· Cité du Vatican ·

Le Saint-Père reprend le cycle de réflexions sur «L’Esprit et l’Epouse»

Chassé par la foi le diable revient par la superstition

 Chassé par la foi  le diable revient par  la superstition  FRA-039
26 septembre 2024

Chers frères et sœurs, bonjour!

Immédiatement après son baptême dans le Jourdain, Jésus «fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable» (Mt 4, 1) — c’est ce que dit l’Evangile. L'initiative n'appartient pas à Satan, mais à Dieu. En allant dans le désert, Jésus obéit à une inspiration de l’Esprit-Saint, il ne tombe pas dans un piège de l'ennemi, non! Une fois l'épreuve surmontée, il retourne en Galilée — est-il écrit — avec la puissance de l'Esprit Saint» (Lc 4, 14).

Jésus, dans le désert, s'est débarrassé de Satan et peut maintenant délivrer de Satan. C'est ce que les évangélistes mettent en lumière avec les nombreux récits de libération de possédés. Jésus dit à ses adversaires: «Si c'est par l'Esprit de Dieu que je chasse les démons, c'est que le royaume de Dieu est venu parmi vous» (Mt 12, 27).

Aujourd'hui, nous assistons à un phénomène étrange concernant le démon. A un certain niveau culturel, on pense qu'il n'existe tout simplement pas. Il serait un symbole de l'inconscient collectif, de l'aliénation, bref, une métaphore. Mais «la plus grande ruse du diable est de faire croire qu'il n'existe pas», comme l'a écrit quelqu'un (Charles Baudelaire). Il est malin: il nous fait croire qu’il n’existe pas et domine ainsi tout. Il est rusé. Et pourtant notre monde technologique et sécularisé regorge de magiciens, d'occultisme, de spiritisme, d'astrologues, de vendeurs de sorts et d'amulettes, et malheureusement de véritables sectes sataniques. Chassé par la porte, le diable est rentré par la fenêtre, pourrait-on dire. Chassé par la foi, il revient par la superstition. Et si tu es superstitieux, inconsciemment, tu dialogues avec le diable. On ne dialogue pas avec le diable.

La preuve la plus forte de l'existence de Satan n'est pas dans les pécheurs ou les obsédés, mais chez les saints! «Et pourquoi cela, mon père?». Si, c’est vrai que le démon est présent et à l’œuvre dans certaines formes extrêmes et «inhumaines» de mal et de méchanceté que nous -voyons autour de nous. Cependant, par cette voie, il est pratiquement impossible d'arriver à la certitude, dans des cas individuels, qu'il s'agit bien de lui, puisque nous ne pouvons pas savoir précisément où s'arrête son action et où commence notre propre mal. C'est pourquoi l'Eglise est très prudente et très stricte dans l'exercice de l'exorcisme, contrairement à ce qui se passe malheureusement dans certains films!

C'est dans la vie des saints, précisément là, que le démon est contraint d'apparaître au grand jour, de se dresser «à contre-jour». Plus ou moins, tous les saints, tous les grands croyants, témoignent de leur lutte contre cette réalité obscure, et l'on ne peut honnêtement supposer qu'ils étaient tous dans l'illusion ou simplement victimes des préjugés de leur temps.

La bataille contre l'esprit mauvais se gagne comme Jésus l'a gagnée dans le désert: par la parole de Dieu. Vous voyez que Jésus ne dialogue pas avec le diable, il ne l'a jamais fait. Il le chasse ou le condamne, mais ne dialogue jamais. Et dans le désert, il répond non pas par sa parole, mais par la Parole de Dieu. Frères, sœurs, ne dialoguez jamais avec le diable; quand il vient avec des tentations «mais, ce serait bien ceci, ce serait bien cela»: stop. Elève ton cœur vers le Seigneur, prie la Vierge Marie et chasse-le, comme Jésus nous a appris à le faire. Saint Pierre suggère également un autre moyen, dont Jésus n'avait pas besoin mais nous si, la vigilance: «Soyez sobres, veillez: votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer» (1 P 5, 8). Et saint Paul nous dit: «Ne donnez pas d'occasion au diable» (Ep 4, 27).

