«Serais-tu jaloux pour moi?» dit Moïse dont le livre des nombres dit qu’il «était l’homme le plus humble que la terre ait porté» (Nb 12, 3). Et le psaume 18, en écho, demande d’être «préservés de l’orgueil». L’irruption de la grâce en marge de nos clôtures jalouses est la Bonne Nouvelle de l’Evangile. La tentation d’enfermer l’Esprit dans l’entre-soi de nos chapelles nous menace toujours. Puissions-nous ne pas être de ceux qui «empêchent», comme les disciples dans cette page d’évangile, l’expression de l’Esprit où nous ne l’attendons pas. Il pourrait être tentant de ne retenir du texte que la liberté du franc-tireur, qui guérit au nom de Jésus sans mandat, écho aux deux anciens de la première lecture qui prophétisent dans le camp. Mais la liturgie nous offre cette parole acérée de Jacques, qui nous interdit d’escamoter la fin de cet évangile. Sans nous arracher l’œil, que sommes-nous capables de perdre, de risquer, pour ne pas nous perdre, non seulement individuellement, spirituellement, mais aussi collectivement? La question de la justice est au cœur du texte de Jacques. Or notre sens de la justice, nous qui confessons le Christ, est trop souvent inférieur à celui de beaucoup de ceux qui ne fréquentent pas nos Eglises. Tant de pauvres eux-mêmes en sont éloignés, faute de leur révéler par nos actes la libéralité de Dieu à laquelle nous étions tentés de nous arrêter confortablement. Ainsi, si l’allusion à celui qui est scandale ou occasion de chute pour un seul de ces petits peut prendre une résonance particulière dans le contexte des abus dans l’Eglise, il faudrait d’abord que nous l’entendions pour nous, quand nos modes de vie et notre engagement pour la justice ne sont pas la hauteur de l’urgence. Recevons-la comme une invitation à la conversion pour entendre comme le pape François y invite, la clameur de la terre et la clameur des pauvres, qui sont un même cri, clameurs qui comme l’écrit Jacques «sont parvenues aux oreilles du Seigneur de l’univers».
Bruno Lachnitt
Aumônier national catholique des prisons de France et d’Outre-Mer
Etre mon vrai Je, c’est être apôtre
Je me défais de toutes pensées, et tout contact m’éloignant
de mon vrai Je; il est pour toi enseignant et soignant;
chacune de mes actions prennent racine en mes valeurs d’apôtre;
même infimes soient-elles, elles sont porteuses de Vie pour toi et l’autre.
L’Eglise, l’impie et moi
Le Christ m’aide à éviter tout préjugé envers toi,
car même si tu es hors de l’Eglise, avec toi, je festoie;
je t’écoute, partage tes valeurs défendant le bien, les hommes,
et suis très content de t’entendre me dire un vrai Shalom.
Franck Widro
L’Evangile en poche
Dimanche 29 septembre
xxvi e du Temps ordinaire
Première lecture: Nb 11, 25-29;
Psaume: 18
Deuxième lecture: Jc 5, 1-6;
Evangile: Mc 9, 38-43.45.47-48.