· Cité du Vatican ·

FEMMES EGLISE MONDE

Les Idées

Le battement d’ailes
d’un papillon

 Il battito d’ali di una farfalla  DCM-009
28 septembre 2024

Il y a un signal qui vient du Synode. Dans l’Instrumentum laboris, note la théologienne Serena Noceti, la locution « hommes et femmes » revient et elle apparaît 22 fois, « utilisée pour définir l’identité des disciples du Christ, destinataires de l’annonce de l’Evangile et missionnaires, ainsi que ceux qui sont engagés dans la vie pastorale ». Ce n’est pas seulement une nouveauté symbolique, pour la théologienne. Elle suggère une reconnaissance explicite de la coresponsabilité des hommes et des femmes au sein de l’Eglise.

En ce mois où se tient la deuxième session du Synode sur la synodalité, Femmes Eglise Monde revient sur la question des femmes dans l’Eglise, qui a progressivement émergé dans les assemblées synodales, en faisant intervenir des théologiennes, des sociologues, des religieuses, des liturgistes, des historiennes, des responsables d’organisations catholiques et des fidèles. Des voix différentes, non homogènes, dans un débat qui part d’hier et se tourne vers demain.

Il y a exactement soixante ans, un événement historique s’est produit :  le 25 septembre 1964, vingt-trois femmes entrèrent pour la première fois en tant qu’auditrices dans un Concile, et ce n’est peut-être pas un hasard si la première à faire son entrée dans la salle fut une laïque, la Française Marie-Louise Monnet. Elles y entrèrent en suivant le battement d’ailes d’un papillon, un changement engendré dans cet événement universel par la fameuse question adressée par le cardinal belge Léon-Joseph Suenens aux 2.500 autres évêques de Vatican II le 22 octobre 1963 : « Où est l’autre moitié du genre humain ? ».

Il ne s’agit pas aujourd’hui d’avoir de la place, ou du pouvoir à tout prix. Au Synode, dans diverses fonctions, il y a près d’une centaine de femmes et beaucoup, pour la première fois, ont le droit de vote.  

Ce qu’il faut au contraire, c’est penser différemment, écrit Chiara Giaccardi, sociologue et membre du comité de direction de Femmes Eglise Monde, car le débat sur la question des femmes « semble être prisonnier d’une erreur épistémologique qui se reflète dans la réflexion contemporaine plus large sur la question du genre : masculin et féminin en tant qu’éléments distincts et opposés. Un schéma « binaire » qui ne conduit qu’à la polarisation, à la revendication et au conflit, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Eglise ».

L’idéal de « complémentarité », affirme Chiara Giaccardi, est également un piège. Le mot clé est la réciprocité : pour signifier que la question ne se résout pas simplement par une division équitable d’espaces ou de pouvoirs, mais par une interaction dynamique et transformatrice, où les hommes et les femmes s’impliquent mutuellement, s’enrichissent les uns les autres. En changeant ensemble l’Eglise.