 6 octobre,
xxviie du Temps ordinaire
Première lecture: Gn 2, 18-24;
Psaume: 127
Deuxième lecture: He 2, 9-11;
Evangile: Mc 10, 2-16.
Bruno Lachnitt*