«Nous pouvons libérer le monde du feu de la guerre et le reconstruire plus pacifique et plus juste!»: tel a été l’appel de paix formulé par les représentants des religions et du monde civil qui ont participé, dans la soirée du 24 septembre sur le parvis de Notre-Dame de Paris, à la cérémonie conclusive de la Rencontre internationale pour la paix organisée par la Communauté de Sant’Egidio dans la capitale française. Une rencontre qui pendant trois jours a vu se rassembler des hommes et des femmes de différentes cultures et religions, dans le but d’imaginer et construire un monde plus pacifique et juste. «Bien que conscients des com-plexes imbrications politiques — est-il écrit dans le texte — nous demandons aujourd’hui d’entreprendre un changement radical. Nous le demandons aux responsables politiques, aux seigneurs de la guerre, à tous les peuples. Le changement signifie chercher les voies de paix qui existent bien que cachées par l’obscurité de la guerre. Nous avons prié Dieu d’un seul cœur pour qu’il donne la paix au monde». «Les religions — poursuit l’appel, solennellement remis par des enfants aux leaders religieux présents — en puisant dans leurs traditions et dans le trésor de leur sagesse, savent que la paix est la vie du monde. Elles savent que la guerre au nom de Dieu est un blasphème. Elles n’ont pas de force militaire ou économique. Leur force est faible et humble mais pleine d’espérance. Par le dialogue, les religions peuvent imaginer la paix. Elles ne renoncent pas à croire que la paix est la meilleure condition de vie pour les peuples, la seule qui soit vraiment humaine et digne».
Le choix de la cathédrale comme cadre pour cette cérémonie — ouverte par la lecture du message envoyé par le Pape François pour l’occasion — était particulièrement significatif: cinq ans après le terrible incendie qui l’avait ravagé, l’édifice s’apprête à rouvrir ses portes, tel un signe d’espoir. «Nous voici tous réunis devant cette cathédrale qui a fait pleurer des millions de personnes à travers le monde le soir du 15 avril 2019 — a d’ailleurs souligné monseigneur Laurent Ulrich, archevêque de Paris, dans son discours introductif — mais Notre-Dame ne nous a pas seulement émus au plus profond du cœur: elle a fait monter une prière immense, comme l’aurait fait une personne chère à qui il arrive malheur. Dans quelques semaines, l’émotion sera à son comble quand de nouveau nous la recevrons comme l’un de ces lieux forts de la prière au Seigneur de l’univers». «Pour la trente-huitième fois après la Journée mémorable d’Assise du 27 octobre 1986 — a poursuivi le prélat — nous avons entendu parler des enfants qui rêvent de la paix qu’on leur vole et des populations civiles qui résistent aux volontés guerrières: elles veulent être dirigées vers la paix. Encore une fois, nous avons voulu que, sur la base de notre commune humanité, n’ignorant pas nos différences et même apprenant à les connaître mieux, s’établissent des relations vivantes, fraternelles et simples».
Prenant à son tour la parole, Marco Impagliazzo, président de la Communauté de Sant’Egidio, a déclaré avec force: «Ensemble, ce soir, après avoir dialogué et échangé, nous voulons élever un cri fort de protestation: un cri de résistance face à la guerre et à tant de violence, c’est protester face au monde pour tous ces morts (la majorité étant des victimes innocentes). Nous protestons contre toute cette violence, contre toute cette haine, si loin de notre volonté de vivre en paix et de celle de beaucoup d’hommes et de femmes». «Ensemble — a poursuivi le responsable — nous pouvons avoir une imagination créative qui dépasse les nuages sombres du présent et prépare l’avenir. Nous nous sommes rendus compte du danger de danser avec inconscience sur les frontières de l’abîme de la guerre qui fait courir au monde un risque incontrôlable». Notant la présence de nombreux jeunes au sein de la foule qui assistait à la cérémonie, Marco Impagliazzo a souligné l’importance de «transmettre l’héritage du rêve de la paix d’une génération à l’autre, transmettre un monde plus en paix: les jeunes générations doivent recevoir ce don de la part de ceux qui les ont précédés». En outre, le président de la Communauté de Sant’Egidio a annoncé que la Rencontre internationale pour la paix 2025 aurait lieu à Rome. (charles de pechpeyrou)
Charles de Pechpeyrou