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Messe au Sir John Guise Stadium de Port Moresby

Ouverture à la joie de l’Evangile à la rencontre avec Dieu et à l’amour des frères

 Ouverture à la joie de l’Evangile  à la rencontre avec Dieu et à l’amour des frères  FRA-037
12 septembre 2024

Plus de trente-cinq mille fidèles papous ont participé à la Messe célébrée par le Pape François au «Sir John Guise Stadium» de Port Moresby dans la matinée du 8 septembre, xxiiie dimanche du Temps ordinaire. Nous publions ci-dessous le texte de l’homélie prononcée par le Pape après la proclamation de l’Evangile.

La première parole que le Seigneur nous adresse aujourd’hui est: «Soyez forts, ne craignez pas» (Is 35, 4). Le prophète Isaïe dit cela à tous ceux qui ont le cœur égaré. Il encourage ainsi son peuple et, même au milieu des difficultés et des souffrances, il l’invite à regarder vers le haut, vers un horizon d’espérance et d’avenir: Dieu vient nous sauver, il viendra et, ce jour-là, «se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds» (Is 35, 5).

Cette prophétie s’accomplit en Jésus. Dans le récit de saint Marc, deux éléments sont particulièrement soulignés: l’éloignement du sourd-muet et la proximité de Jésus.

L’éloignement du sourd-muet. Cet homme se trouve dans une zone géographique que nous appellerions dans le langage d’aujourd’hui «périphérie». Le territoire de la Décapole se situe au-delà du Jourdain, loin du centre religieux qu’est Jérusalem. Mais cet homme sourd-muet vit aussi un autre type d’éloignement. Il est loin de Dieu, il est loin des hommes parce qu’il ne peut pas communiquer: il est sourd et ne peut donc pas entendre les autres, il est muet et ne peut donc pas parler aux autres. Cet homme est coupé du monde, il est isolé, il est prisonnier de sa surdité et de son mutisme et, par conséquent, il ne peut pas s’ouvrir aux autres pour communiquer.

Nous pouvons aussi lire cette condition de sourd-muet dans un autre sens, car il peut nous arriver d’être coupés de la communion et de l’amitié avec Dieu ou avec nos frères lors-que, plus que les oreilles et la langue, c’est le cœur qui est bloqué. Il y a une surdité intérieure et un mutisme du cœur qui dépendent de tout ce qui nous enferme en nous-mêmes, nous ferme à Dieu et nous ferme aux autres: l’égoïsme, l’indifférence, la peur de prendre des risques et de s’impliquer, le ressentiment, la haine, et la liste pourrait continuer. Tout cela nous éloigne de Dieu, nous éloigne de nos frères, et aussi de nous-mêmes; et nous éloigne de la joie de vivre.

A cette éloignement, frères et sœurs, Dieu répond par le contraire, par la proximité de Jésus. En son Fils, Dieu veut nous montrer avant tout ceci: qu’Il est le Dieu proche, le Dieu compatissant, qui prend soin de nos vies et surmonte toutes les distances. Dans ce passage de l’Evangile, en effet, nous voyons Jésus se rendre dans ces territoires périphériques, sortir de Judée pour aller à la rencontre des païens (cf. Mc 7, 31).

Par sa proximité, Jésus guérit, il guérit le mutisme et la surdité de l’homme: lorsqu’en effet nous nous sentons éloignés, ou que nous choisissons de nous tenir à distance — à distance de Dieu, à distance de nos frères, à distance de ceux qui sont différents de nous — alors nous nous refermons, nous nous barricadons en nous-mêmes et nous finissons par tourner uniquement autour de notre ego, sourds à la Parole de Dieu et au cri de notre prochain, et donc incapables de parler avec Dieu et avec notre prochain.

Et vous, frères et sœurs, qui habitez cette terre si lointaine, peut-être pensez-vous être séparés, séparés du Seigneur, séparés des hommes, non! Vous êtes unis, unis dans l’Esprit Saint, unis dans le Seigneur! Et le Seigneur dit à chacun de vous: «Ouvre-toi!». C’est la chose la plus importante: s’ouvrir à Dieu, s’ouvrir aux frères, s’ouvrir à l’Evangile et en faire la boussole de notre vie.

A vous aussi, aujourd’hui, le Seigneur dit: «Courage, ne craignez pas, peuple papou! Ouvrez-vous! Ouvrez-vous à la joie de l’Evangile, ouvrez-vous à la rencontre avec Dieu, ouvrez-vous à l’amour des frères». Qu’aucun de nous ne reste sourd et muet devant cette invitation. Et que le bienheureux Jean-Baptiste Mazzucconi vous accompagne sur ce chemin: au milieu de nombreuses difficultés et d’hostilité, il a apporté le Christ parmi vous, afin que personne ne reste sourd devant le joyeux Message du salut, et que tous puissent avoir leur langue déliée pour chanter l’amour de Dieu. Qu’il en soit ainsi également pour vous aujourd’hui!