Après que le Christ, sur la croix, a vaincu pour toujours le pouvoir du «prince de ce monde» (Jn 12, 31), disait un Père de l'Eglise, le diable «est lié, comme un chien à une chaîne; il ne peut mordre personne, sauf celui qui, bravant le danger, s'approche de lui… Il peut aboyer, il peut pousser, mais il ne peut pas mordre, sauf celui qui le veut» (saint Césaire d’Arles, Discours 121, 6: cc 103, p. 507). Si tu es un niais et que tu vas voir le diable et que tu lui dis: «Ah, comment ça va?…» et tout, il te démolit. Le diable? A distance! Avec le diable, on ne dialogue pas. On le chasse. La distance. Et nous tous, tous! Nous avons fait l'expérience de la façon dont le diable s'approche avec certaines tentations. La tentation des dix commandements: quand nous nous en apercevons, arrêtons-nous, prenons de la distance! Il ne faut pas s’approcher du chien attaché à une chaîne.

La technologie moderne, par exemple, à côté de nombreuses ressources positives qu'il convient d'apprécier, offre également d'innombrables moyens de «donner l'occasion au diable», et beaucoup y succombent. Pensons à la pornographie en ligne sur Internet, derrière laquelle se cache un marché florissant: nous le savons tous. C’est le diable qui y travaille. C’est un phénomène assez diffus, dont les chrétiens doivent cependant se méfier et qu'ils doivent rejeter fermement. Parce que n'importe quel téléphone portable a accès à cette brutalité, à ce langage du démon: la pornographie en ligne.

La conscience de l'action du diable dans l'histoire ne doit pas nous décourager. La considération finale doit être également celle de la confiance et de la sécurité: «Je suis avec le Seigneur, va-t'en». Le Christ a vaincu le diable et nous a donné l'Esprit Saint pour que nous fassions nôtre sa victoire. L'action même de l'ennemi peut tourner à notre avantage si, avec l'aide de Dieu, nous la mettons au service de notre purification. Demandons donc à l'Esprit Saint, avec les paroles de l'hymne Veni Creator:

«Repousse l’ennemi loin de nous,

donne-nous ta paix sans retard,

pour que, sous ta conduite,

nous évitions tout mal».

Soyez prudents, car le diable est plein de ruse, mais nous, les chrétiens, avec la grâce de Dieu, sommes plus rusés que lui. Merci.

A l’issue de l’Audience générale, le Saint-Père a lancé l’appel suivant:

Je suis très attristé par les nouvelles provenant du Liban, où d'intenses bombardements ont causé beaucoup de victimes et de destructions ces derniers jours. Je souhaite que la communauté internationale mette tout en œuvre pour arrêter cette terrible escalade. C'est inacceptable! J'exprime ma sollicitude au peuple libanais qui a déjà trop souffert ces derniers temps. Et prions pour tous, pour tous les peuples qui souffrent de la guerre: n'oublions pas l'Ukraine martyrisée, la Birmanie, la Palestine, Israël, le Soudan, tous les peuples martyrisés. Prions pour la paix.

Parmi les pèlerins qui assistaient à l’Audience générale se trouvaient les groupes francophones suivants:

De Suisse: Groupe musical de la Police cantonale du Valais.

De France: groupe de pèlerins du diocèse d’Arras; collège de la Trinité, de Neuilly; directeurs et directrices des établissements scolaires de la Compagnie des Filles de la Charité en France.

Du Canada: groupe Adorateurs du Sacré-Cœur de Jésus.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier ceux venus de Suisse, avec le groupe musical de la Police du Valais, et les groupes venus de France et du Canada. Le Christ a vaincu le diable et nous a donné l’Esprit Saint pour que nous fassions nôtre sa victoire! Je confie à votre prière le voyage au Luxembourg et en Belgique que j’entreprendrai demain afin qu’il soit l’occasion d’un nouvel élan de foi dans ces pays.

Dieu vous bénisse!